La sortie du film « The social network »[1. Qui m’a l’air d’être un sacré navet si j’en crois David Abiker à qui j’ai tendance à faire confiance.] a donné lieu à des chroniques et débats à propos du réseau Facebook. Et j’ai pu mesurer à quel point je me trouvais éloigné de certains de mes amis sur le sujet.

J’ai donc pu entendre Elisabeth Lévy et Eric Zemmour dire tout le mal qu’ils pensent du réseau hier sur l’antenne de RTL. Quant au camarade-compagnon Jérôme Leroy, il en fait l’un des symboles de ce « monde d’après » qu’il exècre et moque. Big Brother pour Jérôme ! Espace de délation pour Elisabeth ! Instrument de la dictature de la transparence pour Eric ! Mazette ! Et dire que je participe à tout cela…

Puis-je, mes chers amis, vous faire part de ma modeste expérience ? Voilà à peu près deux ans que j’ai un profil Facebook. Je compte 386 contacts. Pourquoi ai-je écrit « contacts » et pas « amis » ? Parce que -évidemment- l’amitié, c’est autre chose. Non pas que parmi les 386, il n’y en ait pas de véritables, mais ils constituent évidemment une minorité. Facebook me sert principalement à promouvoir ma modeste production éditoriale et à faire partager à tout mon réseau tous les liens que d’autres m’ont signalés et auxquels je trouve de l’intérêt. C’est ainsi qu’il m’est arrivé de faire profiter à tous mes contacts d’un texte d’Elisabeth Lévy sur Causeur, une chronique d’Eric Zemmour en vidéo ou d’un billet de Jérôme Leroy sur Causeur ou Feu sur le quartier général.  Parfois, je me laisse aussi aller à des considérations sur l’actualité, une émission télé ou radio ou sur le match de la veille. En vue du présent billet, j’ai regardé si j’avais donné des éléments de vie privée à mes contacts. Il est vrai que j’ai retrouvé quelques petites choses, faute avouée à moitié pardonnée ! Ainsi, je dois vous le confesser, j’ai pu dire en juillet dernier que j’étais « en mode cartons », parce que je préparais mon déménagement ou que je partais faire une sortie en vélo par ce si beau temps[2. En ajoutant à mon retour, le chronométrage de ma performance sportive, ce qui ajoute à ma faute egotico-exhibitionniste.]. A part ça, rien du tout. Mais je suis certain que vous pensez que c’est déjà trop !

En vrai, Facebook est comme le téléphone, la plume d’oie ou le pigeon voyageur, ce que l’on en fait. Parmi mes contacts, il n’y a qu’une infime minorité -cela doit se compter sur les doigts d’une main- qui fait part de considérations vraiment privées et intimes. Je dois reconnaître que ce genre de débordement était plus fréquent il y a deux ans. Mais les gens finissent par apprivoiser le médium. Ils ont, pour la plupart, compris ce que vous pointiez du doigt. Vous me direz que je choisis certainement bien mes contacts. C’est une remarque de bon sens et je vous remercie par avance de la formuler. Car, vous répondrai-je, qu’est ce qui vous empêche d’en faire autant ?

Comme toute technologie nouvelle, Internet en général et Facebook en particulier nécessitent un cerveau en bon état de marche pour être utilisés à bon escient. Un cerveau en bon état de marche réclame maturité, me répondrez-vous, attirant mon attention sur les enfants et adolescents, les plus présents sur le réseau. Ce n’est pas le moindre des arguments que vous pourriez avancer. Mais là encore, Facebook et son utilisation demeurent à l’image de tout le reste. Il revient aux parents d’expliquer à leurs enfants quels risques ils prennent en faisant n’importe quoi. On leur explique bien qu’il faut regarder à droite et à gauche avant de traverser, que le respect des règles grammaticales reste important en 2010, que Secret Story est une émission de merde ou qu’il vaut mieux appeler ses parents à trois heures du matin que de revenir dans la voiture d’un pote aviné. Je ne vois pas pourquoi il serait plus difficile de démontrer qu’il est très sot de faire savoir ses moindres faits et gestes à la moitié de son collège.

Rodolphe Bosselut le disait à Elisabeth mercredi soir : nous n’avons pas d’autre choix que de faire avec ce genre de technologie. Et il importe de la connaître au mieux pour faire adopter un comportement responsable à ceux dont nous avons la charge. Et, voyez-vous, mes amis amoureux du « monde d’avant », Facebook n’a pas que des inconvénients. Sans Facebook, François Miclo et moi ne nous serions pas retrouvés. Sans Facebook, donc, pas de David Desgouilles dans Causeur ! Vous n’avez pas tort d’avancer que cela peut bouleverser des vies. La mienne a bien changé. Pour le meilleur.

