Les manœuvres de l’exécutif se retournent contre le PS

 

Il devait certainement en rêver. Dégainer son 49.3. Montrer qu’il est le chef. Manu Militari, comme l’a surnommé Libération, a décidé que la loi Macron était l’occasion de mettre au pas ces maudits frondeurs, empêcheurs de libéraliser en rond. « Il n’y a pas d’autre alternative » à sa politique, a-t-il martelé mardi soir au JT de TF1, en appelant, entre les lignes, les mânes de Miss Maggie, et son TINA[1. There is no alternative]. Un vrai mâle dominant, Margaret Thatcher ! Un modèle. Pas sûr qu’Emmanuel Macron ait été ravi, lui qui assurait le service après-vente de l’annonce du 49.3 sur la chaîne d’en face, de la manifestation d’autorité du Premier ministre. Le ministre de l’Economie pensait certainement que la loi pouvait passer sans l’aide du marteau-pilon de la constitution.

C’est à se demander si cette décision n’était pas aussi destinée à le brider aussi, à l’empêcher de remporter une belle victoire, qui n’aurait été que la sienne. Mais revenons aux frondeurs. Ce qui motive Valls à les cibler, c’est surtout leur propension à remettre en cause sa légitimité à diriger une majorité de gauche, de rappeler sans cesse que la ligne qu’il incarne n’a recueilli que 5% lors de la primaire de l’automne 2011. Et de préparer un congrès où il ne pèserait pas beaucoup plus. Il faut donc leur couper les pattes. La meilleure défense, c’est l’attaque. On a entendu ce mercredi le député Christophe Caresche réclamer que la place au groupe socialiste à l’Assemblée soit désormais conditionnée à une fidélité sans faille à la discipline majoritaire. Ce faisant, il indiquait clairement la sortie, non seulement du groupe mais aussi du parti. Le monde à l’envers. Ces frondeurs qui demeurent les seuls à faire entendre une musique socialiste, ce sont eux qui devraient quitter leur parti ? Il est évident que c’est le congrès de juin qui débute. Le défi lancé à la gauche du parti par Valls et ses soutiens constitue une arme à double-tranchant. En se comportant de cette manière, le premier ministre soude ses opposants. Le boomerang lancé avec le 49.3 pourrait bien lui revenir dans le visage à cette occasion, démontrant la faiblesse de son poids dans le parti. On verra alors si son fusil à un coup[2. L’alinéa 3 de l’article 49 ne peut, depuis la réforme constitutionnelle de 2008, être utilisée qu’une seule fois par session.] n’a pas été l’œuvre d’un apprenti-sorcier.

Apprenti-sorcier, Manuel Valls l’a été incontestablement, lorsque, ministre de l’Intérieur, il a concocté le nouveau mode de scrutin des élections départementales. Cette élection de notables avait pourtant impeccablement servi les édiles socialistes lors de la dernière décennie précédente. L’obsession socialiste pour la parité s’est combinée avec la volonté de Valls de politiser le scrutin. Le nombre de cantons a été le plus souvent divisé par deux, mais il faut désormais élire un binôme paritaire de titulaires et un autre de remplaçants, soit une liste de quatre noms. Seuls les partis vraiment installés ont la capacité de présenter de telles candidatures. Le notable dissident, le petit parti qui gêne, sont désormais dans la quasi-impossibilité de concurrencer les gros partis. Valls pensait-il mettre des bâtons dans les roues du FN en agissant de la sorte, pariant sur la difficulté historique des frontistes à trouver des candidats ? Si c’était le cas, c’est raté puisque Marine Le Pen a annoncé 95% de cantons où son parti serait représenté. Sur ce plan, nous ferons amende honorable. Il y a deux mois, prenons l’exemple du département du Jura, nous pariions sur l’impossibilité pour le Front national d’être présent dans plus de trois cantons. En quelques semaines, il est parvenu à le faire dans la quasi-totalité des cantons (16 sur 17) se payant le luxe de ne pas gêner le maire villiériste de Saint-Claude. Comment voteront les électeurs, avec ces espèces de listes à quatre têtes ? Ils zapperont les noms et voteront pour l’étiquette. A ce jeu, c’est le FN qui sera gagnant. Le PS, qui aurait pu compter sur le bilan local de leurs nombreux conseillers généraux sortants, sera perdant. Pis, Valls a doublement joué avec le feu en portant à 12.5% des inscrits le seuil pour être candidat au second tour en cas de troisième ou quatrième place au premier. Auparavant, il fallait 10% des suffrages exprimés. Là encore, il visait sans doute le FN. Et cela atteindra le plus souvent le PS, on peut en prendre dès aujourd’hui le pari. Les élections départementales seront une vraie boucherie pour le PS ; Manuel Valls aura aiguisé lui-même les couteaux avec sa réforme du mode de scrutin.

On parie qu’il sera rendu coupable de la déroute dès le 30 mars. À ce moment-là, tous ceux qui constituent le vivier d’adhérents du PS (élus, collaborateurs d’élus, etc…) et qui auront été envoyés dans le décor par cette réforme géniale, pour qui croyez-vous qu’ils voteront au prochain congrès ? Pour ceux qui soutiennent l’apprenti-sorcier qui se rêve en mâle dominant ? On peut sérieusement en douter.

1 commentaire

  1. en ce qui me concerne,c’est manu les mordasses , mussolinien à ses heures , viril à n’en plus pouvoir, trempé de sueur testostéronée
    y en a à qui ça plaît
    pas moi

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