Depuis le début de la semaine, on s’interroge sur le prochain roman de Giscard. Fiction ou roman à clef ? A qui donc s’adresse cette épigraphe « promesse tenue » ? A Lady Di ? A lui-même ? A sa femme[1. Non, là, je rigole] ?

Il est plus amusant, pour le commun des mortels, de deviser sur l’éventuelle relation entre VGE et la princesse de Galles et de moquer son éventuel fantasme amoureux. Je n’y ai moi même pas échappé en paraphrasant Diana refusant de participer à une orgie à Chanonat : » Un Auvergnat, il en faut toujours un ; c’est quand il y en a beaucoup qu’il peut y avoir des problèmes ».

Mais quand on se fait le devoir de tenir un carnet politique, il faut revenir à la politique. Et, dans ce livre à paraître dont Le Figaro nous a relaté l’histoire, le fantasme le plus fou, le plus dément, le plus hilarant, n’est pas amoureux ni même sexuel. Il est bel et bien politique. Imaginez que Giscard fait du héros principal un Président de la République réélu en 1981. Difficile d’éluder le fait que le Président qui se représente au suffrage des Français à cette date se nomme Valéry Giscard d’Estaing.

Giscard n’est pas surnommé ironiquement l’Ex par hasard. Il est à ce jour le seul Président de la République en exercice à s’être ramassé lors d’une élection présidentielle. Le Général de Gaulle fut réélu en 1965, François Mitterrand en 1988 et Jacques Chirac en 2002. La mort a interrompu le premier mandat de Georges Pompidou et, pour le locataire actuel de l’Elysée, il faudra attendre encore trois ans. Bref, pour lui, c’est la honte. Même celui qu’il tient pour un grand con a été réélu triomphalement en Père de la Nation : Giscard ne parvient pas à cacher la souffrance  et l’injustice qu’il vit et dont il pense être victime.

Alors, il se soigne. En écrivant un roman. Il n’est ni le premier ni le dernier à procéder de cette façon. Non seulement, cela coûte moins cher qu’un psy mais en plus, cela va lui rapporter un maximum. Franchement, il met le paquet, l’Ex ! Réélu avec 56 % des suffrages ! Et on s’interroge pour savoir si c’est une œuvre de fiction ? En partant sur cette base, il peut nous inventer n’importe quoi. Qu’il culbutait une princesse délaissée -c’est fait- mais aussi qu’il devint le premier homme à poser le pied sur Mars, qu’il réduisit spectaculairement inflation et chômage ou qu’il parvint à faire comprendre à la France que la Constitution européenne était un texte intelligible voire intelligent. La plus grande obsession, c’est tout de même bien que ce type puisse imaginer que son septennat ait pu donner envie aux Français de le réélire triomphalement. Parce que le fait que les hommes de pouvoir étaient dotés d’une libido largement au dessus de la moyenne et que leur position sociale pouvait avoir quelque effet sur leurs capacités de conclure, comme dirait Jean-Claude Dus, on savait déjà.

Reste à savoir si ce roman sera aussi mal écrit que « Le Passage »[2. Roman écrit par Giscard où le narrateur est un notaire, chasseur, et fort bien cravaté, qui a une aventure avec une auto-stoppeuse. Les Guignols de l’Info imaginèrent une adaptation pornographique et invitèrent la marionnette de VGE à un faux journal du hard.] ou le traité constitutionnel européen[3. C’est mon obsession à moi.]. Peu importe. Il se vendra, et la fuite organisée ces jours-ci y sera pour quelque chose. Bien joué, l’éditeur. L’Ex peut ainsi faire la nique au grand con corrézien cité plus haut, lequel doit sortir ses mémoires au même moment. Quand j’écrivais qu’elle était là, son obsession !

