Bénédicte Charles explique ce matin sur Marianne2 la manière dont Philippe Bilger est en train de prendre, sur le pilori médiatique, la place d’Eric Zemmour pour avoir osé prendre la défense de ce dernier. La journaliste explique très bien que si ce soutien fait hurler toute la meute qui était jusque là aux basques de l’éditorialiste du Figaro, le gouvernement représenté par Madame Alliot-Marie saisit un prétexte pour faire taire le magistrat, plutôt critique sur la réforme de la justice en cours.

Comme Philippe Bilger, avocat général près la cour d’Appel de Paris, il se trouve que je suis fonctionnaire et blogueur. Et je me pose souvent des questions par rapport à mon devoir de réserve vis-à-vis de l’administration qui m’emploie. Evidemment, il ne me viendrait pas à l’idée de révéler sur mon blog des éléments de la vie de mon unité de travail.  Je ne désobéirais pas non plus par conviction politique[2. Sauf dans le cas de l’application d’une directive illégale, bien entendu.] comme le font ceux qui refusent de procéder aux évaluations des classes de CM2. Mais dois-je me priver pour autant de critiquer les orientations de mon ministre et même de mettre en doute ses compétences pour le poste ? Un fonctionnaire cesse t-il d’être un citoyen ? C’est ce que semble penser le sénateur UMP Jean-Louis Masson qui a posé la question dernièrement au secrétaire d’Etat à la fonction publique à ce sujet. Pour ce parlementaire, un fonctionnaire ne peut aborder sur un blog, comme sur un autre support, des sujets ayant trait à son activité. J’aimerais bien qu’il nous explique les dimensions du périmètre sur lequel un fonctionnaire ne doit pas s’exprimer publiquement.

Dépendant de l’administration de l’éducation nationale et exerçant dans un établissement scolaire, je suis tenu à ne pas critiquer publiquement les décisions de mon chef d’établissement. C’est du devoir de réserve ; on peut aussi parler de loyauté et aussi, dans certains cas, de secret professionnel. Mais dois-je pour autant ne dire que du bien de Luc Châtel ? Puis-je faire la promotion d’un livre, comme dimanche dernier, qui le critique sévèrement en saluant -circonstance aggravante- l’auteur « qui, elle, le vaut bien », sous-entendant ironiquement l’ancien poste du ministre dans une société vendant des produits cosmétiques ? Si ce n’est plus le cas, je crains qu’on ne soit plus dans le devoir de réserve mais plutôt du doigt sur la couture du pantalon. A propos, on observe que les militaires voient leur devoir de réserve beaucoup plus étendu que les autres fonctionnaires, devoir qui leur interdit notamment la vie syndicale[1. Les gendarmes ont d’ailleurs très intelligemment contourné cette obligation en suggérant à leurs épouses de s’exprimer à leurs places.]. Monsieur Masson, mais aussi Madame Alliot-Marie, qui a fait convoquer Philippe Bilger par son supérieur, ont-ils pour projet d’étendre cette rigoureuse et militaire application à tous les corps de la fonction publique ?

Soit c’est le cas, et il faut l’assumer. Il semble que la jurisprudence n’empêche nullement à un fonctionnaire -hors militaires- d’exprimer des opinions générales appuyées sur son expérience personnelle. Une loi est donc nécessaire. Joli cadeau d’arrivée pour Monsieur Tron.

Soit la convocation de Philippe Bilger est nulle et non avenue. Et en solidarité, je demande donc à être reçu par monsieur le ministre de l’Education Nationale pour m’être exprimé à plusieurs reprises sur le sujet de l’Ecole. J’encourage également tous les blogueurs fonctionnaires à faire de même.

13 commentaires

  1. Tu as entièrement raison David, la liberté d’expression est en recul depuis quelques années : ton propos me rappelle l’affaire de Marie Ndaye, qui devait selon E.Raoult payé son Goncourt au prix (fort élevé) du silence ! Une infamie pour ceux qui, comme moi estime que la littérature est le dernier espace de liberté.
    Luttons, ne lâchons rien et messieurs les censeurs, vous connaissez la suite.

  2. Je me pose la question à savoir s’il faut mettre tous les fonctionnaires dans le même sac. Est-ce le devoir de réserve d’un militaire ou un magistrat ont devrait avoir le même périmètre que celui d’un médecin ou un prof ? et quid de leur niveau de responsabilité ? faut-il traiter un subalterne de la même manière qu’un préfet ?

  3. Bonjour,
    Depuis Armée 2000, les militaires dans leur ensemble, subissent de plein fouet des restructurations plus qu’énergiques. Il n’est que de voire les grèves à répétition des autres fonctionnaires pour comprendre pourquoi ceux qui ne peuvent se défendre font l’objet de tant d’attentions. Tout les fonctionnaires sont d’accord, il faut faire des économies… chez les autres. Et comme les militaires sont les seuls citoyens qui ne peuvent se défendre par le biais de syndicat…Oup’s, j’oubliais les agents des impôts, qui bien que syndiqués, manquent « singulièrement » de popularité.
    Pourtant le 10 décembre 1948, 58 Etats membres de l’ONU dont la France,ont signé à Paris, au Palais Chaillot la Déclaration Universelle des Droit de l’Homme. Je me permet de vous en citer l’Article 23 paragraphe 4:
    « Toute personne a le droit de fonder avec d’autres des syndicats et de s’affilier à des syndicats pour la défense de ses intérêts ».

