Machisme : and the winner is…

Chaque année, l’association « Les Chiennes de garde » dressent un inventaire du machisme ordinaire dans les médias français. Pour fêter ses dix ans d’existence, l’organisation féministe a décidé de décerner des « récompenses », les Machos d’or, d’argent et de bronze. Figurent dans cet inventaire de véritables attentats machistes, assumés par leurs auteurs, mais aussi des chefs d’oeuvre de procès d’intention de la part des Chiennes de garde.

Passons très vite sur les attentats machistes qui sont volontairement provocateurs, souvent perpétrés dans un second degré qui n’échappe pas[1. Quoique. Il arrive que certaines féministes ne parviennent pas à le détecter, les commentaires de la DocteurE Michèle Dayras suite à mon texte Plaidoyer pour Zohra le démontrent à l’évidence.] à l’association, mais que cette dernière condamne avec la même fermeté que s’ils l’avaient été au premier. Ainsi, Fabrice Eboué, avec « Le féminisme, c’est pas seulement des femmes autoritaires ou des mal-baisées, c’est aussi des lesbiennes ! », a déclaré qu’il irait chercher son prix, le macho d’argent. Macho d’or, Monseigneur Vingt-Trois assume beaucoup moins bien « Le plus difficile, c’est d’avoir des femmes qui soient formées. Le tout n’est pas d’avoir une jupe, c’est d’avoir quelque chose dans la tête ». Il avait même écrit pour s’excuser. Quand une vieille cléricature se couche devant une nouvelle…

Mais ce sont surtout les procès d’intention qui ont retenu mon attention. Ainsi, Bernard-Henri Lévy est épinglé pour avoir parlé dans une phrase « d’Obama et d’Hillary ». Quelle familiarité, s’exclame Madame la Procureure, d’appeler l’homme par son nom de famille et la femme par son prénom ! Et si notre BHL national[2. Si j’écris « cosmopolite », il attaque.] avait simplement souhaité que le lecteur ne confonde pas Mme Clinton avec son époux, qui a tout de même présidé huit ans les Etats-Unis ? D’autres personnalités sont citées pour le même péché d’appeler les femmes par leurs seuls prénoms. Il paraît qu’on ne fait pas cela avec les mecs. Bizarre, je dois être victime d’hallucinations. Il me semble bien avoir entendu des médias parler des rivalités entre Jacques et Edouard ou, plus près de nous, de Nicolas et Dominique. Et ces livres, « les deux Nicolas » de Ghislaine Ottenheimer[3. Plon, 1994.] ou « Jacques, Edouard, Charles, Philippe et les autres » de Christine Clerc[4. Albin Michel, 1994.], ou encore « Le sacre de Nicolas » de Ghislaine Ottenheimer[5. Seuil, 2007.] – encore elle ! -, ils n’ont jamais été écrits ? Sexistes, ou pas ? Les allusions physiques sont aussi répertoriées comme machistes. Pas question de parler de blondes, de brunes ! En revanche, on a beau chercher, on ne trouve pas dans cet inventaire celles qui ont trait à la petite taille de notre Président de la République. Ainsi, dans cette logique, Anne Roumanoff aurait pu être épinglée pour sexisme. Il n’en est rien. Ce n’est pas notre boulot, rétorqueront les Chiennes de garde, nous, on défend les femmes. Certes. Personne pour attirer l’attention sur le sexisme anti-mec ? Il se murmure que Benoît Hamon y pense… Une petite dernière de Benoit Soilly du petit journal.com ; elle concerne Nadine Morano : « À 44 ans, la nouvelle secrétaire d’Etat à la famille est connue pour sa grande gueule et son franc-parler […] Elle aboie, elle grogne, et si quelqu’un l’embête trop, elle mord […] véritable Chienne de Garde de Nicolas Sarkozy […] Les Français ont découvert une femme atypique, grande gueule, de mauvaise foi, agressive souvent. » . Ce genre de portrait ne concernerait que la gent féminine ? Ben voyons ! Fredéric Lefebvre n’a-t-il jamais été traité de « chien de garde de Sarkozy[6. Ce serait à tort. Le député des Hauts de Seine, c’est plutôt une andouille.] » ? Et Jacques Toubon en son temps ? Et ceux qui ont été qualifiés de « roquet » ?

Pour finir, j’ai été très étonné de ne voir aucune citation d’Eric Zemmour dans l’inventaire de l’association féministe. De deux choses l’une, soit il est boycotté, soit il est en baisse de forme. Si j’étais Nicolas Domenach, plusieurs fois cité, je le chambrerais bien fort dans un prochain « ça se dispute[7. Emission d’I-télévision chaque samedi à 11 h 36 ] ».