Avertissement : C’est après avoir découvert cette dépêche publiée sur le site internet du Figaro et concernant l’obtention de la deuxième année de droit de Jean Sarkozy que j’ai eu l’idée de ce texte. Le lecteur est prévenu que les déclarations et sentiments prêtés aux différents protagonistes ne sont issus que de l’imagination malicieuse de l’auteur. Toute coïncidence ne serait que fortuite, comme on l’écrit dans ces cas-là.

Vendredi 14h00 : Le Figaro.fr annonce que Louis Sarkozy a fait deux fautes et demie à sa dictée de fin de semaine. Cette performance, ajoute l’auteur de la dépêche, permet au benjamin du Président de demeurer en tête de sa classe d’une courte tête.

Vendredi 16h28 : Mediapart annonce que Paul-Henri E. qui n’a fait qu’une seule faute à la même dictée conteste les résultats de Louis Sarkozy. Une virgule oubliée n’aurait pas été comptabilisée par l’instituteur alors que cela avait déjà été sanctionné pour lui-même d’une demi-faute le mois précédent. Mediapart conclut son papier d’un « Selon que vous soyez puissant ou misérable » bien senti.

Vendredi 18h34 : L’Elysée conteste sereinement mais fermement les allégations de Médiapart. Le communiqué précise que l’instituteur avait bien prévenu que la ponctuation ferait l’objet d’une sanction car ayant fait l’objet d’exercices pendant la semaine précédent la dictée où l’enfant Paul-Henri avait eu une demi-faute alors qu’il était convenu pour les trois dictées suivantes -dont celle de ce vendredi- que ce ne serait plus le cas.

Vendredi 19h12 : Au Grand Journal de Canal +, Catherine Nay minimise la polémique en donnant des explications qui ne sont pas sans rappeler le communiqué de l’Elysée. Joseph Macé-Scaron, quant à lui, explique que « deux fautes et demie ou trois fautes, ce n’est guère terrible pour un fils de Président de la République » et ajoute que le mépris pour la langue française de son père n’est certainement pas pour rien dans cet échec.

Vendredi 23h22 : L’AFP annonce que Maître Olivier Meztner a accepté de défendre les intérêts de Paul-Henri E.

Samedi 11h44 : Dans « ça se dispute » sur I-Télé Nicolas Domenach moque les justifications de l’Elysée : « Cela démontre à quel point le Président de la République ne maîtrise plus sa communication et semble à mille lieues des préoccupations des Français ». Eric Zemmour lui rétorque que cela démontre surtout le faible niveau des écoliers d’aujourd’hui, bénéficiant pourtant de barèmes généreux. Il ajoute que Nicolas Domenach ferait mieux de fustiger le pédagogisme et la permissivité qui tuent l’Ecole de la République à petit feu depuis trente ans.

Dimanche 13h08 : Sur Canal +, chez Anne-Sophie Lapix, Edouard Balladur, interrogé à propos de la polémique du moment par la journaliste, conseille au petit Louis, qu’il a bien connu, de travailler davantage son orthographe et sa grammaire afin qu’il soit bien armé linguistiquement. C’est une condition de sa liberté future, précise t-il.

Dimanche 16h53 : Rebondissement dans l’affaire « Dictée de Louis » : Médiapart a recueilli le témoignage de Jean-Baptiste M. qui aurait vu que Louis Sarkozy avait un dictionnaire sur les genoux pendant la dictée. L’affaire prend une autre ampleur.

Dimanche 18h42 : Interrogé par Jean-Michel Aphatie sur les dernières révélations du site cher à Edwy Plenel, Arnaud Montebourg répond que « si cette tricherie est avérée, c’est très grave pour les institutions de la République ». « Il s’agirait d’un acte délinquant », croit-il bon d’ajouter.

Lundi 8h21 : Sur Europe 1, Jean-Pierre Elkabbach reçoit Maître Olivier Metzner. Ce dernier annonce qu’il a saisi le Rectorat de Paris afin que soit diligentée une enquête sur cette triste affaire.

Lundi 9h44 : Frédéric Lefebvre déclare lors du point-presse de l’UMP que « Louis Sarkozy est un jeune homme brillant, qu’il ne doit pas être mieux traité que les autres enfants mais qu’il ne doit pas non plus être moins bien traité ». Il accuse Médiapart de se comporter en « torchon numérique digne des années trente ».

Lundi 9h58 : Sur France Info, Nadine Morano souhaite soutenir « ce si brillant jeune garçon qu’est Louis Sarkozy qui, s’il ne doit pas être mieux traité que d’autres enfants, ne doit pas pour autant être moins bien considéré ». Elle ajoute que « certains sites internet trotsko-fascistes pourraient éviter de telles polémiques dignes de l’avant-guerre ».