12 commentaires

  1. Comme tout facebook n’est en fait que ce que l’on en fait de ce que l’on y met et basta.
    il est vrai que la jeunesse ne voit pas les dangers comme les Vieux c…..que nous sommes !

  2. uniquement pour ma famille,éparpiller dans le monde entier,,,
    c »est formidable,,,comme toute chose,il faut sélectionner le meilleur
    dans la vie,on ne peut avoir,le beurre,,l »argent du beurre,et la jeune crémière,,,

  3. @David Desgouilles

    Trés bon texte, vous faites bien en effet de rappeler que facebook a aussi ses avantages. Mais de toute façon toutes les techniques ont un double visage bon ou mauvais. Et c’est cela depuis que le monde est monde. Le nucléaire produit de l’électricité ou des bombes, le moteur à explosion pollue mais vous permet de vous déplacer. Au début des blogs ont disait aussi qu’il s’agissait d’un phénomène dangereux puisque certain usent des blog pour raconter leur vie à tout le monde. On peut d’ailleurs dire qu’une majorité de blog sont remplis d’idiotie, cependant il y a aussi des blogs comme le votre ou celui de Malakine. Il y a des gens qui n’auraient jamais existé sans cette technologie et internet.

    La critique de la technique en tant que telle est donc essentiellement une perte de temps et probablement une posture bien confortable, au moins autant que celle qui consiste à donner des leçon de morale à quiconque critique la mondialisation ou l’homo festivus. Le vrai problème c’est la vitesse des changements techniques, car comme vous le dites très bien il y a un temps d’adaptation. La société, la structure sociale et politique doit s’adapter à ces changements mais force est de constater qu’il y un temps de retard de plus en plus grand entre ces institutions sociales et l’évolution technique, la dernière loi Hadopi en est d’ailleurs un exemple criant. Et finalement les discours comme ceux que vous critiquez ici ne font qu’aggraver ce retard alors qu’il vaudrait mieux trouver des solutions pratique pour s’adapter à ces évolutions.

  4. Parfait ! 🙂 J’aurais juste bien ajouté un passage sur le snobisme des anti-facebook qui prennent plaisir à s’afficher résolument « contre » sans bien sûr savoir de quoi ils parlent.

    Pour moi, FB c’est une démocratisation du blog si on se place du coté de l’émetteur et un agrégateur de flux par affinité si on se place du coté du récepteur. En tout cas, c’est un outil, juste un outil. Il vraiment être tordu pour être contre les outils.

    > Yann Quand est-ce qu’on t’y retrouve ?

  5. Fesse de bouc n’est qu’un outil approximatif pour les snobinards en tous genres : les « pour » qui se gavent de nouvelles technologies, parce que ça fait moderne et américain et les « contre » qui ont l’illusion de résister contre la connerie ambiante. Tout ça, c’est l’écume des vagues : utilisez ou n’utilisez pas, je m’en bats l’oeil ! La seule attitude cohérente, à mon sens, c’est l’indifférence. Pour mon cas personnel, ça ne sert à rien !

  6. @malakine

    Je défend facebook contre la diffamation abusive mais je n’en est pas l’utilité à proprement parlé. Mais pour te faire plaisir je créerait un faux yann sans aucune fioriture puisque tu y tiens. Par contre il est vrai que pour beaucoup cela tient plus du gadget, comme le dit Le Rouméliote, que d’un réel intérêt pratique, un peu comme l’Ipod quoi. De la à y voir l’arrivée de Big Brother comme certains c’est un peu excessif.

  7. Merci, cher David, quand je viendrai te voir, aucun problème pour trouver ta tanière. Tu seras géolocalisable comme tous les utilisateurs de facebook! 🙂
    Ton non-contact et néanmoins ami.

    PS: Sochaux, ne t’inquiète pas, contre Montpellier, c’est juste un faux pas.

  8. Cher Jérôme,

    Je ne suis pas géolocalisable sur Facebook. C’est une fonction qui n’est pas obligatoire, fort heureusement. Et que je n’ai bien entendu pas acceptée. On a beau céder à Big Brother, on n’est pas forcément obligé de tomber dans tous les pièges tendus. je note d’ailleurs que peu, parmi mes contacts, sont tombés la tête la première dans ce piège grossier. Peut-être même aucun.

  9. Jérôme des trémolos dans le clavier, je vous avouerais que je regrette que vous ne soyez pas sur fdb. Je vous aurai volontiers dans mes « amis ». Cette petite montée de sentimentalisme effectuée, je considère que fdb est en effet un vaste tout à l’ego. Mais dans ce flux égocentrique vous trouveriez des débats intéressants, des contacts enrichissants, des informations, des liens passionnants.
    Un autre point est à mon sens qu’il y a quelque chose de contradictoire à contester fdb depuis un blog ou un forum de discussion qui obéissent à un même besoin et à un même intérêt.

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