En visionnant sur Internet la vidéo de On n’est pas couché[1. Samedi soir, j’étais aux Universités de rentrée de Debout La République ; l’excellent discours de clôture de Nicolas Dupont-Aignan est ici. On me pardonnera ce prosélytisme], j’ai découvert un monsieur que je ne connaissais que de nom : Samuel Benchetrit.

Il semble que, dès le début, cet individu voulait se payer Zemmour. Très vite, on a pu remarquer que ce n’était pas dans ses cordes. Franchement, j’ai déjà vu des ados pré-pubères dotés de davantage de maturité et de consistance intellectuelle que Samuel Benchetrit qui, pourtant, n’est que de deux ans mon cadet selon Wikipédia.

Mais c’est après plus de deux heures d’émission que l’écrivain-scénariste-acteur-réalisateur nous a offert la pépite, à propos du débat sur la peine de mort. Il se trouve que j’ai déjà écrit ici que j’étais opposé au châtiment capital. Benchetrit l’est également. Seulement, Benchetrit ne sait pas pourquoi, lui. Ou, en tout cas, il ne veut pas expliquer pourquoi. Après qu’Eric Naulleau a expliqué un des arguments majeurs en faveur de l’abolition, Zemmour s’étonnait à juste titre que dans les médias d’aujourd’hui il était absolument impossible d’avoir un débat sur ce thème. Et Benchetrit nous sort cette formule : »Y a pas à discuter ».

Est-ce la phrase d’un nouveau stal ou celle d’un âne bâté ? J’aurais tendance à répondre : les deux, mon capitaine.

Nouveau stal, bien sûr, parce que ce sectarisme, cette propension à disqualifier complètement l’opinion de l’autre au point de refuser de l’écouter ni même de l’entendre, à se poser dans le Camp du Bien, cela ressemble furieusement au stalinisme d’hier, très à l’est, et à celui de notre époque, très rive gauche de la Seine. Cela ressemble aussi prodigieusement au lâche soulagement dont firent preuve ces nouveaux staliniens lorsque celui qu’ils désignent comme leur ennemi, le Président de la République, imposa la constitution européenne sans référendum alors que le mauvais peuple l’avait refusée trois ans auparavant.

Âne bâté parce que l’expérience prouve que le débat, la discussion, la confrontation des arguments fait toujours reculer la cause de la peine de mort. Tomber dans le passionnel, ainsi que le fait Benchetrit, c’est perdre à tous les coups car se placer sur le terrain des partisans de la peine capitale. Terrain où ils sont systématiquement vainqueurs. Donc, l’autre jour avec son très démocratique « Y a pas à discuter », Benchetrit a bel et bien fait avancer la cause des adversaires de l’abolition, démontrant tout son art de marquer contre son camp.

Au passage, je suis pratiquement certain que Zemmour n’est pas réellement partisan de la peine de mort. Je le soupçonne d’avoir tu sa véritable opinion, beaucoup plus nuancée, pour se faire porte-parole de ceux qui, sur ce sujet comme sur d’autres, ne sont jamais écoutés ni même entendus sur les plateaux de télé. Il s’agit un exercice intellectuel assez motivant dont il doit raffoler et dont son contradicteur serait incapable.

Pour conclure, rendons hommage à Laurent Ruquier. Voilà un animateur qui partage l’ensemble des opinions de son milieu mais qui s’obstine à travailler avec un chroniqueur dont le moins qu’on puisse dire est qu’il ne situe pas dans la ligne officielle de Saint-Germain-des-Prés. L’autre soir, il a encore fait preuve de son ouverture en demandant à Zemmour de donner des arguments en faveur de la peine capitale, légitimant un débat que son invité refusait. Une pierre rare, ce Ruquier.

13 commentaires

  1. C’est d’ailleurs cette gauche là que Todd présente dans son dernier livre comme plus dangereuse pour la démocratie que la droite classique. Le PS n’est pas de gauche, il est fort dans les régions de la contre-révolution, avec une surreprésentation chez les fonctionnaires. Il s’agit d’une droite à l’allemande et cette arrogance, ce mépris de l’autre viennent de là.
    On trouve plus de commentaires méprisant les classes populaires chez Médiapart qu’à Causeur.

  2. Cela dit, cher Jardidi, beaucoup de fonctionnaires pensent davantage comme Zemmour ou E.Lévy que comme Benchetrit. Fort heureusement.

  3. Prudence si Nicolas Dupont-Aignan est invité sur le plateau de Ruquier. Eric Naulleau l’a traité de cornichon au côté d’un Séguela timoré pour l’occasion (encore sous le coup de la tic tac) dans l’excellentissime émission du talentueux Jean-Luc Lemoine « L’habit ne fait pas Lemoine » renouant avec l’esprit français. J’en redemande comme des chorégies d’orange ou d’un tonitruant Thierry Frémont dans La Soirée de Maupassant ((ça nous change des fêtes pâles (endemol secret story and co)).

    En tout cas, les mollossols ont délocalisés et sont repartis se faire mettre en bocaux en Inde … même pas éclairés !

