Polyphonie socialiste, lesbiennes homophobes, etc. : le débat s’annonce prometteur

 

Pendant  la campagne présidentielle, les féministes chargées d’alimenter le candidat Hollande en propositions insistaient sur un point : on ne devrait pas dire « Egalité Hommes-Femmes » mais « Egalité Femmes-Hommes ». Ainsi, l’ordre alphabétique devrait être respecté pour contrer la toute-puissance du patriarcat. Chez les féministes socialistes, la bataille sémantique n’est définitivement pas à négliger; on a encore pu le vérifier en apprenant que la députée Sandrine Mazetier s’était ému auprès du ministre de l’Education Nationale du scandale que constitue l’appellation d’« école maternelle ».

En revanche, lorsqu’on parle des associations LGBT, avec lesquelles le gouvernement travaille régulièrement pour mettre en place ses projets sociétaux, les mêmes ne respectent pas l’ordre alphabétique. Le L de lesbienne est en effet placé avant le G de gay. Ces derniers jours, on a compris pourquoi les associations féministes ne s’en indignaient pas. Ce n’est ni  un hasard, ni une survivance de la galanterie, concept machiste s’il en est.  Non, le désintérêt des féministes a une bonne et simple raison : le droit des lesbiennes est  – ô combien – prioritaire sur celui des gays.  La mise à disposition de la PMA pour les lesbiennes est donc une nécessité impérieuse tandis que la GPA est une dérive scandaleuse. Il suffit de lire le dernier communiqué d’« Osez le féminisme », association d’autant plus en cour au gouvernement que sa fondatrice (et sœur de l’actuelle dirigeante) est aujourd’hui la conseillère de la ministre Najat Vallaud-Belkacem, d’écouter Clémentine Autain, ou même d’observer l’attitude de Dominique Bertinotti qui exclut la GPA mais se veut une militante de la PMA, pour comprendre que les gays paraissent moins dignes que les lesbiennes à bénéficier de la fameuse « conquête des droits ». Si le gouvernement fait voter la PMA pour les couples de lesbiennes mais refuse d’ouvrir le droit à la GPA pour les gays, l’argument d’égalité, le « pour tous » porté en bandoulière depuis le début du débat sur la réforme du mariage apparaîtra pour ce qu’il est réellement : une tricherie. Les gays pourront certes adopter mais les possibilités d’adoption, déjà limitées, seront d’autant plus restreintes que certains pays ont déjà annoncé fermer l’adoption de leurs enfants à une nation mariant des couples homosexuels.

Le 3 octobre prochain, la Cour européenne des droits de l’Homme devra se prononcer sur le recours de deux requérantes, déboutées par la justice autrichienne, qui souhaitent que l’une d’entre elles puisse adopter l’enfant de sa compagne. Le père de l’enfant refusant cette demande, elles demandent que celui-ci soit déchu de ses droits parentaux. Soit dit en passant, leur avocat n’est autre que le directeur de l’International Lesbian Gay Bisexual Transgender and Intersex Association (ILGLaw). La CEDH rejettera très certainement cette demande, mais il n’est pas innocent que le mouvement LGBT fasse sienne ce genre de revendications. Et on aimerait savoir ce qu’en pensent les néo-féministes françaises, qui nous parlent sans arrêt de « parent social », comme Clémentine Autain face à Elisabeth Lévy l’autre jour au cours du débat Yahoo. Le parent, explique-t-elle, c’est celui qui élève l’enfant. Attendu que la plupart des mariages finissent en divorces et que les jugements de 90% de ces derniers attribuent la garde à la mère, le nouveau compagnon (ou la nouvelle compagne) de la mère devient-il le nouveau père (ou la seconde mère) ? Ou un père supplémentaire, avec des droits équivalents ? On regardera avec attention le contenu de la prochaine loi sur la famille et notamment le fameux statut de beau-parent que préconisait déjà Nadine Morano et que Dominique Bertinotti semble vouloir mettre en place. Les opposants à la loi Taubira ne devraient pas négliger ce sujet, tant il bouscule bien davantage les fondements de la société actuelle que la simple ouverture du mariage aux couples de même sexe.

Deux philosophes classées à gauche, Sylviane Agacinski et Elisabeth Badinter, se sont positionnées sur ces sujets. La première refuse à la fois PMA et GPA. La seconde les accepte tous les deux. Il ne leur serait pas venu à l’idée d’accepter l’une et de refuser l’autre. Pourtant, c’est la position de Dominique Bertinotti et du président du groupe PS, Bruno Le Roux. On nous rétorque que la PMA existe déjà pour les couples hétérosexuels et que la GPA est interdite à ces mêmes couples. Faux ! Les couples hétérosexuels ont accès à l’AMP si l’un de leurs membres est victime d’une infertilité médicale. Les autres, ainsi que les femmes célibataires, n’y ont absolument pas droit. Le président du Comité consultatif  national d’éthique, explique d’ailleurs fort bien la problématique. On nous rétorque également que la GPA pose un problème éthique majeur, celui de la marchandisation du corps des femmes, une critique que bien entendu nous partageons. Mais si la PMA ne marchandise pas le corps de l’homme mais seulement ses gamètes, elle donne lieu à des dérives éthiques que Sylviane Agacinski a fort bien formulées.

