Question orale à l’Assemblée Nationale mercredi 23…
Question de Monsieur Alain Gest (UMP) :
« Monsieur le ministre [de l’Éducation nationale], il y a quelque temps, au cours d’une conférence de presse, vous avez rappelé à juste titre que l’éducation nationale avait comme mission de donner une réalité au principe de l’égalité des chances. C’est dans cet esprit d’ailleurs que la loi d’orientation et de programmation pour l’école que nous avons votée il y a quelques mois a prévu de s’asseoir sur un socle de connaissances. Je n’en rappelle pas les éléments mais il y a cinq éléments particuliers. Le premier de ces éléments, c’est de maîtriser la langue française. Monsieur le ministre, c’est une évidence que pour maîtriser la langue française, il ne faut surtout pas manquer le démarrage et l’apprentissage de la lecture. Or à ce sujet, les critiques montent de plus en plus sur la méthode d’apprentissage dite globale puis semi-globale qui provoque effectivement des résultats pour le moins critiquables. Les inspecteurs se prononcent, des enseignants de plus en plus nombreux. Très récemment, une étude réalisée par des orthophonistes qui ont vu leur profession croître en activité reconnaissent eux-mêmes que la plupart des cas qu’ils traitent ne relèvent pas d’handicaps naturels d’un enfant mais plus certainement des méthodes qui sont employées. Les parents d’élèves sont même quelquefois obligés de provoquer… euh… de permettre à leurs enfants, avec la méthode syllabique à la maison de compléter leur information pour apprendre à lire. Alors Monsieur le ministre, dans la loi que j’ai évoquée, l’article 48 prévoit, clairement, la liberté pédagogique des enseignants. Bien sûr encadrée, mais la liberté pédagogique des enseignants. Et par ailleurs, dans le rapport annexe que nous avions voté, nous avions souhaité, à la demande de notre collègue Geoffroy que nous informions tous les enseignants des méthodes qui avaient déjà fait leurs preuves. Cela ne semble pas être aujourd’hui le cas, ni sur la liberté, ni sur l’information, comme en témoigne encore un reportage sur une grande chaîne de télévision nationale de la semaine dernière. Alors monsieur le ministre, ma question est très simple : comment… comment espérez-vous faire appliquer la loi, cet article 48 et peut-on espérer une expérimentation de taille significative sur la méthode syllabique et peut-être d’introduire dans la réforme indispensable des IUFM, dans le cahier des charges, ce problème fondamental ? »
Intervention de Monsieur Jean-Louis Debré (Président) :
« Monsieur de Robien… »
Réponse de Monsieur Gilles de Robien (Ministre) :
« Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs les députés, Monsieur le député Alain Gest, la méthode globale ou quel que soit le nom que l’on donne d’ailleurs à la méthode globale, tous les spécialistes le disent aujourd’hui : elle est nocive. Et donc je le dis avec beaucoup de tranquillité… Je le dis avec beaucoup de tranquillité : elle doit être abandonnée. La méthode qui consiste à une immersion dans un mot, dans une phrase, dans une hypothèse pour essayer de retrouver un mot mémorisé, eh bien, se révèle parfois être une véritable noyade pour les élèves et pour les jeunes. L’apprentissage de la lecture… Il faut commencer par le son. Exprimer un son, savoir comment il se forme, pouvoir prononcer une syllabe et d’abord connaître cette syllabe, pour ensuite former un mot et ensuite donner envie de lire, qui est la vraie récompense, la vraie récompense aux efforts que font les jeunes. Alors monsieur le député bien entendu, bien entendu que les maîtres doivent se sentir libres d’appliquer la méthode traditionnelle et c’est le cas de le dire, le B.A.BA, c’est qu’en aucun cas ils ne doivent être sanctionnés et j’y veillerai. Parce que pour moi, ce qui compte c’est le résultat et c’est l’efficacité de la pratique et bien les inspecteurs doivent veiller à l’efficacité de la pratique et au(x ?) résultat(s ?).
Intervention de Monsieur Jean-Louis Debré (Président) :
« Merci… »