  4. « Y’a pas à discuter » : le leitmotiv des nouveaux stals. Tout à fait, David !
    D’ailleurs, c’est bien cette haine polie, cynique et hypocrite qui a empêché de comprendre pourquoi Le Pen était au 2nd tour en 2002. Le refus de discuter avec des électeurs du FN, « on ne discute pas avec le diable (les racistes) ». Moralité, on n’a pas avancé d’un iota pour comprendre la situation de ce pays. Illustratif de l’état du débat et de l’opinion : des fatwa, des excommunications, des condamnations solennelles, …..

    Bref 100% d’accord.

  5. Oui, cher David, sur 15 militants DLR de mon département, deux au moins sont fonctionnaires. Tendances, toujours les tendances.

  6. Bonsoir David

    Encore une fois, ta plume a visé juste !
    Je suppose que tu as également visionné la fin de l’émission avec ce triste sire « Disiz la Peste » et son premier ( et dernier ? ) livre corrigé avec sa prof de français de 3°. D’après ce que j’ai compris: on est très loin de l’oeuvre d’un autre métisse, Alexandre Dumas !! Vexé, il s’est alors estimé victime de discrimination médiatique: les personnes « de banlieue » passeraient selon lui systématiquement en fin d’émission !
    Là encore, Laurent Ruquier a fort justement rajouté son grain de sel en étant particulièrement virulent par rapport à d’habitude, reprochant à Disiz La Peste ses contradictions et sa paranoïa.
    signé: un fonctionnaire qui ne pense pas du tout comme ce « bobo » de Benchetrit !
    F1000

  7. F1000
    Naulleau lui a justement rappelé que, dans le cadre de la rentrée littéraire, il était l’un des rares à être invité sur un plateau de télévision pour parler de son livre et lorsqu’il s’est plaint du manque de référents dans la banlieue, c’est Zemmour qui lui a rétorqué qu’il avait eu le droit au même enseignement par l’école de la République que le reste des citoyens.
    Quant à Benchetrit, c’était avant tout une prestation très théatrale.
    Mais bon, tout cela n’est il pas devenu un jeu médiatique où chacun est dans son rôle ?

  8. Tout à fait d’accord, comme si souvent, avec ton analyse du comportement très « police de la pensée bobo » (ppb) de Benchetrit.
    Mais…
    Car il y a un mais…
    C’est Zemmour qui m’inquiète: il court le risque d’une instrumentalisation de plus en plus grande, comme Renaud Camus dans un autre genre. Quand on vous répète tous les jours que vous êtes une brute réac et raciste, et que de fait il vous arrive d’être applaudi par des brutes réacs et racistes, il faut avoir de sérieux anticorps pour ne pas systématiquement jouer la partition prévue par le Spectacle.
    J’aurais préféré qu’il se fritât avec benchetrit sur un autre sujet.
    Euh sinon, Lille-Sochaux, enfin comment dire, enfin merci pour la bouffée d’air, David…

  9. Si l’on écoute la dernière de « ça se dispute », il y a une allusion de Zemmour qui montre bien qu’il est plus du côté abolitioniste.
    Après, Benchetrit et autres spécimens de la gauchisterie bobo-libérale UMPSiste … Je ne vois pas l’intérêt d’essayer d’avoir une discussion construite, surtout avec un type qui dit « merde » et « putain » à chaque fin de phrase. C’est du niveau Stéphane Guillon. Gageons que si, à l’instar d’un « disiz la nouille », il s’était pris une déculotté, il n’aurait pas hésité à crier au racisme rampant. Ce qui, avec Zemmour, n’aurait pas manqué d’être cocasse.

    ps (pas le parti) : j’ai pas pu aller à Dourdan mais ça avait l’air sportif.

  10. tout le monde va dans le même sens que david?
    cela est t »il vraiment la pensée de tous?
    dans notre société,les gens n »ose plus dire ce qu »il pense de peur d »être mal vue
    il y a des moment ou la peine capital s »impose
    ensuite,30 ans en cellule?
    qui est le barbare,cela est t »il humain d »enfermer ces gens ,certains peuvent devenir très violent malgré les tranquillisants et le bourrage d »anti dèpresseur
    un prisonnier de ce types aurait t »il le droit de choisir ,
    un certain nombres de personne se suicide en prison,pour des cas moins graves
    donc,je me pose une question
    souffrir peu de temps,ou 30 ans
    difficile de répondre a cette question,

  11. Bien d’accord avec billet. Benchetrit avait tellement endossé la caricature du bobo donneur de leçons que je me suis demandé à un moment s’il ne le faisait pas exprès.

    « Vous n’avez pas le droit…. »

    Quant à Zemmour, c’est un conservateur sympathique ce qui tranche effectivement le milieu ambiant.

    Cela étant, il manque aussi un libéral entre Naulleau et Zemmour. Entre un Etatiste conservateur et un Etatiste social-démocrate, il manque clairement encore une voix vraiment dissonante dans ce ronron.

    Une voix libérale.

    Les conservateurs sont contents, ils ont un des leurs qui a accès aux médias (sur des dizaines de chroniqueurs..).

    Les libéraux n’ont toujours pas le début, du début d’une voix.

    On est content pour les conservateurs parcequ’on a longtemps partagé le même cachot médiatique. Mais nous, nous y sommes toujours…

  12. En même temps notre culture occidentale bien pensante a grandi avec le catholicisme où tout est classifié en deux catégories : le bien et le mal… Pas étonnant d’en arriver la.

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