Ce matin, Rama Yade, secrétaire d’Etat aux sports, était invitée à s’exprimer au micro de RTL au sujet du match annulé à Marseille pour cause de H1N1.

Dès le départ, Vincent Parizot lui a très justement demandé pourquoi trois cas de grippe A valaient annulation d’un match de football. Madame Yade ne s’est pas démontée. Comme d’autres sortent leurs calibres, elle a dégainé une arme de destruction massive « Principe de précaution, Monsieur Parizot ! » Et elle s’est retranchée derrière l’avis de la commission médicale laquelle arguait qu’il fallait éviter tout risque de propagation du virus dans un lieu aussi public qu’un stade. L’animateur de la matinale de la station de la rue Bayard n’a pas rendu les armes aussi facilement, à ma grande satisfaction. Il a ainsi avancé que le PSG n’alignerait pas forcément des joueurs malades susceptibles de contaminer les autres joueurs. A cela, Madame Yade a dû répéter trois ou quatre fois « principe de précaution ». On imagine que, depuis son ministère, elle devait, comme d’autres le font en prononçant « Europe », sauter comme un cabri sur sa chaise.

Mais l’entretien n’était pas terminé. Rama Yade, sentant peut-être que les auditeurs trouveraient insuffisant cet argument sans cesse rabâché et mis à toutes les sauces, a cru bon d’en ajouter un autre. « Il y a aussi la question de l’équité sportive ! ». C’est vrai quoi ! Le pôooovre PSG était discriminé par la grippe. Trois joueurs sur le flanc et aucun chez l’adversaire du soir. Vincent Parizot, très en verve, lui signala gentiment que la loi du sport, c’était aussi d’avoir parfois des blessés, des malades dans l’équipe, que depuis qu’existe le championnat de France, les équipes faisaient sans et se démerdaient avec d’autres joueurs valides. Madame Yade, à qui on avait décidément rédigé une note pourrie pour préparer cet entretien, a très vite remballé cet argument : » Oui, mais bon, la grippe A, c’est pas pareil et puis il y a le….principe de précaution ». Fermez le ban.

Revenons à l’origine de cette décision débile d’annuler les matches pour trois cas de grippe A. Cet été, Madame Bachelot, qui est aussi la ministre de tutelle de Madame Yade, a mis en place le plan anti-pandémie intersidéral. Dans le cadre de ce plan, toutes les entreprises, administrations de France et de Navarre durent mettre en place un protocole. Ce fut le cas de la Ligue professionnelle de football, laquelle prit donc la décision qu’un match serait annulé à partir de trois cas constatés dans une équipe. Pourquoi trois ? Parce que, si on veut vraiment faire du principe de précaution, cela devrait être un. J’imagine qu’ils ont dû ploufer entre 1, 3, et 5. « Plouf, plouf, à-partir-de-com-bien-de-cas-de-grippeuh-a-on-nanulle-leuh-match-un-trois-ou-cinq ? »  ; « Cinq-mais-commeuh-le-roi-et-la-reine-neuh-le-veulent-pas-ce-neuh-sera-pas-cinq ». Donc, je vous le fais plus court, ils ont choisi trois. Scientifique, le principe de précaution, comme toujours. Evidemment, on ne se pose pas la question des précautions à prendre si un match est finalement annulé à la dernière minute lorsque les supporteurs visiteurs sont déjà arrivés à la gare Saint Charles.

Franchement, c’est grave d’en arriver à une telle hystérie. Hystérie d’autant plus condamnable que quiconque la moque est aussitôt accusé -cela ne manquera pas de m’arriver lorsque certains de ces nouveaux intégristes liront ces lignes- d’être un irresponsable, un adversaire de la santé publique voire un assassin. Mais, il est possible tout de même que tous ces exemples croquignolesques s’accumulant, on finisse par s’apercevoir en haut lieu qu’on se couvre de ridicule. Alors viendra peut-être enfin un véritable débat national sur ce que doit être ce fameux principe de précaution, sur la nécessaire limitation des excès de son application.

A mon humble avis, le plus tôt sera le mieux.

