Il y a des textos qu’on n’aime pas recevoir, même d’un ami. Alors que je marche dans Berlin en cette veille de Noël, je sens mon téléphone vibrer. Deux secondes après, j’apprends que William Abitbol nous a quittés. Elle est étrange, ma relation à cet homme. En fait, je ne l’ai rencontré que lorsque nos vies politiques à tous les deux s’étaient arrêtées. Nous étions venus à son restaurant « Chez Alfred », tout près du Palais Royal, avec mon épouse. Je me suis présenté. Il savait que je faisais partie des petits soldats qui l’avaient suivi derrière Charles Pasqua et Jean-Pierre Chevènement. Et il a pris soin de nous, avec de bons petits plats.
Ce matin encore, j’étais dans ma lecture du Serment de Bastia, mémoires de Charles Pasqua, recueillis par Jean-François Achilli. Et il y était question de William. De Charles Pasqua, il fut l’une des plumes, et le stratège. De la campagne Chirac en 81 à la fronde avec Séguin en janvier 90. Et de Maastricht à la campagne victorieuse des européennes de 1999. Nous avons alors participé à fonder ce RPF avec Villiers. Cela ne fonctionna point. William, avec Paul-Marie Couteaux et Florence Kuntz, deux autres députés français au parlement européen, écrivirent une tribune intitulée : « Souverainisme, j’écris ton nom ». Alors qu’aujourd’hui, le terme souverainisme est utilisé à l’envi dans le vocabulaire politique, il faut savoir que c’est principalement William Abitbol qui l’a importé du Québec et adapté à la situation française. Ceux qui me connaissent et me lisent en tireront la conclusion que je lui dois donc beaucoup.
Adieu William et merci.