Ajoutons que les partisans de la PMA (à ne pas confondre, je le répète, avec l’AMP) exigent que cette dernière soit prise en charge par… l’Assurance-maladie. Les militants autoproclamés de la cause homosexuelle en arrivent donc à rejoindre l’homophobie la plus crasse, en assimilant l’homosexualité à une maladie remboursée par la Sécu !

À l’heure où on écrit ces lignes, l’avenir du projet d’autorisation de la PMA paraît bien aléatoire. Alors que Bertinotti et Le Roux s’en font les hérauts, que de nombreux députés PS ainsi qu’un poids lourd du gouvernement, Manuel Valls, se prononcent résolument contre, Matignon et, plus encore, l’Elysée paraissent hésitants. Ils gagnent du temps et en appellent au CCNE avant de voter une loi qui intégrerait cette possibilité. François Hollande suivra-t-il un avis défavorable de cette instance, bien que la loi ne l’y oblige pas ? Pour l’instant, la plupart des observateurs semblent le penser. Si c’était le cas, on pourrait s’attendre à des remous dans la majorité. Bertinotti pourrait prendre la porte et le groupe socialiste tenter de défier la Présidence en déposant un amendement. Le tic-tac de la bombe politique PMA a résonné à nos oreilles ces derniers jours. L’horloger en chef est parvenu à repousser l’explosion de quelques mois. Mais pour l’empêcher, il devra faire preuve d’une habileté exceptionnelle.

13 commentaires

  1. Ils sont de plus en plus barjots au PS.
    Le pays est au bord du gouffre et ils ne trouvent rien de mieux que de s’occuper d’une minorité, elle-même issue d’une minorité.
    Ils sont fous car ils pensent que l’écran de fumée aveugle la population alors que cette fumée ne fait que les aveugler eux-mêmes. La preuve ? Ils ne se rendent même pas compte de la colère qui monte.
    Ils se croient très malins. Quelle bande de nazes. Le retpur de bâton sera redoutable

  2. Cher David,
    Bravo pour votre post, il remet en perspective la prémisse cachée des partisans du mariage dit « pour tous »: la fin de la filiation paternelle, et par là même, le rétablissement du matriarcat.
    Depuis le départ, la vraie question a toujours été l’adoption, la PMA et la GPA pour les homosexuels. Je regrette que le sujet ne soit mis sur la table que maintenant, mais il faut croire que la manoeuvre des partisans du mariage « pour tous » a bien fonctionné: ils ont sciemment contourné ce débat en le plaçant sous l’angle de l’égalité des couples (qui n’a aucun sens d’un point de vue légal: le droit ne porte jamais que sur des individus…), alors qu’il ne s’agissait en fait que de créer un droit à l’enfant!
    Les pro-LGTBQI ont manipulé l’opinion sur le mariage gay, car ils ont menti en disant qu’il n’enlève aucun droit aux mariés hétéros (grrrr….): mais évidemment, c’est faux! Comme vous le soulignez très pertinemment, le droit à l’enfant, attaché à celui du mariage homosexuel et réclamé essentiellement par les lesbiennes, met fin de facto à la présomption de paternité! Or c’est cette présomption-là qui est à l’origine même de l’invention du mariage! Pire, dans le cas de la GPA pour les homos, on créé une aberration juridique car jusqu’à présent la maternité est, en droit, TOUJOURS certaine, même dans le cas d’une GPA normale. Mais ce principe ne tient plus pour les couples masculins. Ce qui signifie que la loi va autoriser des générations d’enfants qui seront soit sans père (cas déjà exceptionnel), soit sans mère (cas encore plus exceptionnel), soit avec un père et une mère! En clair, on traite des exceptions comme si elles étaient la règle!
    La conséquence de la perte de filiation certaine pour les enfants est vertigineuse car elle créé une insécurité sur leur origine: quel enfant rêverait de ne pas savoir qui sont ses vrais parents? Et qu’est-ce qui nous dit qu’un jour, la paternité de ces enfants ne se verra pas contestée par le tout venant sur des bases biologiques, comme c’est déjà possible dans le cas du mariage civil?
    Il est anormal qu’une société créé consciemment une insécurité sur les origines d’un être humain, surtout à l’heure où on appelle à supprimer les naissances sous X…

  3. « Ajoutons que les partisans de la PMA (à ne pas confondre, je le répète, avec l’AMP) exigent que cette dernière soit prise en charge par… l’Assurance-maladie. Les militants autoproclamés de la cause homosexuelle en arrivent donc à rejoindre l’homophobie la plus crasse, en assimilant l’homosexualité à une maladie remboursée par la Sécu ! »

    Entièrement d’accord ! Si la PMA est accordée aux couples lesbiens (et qu’en plus on la rembourse), cela signifie :
    – soit si c’est un droit spécifique que l’on considère que l’homosexualité est une maladie
    – soit si c’est au nom de l’égalité que la PMA est un « droit » pour tous les couples y compris hétéros non stériles (voire « gays » via une mère porteuse)… et la sécu va plonger un peu plus !

