Dominique Strauss-Kahn ayant été contraint à la démission de ses fonctions de directeur général du FMI  suite à son inculpation, c’est le n°2 qui assure l’intérim de l’institution. Mais les tractations entre chefs d’Etats et de gouvernements ont déjà débuté.

Il est de tradition qu’un Américain soit à la tête de la Banque mondiale et qu’un Européen dirige le FMI. Les pays émergents souhaitent en finir avec ce partage qui les tient à l’écart mais on n’est pas prêt à lâcher le morceau sur le Vieux Continent d’autant que le FMI n’y a jamais été autant présent  qu’aujourd’hui, en pleine crise des dettes souveraines. Une candidature semble créer un consensus en Europe, de Rome à Berlin en passant par Paris et Amsterdam. Il s’agit de celle de notre ministre des Finances depuis plus de trois ans, Christine Lagarde.

Ancienne dirigeante du plus gros cabinet d’avocats d’affaires des Etats-Unis et louée par les Grands de ce monde pour sa compétence, Madame Lagarde conserverait le FMI dans le giron français. Elle présente aussi la particularité d’être une femme. Bien entendu, c’est la sur-représentation masculine dans les institutions internationales qui est là mise en avant. On imagine toutefois un certain soulagement de faire baisser le taux de testostérone à la direction générale du FMI, d’autant que Christine Lagarde avait naguère tenu des propos éclairants sur les rapports entre masculinité et finance.

Seulement voilà, le gouvernement français, déjà légèrement gêné aux entournures par l’affaire DSK ne peut se permettre un nouveau scandale. Que le lecteur ne  croie pas que je soupçonne Madame Lagarde de plonger le monde dans un nouveau psychodrame en jouant à la femme cougar abusive avec un valet de chambre. Il n’est pas question de cela mais d’une possibilité pour l’actuelle ministre des finances de comparaître devant la Cour de Justice de la République en raison d’un abus d’autorité dans le cadre de l’affaire Tapie-Crédit Lyonnais. Je renvoie le même lecteur à l’article de cette semaine dans le Canard Enchaîné mais aussi au dossier complet de Marianne2 ou encore le dernier papier en date sur le sujet de mon ami Laurent Pinsolle.

La France peut-elle  prendre un tel risque ? Alors qu’il est déjà reproché à Nicolas Sarkozy d’avoir défendu la candidature DSK au FMI, il ne serait pas complètement absurde d’appliquer le principe de précaution politique. Je n’ose penser que le Président, conscient du danger, la préfère à Washington que ministre du gouvernement si elle doit effectivement être renvoyée devant la Cour de Justice. Ce serait un bien mauvais calcul puisqu’il s’apprête, de toute évidence, à baser sa campagne sur son expérience et sa réputation internationale, surtout si c’est l’inexpérimenté Hollande qui fait office d’adversaire socialiste. Un nouveau scandale visant un directeur français du FMI, même d’une autre nature,  ne ferait pas joli dans le tableau.

Si je puis me permettre un conseil, que le Président de la République n’insiste pas trop pour que ce soit un Européen qui succède à DSK. Qu’il plaide même pour un ressortissant des pays émergents et le fasse savoir. La France s’en portera d’autant mieux. Et à ceux qui me reprocheront d’affaiblir le rayonnement de la France en prodiguant tel conseil, je rappellerai le fameux mot de ce diplomate britannique qui professait que  nommer des Français dans les institutions internationales constituait la meilleure assurance que les intérêts de notre pays ne seraient pas défendus.

8 commentaires

  1. Il ne faut pas s’arrêter en si bon chemin : que notre Président propose directement Nanard. Tapie à la tête du FMI, ça aurait de la gueule, non !
    Quant à la citation exacte du diplomate britannique, elle me ramène à mon propre vieillissement : j’ai oublié son nom ! Au secours !

  2. Bonjour,

    Je suis désolé mais le sens de cette phrase est totalement hermétique:

    « « Oui. J’en suis convaincue. Intuitivement, je pense qu’il y a moins de libido féminine dans le rapport de compétitivité permanent qui se joue dans les salles de marché. »

    Il n’y a pas de ponctuation et un assemblage d’idée incohérente. Cela ressemble plûtot à une divagation d’ivrogne.
    Le lien sur votre article ne m’a en rien éclairé.
    Je ne vois pas le rapport entre les actrices pornos et les salles de marché!

  3. @David Desgouilles

    Vous avez modéré mon propre commentaire, qui n’avait pourtant rien d’insultant. Désolé, je n’avais pas compris que vous êtes UMP.

    Je n’ai modéré aucun commentaire de votre part. Vous avez dû faire une erreur de manipulation.
    DD

  4. Il y a 13 jours, on célébrait bruyamment les 30 ans de l’élection de Mitterrand.

    Premier constat : il est presque symbolique que « l’affaire DSK » avec son lot de masques tombés chez les « moralistes » du PS ait éclaté après que les flonflons se soient tus.

    Je faisais partie des électeurs de Mitterrand (au 2e tour seulement, au 1er tour j’avais voté Marchais). Mais mon cas, comme celui de millions de ces électeurs est celui de gens qui ont été trompés (et parfois se sont trompés eux-mêmes).

    Selon RMC, une autre personne avait voté Mitterrand le 10 mais 1981. Il s’agit de Christine Lagarde.
    Tout un symbole.
    – D’abord un des représentants de ce qu’il avait de plus contestable dans la « Mitterrandie » n’était-ce pas Bernard Tapie ?
    – Ensuite, cette avocate américaine, très mondialiste, ultra-européïste, ultra-libérale n’est-elle pas dans la suite logique du virage de 1983 ? Virage qui a conduit, sous l’impulsion de Delors et Mitterrand, aux calamiteux traités de l’Acte Unique, de Schengen et de Maastricht.

    Décidément oui : moi, je me suis trompé en votant Mitterrand, mais Mme Lagarde, pas du tout.

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