21 commentaires

  1. Quand je pense que dans les années 80, nous étions 9 joueurs à avoir subi une intoxication alimentaire ( un repas pris en commun suite à l’entrainement du Jeudi), et notre fédération de tutelle à refusé d’annuler le match.
    Les temps changent.

  2. a qui cela va t »il rapporter?????

    a une chaîne priver,,,,,,,

    encore une belle connerie de nos politiciens de tout bords

    on aurait du aussi prendre le principe de précaution pour jean-jean

  3. C’est ça le principe de précaution à la mode française: c’est préconiser un remède qui s’avère souvent pire que le mal !
    C’est annuler un match une fois les supporters arrivés (ayant payé et leur place et leur voyage) !
    C’est préconiser un vaccin testé à la va-vite et aux vertus changeantes (1- il faut 2 injections, 2- une seule suffira; 1- c’est plus efficace avec adjuvants, 2- on n’en met pas pour les personnes les plus fragiles) pour éviter une grippe très contagieuse (quoique…) mais moins mortelle que la grippe annuelle !
    C’est « sauver la planète » en supprimant les lampes à incandescence (qui consomment trop!) fabriquées en France en les remplaçant par d’autres moins gourmandes mais plus chères et nettement plus polluantes (mercure) et fabriquées en Chine !
    C’est aussi faire revoter les lois pour lesquelles les résultats ne sont pas conformes aux prévisions afin de prouver la 2ème fois-voire la 3ème- que les prévisions étaient justes, quitte à en changer parfois les modalités (TCE-Lisbonne, Hadopi1 et 2, etc. ou l’amendement de vendredi dernier).

  4. Encore pire que l’hystérie du principe de précaution,la perte du sens commun de la part des journaux télévisés dans la hiérarchie de l’information et dans leur quête d’un sensationnalisme vulgaire.
    Ainsi le 20 Heures de France2,hier soir, qui n’a pas hésité à ouvrir son journal sur quelques échauffourées de supporteurs en goguette,à Marseille,après l’annonce tardive du match annulé et à surdramatiser l’événement comme s’il s’était agi d’un attentat ou de scènes de guerre.

  5. Excellent !! 🙂 Et à partir de combien de spéctateur grippés on fait jouer les matches à huis clos ? Enfn … on peut se consoler en se disant qu’à la place on a pu voir un vrai match de foot avec plein de but !

  6. Bien dit, David.
    Un détail pour info, tu as fait une erreur au sujet du Journaliste de cette radio que j’exècre personnellement (suis France Inter maniaque, moi) : son nom s’écrit PARIZOT (et non pas Parizeau); pour info, il était très bien sur Europe 1. Quelle mouche l’a piquée pour qu’il ait envie d’aller sur cette ignoble station (ignoble pour moi, bien sûr, car je parle pour moi ici), là, mystère. Juste histoire que l’on ne vienne pas ensuite t’accuser violemment de la chose.

  7. A ma (presque) grande honte, je viens de me rendre compte que le principe de précaution est un bon argument pour ne rien faire.

  8. Le débat change de nature.
    La responsabilité des copains des groupes pharmaceutiques, une personne généralement enveloppée dans de vifs oripeaux plus particulièrement, et ministre de tutelle de Mme Yade, se défile tout doucement et tire devant elle un lourd rideau.
    En effet, quoi de plus opportun de mettre en colère les « supporté » (avec l’accent français).
    Ceux-çi sont nombreux, très godillots et cacheront parfaitement la saloperie faite qui a consisté à faire croire qu’une pandémie allait arriver qui justifie un énorme cadeau aux escrocs de la santé.
    Bien orchestré, Mme la ministre, les veaux de France n’y ont, comme presque chaque fois vu que du feu.

  9. c’est quoi un « véritable débat national » ? j’en entends souvent souvent parler mais j’en vois jamais …

  10. Je suis étonné,D.Desgouilles,de vous voir passer sous silence un fait à mon avis scandaleux : suite aux violences survenues à Marseille,la Ligue (je crois) a déclaré que dorénavant l’annulation d’un match serait annoncée au minimum 24 h. avant la rencontre.Ceci pour éviter des violences nous le comprenons.
    Nous sommes obligés de conclure que le gouvernement cède face aux hooligans et leur fait des concessions,légitimant rétro-activement ces violences et leur conférant le caractère d’argument recevable.
    Les choses devraient se passer de la sorte: pouvoir annuler un match à n’importe quel moment et coffrer tous les délinquants.

