Premier acte :

Dans la transmission des valeurs et dans l’apprentissage de la différence entre le bien et le mal, l’instituteur ne pourra jamais remplacer le curé ou le pasteur, même s’il est important qu’il s’en approche, car il lui manquera toujours la radicalité du sacrifice de sa vie et le charisme d’un engagement porté par l’espérance.

Discours du Président de la République -Saint Jean de Latran, Rome- 20 décembre 2007

Second acte :

Sans doute, Musulmans, Juifs et Chrétiens ne croient-ils pas en Dieu de la même façon. Sans doute n’ont-ils pas la même manière de vénérer Dieu, de le prier, de le servir. Mais au fond, qui pourrait contester que c’est bien le même Dieu auquel s’adressent leurs prières ? Que c’est bien le même besoin de croire. Que c’est le même besoin d’espérer qui leur fait tourner leurs regards et leurs mains vers le Ciel pour implorer la miséricorde de Dieu, le Dieu de la Bible, le Dieu des Evangiles et le Dieu du Coran ?
Finalement, le Dieu unique des religions du Livre.
Dieu transcendant qui est dans la pensée et dans le cœur de chaque homme.
Dieu qui n’asservit pas l’homme mais qui le libère.
Dieu qui est le rempart contre l’orgueil démesuré et la folie des hommes.
Dieu qui par-delà toutes les différences ne cesse de délivrer à tous les hommes un message d’humilité et d’amour, un message de paix et de fraternité, un message de tolérance et de respect.

Discours du Président de la République – Riyad, Arabie Séoudite- 14 janvier 2008

Troisième acte :

Jamais je n’ai dit que la morale laïque était inférieure à la morale religieuse. Ma conviction, voyez vous, c’est qu’elles sont complémentaires.

Discours du Président de la République – Dîner du CRIF, Paris – 13 février 2008

Les deux premières citations proviennent du site internet de l’Elysée. La troisième est une transcription d’une vidéo recueillie sur le site d’un hebdomadaire français.

Monsieur le Président de la République vient donc dire plusieurs choses :

– Que je suis un mauvais père. Parce que mes filles, aussi longtemps qu’elles ne le décideront pas elles-mêmes en conscience, ne rencontreront jamais un homme d’Eglise dans le but d’une quelconque instruction ou éducation à but spirituel. Qu’en attendant, ce sont effectivement les enseignants de l’école publique qui se chargeront de leur indiquer la différence entre le bien et le mal, avec, excusez du peu, leurs parents. D’après Monsieur le Président de la République, c’est insuffisant. Tout Président de la République qu’il est, et comme il s’autorise à sortir de son rôle, je lui répondrai à sa manière de garçon de bain : je t’emmerde. Fais plutôt le ménage dans ta vie spirituelle qui semble bien tourmentée. Je n’ai pas de leçon de morale à recevoir d’un homme qui s’apprête à avoir des enfants de trois lits différents.

– Que Dieu libère. Et il le dit dans un pays où des millions de femmes constatent chaque jour à quel point c’est pour elles une réalité (sic). Sait-il qu’il est Président d’un pays dont l’Histoire est jalonnée par les guerres de religions, de la croisade des Albigeois et son « Tuez les tous, Dieu reconnaîtra les siens » à la mise au pas de la Vendée où la Terreur faisait arracher la langue des curés qui refusaient de prêter serment en passant par le massacre de la Saint-Barthélémy ? Dans un monde où le choc de civilisations rime de plus en plus avec guerre de religions, où le Djihad menace et le vote religieux garde toujours autant d’importance dans le pays le plus puissant du monde, Monsieur le Président de la République ne craint pas ce mélange dangereux des genres risquant de mettre à mal un équilibre réussi en France depuis un siècle et de participer à la dangereuse surenchère religieuse sur la Planète.

– Qu’il n’a pas dit ce qu’il a dit dans le premier discours. Alors même que son propre site internet continue de le publier. Mais, croyant mettre un point final à la polémique (entretenue par les Autres, bien sûr….), il finit par lâcher que la morale laïque n’est pas inférieure à la morale religieuse. Ben, encore heureux ! (je parle comme lui pour essayer de m’imprégner de son système de pensée,et, de là, mieux le comprendre…J’aime être charitable. Je suis allé au caté quand j’étais petit). Mais, il nous dit qu’elles sont complémentaires. Donc, nécessaires toutes les deux. On revient au point de départ. A cela, j’apporte la même réponse : je l’emmerde.

Le Président de la République (lorsqu’il était ministre) a déjà déposé plainte contre des simples citoyens pour insultes publiques. Je sais donc, de ce fait, que je m’expose à des poursuites judiciaires en publiant ce texte. Je l’engage vivement à le faire. Il me sera en effet aisé et, je dois le dire, particulièrement agréable, de répondre que je ne faisais que protéger ma vie privée contre les intrusions d’un homme qui, pour être président de la République, était sorti de son rôle. Et que les intrusions du Nouvel Obs dans sa vie, qui n’a plus rien de privée de son propre fait, sont infimes par rapport à celles dont sont victimes tous les citoyens athées ou agnostiques qui se voient aujourd’hui montrés du doigt.

Et aux autres, qui seraient tentés par ce discours de laïcité « positive » comme si l’équilibre que nous avons obtenu difficilement était négatif, je conseillerai de relire les récits de la nuit de la Saint Barthélémy(1). En France, comme le dit un excellent journaliste -il en existe encore quelques uns- tout ne finit pas par des chansons, tout finit dans le sang(2).

(1) En légende, une illustration de la Nuit de la Saint-Barthélémy.
(2) Je dois cette phrase à Eric Zemmour, grand reporter au Figaro.

Laisser un commentaire

Please enter your comment!
Please enter your name here