Dame Morano s’est félicitée qu’enfin, en 2011, le tabou de la violence conjugale dont sont victimes les femmes ait été brisé. Il paraît qu’on peut en parler maintenant. Et qu’avant, personne n’osait. J’espère que les commentaires ci-dessous, qui sont ouverts dans ce blog comme sur Causeur, viendront à ma rescousse pour confirmer que ce que j’ai entendu aujourd’hui, je l’ai entendu aussi l’année dernière, et puis l’année d’avant, depuis une quinzaine d’années. Par exemple, je sais depuis plusieurs années qu’une femme meurt tous les deux jours et demi sous les coups de son conjoint ou ex-conjoint. Et évidemment, ce chiffre me révolte, moi aussi.

Il y a néanmoins quelque chose qui cloche. Car lorsque ministres, journaux, télés et radios évoquent ce phénomène, ces 146 femmes décédées ainsi en 2010, ils parlent des victimes des violences conjugales. Et ils oublient alors systématiquement les 28 hommes décédés dans les mêmes conditions, soit un tous les 13 jours. Pour la quasi-unanimité, ces 16 % des tués dans le cadre du couple ne comptent pas. Ils n’existent pas, ou plutôt, ils n’ont jamais existé. Pourtant c’est le même organisme, la délégation aux victimes rattachée au ministère de l’Intérieur qui donne les chiffres. Certes, les victimes de sexe féminin sont plus nombreuses, mais est-ce une raison pour oublier les autres ? Cette délégation aux victimes donne d’ailleurs des chiffres complets et fort instructifs[1. On y apprend notamment que les victimes féminines le sont la plupart du temps suite à une rupture. Et que ce sont des disputes qui aboutissent le plus souvent aux morts masculines.].

La violence faite aux hommes demeure un tabou plus important encore que celle faite aux femmes. Si je me félicite qu’elle ne fasse pas l’objet d’une journée internationale de plus, il ne serait pas complètement incongru que ministres et médias ne la passe pas sous silence à chaque fois qu’ils évoquent la violence conjugale. Surtout lorsqu’ils insistent sur le fait qu’il est difficile pour les femmes de déposer plainte. Car il ne doit pas être davantage aisé, pour un mec, surtout dans la société  patriarcale que l’on nous dépeint, d’aller au commissariat se plaindre qu’il vient d’être corrigé par sa femme. Plutôt moins, me souffle t-on.

C’était ma contribution annuelle à la concurrence victimaire.

 

 

16 commentaires

  1. « J’aimerais que les commentaires ci-dessous, […], viendront à ma rescousse »
    Ce qu’on appelait autrefois parler français comme une vache espagnole (pardon les Espagnols pour le dérapage…)
    J’espère qu’ils viendront, ou: j’aimerais qu’ils viennent, ce serait mieux, non?
    Je sais bien qu’il vous faut écrire vite, mais tout de même, un minimum de relecture, cela permettrait d’éviter ce genre de charabia qui la « fiche » mal, comme dirait l’autre…
    Pour le fond, plutôt d’accord avec vous.

  2. Tiens, nous sommes d’accord pour une fois.

    Le problème est même plus large que cela. Les SDF, les suicides réussis à l’adolescence, les échecs scolaires, de divorces subis etc. etc. sont des phénomènes nettement masculins qui auraient été mis sur la place publique et instrumentalisés pour la cause féministe s’ils avaient concernés des femmes.

    Quant à entrer dans la concurrence victimaire et pleurnicharde, ce n’est effectivement pas très tentant. Il s’agirait plutôt d’en sortir en général.

  3. @ Le libéralisme pour les débutants : Et le fait que les femmes aient une espérance de vie de 10 ans supérieure à celle des hommes, ne devraient-elles pas, au nom de l’égalité, prendre leur retraite plus tardivement ?

    Sinon, pour le début de votre billet, les marrons reviennent avec les marronniers.