    PS: pourquoi distinguer PMA et AMP ?

    • Je distingue PMA pour la bonne et simple raison que l’AMP est pour l’instant la seule en vigueur et elle est réservée, par définition, aux couples dont l’un des membres souffre d’infertilité médicale.
      Avec la PMA, on passe dans une autre dimension, où cette condition n’est plus nécessaire.
      Laurent de Boissieu l’a très bien expliqué ici :
      http://www.ipolitique.fr/archive/2013/02/02/amp-pma-gpa.html

  4. Tout ceci est très juste et de bon sens et imposé par les eurocrates. Ces braves gens ne font qu’oublier la donnée essentielle rappelée autrefois par Renaud : »Même si j’étais PD comme un phoque, je ne serai jamais en cloque ! »
    De nos jours, ça lui vaudrait au moins la correctionnelle.
    Enfin, on peut se réjouir que nos grandes féministes vont ouvrir la voie au commerce massif des ventres sur internet et au choix de sa « descendance » sur catalogue. Pour les chômeuses, ça fera un débouché.

    • Sans compter sur les dérives bioéthiques (loi à encadrer très sérieusement) amenant par étapes le clonage humain. Ca peut paraître excessif ou risible pour l’instant mais ça n’est pas drôle du tout, à terme, si j’ose dire la procréation « encadrée ».
      Ca commence par une sélection sur catalogue par l’enfant parfait et ensuite ça dégénère sur la copulation assistée (Hollande veut me sortir du lit).

      Pour mémoire, rappel de la politique de la natalité en Chine en faveur de l’enfant mâle, reproducteur étalon privilégié, négation de l’égalité, rejetant par abandon dans des orphelinats, comme des déchets, les petites filles dans des mouroirs.

      Ca commence par une sélection sur
      catalogue …. qui induit, c’est une évidence, ouvre un tripatouillage sur la recherche sur l’embryon pour satisfaire tous les lobbystes de la procréation assistée.

      Les tribunaux vont être saturés, la jurisprudence pourrait se faire, si,nous n’y prenons garde dans la loi de la famille , par un brouillage du à la sémantique.

      Ne consultez plus le C.I.O., les défenderesses de la cause féminine et humaine, viennent d’avoir le génie génétique de la création emplois : mères porteuses, étalons reproducteurs, enfants recyclables. abos, médecins, tourisme, banque, notaire, etc. …

    • Juste une petite précision: vous pouvez être PD comme un foc (voile qui ne prend le vent que par derrière) mais non comme un phoque, brave mammifère ichtyovore ne connaissant pour se reproduire que la copulation hétérosexuelle (quoique?) et peu concerné pas les débats actuels

  5. Politique natalité Chine : enfant unique. Actuellement, ils viennent à une politique  » de la natalité un peu plus humaine ».
    Combien de femmes ont du subir d’avortements provoqués, à un stade très avancé, pour certaines, pour satisfaire aux exigences de cette folie criminelle érigée en sacerdoce ?

    Le progrès, quel progrès ?
    Le féminisme, quel féminisme ?
    La cause des femmes, quelle défense de la cause des femmes ?
    L’égalité, quelle égalité en supprimant la complémentarité, le genre ?
    La parité, les deux font la paire à Trois ? ?

    Et l’enfant, l’enfant, pris en otage, objet pour satisfaire une revendication de l’égalité, inexistante.

    Quel malheur.

  6. Pour le coup, ces féministes de
    mes deux-trois feraient devenir phoques, les hommes hêtéros.

    Hommes je vous aime, hommes je vous aime. Bisou d’amour.

  7. Quel suspens !!!

    Un mariage gay aux Pays Bas dure en moyenne 18 mois parait il.

    Vous imaginez le pognon qui va descendre dans les poches des avocats… et surtout quand il y aura bébé(s) en plus dans la négo ?!?!

    Mais bien sûr qu’il y aura mariage, et PMA, et GPA… et tout ce qui peut rapporter du fric à ceux qui sont proches du pouvoir.

    Tous ces généreux spécialistes qui vont pouvoir ouvrir des cliniques de reproduction, avec le cheptel de reproductrices qui va bien. Ils vont devenir de richissimes businessmen !!

    Finie la Porsche d’occase. Vive la Ferrari neuve !!

    Le pognon fait la politique. Le pognon est à 100% d’un côté de la balance.

    Ne vous demandez même pas si cela va advenir.

    • Fernand Naudin
      Evidemment, quel plaisir de se vautrer dans la fraîche, le grisbi, le flouze, la galette, la mitraille, les picaillons, les pépètes, l’oseille, le fric, le blé, le pognon.
      Tous ces généreux donateurs et ces progressistes patentés, assermentés vont se faire des mégas couilles en or. Amen.

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