Les Gardiens / Hommage à Lovecraft

Nous ne sommes plus très nombreux — sans doute sommes-nous les derniers. La profession de gardien d’immeuble n’attire plus personne, les gens veulent travailler à la lumière, pas s’enfouir dans les entrailles de bâtiments obscurs où le déclenchement régulier des chaudières, toutes les heures, sonne comme une déflagration dans les couloirs souterrains et les salles secrètes, parfois dans l’odeur tenace des poubelles. Et puis les bâtiments sont désormais automatisés, tout se règle avec des minuteurs, des robots, et en silence. Vous n’entendez plus le matin le raclement des conteneurs à déchets amenés à la surface, afin que les employés de la voierie s’en emparent et les vident — et vous les rendent afin que vous y mettiez un coup de jet. Ajoutez à ça que c’est une profession de célibataire, aucune épouse consciencieuse ne consentirait à s’enterrer vivante avec ses enfants, car les logements de fonction, dans les plus vieux immeubles, sont installés dans les profondeurs, parfois au-delà des caves.

Je ne me plains pas. Je suis logé, chauffé, et j’ai largement assez de place pour y faire la cuisine sans que les odeurs de sardines frites envahissent mon aire de repos. Assez de place aussi pour ranger mes livres — des centaines de livres.

Je me suis mis à la lecture sur le tard, quand j’ai pris ce travail. Je n’étais pas, quand j’étais jeune, un élève très attentif — plus chahuteur que rêveur, je dois le confesser. Du genre à passer des heures sur un canapé usé pour regarder des programmes télé insipides — mais comment l’aurais-je su, ils étaient ma norme culturelle, mon horizon mental. Nourri aux meurtres télévisuels, sexuellement éduqué par les films pornographiques, trouvant dans les téléfilms la preuve que les dysfonctionnements de ma propre famille étaient normaux et presque souhaitables, j’étais un crétin à deux jambes — et avec un estomac patiemment rempli, chaque jour, par les cochonneries du fast-food voisin et les barres chocolatées du supermarché. À seize ans, j’avais déjà le physique d’une endive bouillie.
J’ai donc abandonné les études, j’ai fait mille boulots aussi peu intéressants ou rémunérateurs que possible, j’ai eu deux ou trois aventures avec des filles dans mon genre qui me quittaient très vite parce que je ne ressemblais pas à leurs héros de télé-réalité — un concept qui m’a fait comprendre un jour, soudainement, ce qu’était un oxymore. J’étais timide, je suis devenu introverti.
J’allais avoir quarante ans quand, baguenaudant sur un boulevard, je suis tombé sur l’annonce : « Cause départ, cherchons un gardien pour l’immeuble, se présenter… » J’y suis allé, on m’a longuement regardé, sans me poser de questions, et on m’a dit que je faisais l’affaire, pouvais-je commencer tout de suite…
Mon prédécesseur — un vieillard sans âge, qui perdait la vue et prenait sa retraite pour cette raison — m’a guidé dans son royaume. Il m’a expliqué les portes, les couloirs, les tréfonds. Il a insisté dur l’examen régulier des murs et des sols bétonnés. « Attention aux fissures ! » s’est-il exclamé. « L’immeuble est ancien, le béton travaille, il se craquèle, il faut être vigilant. » « Mais vous avez déjà vu des fissures ? » ai-je demandé, contemplant les soubassements énormes. « Non, Dieu merci ! Mais je vous préviens, c’est tout. »
Puis il m’a amené devant une porte de fer. « C’est par là que l’on accède au réseau des égouts. La clef, c’est celle-là, a-t-il précisé en me désignant l’une des clefs plates du gros trousseau qu’il venait de me passer. N’y va pas — moi, j’y suis jamais allé. Ton boulot, c’est aussi d’empêcher tous ceux qui vivent en-dessous de remonter dans les étages. Ce serait idiot de leur ouvrir la porte, n’est-ce pas… »
Qui vit en dessous ? J’ai eu l’impression qu’il me parlait du crocodile qui guettait sous mon lit, quand j’étais gosse.

J’ai passé quelques jours à explorer mon royaume. L’immeuble occupe en fait tout un pâté de maisons, les souterrains permettent de passer d’une cage d’escalier à une autre, sans jamais sortir. Je dois sortir les poubelles, et m’occuper de la buanderie où les femmes de ménage aux mines et aux parlers colorés viennent faire les lessives de blanc. Elles étendent ensuite les draps et les housses de couettes, comme de grands catafalques, dans les salles vides attenantes. Elles sont positivement les seules créatures vivantes avec lesquelles j’ai un semblant de rapports humains. Des rapports très distants, qui m’ont appris à dire « bonjour » et « au revoir » dans une douzaine de langues, portugais, arabe, wolof entre autres. À ne fréquenter que ces bonnes femmes, j’aurais pu penser que « là-haut », dans les étages, une nouvelle humanité, issue de pays exotiquement pauvres, avait pris le pouvoir.