  4. je fais pourtant parti des stat de femmes battues avec procédure au tribunal….et pourtant je suis révoltée contre ses féministes « antiques » qui ne cessent de faire de leur cheval de bataille la violence faite aux femmes.
    je dis « STOP ».
    certes, il y a eu des avancées significatives dans la lutte contre la violence que je qualifie de conjugale mais il serait bon qu’elle s’applique aussi aux hommes.
    malheureusement, par honte (que je comprends puisque je l’ai vécue aussi, cette honte) nous n’avons aucune stat.
    de plus, il semblerait que les dépôts de plainte faite par un homme ne soient pas pris au sérieux par les forces de l’ordre.
    la question que je pose depuis 2 ans est la suivante : pourquoi une telle différence dans le traitement médico-judiciaire.
    l’homme n’est-il pas lui aussi l’égale de la femme

  5. Bien sûr qu’il y a des hommes battus, toutes les femmes ne sont pas douces et gentilles, j’en ai quelques spécimens dans mon quartier, des punaises vibrantes de première bourre, capables d’aller jusqu’à la violence physique.
    C’est ce qui fait que je suis une…. « féministe en pointillé ».

    Mais autre tabou, il y a des parents battus ou persécutés par leurs enfants.
    Je me souviens de deux gamins, un frère et une sœur, ils avaient entièrement saccagé le vélo que leur mère leur avait offert.
    Ils se sont fait engueuler et peut-être qu’ils ont pris quelques baffes, ils sont allés main dans la main à la Gendarmerie porter plainte … contre leur mère, histoire de lui apprendre à vivre.. On n’arrête pas le progrès.
    Les gendarmes les ont raccompagné à la maison fissa, et ont soutenu la mère.

    Mais des adolescents vont jusqu’à la violence physique envers leurs parents.
    Un bon sujet d’enquête aussi…

  6. Déjà si on écoute les opinions habituels,
    (prétendus féministes et autre misandres=misogynes),
    quand un homme se fait tuer par sa femme c’est qu’il battait sa femme…
    c’est parfois vrais, mais bien moins qu’on ne le pense, car (ma femme a défendu des femmes battues, accusées), la femme vraiment battue est détruite et soumise comme un chien a son maitre (nous partageons les mêmes compétences sociales)… parfois elle se rebelle, mais surtout pour ses enfants.

    il y a donc bien plus de cas d’homme « injustement tués » par leur compagnes qu’on ne le croit. on ne le voit pas car un homme battu se cache (sa virilité lui interdit, et les hommes et femme autour y veillent).
    en plus, et des études sur les enfants (et l’avis de copines vivant dans un monde féminin), montre que la violence des hommes et femme est différente. si elle est physique pour les hommes, elle est mentale (exclusion, destruction de l’égo, facile sur un mec naturellement fragile de ce coté là).

    d’un autre coté, les vrais harceleurs hommes utilisent tout le spectre des méthodes de violence physique et morale. la femme elle n’a pas la puissance physique, mais elle utilise l’incapacité d’un homme bien élevé à taper une femme (c’est d’une force incroyable et surprenante- imaginer un gars de 100kg se laisser passivement défoncer la tête par 60kg de victime en furie, ça existe)

    ah oui sinon, les cougar c’est a la mode… imaginez ca en version mec… on appellerais ca un pédophile, même si le vrais nom est éphèbophile (gout pour les jeunes pubères).
    indirectement je connais un cars de gamin de 16 ans utilisés par une cougar…
    il était manipulé, saoulé, utilisé, jeté, puis repris…
    il ne s’en est pas plaint, mais étrangement 20 ans après il ne comprend pas ce qu’est l’amour et n’a pas eu de relation passionné depuis… ca me rapelle un symptome des prostituées…

    et si hommes et femmes n’étaient pas si différents, clichés sociaux mis a part…

    bref, la vrai route du féministe est après avoir combattue la misogynie, de combatte la misandrie…
    reconnaitre les hommes violés, les hommes battus, les hommes papa, les hommes faibles, les hommes intelligents, les hommes sensibles, les hommes fidèles, les femmes violentes, les mauvaises mères, les femmes fortes, les femmes agresseurs, harceleurs, …

    ya du boulot, mais ca avance lentement…
    dans l’affaire fourniré, outreaux, dutroux, on a enfin reconnu les faits…
    les pères divorcés commence a avoir des droits…

  7. Bonjour Monsieur Desgouilles,

    Il semblerait que vos chiffres mélangent deux types de cas bien différents, dans un soucis de faire « politically correct », pour ne pas donner le sentiment que l’on stigmatise les hommes.

    On assimile les violences des femmes qui tuent un conjoint violent pour lui échapper, et la « violence conjugale ».

    Les femmes n’ont pas la force… et n’emploient pas la force comme outil, pour avoir le contrôle de l’autre, notamment du conjoint.
    Les vrais cas de « violence conjugale » où la femme est la coupable, on y voit un gars de faible caractère humilié par sa conjointe… le mari faible est rarement battu, et JAMAIS jusqu’à avoir des blessures graves, et encore moins la mort.

