Bourses au mérite, roman national : les mauvais signaux de Hollande
Ce mois de juillet riche en actualités tragiques a achevé d’affaiblir le couple exécutif. Symptomatiques de la perte d’autorité du pouvoir, plusieurs manifestations pro-palestiniennes interdites ont néanmoins lieu. Le duo Hollande-Valls montre ainsi son inertie : coups de menton pour affirmer l’autorité de l’Etat, incapacité à faire appliquer sa décision, coups de menton pour fustiger les organisations et les élus qui ont bravé l’interdiction, lesquels n’ont pas à s’inquiéter. Jacques Boutault, maire du 2e arrondissement de Paris, pourra continuer de présider ses séances. Clémentine Autain et Olivier Besancenot pourront toujours donner des leçons de morale sur les plateaux de télévision, fustigeant les délits des uns et des autres alors qu’ils ont contrevenu gravement au Code pénal en défilant et en appelant à participer à des manifestations illégales. Qui sait, peut-être même iront-ils jusqu’à se féliciter publiquement d’une éventuelle condamnation d’Henri Guaino, parce qu’il a osé critiquer un juge.
Autre mauvais signal, l’exécutif a décidé de supprimer des bourses au mérite, qui étaient attribuées aux élèves ayant obtenu au moins 18/20 au baccalauréat. Chacune de ses bourses s’élevait à 1 800 euros par an. Il paraît que leur suppression permettra de récupérer 14,5 millions d’euros. Que Michel Sapin racle les fonds de tiroir, soit. Mais cette décision est avant tout idéologique. Couplée à la future réforme de la notation, Benoît Hamon jugeant le système actuel trop stigmatisant, le démantèlement des bourses au mérite apparaît pour ce qu’il est : une volonté de refuser toute forme d’élitisme, fût-il le fruit de l’effort et du mérite. Quel signal envoie-t-on à un peuple lorsqu’on supprime ce genre de bourses ? Quel signal François Hollande envoie-t-il à la jeunesse qui était sa « priorité » de campagne ?
Ce n’est pas tout. Dimanche, à Bouvines, on célébrait les huit cents ans de la célèbre bataille, essentielle dans l’histoire de la nation française. Des associations locales, organisatrices de l’événement, ainsi que les édiles socialistes du Nord, s’étaient vu promettre la visite des plus hautes autorités de l’Etat. Mais le président de la République n’a pas daigné se déplacer, tandis que le Premier ministre assistait au départ d’étape du Tour de France à Evry. Aucun membre du gouvernement, ni même le Préfet n’étaient présents. Bref, quand François Mitterrand était capable de citer tous les rois de France et d’expliquer comment ces derniers avaient marqué l’histoire de notre pays, François Hollande la méprise ostensiblement. Peut-être un communiquant avait-il soufflé au Président qu’un tel déplacement confinait à la ringardise et/ou qu’il risquait de brouiller son « message européen » ? Pour le coup, les élus socialistes locaux se sont retrouvés en tête à tête avec Louis de Bourbon, prétendant au trône de France. La République n’était pas au rendez-vous. Signal détestable. En oubliant Marc Bloch, pour qui « il est deux catégories de Français qui ne comprendront jamais l’histoire de France, ceux qui refusent de vibrer au souvenir du sacre de Reims ; ceux qui lisent sans émotion le récit de la fête de la Fédération », François Hollande démontre sa profonde incompréhension de la fonction présidentielle. Il préfère commenter les accidents aériens depuis le perron de l’Elysée, rôle normalement dévolu à un ministre, tout au plus au premier d’entre eux. L’incarnation et le roman national, connais pas !
On aurait tort de sous-estimer l’importance de ce genre de décisions. La suppression des bourses au mérite a touché de nombreuses familles des classes moyennes et populaires, comme en attestent nombre d’articles dans la presse quotidienne régionale. De même, la presse du Nord, qui est davantage lue que Libé -on l’oublie trop souvent rive gauche – n’a pas été tendre sur le boycott de Bouvines. Les réseaux sociaux jouent aussi leur rôle de multiplicateur de diffusion. Et dans les conversations au bistrot ou sur les marchés, il y a toujours quelqu’un pour rappeler ce genre de décision dévastatrice pour le gouvernement, qui viennent s’ajouter à la carte ubuesque des régions.