L’une d’elles — une Antillaise mafflue et dodue — m’a positivement fait des avances. Elle a cru m’exciter en se penchant sous prétexte de mettre le linge dans la panière, me laissant deviner sa chatte à travers sa culotte. Horreur ! Horreur !
Depuis, elles se moquent de moi, me traitent d’impuissant, s’exhibent de plus en plus.
Le sexe des femmes est une porte de plus sur la nuit.

Avec le temps, j’ai appris à récupérer dans les poubelles tout ce que les bourgeois de la surface jugeaient inadéquat à leur alimentation, alors que c’est parfaitement consommable. Je suis devenu expert en cuisine faisandée. Plus besoin de remonter à la surface — sauf pour les poubelles, mais je les sors quand la ville est vide, vers quatre heures. Je les rentre deux heures plus tard, en tâchant que les passants ne me voient pas. Personne ne sait que j’existe.

Par les poubelles sont arrivés les livres. Ma télévision était tombée en panne, elle ne diffusait plus que de la neige dans un grand silence gris. J’ai d’abord lu des bandes dessinées jetées par les mômes, puis j’ai insidieusement glissé vers la littérature — et même la grande littérature, dont on avait tenté jadis de me farcir la tête, et que je découvrais désormais. Avoir été un cancre me permettait même de les découvrir entièrement : je ne savais jamais rien des auteurs, et les noms de Wells, Hugo, Shakespeare ou Melville — pour donner une idée de la variété de mes lectures — ne me disaient rien du tout a priori. Je n’avais pas de hiérarchie, je l’ai construite par moi-même.
Du coup, j’ai installé des étagères, un peu partout dans mon domaine, pour ranger les livres lus —et, de plus en plus souvent, relus.
C’est par les livres que j’ai compris quelle était ma fonction exacte. Et de quoi j’étais le Gardien.

Il ne faut pas croire que tous les écrivains se valent. Ce n’est pas parce que vous noircissez du papier que vous êtes un Elu. Un Initié. Tant de soi-disant auteurs n’ont jamais contemplé les tréfonds. Vu, de leurs yeux vu l’au-delà. Comme il ne faut pas croire que tous les lecteurs se valent.
J’ai patiemment construit mon savoir. Et j’ai trié dans les livres que l’on jetait aux ordures, ou que l’on choisissait d’oublier dans les caves. J’ai trié entre les Voyants et les autres.
J’erre dans les méandres sans fin du sous-sol en déclamant des vers. Des fragments. J’en ai appris beaucoup par cœur, je peux en réciter pendant des heures. J’ai reconstitué, en piochant dans les livres inspirés, une œuvre unique, colossale, un Livre d’énigmes révélées. Je vais, au milieu de la nuit du sous-sol, récitant à voix haute les passages qui m’ont inspiré. Le béton absorbe les mots. Mais si j’insiste assez longtemps, ils le fissureront.

J’inspecte les murs et les sous-sols soigneusement. Chaque matin désormais. Je sens parfois des tressaillements. On voudrait me faire croire que ce sont les lointains grondements du métro… Pas si bête ! Pas si bête !
Ma journée commence ainsi. Parcourir les trois ou quatre kilomètres de souterrains. Aller au-delà des Portes, là où commencent des escaliers d’où montent des relents indistincts. Ordures accumulées. Puis les poubelles — désormais le seul moment où je reviens à la surface. On m’appelle parfois dans les étages, pour un problème de tuyauterie ou quelque menu dérangement. Je bricole. Je colmate. Et je redescends vite dans mon antre. Mon domaine.
Lire. Rêver. Ecouter les gémissements des entrailles profondes de la Ville. Oh non, ce n’est pas le métro !

Désormais j’inspecte les murs et les sols de ciment brut deux fois par jour. Soigneusement. Ma lampe-torche à la main. Je suis la seule lumière dans cette nuit.
Et retour dans la grotte.
J’évite la buanderie quand les femmes y sont. Elles babillent, leurs piaillements m’empêchent de tendre l’oreille. Leurs provocations m’obsèdent.
Il y a aussi des livres qui babillent. J’ai appris récemment le sens du mot « divertissement ». Se détourner de l’essentiel : le bruit de la Mort qui patiente.

Dix ans ! Dix ans à vérifier les murs.

On me paie en liquide. Pas grand-chose, parce qu’on me loge et on me chauffe gratuitement. Mais ça tombe régulièrement, une enveloppe kraft glissée sous la porte d’entrée des souterrains.
Je ne fais plus aucune dépense, alors j’accumule. J’ai un grand coffre plein de coupures de cinquante dollars. Le portrait d’Ulysses S. Grant des centaines de fois. Quand j’aurai assez, je partirai loin de la Ville. Loin des failles. De toute manière, ils sont condamnés.

Il y a huit jours j’ai trouvé une fissure. Une amorce, un projet, le rêve d’une fente. Ma première.