7 commentaires

  1. Oui, dans l’histoire de cette Vè République, l’Ex chera le cheul à chêtre ramaché après jêtre tombé de toute cha longueur. Si Sarkozy se ramasse à son tour il ne chutera que de 10 cm de talonnettes et ce sera pour mieux : faire de l’argent, la Présidence de la République ne lui ayant servi que de marche-pied…
    Mais David à raison : ce que doit surmonter l’Ex ce n’est pas tant de n’avoir pu s’adonner à la belle princesse de cœur (et quand bien même l’aurait-il fait…) mais à l’humiliation d’un au revoir après qu’il ait dirigé le pays de la manière la plus intelligente qu’il soit, puisque c’était du Giscard, l’élite technocratique des 70′.
    Mitterrand croyait aux forces de l’esprit et à ce titre de nous quitte pas (voir http://www.facebook.com/home.php#/group.php?gid=18856778944). L’Ex, arrivé à un âge que Mitterrand n’a même pas connu et après avoir raté son rêve de retour par le haut comme Président de l’Europe, n’a plus que l’écriture romanesque pour surmonter la défaite. C’est fou ce qu’il y a de bons joueurs parmi ceux qui savent écrire !

  2. Moi, je comprends très bien la démarche de notre VGE national, et je suis très content de voir un genre peu connu du grand public, l’uchronie, trouver un hérault en la personne de ce digne membre de l’académie française.

    Depuis un certain temps, on écrit des récits uchroniques sur les grands hommes de
    ce monde, qui ont fait l’Histoire et qui nous fascine :

    Et si Napoléon avait vaincu les coalisés à Waterloo ? Et si Hannibal avait prit Rome ? Et si Constantin ne s’était pas converti ? Et si l’ Axe avait gagné la guerre ? Et si Nicolas Sakozy avait épousé Diam’s au lieu de Carla Bruni ?

    Après bon, comme il n’était pas sûr et certain que les générations futures se demandent :  » et si VGE avait été réélu en 1981  » ?, il en a fait un bouquin lui-même, comme ça on saura. On s’en fout, mais on saura.

    ( Bon, j’exagère un peu, techniquement, c’est pas une vrai uchronie, mais quand même c’est pas passé bien loin. )

  3. Effectivement imaginer une Diana en reine dominatrice, agitant la cravache sur un Giscard à quatre pattes, c’est un pur délice ! (oups, pardon aux âmes sensibles)
    Et pourquoi, diable, aurait-elle refusé de pendre la crémaillère en Auvergne ?
    C’est pourtant très goûteux, une bonne fondue, même dans un vieux pot.
    VGE va devoir s’habituer à un nouveau sobriquet qui pourrait lui aller comme un gant – ou comme une combinaison en latex – IVG, pour les intimes, le I retranscrivant le E prononcé en anglais, et cette inversion des lettres, çà fait un joli sobriquet à l’anglaise.
    çà fait sourire, mais c’est un peu minable, de parler ainsi d’une morte, qui n’a plus le loisir de pouvoir démentir. Il aurait pu coucher ses frasques lubriques dans son testament, son test amant, comme vous voulez.
    Mais on ne s’étonne plus de rien, de nos jours, des photos de la première dame de France, dans le plus simple appareil, (non, pas l’appareil d’Etat) ont bien largement circulé sur le net ! Joli porte-drapeau (oups, pardon)

  4. Bravo, quel talent ! Incisif et rafraîchissant

    Très drôle, je suis comme l’âne de Shrek, dans le marais, tirebouchonné, les 4 pattes en l’air … C’est Fiona qui va être heureuse …

    VGE, qui a racheté son « destin », nous joue le remake de l’aristocrate plus prompt à faire financer son château avec les deniers européens sous couvert de patrimoine à restaurer … en remerciement de son traité pourave, (qu’il va fièrement exposer dans son musée personnel) qui nous précipite dans les oubliettes de l’Histoire, le ridicule n’est point tula, son oppidum (histoire élyséenne des bidons de lait au petit matin), facile de s’inventer une histoire en accrochant quelques portraits …

    Oh, les vilains Irlandais qui n’ont pas voté dans la « pensée » admise par « l’intelligenstia » !

    A votre avis, DD, le oui au Traité de Lisbonne, garantirait il à certains, certains privilèges ?

    D’un côté, « l’élite », de l’autre les gueux.

  5. @GAIA
    Le Traité de Lisbonne permet aux institutions européennes telles qu’elles sont de perdurer, ce qui garantit déjà à toute une myriade de décideurs non élus de faire la pluie et le beau temps dans notre vie quotidienne.
    Et de profiter des avantages des milliers de lobbystes qui hantent Bruxelles.

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