Il y a quelques semaines, Nora Berra, secrétaire d’Etat à la Santé, ne défrayait pas du tout la chronique en sortant pourtant complètement de son secteur ministériel. Elle se déclarait favorable à la création du statut de co-parent, lequel permettrait à une personne liée à l’un des parents légaux d’exercer une autorité parentale sur un enfant.

L’idée n’est pas nouvelle. Elle a longtemps vécu sous un autre nom (le statut de beau-parent) et était souhaitée vivement par le Président de la République et portée par l’ancienne ministre de la Famille, Nadine Morano. En réalité, ce statut de beau-parent ou de co-parent constitue une façon hypocrite de légaliser l’homoparentalité. Lors de l’émission « On n’est pas couché », Madame Morano avait été déstabilisée par Eric Zemmour qui arguait de manière magistrale que ce dispositif ne servait à rien puisque le parent éloigné (le père, le plus souvent) peut très bien déléguer par écrit son autorité parentale au compagnon (ou la compagne) de sa (ou son) ex-conjoint(e). Ce statut ne servait donc à rien sinon à reconnaître l’homoparentalité de manière rampante. A cette occasion, Jean-François Copé, Bernard Accoyer, Christine Boutin et, in fine, Jean Léonetti avaient, chacun à leur manière, fait capoter l’affaire au grand dam de Nadine Morano.

L’affaire présentée, et le lecteur étant désormais convaincu que l’auteur de ces lignes n’est pas -mais alors pas du tout- favorable à l’institutionnalisation -rampante ou en grandes pompes- de l’homoparentalité, quittons le fond et examinons le mode de fonctionnement gouvernemental. Nous avons donc une secrétaire d’Etat à la santé qui, en plein été, fait des propositions sur le domaine de la politique familiale sans que ni la titulaire du département concerné ne réagisse, ni le Premier ministre ni l’Elysée. Sur Europe 1, alors que le sujet était traité à une des ses éditions de midi, personne ne semblait s’émouvoir de ce drôle de fonctionnement gouvernemental. Les journalistes ont certes des excuses. Quand, dans le même temps, le ministre des affaires étrangères, est dépossédé de ses prérogatives par un (nouveau ? ancien ?) philosophe, ce genre de détails n’étonne plus personne en Sarkozye. On ne serait d’ailleurs pas forcément ébranlé si la ministre des sports annonçait  prochainement quelques suppressions de niches fiscales touchant le secteur du bâtiment. Mais on a toujours tort de s’habituer à la chienlit surtout lorsqu’il s’agit du gouvernement de son pays.

Dès lors, on peut examiner trois hypothèses pour expliquer cette distribution des rôles :

1ère hypothèse : après avoir nommé Claude Greff au ministère de la famille afin de rassurer la part la plus conservatrice de son électorat, le binôme Elysée-Matignon a tenté de ne pas désespérer le bobo urbain en mandatant Nora Berra. Celle-ci -jeune, moderne- lançait donc ce ballon d’essai, chargé de démontrer qu’un président réélu ne serait pas forcément si hostile à certaines évolutions. Le gouvernement ne désavouant pas Berra, et la titulaire du ministère de la Famille, tout juste nommée -et pour neuf mois seulement- et priée de rester silencieuse, cette stratégie de l’essuie-glace serait donc pensée et réfléchie au plus haut niveau.

2ème hypothèse : Claude Greff et Nora Berra sont de mèche. La première ne serait pas si « traditionnelle » qu’on veut bien le dire mais ne pourrait pas dégrader cette image grâce à laquelle elle fut nommée. N’ayant pas bien vécu la période Morano ni l’absence de ministre de la Famille pendant quelques mois, les diverses associations et forces de la majorité conservatrices sur le plan sociétal  auraient considéré une telle proposition comme une trahison si elles l’avaient entendu dans la bouche de Claude Greff. Cette dernière se serait donc entendue avec sa jeune collègue, laquelle n’aurait pas été mécontente de bénéficier d’un éclairage médiatique plus gratifiant que ses histoires de rapports avec les labos pharmaceutiques.

3ème hypothèse : Berra a lancé cela toute seule dans son coin. Et comme elle n’est prise au sérieux par personne dans le monde politique en général et par ses collègues en particulier, tout le monde savait que l’histoire ferait flop.

Nous ne saurions cacher que notre coeur balance entre la première et la troisième hypothèse. En tout état de cause, deux conclusions s’imposent. En premier lieu, dans le gouvernement de la France, c’est encore davantage le bazar qu’au Parti socialiste et c’est plus grave parce que c’est précisément le gouvernement. En second lieu, les assocs familiales ont eu tort de déplorer l’absence d’un titulaire au ministère de la Famille. Mieux vaut pas de ministre du tout qu’une Morano aux manettes où une ministre fantôme comme celle qui occupe actuellement le poste.

5 commentaires

  1. Chez certains, il n’y a pas de limite à l’éclatement de la famille.
    Ainsi, à la suite des déclarations de Nora Berra, ce sujet était abordé dans l’émission « On refait le Monde » (RTL). Les invités, ce soir-là, étaient quasiment monolithiques en faveur de Mme Berra.

    Monolithiques ? Pas tout à fait. Il y avait un « ultra de chez Ultra », Vincent Cespedes.
    Sa conception de l’éducation des enfants touchait au délire. Exit les parents naturels (ou le couple adoptif). Un enfant pouvait être éduqué par une bonne dizaine ou quinzaine de personnes au gré de leur fantaisie : la mère, le père, l’amant, la maitresse (hétéros ou homos), les voisins, le gugusse de passage et autres.

    Drôle d’éducation : où sont les repères dont les enfants ont besoin ?