    Les femmes ne se servent pas de la « violence physique » pour emmerder un conjoint ou un ex-conjoint, elle se servent des tribunaux, notamment (par ex), elles savent que le système est bizarrement plus clément avec une femme qui ne laisse pas un père voir ses enfants, qu’avec un père qui se rend coupable de Non Représentation d’Enfants (article 227-5 du Code Pénal).

    J’accorde le bénéfice de la bonne foi au Ministère en question, qui annonce des stati où l’on mélange les différentes violences, sans distinguer qui tuent pour se défendre, et qui tuent par abus de sa force.

    Il existe par ailleurs, tout une propagande, où justement, c’est volontairement, que l’on essaie de faire passer le problème de la violence des femmes dans le cadre conjugal comme étant comparable à la violence des hommes dans ce même cadre.

    Pour obtenir des chiffres sur un mode 50-50, certains vont jusqu’à compter les fois où la femme dit « je suis pas d’accord », comme une violence que la femme aurait fait subir à son mari ou concubin !
    Et biensûr, on ne cherche pas à faire la part des choses entre les griffures et les coups qu’une femme a donné pour se défendre et les coups que l’on (homme ou femme) donne pour attaquer.

    J’ai l’impression, Monsieur Desgouilles, que comme beaucoup de gens, faites en passant un faux procès aux militantes féministes…

    On ne reprends qu’une partie des propos des militantes féministes, et ensuite, il est trop facile de dire que les féministes ne dénoncent pas telle ou telle chose…
    Les gens ont le droit de ne pas lire en entier les thèses féministes (voir de ne rien lire du tout sur le sujet)… mais dans ce cas, il faut en être conscient le moment où on critique les militantes féministes.

    En l’occurence, s’il y a bien des gens qui décortiquent les relations dans le couple sans parti pris, ce sont les féministes !
    Mais pour le savoir, il ne faut pas se contenter des résumés qui passent dans les médias généralistes !

  8. P.S. : je rajoute pour répondre à certains faux procès faits au féminisme… que le propos du féminisme est justement d’affirmer que la femme est un être humain, comme l’homme : donc avec toutes les qualités ET les travers inhérent à la nature humaine.

  9. Bonjour,
    j’ai lu avec intérêt votre article, ayant moi-même subit des violences d’un conjoint.
    Quand il me frappait, il venait me narguer et me tendait la joue en me disant:  » tiens, rends-le moi » ce que je me suis toujours bien gardé de faire, pour ne surtout pas être mise  » dos-à-dos »; Mortifiée et honteuse, je n’ai jamais osé poter plainte: en effet, c’était un haut fonctionnaire et les préjugés sociaux ont la vie dure!!
    Je suis informée de la violence des femmes, que je ne nie pas ( et qui me navre ) sur les chiffres que vous annoncez de décès d’hommes, il faut repositionner la moitié à l’actif de femmes qui se sont défendues.Très honnêtement, je pense que si je n’avais pas quitté mon agresseur après 11 ans de violences physiques et psychologiques, si j’avais eu l’occasion, lors d’une de ses agressions, j’aurai pu saisir un objet et me défendre violemment, notamment pour défendre mes enfants, et peut-être le tuer, alors que j’étais moi-même victime. Ceci étant, je respecte la cause des hommes qui, par peur de commettre l’irréparable, évitent de se défendre quand ce sont eux qui prennent les coups. Il faut bien ajouter que ces femmes violentes ou celles qui accusent les papas d’inceste à tort, méritent d’être fortement punies et ce, à double titre: le préjudice qu’elles infligent aux pères et aux enfants et aussi celui qui consiste à décrédibiliser la cause de celles, largement majoritaires, qui subissent les violences de leur conjoint et les enfants qui grandissent dans cette ambiance! Contrairement à ce que pensent les hommes, la justice est très très dure avec les femmes, j’en ai malheureusement fait l’expérience.

  10. @Stella

    Votre commentaire est très utile. Je pense effectivement qu’il y a lieu de se pencher encore davantage dans les chiffres et beaucoup plus précisément qu’on ne le fait dans les médias surtout pour la fameuse journée du 25/11.
    C’est un peu ce que je souhaitais dénoncer à travers ce billet. Lequel suscite quelques commentaires très intéressants comme le vôtre.

    Ce n’est pas en agitant des slogans que la violence conjugale reculera.