Lundi 10h24 : Xavier Bertrand dénonce « ces nouveaux médias, héritiers de la presse nauséabonde de l’entre deux guerres, qui n’hésitent pas à stigmatiser un enfant qui, s’il n’a pas plus de droits que les autres, n’en a pas moins non plus ». Il ajoute qu’il « connaît personnellement Louis, un enfant très brillant ».

Lundi 19h28 : A « On refait le monde », Elisabeth Lévy n’y va pas par quatre chemins :« Cette histoire de dictée, ça me fiche les jetons. Si vous voulez, même si les résultats en orthographe de nos enfants -à commencer par ceux du fils du Président- ne sont pas brillants, ce n’est pas une raison pour en rajouter dans l’anti-sarkozysme primaire ».

Lundi 20h24 : Sur France 2, Philippe Meirieu s’interroge : « Pourquoi stigmatise t-on donc encore les enfants en comptant leurs fautes d’orthographe ? »

Mardi 8h01 : Sur Antidote, le blog de David Desgouilles, un papier au vitriol est publié sur Philippe Meirieu, ses déclarations de la veille et son influence décidément désastreuse sur l’Ecole de la République.

Mardi 12h00 : Rebondissement dans l’affaire. Médiapart annonce que Luc Châtel a demandé lui même les palmes académiques pour l’instituteur du petit Louis et que, circonstance aggravante, la femme d’Eric Woerth était présente au mariage du neveu du directeur de l’école.

Mardi 19h25 : Grave incident sur le plateau du Grand Journal de Canal + : Après que Jean-Luc Mélenchon a traité de tête de linotte Ariane Massenet qui l’interrogeait sur l’affaire de la dictée, Jean-Michel Aphatie, prenant la défense de sa consœur ainsi outragée, qualifie  le président du parti de gauche de stalinien de la pire espèce. Mélenchon balance alors son verre d’eau à la figure de l’éditorialiste en le qualifiant de valet des puissants et de monomaniaque de la dette. Aphatie, prenant à témoin l’assistance, sort sa carte de presse comme un rempart et, le visage humidifié -sans qu’on sache s’il s’agissait de larmes ou de l’eau jetée par son agresseur, hurle « on attaque la liberté de la presse, on attaque la liberté de la presse ! »

Mercredi 13h00 : A la une du Monde, Luc Ferry et Jack Lang signent une tribune : « Pour une dictée non stigmatisante. »

Mercredi 15h28 : A l’Assemblée nationale, interrogé par le député Mariani sur les honteuses allégations de Mediapart sur la famille du Président de la République, Brice Hortefeux s’emmêle les pinceaux et annonce que « plusieurs empreintes génitales ont été retrouvées par la police scientifique sur le dictionnaire du petit Louis Sarkozy ».

Mercredi 18h00  : Jusque là discret sur cette triste affaire, le Parti socialiste produit un communiqué : » Les déclarations du ministre de l’intérieur, au delà d’un lapsus qui prête à sourire, démontrent à quel point les services de l’Etat sont instrumentalisés dans le seul intérêt de l’Elysée ».

Mercredi 18h02 : Frédéric Lefebvre, Nadine Morano, Xavier Bertrand et Dominique Paillé réagissent sur différents médias en fustigeant l’irresponsabilité du Parti socialiste, son goût immodéré de la polémique et son absence de solutions pour améliorer la vie quotidienne des Français.

Jeudi 11h41 : De passage à Annecy, pour inaugurer un Institut technologique, Nicolas Sarkozy plaisante (ou pas ?) en signant le livre d’or :« Je la mets où, la virgule ? ».

Jeudi 20h06 : Luc Châtel, invité du JT de TF1 annonce que, dans une volonté d’apaisement et en accord avec le Président de la République, le directeur de l’école et l’instituteur, cette dictée de la honte (ainsi que l’a qualifiée Libération à sa Une le jour même) ne comptera pas dans la moyenne du trimestre. Une nouvelle épreuve sera soumise à tous les élèves de la classe, tous les dictionnaires ayant été déposés avant dans une salle attenante. C’est Philippe Sollers lui-même, président de jury de l’agrégation de lettres classiques, qui a accepté d’en faire la correction.

Jeudi 22h31 : Maître Olivier Metzner annonce le retrait de toute poursuite de la part de son jeune client mais précise néanmoins qu’il assistera lui-même à la dictée afin d’en contrôler la bonne exécution.

Vendredi 9h04 : Sous les caméras de BFM-TV, I-Télé, LCI et de la chaîne parlementaire, les enfants de la classe du petit Louis font leur nouvelle dictée. Sans doute déstabilisés par un tel environnement, les élèves produisent des copies catastrophiques, la moins mauvaise, Marie-Sophie T., faisant 8 fautes.