  11. Cher Venik,

    Mon texte fut écrit avant que Monsieur Fillon n’édicte cette nouvelle règle.
    Cette règle, d’ailleurs, se révèlera inapplicable pour la plupart des matches normalement annulés, c’est à dire ceux qui le sont pour cause d’intempéries.

  12. Et en plus vous êtes paranoïaque. Joli tableau.

    Contrairement à votre post sur la grippe A/H1/N1 où vous racontiez n’importe quoi, cette fois vous nous avez épargné les chiffres faux et les raisonnements incohérents.

    Pour le reste, un grand garçon comme vous devrait se souvenir que le terme de « hystérie » a quelques légers relents médiatique. Comme l’ensemble des termes qui ne visent qu’à décrédibiliser à l’avance de futurs contradicteurs. Il est dommage, sur Causeur, que vous y cédiez.

  13. Heureux d’apprendre que, pour une fois, je n’ai pas de raisonnement incohérent.
    Toutefois, je serais assez satisfait de localiser où va se nicher la paranoïa dans ce texte.

  14. Je vais vous aider.

    « Hystérie d’autant plus condamnable que quiconque la moque est aussitôt accusé -cela ne manquera pas de m’arriver lorsque certains de ces nouveaux intégristes liront ces lignes- d’être un irresponsable, un adversaire de la santé publique voire un assassin. »

    Lignes d’autant plus savoureuses que les sondages (sur leur acceptation du vaccin ou les craintes qu’ils ont face à la grippe A) confirment que ce que vous énoncez ici est l’opinion partagée par une majorité de français.

    Attaquer le principe de précaution avec la grippe A/H1/N1, franchement, vous pensez que cela va vous attirer quoique ce soit ?

    Tentez plutôt l’expérience avec le réchauffement climatique.

  15. Blueberry,tout le monde n’écrit pas pour se placer dans la minorité ou pour s’attirer « quoi que ce soit ».

  16. @Blueberry

    Je m’attendais seulement à quelques messages peu aimables, surtout dans la perspective d’une publication par Marianne2, laquelle n’a pas eu lieu. Convenez tout de même que dans l’exemple d’ OM /PSG, on n’a pas entendu un seul commentateur des médias classiques déplorer l’annulation du match mais seulement le fait qu’il ne le soit pas plus tôt.
    Ce n’était pas de la paranoïa, croyez le bien, mais plutôt un mauvais pronostic concernant la tonalité des futurs commentaires.

  17. Je vous crois. Ne serais-ce que parce que vous avez cette étonnante habitude de répondre aux commentaires désagréables que l’on vous fait.

    Maintenant, je pense que si votre pronostic était mauvais, c’est parce que vous avez niché l’hystérie au mauvais endroit. S’il fallait vraiment la chercher (ce que je ne crois pas au demeurant), ce serait plutôt du côté de Maître Jean-Pierre Joseph, à l’origine d’une plainte pour empoisonnement alors même que personne -ou presque- n’avait été vacciné, ou de ces commentaires et posts innombrables expliquant que la vaccinologie poursuit d’autres objectifs que protéger les populations des virus.

    On peut penser ce qu’on veut de l’opportunité de se faire vacciner, on peut avoir une légitime crainte pour les effets secondaires des vaccins (ce qui là encore est une pure question de calcul d’opportunité), mais de là à chercher l’empoisonnement ou d’obscurs complots…

    Par ailleurs, le discours majoritaire du « principe de précaution », du moins dans la population, revient à dire, ne nous vaccinons pas, on n’a pas encore trente années de recul et d’études sur les effets secondaires de ce vaccin.

    Dans principe de précaution contre principe de précaution, ne nous trompons pas, celui de Rama Yade est très minoritaire.

  18. Rama Yade ne s’est pas exprimée sur la vaccination mais sur la nécessaire annulation d’un match de football par application du principe de précaution.

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