    Ces mêmes principes, que nos casques bleu vont défendrent au quatre coins de la Terre, fusse au prix de leur vie, sans jamais se les voire appliquer.
    Quelques voix courageuses se lèvent, pour être écrasé dans le silence le plus complet. Il est tellement plus « dans le vent » de défendre « 100 Zemmour » qu’un seul Gendarme…
    Quand au reste, la population carcérale a toujours été le reflet des classes sociales les plus défavorisées. Normal, c’est souvent les moins instruits et surtout les moins bien payés, premières victimes du chômage, la délinquance leur tend les bras. Il y a eu les ouvriers d’avant hier (vous savez, ceux de Germinal), puis les immigrants européens d’hier (les Ritals, les Polacs, et c’était aussi injuste) et enfin les immigrants d’aujourd’hui (là j’peux pas les citer depuis 1981 c’est du racisme). Quoi d’étonnant? Déjà, comme ceux d’avant, beaucoup d’entre eux deviennent policiers, militaires, médecins, commerçants, chef d’entreprises… pour le plus grand bonheur du pays. Faites en une bonne classe moyenne, et amenez en d’autres….Et surtout, que le cycle continu…

  4. curieusement quand un fonctionnaire de droite dit ce qu’il pense (comme P. Bilger) il sort de son devoir de réserve. Lorsque des professions entières de fonctionnaires (les profs, pour ne pas les citer) ont contribuer depuis 1/2 siècle à politiser (à gauche évidemment) leur service public (l’Education nationale), c’est normal. Il y a deux poids, deux mesures dans votre article. De même S.Guillon est protégé, E.Zemmour ne l’est pas. Et curieusement on retrouve MAM dans les deux cas. M’est avis qu’elle va finir chez villepin le réinventeur de la droite de gauche

  5. oui j’abonde dans votre sens. Mais votre juste courroux est inutile : parler du devoir de réserve dans l’administration est risible. L’armée Rouge (la discpline en moins, dixit Alègre) de vos collègues profs se sont assis dessus depuis des années. C’est un peu comme la présemption d’innocence, on arrete pas de la défendre mais elle n’existe plus depuis longtemps

  6. ou alors : « il ne faut pas commenter de décisions judiciaires » . Ben voyons, qui s’en est pas privé un jour ?

  7. Admettons. Mais le regrettez vous ? Dans l’absolu, pensez vous que le sénateur Masson a raison et qu’il soit anormal que mon statut de fonctionnaire ne m’empêchât point de critiquer ici mon ministre ? Et ceci, en ayant bien compris que vous savez la chose irréalisable.

  8. nous somme vraiment un pays de faux-culs et d »hypocrites
    le devoirs de réserve,c »est un peu comme le serment,de ceci ou cela
    des fuites organiser,c »est peut être un devoirs de réserve?
    les réseaux,d »amis et de compagnons,cela sert a quoi?
    des contrôleurs ,encarter, et oui,
    qui venait chez nous,,,,respectait t »il toujours le statut de fonctionnaire,?
    pour en avoir virer ,lors d »un contrôle fiscal,je me suis retrouver devant un juge,,,
    et le fait d »être rpr-et syndicaliste-patron,n »a pas arranger les choses
    heureusement,des fonctionnaires sont aussi des fidèles de chez nous,et oui,il y en a?
    je pense que tout cela est de la foutaise

    ,un syndicat,lui?
    peut critiquer,son patron, son responsable,dans le priver comme dans l »administration,a t »il un droit de réserve?
    alors ,en dehors et a titre priver,,laissons les gens dire tout haut ce qu »il ne peuvent dire tout bas,,devoirs de réserve,,oblige
    l »affaire du gendarme,est une connerie de plus de sarko,,,celle de zemmour ,aussi
    la liberté ,de parole,de pensée n »a pas de prix et oui
    *dans notre pays,les minorités bien pensantes,emmerde tout le monde,et nous ne pouvons plus nous exprimer franchement,sans avoir un procès,,,,
    a un moment donner,il va bien falloir leurs dire,,M,,,,,,
    en arriver a faire dire ce que vous pensez pars une autre personne,
    est une imbécillité monstrueuse,,,
    hélas,dans notre société,c »est monnaie courante,,,

  9. Un préfet de région claque la porte.

    Désavoué par le président de la République dans l’affaire de la jeune Marocaine, Najlae, Bernard Fragneau demande à être relevé de ses fonctions.

    Du jamais-vu.
    Un haut fonctionnaire se rebiffe après une décision du président de la République ! Bernard Fragneau, le préfet de la région Centre, a en effet décidé de rendre sa casquette. Désavoué dans l’affaire de la jeune Najlae Lhimer, une lycéenne sans papiers expulsée le 20 février à Rabat puis accueillie en fanfare le 13 mars à Roissy, ce haut fonctionnaire expérimenté de 58 ans vient d’envoyer une lettre salée au ministre de l’Intérieur. Il explique qu’il ne peut plus exercer ses fonctions dans le Loiret. Dans son courrier, Bernard Fragneau écrit en substance que, s’il respecte la décision du chef de l’Etat, il demande à être relevé de ses fonctions au plus tôt et souhaite quitter Orléans.

    http://www.lejdd.fr/Politique/Actualite/Un-prefet-de-region-claque-la-porte-182403/

  10. comme le dit Mariani dans var-matin,,,
    sarko m »a pris pour un con?
    il n »a pas tenu sa promesse,,,un poste et oui
    alors,le préfet,la ministre,,,,
    comme chantait Brassens,,,il y a toujours le roi des cons???

  11. @ DD : dès lors que votre activité de blogueur se fait en dehors de vos activités professionnelles ça ne me dérange pas. La preuve, j’ignorais que vous étiez fonctionnaire. Pour le cas de Ph Bilger, je suis plus géné. De toute façon, la neutralité politique dans l’Administration est tellement bafoué depuis longtemps que je ne lui en veut pas

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