  11. sans sou et sans soutien, je lutte depuis l’an 2000 contre ce genre d’inéquité. sans nier évidemment l’extrême détresse des femmes victimes. Dernièrement, dans un de mes articles sur la page :

    http://a.pdc.free.fr/spip.php?article542

    « Les Hommes responsables de l’agression qu’ils subissent »

    j’ai pointé l’incroyable orientation du rapport
    « Etude nationale 2008 sur les morts violentes au sein du couple » où il est conclu :
    « – L’auteur masculin est marié, de nationalité française, entre 41 et 50 ans, sans emploi et vivant plutôt en zone urbaine. Il commet son acte plutôt en période estivale, sans préméditation, avec une arme blanche. Sa principale motivation est la non-acceptation de la séparation.

    – L’auteur féminin est marié, de nationalité française, entre 41 et 50 ans, sans emploi et vivant plutôt en zone urbaine. Elle commet son acte sans préméditation, avec une arme blanche. Les principales causes de son passage à l’acte sont la dispute et les violences exercées sur elle par sa victime.

    no comment !

  12. Dans une société toujours à domination masculine comme le prouvent les écarts de salaires de 25%, les différences d’orientation des femmes vers des carrières moins valorisées et plus précaires, l’inégal accès aux postes de décision, à la vie politique, l’inégale répartition des tâches dans les couples, la situation des femmes et des hommes est asymétrique et l’on ne peut comparer en inversant les rôles.

    Le contexte culturel par les stéréotypes qu’il véhicule sur la répartition des rôles, la valorisation de la virilité et de la compétition et qui a justifié historiquement la domination masculine entraîne un déséquilibre fondamental.

    75000 femmes sont victimes de viols en France chaque année et les agressions sexuelles sur les femmes dont l’actualité est malheureusement pleine se multiplient..

    Certes il y a des hommes victimes de violences. Mais ce phénomène est très minoritaire : 0,7 % de l’ensemble des hommes âgés de 18 à 60 ans en 2005-2006, un peu moins d’un quart des faits de violences conjugales sont exercés sur des hommes.

    En 2006, 37 hommes mouraient, tués par leur conjointe, mais dans les trois quarts des cas, ces hommes battaient leur compagne et elles se défendaient !!!

    Que les hommes aient des difficultés pour porter plainte dans une société machiste oui, mais il existe une sous-déclaration très importante pour les femmes victimes (seules 10% osent porter plainte) et quel combat les attend !

    Ce n’est pas en nous opposant les uns aux autres que nous ferons évoluer la société mais venez rejoindre les femmes pour lutter avec elles contre les violences de toutes sortes et changer les relations ente femmes et hommes.

  13. La violence masculine est l’alibi des violences féminines. Si un homme tape sur une femme, c’est monstrueux et c’est forcément gratuit. Mais si une femme tape sur un homme, ou même, le tue, c’est héroïque et c’est forcément de la légitime défense. Avec cette logique essentialiste et partiale, on ne progressera jamais. Et cette injustice institutionnelle, appuyée sur les clichés misandres répandus un peu partout dans la société occidentale, permet aux femmes possessives, vindicatives et cupides de s’accaparer les meubles, le patrimoine financier, une pension alimentaire et les enfants au conjoint, simplement en l’accusant de viol, de harcèlement ou de pédophilie, et ceci sans oublier de laver le cerveau de ses propres enfants, forcément influençables, pour s’assurer que le père n’aura aucun moyen de défense, et sera donc en situation d’impuissance extrême. Non seulement un père est détruit moralement, mais il est dépouillé aussi matériellement. Cela peut mener facilement au suicide. Mais ce cheminement n’est pas encore admis dans les moeurs actuelles, et ce serait la première étape à accomplir pour que la justice puisse elle aussi le reconnaître.

    Et il faut aussi admettre que les violences morales et psychologiques sont plus propres aux femmes, même si les hommes les pratiquent aussi bien entendu. Curieusement, toutes les analyses semblent pour l’instant ne prendre en considération que le statut de la femme, jusqu’à son parcours de vie et ses efforts. Parfois en exagérant aussi les chiffres, souvenez-vous des « 300’000 victimes féminines de violence conjugale au Québéc » qui ont été une grande farce.

    C’est la triste vérité, pour l’heure, être un homme est l’équivalent d’être coupable déjà d’un crime génétique, qui subit encore ses clichés et son passé de machiste.

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