Des acteurs vedettes aux mamans lesbiennes, vive l’Europe !

 

Xavier Théry et Elisabeth Lévy ont bien raison de renvoyer la plupart des socialistes à leurs contradictions. Lorsqu’on a souhaité, dans le discours et dans les actes, la citoyenneté européenne – sinon mondiale -, la liberté de circulation des biens et des personnes, il est plutôt culotté de reprocher à Gérard Depardieu d’en profiter. Mais l’actualité est décidément taquine et on a pu observer hier, aussi bien dans la rue que sur les réseaux sociaux, des contradictions pas moins consternantes.

 

Ainsi, les mêmes qui reprochaient à l’acteur français de profiter de la législation belge ne voyaient visiblement aucun inconvénient à ce que des femmes aient pu faire de même en matière bioéthique. Ainsi, aller habiter à Néchin pour payer moins d’impôt, c’est mal mais faire un aller-retour à Liège pour bénéficier d’une Procréation Médicalement Assistée, où l’on pourra choisir la couleur des yeux et des cheveux du donneur, c’est très bien – comme nous l’expliquait aujourd’hui un reportage de RTL. S’en tenant à un « principe de réalité » dont ils nient la légitimité en matière fiscale, ils réclament aujourd’hui que la France adopte une législation similaire à celle de la Belgique en matière de PMA non sans qualifier d’homophobes ceux qui s’en inquiètent plus ou moins bruyamment. Dans un même souci de défendre la liberté individuelle, Pierre Bergé pousse le bouchon plus loin encore en demandant que la gestation pour autrui, en vigueur dans d’autres pays puisse aussi être autorisée en France, attendu que “Louer son ventre pour faire un enfant ou louer ses bras pour travailler à l’usine, quelle différence ?… “. Le Grand Marché, on le voit, fait des émules, au moins en matière sociétale.

 

Mais ne comptez pas sur moi pour m’arrêter là. Car, de l’autre côté aussi, on manque de cohérence. Ainsi peut-on observer sur le flanc droit de l’échiquier politique, des personnes qui ne voient non seulement aucun inconvénient à ce que Gérard Depardieu use de sa liberté individuelle de circulation, mais en imputent la responsabilité au nouveau gouvernement qui aurait trop chargé la barque fiscale. Se prévalant aussi d’un « principe de réalité », ils réclament que notre législation fiscale soit adaptée dans le sens d’une moins grande taxation ainsi qu’elle existe dans d’autres pays européens. En revanche, pas question pour eux d’autoriser la PMA en France comme elle l’est en Belgique. Les femmes qui ont profité du Grand Marché européen, qu’ils ont aussi, pour la plupart, entériné par leurs votes aux différents traités, peuvent se retrouver, avec leurs enfants ainsi conçus, dans des situations difficiles, peu leur chaut, on ne va pas s’aligner sur la Belgique pour si peu.

 

Votre serviteur, vous l’aurez compris, ne fait partie ni de la première, ni de la seconde catégorie. Il a voté à chaque fois qu’il a pu contre le Grand Marché. Il trouve légitime que le gouvernement de son pays, légitimement élu, puisse faire adopter les législations fiscales et bioéthiques qu’il souhaite. Il considère que copier sur le pays voisin au nom d’un « principe de réalité » à géométrie variable constitue un aveu d’impuissance démocratique. Et trouve profondément triste que certains de ses compatriotes se soustraient à l’expression de la volonté générale de leur Nation, en matière fiscale comme en matière bioéthique.

 

5 commentaires

  1. Il y a aussi les parents d’enfants handicapés mentaux qui placent leur enfant en Belgique parce que nos grands génies des « politiques publiques » ont été incapables de prévoir et de financer autant de places que nécessaires. Au contraire, cette administration d’incapables s’empare actuellement des associations créées par les parents en France en les étranglant financièrement pour les mettre à la disposition des hôpitaux psychiatriques qu’elle a été incapable de maîtriser !
    La Belgique est un beau pays où les législations sont stables et où subsiste un peu d’humanisme, contrairement à la France livrée à la férocité de son administration européiste, donc vichyste et incompétente.

  2. En somme, si je vous comprends bien, il n’est aucune loi qu’un gouvernement « légitimement élu » ne puisse faire adopter, quelque soit le contenu de la loi. C’est bien cela?

  3. @Aristide : c’est bien cela la réalité. Vous avez tout compris. Il suffit de lire (facile à dire) le traité de Lisbonne.

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