Jamel, antidote pédago à Dieudo?
Sait-on ce qui se passe depuis quelques mois dans la tête de Manuel Valls ? Voilà un homme qui était encore présenté il y a dix-huit moins comme une sorte de « Nouveau Chevènement », économiquement plus libéral que le vieux lion de Belfort mais sur la même ligne républicaine intransigeante. D’ailleurs, à l’automne 2013, ses principaux contempteurs, qui faisaient son succès, l’attaquaient de la même manière que ceux qui ne lâchaient pas le Che lorsqu’il occupait Beauvau entre 1997 et 2000. Etre l’adversaire préféré de Noël Mamère, cela rapproche.
On imagine la consternation de Jean-Pierre Chevènement lorsqu’il a découvert que Manuel Valls proposait « d’intégrer, dans nos écoles, l’art de l’improvisation que porte Jamel Debbouze ». Des cours d’improvisation, de « stand-up ». Najat Vallaud-Belkacem, en bon petit soldat du gouvernement, a renchéri : « L’improvisation est une façon d’apprendre à vivre ensemble ». Gageons qu’au moment où est en train de jeter les dernières pelletées de terre sur les enseignements de latin, grec et d’allemand dans nos collèges, la création de cours d’improvisation ne manquerait pas de susciter l’incompréhension, au minimum, d’une large partie de nos concitoyens. Dès que j’ai eu connaissance de la déclaration de l’hôte de Matignon, j’ai eu une pensée pour la santé cardiaque d’Alain Finkielkraut. Un infarctus de ce dernier aurait dû, à l’évidence, provoquer la mise en examen de Manuel Valls pour tentative de meurtre avec préméditation. Je pourrais monter sur mes grands chevaux anti-pédagogistes, rappeler que ce genre de propositions est constitutif du plus grand mépris social, que l’objectif pédago de réduire les inégalités en nivelant encore plus vers le bas aboutira immanquablement à creuser les inégalités. Je pourrais également gloser à l’infini sur « l’improvisation », valeur cardinale du gouvernement Valls. Ce serait évidemment trop facile.
Evidemment –et c’est heureux- il n’y aura pas de cours de stand-up à l’école. D’ailleurs, Manuel Valls a évoqué les « nouveaux rythmes éducatifs », qui ne concernent que les écoles primaires et maternelles dans le cadre des fameux TAP (Temps d’activités périscolaires) financés par les communes dans les conditions que l’on sait. Pour le collège, il existe des clubs « Théâtre » dans de nombreux établissements, dont certains expérimentent d’ores et déjà « l’impro ». Mais il ne s’agit pas de cours, on le comprend bien. Tout cela, Manuel Valls et Najat Vallaud-Belkacem le savent parfaitement. Enfin, je l’espère. Ce qu’ils souhaitent, en fait, c’est encore faire un coup de com’. Découvrant avec effroi la popularité de Dieudonné chez une partie de la jeunesse, jusque dans le panel de jeunes des émissions auxquelles participe le Président de la République, ils ont trouvé l’arme, l’antidote et le messie réunis : Jamel Debbouze ! Un comique qui a des choses à dire et qui est dans la ligne. Najat Vallaud-Belkacem ne le cache même pas. Pour elle, Jamel c’est l’anti-Dieudonné, et elle le dit. Grosse pression sur l’improvisateur modèle ! Je ne suis pas certain que Manuel Valls et sa ministre de l’Education rendent un grand service à Debbouze en le transformant en comique officiel, comme il y avait des candidats officiels sous le Second Empire.
Ce qui ne laisse pas d’inquiéter, c’est de voir à tel point Valls et Vallaud-Belkacem sont possédés par la com’. Un problème Dieudonné, on lance un contre-feu Debbouze. Le sens de la répartie, au service du « vivre-ensemble ». M’Bala M’Bala doit bien rire en voyant son vieil adversaire user de son pistolet à bouchon.
Dès 1936, le chansonnier Georgius semblait avoir prévu ce que seraient les élèves issus des réformes de Najat Vallaud-Belkacem.
Le 1er en histoire disait :
« Vercingétorix, né sous Louis-Philippe, battit les Chinois un soir à Roncevaux.
C’est lui qui lança la mode des slips et pour ça mourut sur un échafaud ».
Le 1er en géographie :
« C’est en Normandie que coule la Moselle, capitale Béziers et chef-lieu Toulon. On y fait le caviar et la mortadelle. C’est là que mourut Philibert Besson ».
À la réflexion, la vision de Georgius était floue.
Ses « élèves » utilisaient mal ce qu’ils avaient appris mais, au moins, ils avaient entendu parler de Vercingétorix, Louis-Philippe, Roncevaux, la Moselle, la Normandie, etc …
Les élèves formés par les réformes NVB ne connaitront même pas ces noms.
Georgius parlait du lycée Papillon.
Les futurs élèves, eux, chanteront sous la direction de Jamel Debbouze :
« On n’est pas des imbéciles
On a même de l’instruction
Au collège Najat
Au collège Vallaud
À l’école Belkacem ».
On peut remercier Mme Vallaud-Belkacem d’avoir portée la réforme de M Chatel du lycée au collège.
L’expérience a prouvé que cette réforme est mauvaise, donc on persiste et on l’élargie.
Je n’arrive pas à comprendre la haine de nos politiques contre l’enseignement.
Ils furent pourtant de bons élèves.