33 commentaires

  1. (Clyde : intervinssent)

    Un magnifique brocard des ritournelles politiques et médiatiques ! Si l’objet du scandale est caricatural, les discours tenus sont malheureusement justes et tombent dans l’habituelle scission UMP/Opposition, avec juste ce qu’il faut de sectarisme, d’esprit de clocher et de mauvaise foi de leurs auteurs respectifs.

    Accessoirement, admirons les faux débats qui fleurissent, comme la simplification orthographique : nécessité ou hérésie ? Ou l’usage du dictionnaire pour une virgule. J’eusse aime que ce ne fusse qu’une dystopie. Mais non, ce n’est que de la fiction.

    Quoi qu’il en soit, c’était rafraîchissant à lire !

  2. J’ai adoré ! Merci de ce florilège tiré de notre comédie républicaine habituelle?
    Un bon rire vaut un bon beefsteak paraît-il. Ou comment combattre la famine…

  3. imaginez un peu ce que ça donnera lorsque petit louis ira au judo ( il a tiré sur le kimono !) ou à l’escrime ( il avait débranché sa cuirasse électrique ! fumier !) au foot ( on n’a pas compté le pénaltie ! arbitre vendu au grand capital !) au tennis ( la balle était dehors ! ) ou à la première surprise partie ( il lui a harcellé le michier ! queutard comme ……. ! )
    précisons ici que mon clavier ne possède ni virgule ni point d’interrogation et on pourra ajouter que moi aussi j’aurais pu participer à la dictée de petit louis et y faire bonne figure
    ça fait penser à la fille de g…. et au classement de véto…..
    bref
    ce qui manque à notre vie pipolitique c’est quelqu’un qui puisse éclatter de rire au moment opportun
    un vrai tribun qui ridiculise les autres
    un jean marie le pen par exemple
    plutot qu’un méluche qui dramatise ( « petite cervelle vous faites un sale boulot ! y faut pas rire de tout ! »)

  4. a lire et relire
    vivifiant Edifiant hilarant
    et pendant ce temps la les allemands exportent les chinois produisent
    et nous et nous et nous ?

  5. Peut-être est-ce la fatigue de la journée, mais je ne suis pas allé au bout de cette
    parodie de la pantalonnade que nous vivons tout les jours.
    Il vaut peut-être mieux en rire qu’en pleurer, mais vraiment, trop, c’est trop.
    Cher David, excuse-moi de ne pas être réceptif cette fois à tes écrits, et à bientôt au Congrès de DLR.

  6. Excellent, mon cher David. Et je t’assure, tu n’as pas besoin de mettre des précautions d’usage en tête d’article. Je suis sûr que le lecteur desgouillien type sait reconnaître les second degré.
    Amitiés

  7. Sur ce, l’héritier des parfums Guerlain déclare au journal de France 2 à Elise Lucet qui ne sort pas de sa torpeur habituelle : « De toute façon, le petit Louis écrit toujours mieux qu’un nègre ! Si toutefois les nègres ont jamais su écrire, comme disait Alexandre Dumas. »
    Aussitôt le CRAN, Libération et Télérama demandent la saisine du Conseil de Sécurité des Nations Unies. La France est condamnée et la troisième guerre mondiale est déclenchée par une attaque de la Corée du Nord sur la Nouvelle-Calédonie.
    Petite caus, grands effets !

  8. Tout ça, ça arriverait pas si on s’occupé mieux des enfant dont auxquels on est en charge, comme disait la mère Immée.

  9. Mardi 10 h 21 : un internaute malveillant révèle l’ampleur de la supercherie. La bonne citation était  » Selon que vous serez puissant et misérable  » et non « soyez « . Desgouilles pris la main dans le sac

    10h24 : Desgouilles se refuse à tout commentaire et annonce qu’il charge Me Eolas de la défense de ses iintérêts

    Non, je déconne. Super, votre billet, j’ai bien ri.

  10. @Guillaume

    Mais c’est Mediapart qui a écrit « soyez » au lieu de « serez ». 😉
    (je m’en sors bien là, non ?)

  11. Fin, précis, intelligent… et surtout drôlissime. Cette fiction est la plus réelle critique de la réalité médiatique que je n’ai jamais lue. Bravo.

  12. Haletant et hallucinant !
    La rumeur enfle comme dans les joyeuses commères de Windsor.
    Ca me met dans un « drôle » d’état ! (rire jaune. .).
    Après Guignol, c’est vaudeville qui pourrait trouver son apothéôroses sur une scène de théâtre.
    Ils ont rien d’autres à foutre tous ces glandeurs ?
    Cogiter sur une nouvelle version du TCE en papier cul recyclable.
    Merkel alors ! Nouvelle version du vilain mot de Cambronne.

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