Un Caliméro pas sympa

Hier soir, j’ai regardé Bayern Münich-Lyon. Match pas très beau, d’ailleurs, et qui s’est conclu par une victoire courte mais méritée des joueurs bavarois. Mais c’est ce matin en écoutant le poste branché sur Luxembourg, comme disait ma grand-mère, que mon sang n’a fait qu’un tour, après avoir pourtant été ravi de partager une fois de plus l’avis d’Eric Zemmour[1. Et ça rime en plus ! Pour la chronique en question, que je partage à 100 %, vous pouvez aller la visionner ici.].

Quelques minutes après Z., donc, j’entendis le président du club lyonnais, Monsieur Jean-Michel Aulas, chouiner -désolé, mais je ne trouve pas d’autres mots- parce que ses pauvres joueurs s’étaient tapés une dizaine d’heures de bus à cause du volcan qui empêchait les avions de décoller. Les Lyonnais avaient été ainsi désavantagés par rapport aux Allemands, mieux reposés. Il avançait aussi que les Barcelonais, défaits la veille à Milan, étaient bien d’accord avec lui puisqu’ils avaient été contraints au transport routier. Jolie internationale des pleurs. L’occasion était belle pour tacler une fois de plus Michel Platini, qui n’avait pas voulu reporter le match.

Et pourtant, Platini avait bien raison. Il y a 7 ou 8 ans, j’avais assisté à Sochaux à un tour de la coupe Intertoto[2. Pour les non amateurs de ballon rond, il s’agit d’une mini-coupe d’Europe qui servait de ticket d’entrée à la vraie coupe d’Europe.], qui opposait mon club favori à Vilnius, équipe de la capitale lituanienne. Après le match, je me retrouvai par le plus grand des hasards dans le même restaurant que les joueurs sochaliens et rencontrai l’épouse de l’un d’entre eux qui se trouvait être une collègue de travail. Elle expliqua aux occupants de ma table que les Lituaniens s’étaient tapés trois jours dans un bus qu’on n’ose plus donner à nos gosses pour les transports scolaires. Ils allaient refaire trois autres jours pour rentrer chez eux dans les mêmes conditions.

Lorsque Lyon jouait des coupes mineures il y a une dizaine d’années et  rencontrait des clubs lituaniens ou slovènes, ce club bénéficiait du même avantage que Sochaux contre Vilnius. Et si Platini commençait à reporter les matches parce que Lyon et Barcelone sont obligés de voyager en autocar, que diraient nos Lituaniens ?

En fait, Les gros clubs veulent la peau de Platini qui a été élu à la tête de l’UEFA par les petits pays. Cette chouinerie avait donc deux objectifs : envoyer un Scud à son vieil ennemi mais aussi faire comme d’habitude : excuser la défaite des siens par autre chose que la qualité de leur match. Habitude systématique et insupportable qui consiste à charger les arbitres et, pis, à tenir un fichier sur eux pour leur rappeler avant chaque match les erreurs qu’ils ont pu faire la dernière fois qu’ils ont arbitré l’Olympique lyonnais, à ferrailler avec les instances fédérales qui font trop jouer les joueurs sélectionnés en équipe nationale[2. Il n’a qu’à engager des joueurs médiocres jamais appelés en sélection. Ainsi, il n’aura pas ce problème de riches.], etc…

Quand j’entends de bon matin ce Caliméro pas sympa pleurer sur son sort, j’ai envie de lui retourner une claque comme à un gamin en lui ajoutant la phrase culte : » Maintenant, tu pleures pour quelque chose ». Qu’il secoue plutôt ses ouailles et leur rappelle qu’ils ont vécu, exceptionnellement, ce que connaissent leurs supporteurs -dont les gosses, quêtant un autographe, qu’ils ne regardent même pas, tout occupés par leurs « aillepaudes »- chaque semaine.

Comme je suis patriote, et que je suis également persuadé que le président du Bayern nous aurait gratifié de la même séance de pleurs si les rôles avaient été inversés, je ne serai pas du côté allemand la semaine prochaine. Mais franchement, cet insupportable Aulas le mériterait.