Déjà il y a dix ans, j’avais été légèrement irrité par le tapage organisé pour commémorer les 30 ans de mai 1968. Que dire aujourd’hui ?
On assiste à une autocélébration par ceux qui dirigent les médias de notre pays. On en entend des vertes et des pas mûres. Par exemple, on nous explique que, grâce à ces jeunes insouciants, nous pûmes ensuite bénéficier de la pilule. Personne pour répliquer que le Général de Gaulle l’avait autorisée un an auparavant grâce à la force de conviction de Lucien Neuwirth.
Marre de ces travestissements de la vérité, plein le dos de ces vieux cons qui radotent, assez de cet onanisme exhibitionniste !
Et, disons le tout net, ras le bol de ce président élu pour liquider l’héritage de mai 1968 et qui en jouit sans entraves. Vulgaire, totalement insouciant, faisant du passé table rase comme d’autres voulaient trouver la plage sous les pavés.
L’an dernier nous quittait Philippe Clay. Il interprèta une chanson « Mes universités » en 1972 qui fit de lui un « vieux con » pour toute cette génération soixante-huitarde.
Vieux, je ne sais pas. Mais con, certainement beaucoup moins qu’eux.
Mes universités,
C’était pas Jussieu, c’était pas Censier, c’était pas Nanterre
Mes universités
C’était le pavé, le pavé d’Paris, le Paris d’la guerre
On parlait peu d’marxisme
Encore moins d’maoïsme
Le seul système, c’était le système D
D comme débrouille-toi
D comme démerde-toi
Pour trouver d’quoi
Bouffer et t’réchauffer
Mes universités
C’était pas la peine d’être bachelier
Pour pouvoir y entrer
Mes universités
T’avais pas d’diplômes
Mais t’étais un homme
Quand tu en sortais
Nous quand on contestait
C’était contre les casqués
Qui défilaient sur nos Champs-Elysées
Quand on écoutait Londres
Dans nos planques sur les ondes
C’était pas les Beatles qui nous parlaient.
Mes universités,
C’était pas Jussieu, c’était pas Censier, c’était pas Nanterre
Mes universités
C’était le pavé, le pavé d’Paris, le Paris d’la guerre
Pourtant on tenait l’coup
Bien des fois entre nous
On rigolait comme avant ou après
Mais quand ça tournait mal
Fallait garder l’moral
Car y avait pas de came pour oublier
Mes universités
C’était mes vingt ans pas toujours marrants,
Mais c’était l’bon temps
Mes universités
Si j’en ai bavé je m’f’rais pas prier
Pour y retourner
Bien sûr l’monde a changé
Tout ça c’est du passé
Mais ce passé faut pas vous étonner
Il est tellement présent
Qu’on n’comprend plus maint’nant
C’qui n’tourne plus rond dans vos universités.