Au jeu des comparaisons, l’ancien ministre de l’Economie a marqué des points
Le plateau était moins prestigieux que ceux des débats de la primaire de droite. Aucun ancien président. Un seul ancien premier ministre. Evidemment, on est tenté de comparer. A ce jeu-là, on est évidemment tenté de faire une revue d’effectifs, et d’oser quelques comparaisons avec les protagonistes de cet automne.
Manuel Valls ne peut échapper à la comparaison avec Nicolas Sarkozy. Non seulement, parce qu’il a toujours partagé le même style, et pas seulement dans les débats télévisés, mais aussi parce qu’il mise avant tout sur son expérience, employant les mêmes mots que l’ex-président sur le mode : « face à Trump, Poutine, Erdogan, il faut un homme, un vrai ». Mais il partage aussi avec Nicolas Sarkozy le fait d’avoir été souvent la cible d’autres débatteurs, et avoir été souvent sur la défensive, en particulier dans la première moitié du débat, consacrée à l’économie où il a été contraint de porter le bilan de François Hollande. Mais cette comparaison comportait néanmoins une limite : contrairement à Sarkozy, Valls a pu compter sur des alliés objectifs, François de Rugy, Sylvia Pinel et le fantasque Jean-Luc Bennahmias, qui ont peu ou prou défendu les mêmes positions que lui.
Vincent Peillon n’est pas passé à côté de son débat et il n’a pas cette fois commis de gaffe d’importance, si on excepte une erreur de langage lorsqu’il a évoqué les militaires français « d’origine musulmane » assassinés par Merah. Il a joué le rôle de sniper du débat, distribuant des tirs, à Benoît Hamon sur la question de la taxation des robots, et à Manuel Valls sur la gestion de la majorité. Cette volonté de distribuer des baffes rappelait un peu l’attitude de Jean-François Copé lors des débats de novembre, avec toutefois moins de légèreté que le maire de Meaux et davantage de volonté de jouer un véritable rôle dans cette compétition.
Benoît Hamon voulait être le François Fillon de cette primaire mais la manière dont il a mené ce premier débat nous a davantage rappelé Alain Juppé. Peut-être légèrement perturbé par les dernières enquêtes qui le créditent d’une excellente dynamique, il s’est montré un brin professoral et souvent ennuyeux.
Enfin, Arnaud Montebourg était sans doute celui qui rappelait François Fillon, sans doute grâce à la maîtrise d’un projet construit de longue date. Il a en outre été le seul qui ait osé prononcer le mot « frontières » qui parle autant aux électeurs de gauche qu’à ceux de droite – n’en doutons pas. Et le programme des réjouissances prévu pour cette première confrontation ne lui ont pourtant pas offert son terrain de prédilection : l’Europe. Compte tenu du fait que c’est Benoît Hamon qui semble son concurrent le plus redoutable pour accéder au second tour de la primaire, on peut sans doute conclure que Montebourg peut être considéré comme celui qui a marqué des points importants hier soir.
Mais le plus grand perdant de ce premier débat fut sans conteste François Hollande. Avec deux minutes impitoyables lorsque les candidats furent interrogés sur ses déclarations aux journalistes Davet et Lhomme à propos des « opérations spéciales » destinées à éliminer physiquement des ennemis de la France. A cet égard, les réponses de Vincent Peillon et Manuel Valls qui se disputent l’héritage hollandiste, n’ont pas été les moins sévères, ce qui en disait long.