    Et le plus comique, c’est que Cespedes habillait cela d’un pseudo « anti-capitalisme ». Selon lui, son projet de société serait mal vu par le monde de l’argent. Pourquoi ? Parce qu’une telle tribu partagerait tout : l’écran plat et tutti quanti. Ne riez pas !

    En réalité, Zemmour l’avait démontré lors de sa confrontation avec Caroline Fourest : là où la famille est faible, le marché est fort. Car, il est évident que l’absence de repères ouvre la voie à tout et n’importe quoi : les charlatans, les sectes, la consommation la plus inutile, l’argent-roi, ….

    Depuis quelques décennies, le capitalisme devenu financier et mondialisé a vu ce que pouvait lui rapporter tout cet attirail idéologique défendu par les bobos.

    Lorsque le capitalisme anglais était devenu libre-échangiste, Marx fut surpris. Cela allait à l’encontre de ses conceptions (selon Marx, le capitalisme était obligatoirement national et « les prolétaires n’ont pas de patrie ») (1). Il s’en tira par cette phrase : « décidément, la bourgeoisie est une classe révolutionnaire ».
    Elle le démontre encore de nos jours en favorisant les idées « révolutionnaires » des Cespedes et autres gugusses de ce style.

    (1) Les analyses de Marx sont encore justes sur de nombreux sujets en 2011 : analyse du capitalisme, analyse « de classe » des idées à la mode (surtout celles qui se disent progressistes).
    Mais, sur les rapports nation/internationalisme, Marx s’est « planté ». Au point que les marxistes des décennies suivantes (Guesde, les communistes, …) naviguaient entre le patriotisme et l’internationalisme (voire la soumission à un autre pays : l’URSS).

  2. « le capitalisme devenu financier et mondialisé a vu »
    vous ne raisonneriez pas à l’envers ?
    d’une part, le capitalisme financier mondialisé (CFM) n’est pas une entité pensante, ni même un concile secret se réunissant les nuits de pleine lune pour mettre en place de nouvelles stratégies diaboliques d’asservissement des masses.

    N’est-ce pas plutot une adaptation de la multitude des acteurs du système actuel (ce que vous appelez CFM) à des évolutions sociétales – boboïdes d’après vous ?

    Mais alors, les forces progressistes permettraient-elles la mise en place des conditions optimales de développement du CFM ?
    Mais alors, tout discours anti-capitaliste ferait le jeu du capitalisme ?

    Autant devenir tout de suite libéral, et retrouver le sommeil !

  3. Allez, disons LES capitalistes financiers mondialisés, ça fait moins « complotiste ».
    Si je comprends ce raisonnement, tous les adeptes des évolutions sociétales seraient « anticapitalistes » ?

    Cespedes anticapitaliste ? C’est ce qu’il prétend, mais c’est un « idiot utile » du marché.

    Cohn-Bendit (plus adepte que lui des « évolutions sociétales », « tu meurs ») anticapitaliste ? C’est ce qu’il prétendait dans sa jeunesse. Depuis, on l’a vu très proche des idées de Madelin. Et pourtant, sur le plan sociétal, il raisonne comme quand il était jeune.

    Christine Lagarde, favorable à l’immigration, donc anticapitaliste ?

    Laurence Parisot, grande adepte des « évolutions sociétales » (n’est-elle pas une grande féministe ?), anticapitaliste ?

    Le féminisme qui a conduit à abolir une loi sociale de 1891, l’interdiction du travail des nuits des femmes, anticapitaliste ou exploiteur des ouvrières ?

    Tous ces exemples confirment ce que j’écris concernant un des points positifs du marxisme : il aide à voir un peu plus clair sur le caractère « de classe » (au bénéfice de la classe dominante) de certaines idées soi-disant « progressistes » défendues par ce qu’on appelait autrefois la petite-bourgeoisie et qu’on appelle maintenant « les bobos ».

  4. Complément.
    J’ai peu de sympathie pour Edwy Plenel.
    De plus, il faut rappeler que, pendant 8 ans, il a été un des membres du trio dirigeant du « Monde » avec Jean-Marie Colombani et Alain Minc. Est-il maintenant marginalisé par ses anciens « collègues » ? Peu importent ses motivations.

    Dans la vidéo suivante, Médiapart montre les connivences entre le milieu sarkozyste, les gens du grand capital financier, des patrons de médias (de droite, de gauche, soi-disant « neutres »), des politiciens de gauche, …… Bref, des connivences entre des capitalistes financiers et des adeptes des « évolutions sociétales » (Laurent Joffrin, Élisabeth Guigou, Henri Weber ancien N° 2 de la LCR, Pierre Bergé, l’ex-maoïste Marin Karmitz, etc …., il manque Ivan Levaï et son compère le « communiste »-bobo Claude Cabanes).

    http://www.dailymotion.com/video/xjmr7z_une-fete-entre-amis-de-l-oligarchie-sarkoziste_news

    Notons qu’il n’y a là aucun « complot ». Ces gens ne se cachent pas. Mais, les médias parlent peu de ces rencontres fréquentes entre les gens de ce « milieu ». On comprend les médias qui y sont « mouillés jusqu’au cou ».

    Ah ! Puisque Louis Schweitzer était présent, il est tout de même significatif qu’on ait mis, il y a quelques années, à la tête de la HALDE (organisme, ou plutôt « police » chargée de faire appliquer les « évolutions sociétales ») cet ancien PDG (« de gauche ») très mondialisé. On dit que, lorsqu’il était PDG de Renault, il exigeait que, dans les réunions, on ne parle qu’en anglais, même s’il n’y avait que des Français.

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