Que François Hollande continue sur sa lancée, et il lui faudra un miracle pour que lui ou un autre candidat socialiste soit présent au second tour en 2017 !Au train où vont les choses pour la majorité, qui sait si l’UMP, pourtant déconsidérée dans le pays, pourrait se permettre de présenter deux candidats sans courir le risque de subir un 21 avril à l’envers ?
Beaucoup de choses à citer de ton excellent billet. Tristement excellent…
Je n’avais pas su pour les bourses d’études. C’est désespérant…
Bourses au mérite: « Il paraît que leur suppression permettra de récupérer 14,5 millions d’euros. » Même pas ! Il est prévu d’augmenter d’autant les bourses sur critères sociaux, soit quelques euros par personne… Lamentable !
Reprocher à Hollande de n’être pas venu à u anniversaire de la bataille de Bouvines ?
Allo, quoi ?
J’ai beau être opposant, là, je ne comprends plus, cher camarade.
Pourtant, je l’explique. Même pas représenté par le Préfet !
Et Régis de Castelnau développe l’idée aujourd’hui
http://www.causeur.fr/qui-a-peur-de-bouvines-28685.html
@DD,
FH est le meilleur directeur de Cabinet de la cinquième République ; le seul souci, c’est qu’il est Président.
On prend l’ENA pour ce qu’elle n’a jamais été, une machine à produire des hommes d’Etat, quand, au mieux, c’est une institution apte à former des hauts fonctionnaires ayant le sens de l’Etat – Cf. le pantouflage.
Le sens politique (et non politicien… la vie des partis et l’accès aux places…), le sens de l’histoire et du devoir, ne s’apprennent pas dans les grandes écoles. Dès lors, quand l’ont voit le nombre d’énarques à des postes pleinement politiques, on ne peut qu’être inquiet – et quand ce ne sont pas des énarques, ce sont des gravures de mode et des hommes et femmes de spectacle, Ô triste période.
Ce n’est plus le gouvernement des hommes, mais l’administration des choses ; la politique ramenée à l’unique souci de « bonne » administration conduit à la soumission de l’outil administratif à la puissance véritable d’un moment donné, soit aujourd’hui la sphère de l’économie privé – déréglementons à fond et au pas de charge.
François peut établir toutes les notes de synthèse qu’il veut, cela ne fera jamais une politique. Nous voilà partis pour cinq années pendant lesquelles il n’y aura aucune décision politique – je passe sur les écrans de fumée sociétaux habituels – mais de simples mesures administratives ; certes, de la hauteur de vue administrative, de la grande décision administratives, mais rien de plus.
Entre exercer le pouvoir et administrer les pouvoirs en présence, FH a depuis longtemps choisi, et ce dès le jour où il a décidé – enfin une décision, mais individuelle – de tenté l’ENA.
Vous attendez de la grande politique, celle qui se fait avec en tête le sacre de Reims, le traité de Verdun, la fête de la fédération, Valmy et Austerlitz, alors que cela est totalement impossible en l’état de notre personnel politique qui, quand il n’a pas tenté l’ENA, l’a raté ou aurait bien aimé en être.
Ce qu’il faut ? Mettre à la retraite les représentants du système. Notre problème, ce sont nos actuels partis de non-gouvernement (UMPS-EEVL-PC-UDI).
Un seul choix rationnel en 2017 pour les souverainistes, Marine. NDA est à 3%, et elle est en tête – et pour longtemps. Si vous voyez un autre candidat avec un vrai soutien populaire, faites-moi signe.
A défaut de telles décisions, le pays continuera à administrer les volontés politiques des Etats-Unis (de l’UE c’est pareil) et de l’Allemagne.
Une petite remarque d’ordre grammatical à propos du couple exécutif, ne doit-pas dire: la couple lorsque les deux représentants sont du même sexe?, soit la couple de l’exécutif.