Je la surveille. Qu’elle ne s’élargisse pas, surtout ! Pour le moment, c’est juste une lézarde qui zigzague sur quelques pouces. « Le béton qui travaille », diraient des imbéciles. Mais je sais bien quelles forces s’arcboutent pour faire craquer le système.

Que ça ne devienne pas une fissure ! Pas une brèche ! Que je puisse me glisser dehors avant !

J’inspecte le sous-sol quatre fois par jour à présent. Pour plus de commodité, j’ai déménagé mon chez-moi tout à côté de la première fente. Souvent, la nuit — mais c’est toujours la nuit dans ce tombeau —, j’allume et je la regarde. Auto-suggestion ou pas, je la vois — je la vois ! — s’agrandir, puis se contracter, comme une bouche qui respire — et au matin tout est revenu à l’état initial, un interstice à peine visible, un minuscule décrochement du béton. Peut-être le métal dont le ciment est armé travaille-t-il, s’érode-t-il — oui, mais comment expliquer cette respiration, entre minuit et six heures ?
Le bruit sourd d’une respiration, d’un souffle camouflé. Leur silence même prouve leur présence.
La nuit dernière, la fente s’est brutalement agrandie — j’aurais pu y mettre la main.
Elle a une douzaine de centimètres de long, tout au plus. Le ciment, comme poussé par en-dessous, forme deux bourrelets tout au long. Comme s’il avait fondu, et bavé vers l’extérieur. Je me suis mis à plat ventre pour l’observer. C’est une bouche d’ombre, et c’est tout. On ne voit rien au-delà de sa surface.
Y mettre le doigt ? La main ?
Et si quelque chose me saisissait par la main ? Me happait ? M’entraînait ?

J’ai fait la connaissance du Gardien du troisième bloc de la 103ème Rue. C’est lui qui est venu me voir. Un type terriblement pâle — comme moi, il ne sort qu’aux heures grises de la nuit. Je lui ai montré la fente. « Ah oui… Méfie-toi, petit, méfie-toi. » Se faire appeler « petit » à bientôt cinquante ans, c’est presque une promotion !
Il m’a expliqué ce qui se passe en dessous. Tout un peuple, m’a-t-il. Des gens qui ne remontent jamais — ou alors comme nous, aux heures livides. Mais prêts à déferler dans les étages. « Ils font tampon », a-t-il ajouté. ? Tampon avec quoi ? « Les morts ! Les âmes des morts ! Gaffe aux fissures ! »
Pauvre vieux. Il ne va pas bien. Il n’y a pas de morts là-dessous. Il y a la Mort elle-même.

Dehors, il pleut, les gens se hâtent sous les gouttes. Je suis au sec, bien à l’abri — sauf de ce qui pourrait monter. La fente s’est resserrée, mais elle s’est étendue — elle court dans toute ma chambre. J’ai déplacé le lit plusieurs fois pour ne pas risquer d’être entraîné, si jamais elle décidait de s’ouvrir. Et je regarde, je scrute, je lis les zigzags de la fissure. Quelque chose parle dans cette fracture — mais quoi ?
Je ne prends plus le temps de sortir les poubelles. Alors ils sont venus, hier, me sommer de reprendre le travail — ou ils me vireront.

Ça y est, ils m’expulsent. J’ai juste eu le temps de m’habiller, avec le grand manteau d’hiver. En prévision, hier, j’ai défait la doublure et je l’ai remplie des visages d’Ulysse S. Grant. Ça m’épaissit drôlement.
Ils m’ont jeté à la rue. J’ai tout laissé derrière moi, y compris les livres, pour que mon successeur comprenne, s’il sait lire.
Mais personne ne sait lire. J’ai cligné des yeux à la lumière du jour — il fait beau, il y a du soleil, les gens vont et viennent. Ils ne savent rien. Ils ne se doutent pas. Moi, je fuis la ville —, parce que tôt ou tard…

Jean-Paul Brighelli, 8 octobre 2021

34 commentaires

  1. Tout simplement génial ; et il y a beaucoup à dire ; mais je n’en suis qu’à la 1ère lecture, moi la vieille « endive » (cuite)…

  2. Dugong 30 juillet 2025 à 20h07
    Encore un qui construit lui-même son savoir…

    Corroborons (rien de tel qu’une citaion)

    « J’ai patiemment construit mon savoir. »

  3. je ne savais jamais rien des auteurs, et les noms de Wells, Hugo, Shakespeare ou Melville — pour donner une idée de la variété de mes lectures — ne me disaient rien du tout a priori. Je n’avais pas de hiérarchie, je l’ai construite par moi-même.

    Sans Genette ?

  4. les femmes de ménage aux mines et aux parlers colorés viennent faire les lessives de blanc.

    Pas les lessives des Blancs.

    NB La « semaine du blanc » n’est pas la semaine où on lutte contre le racisme anti-blanc.

    • Lormier,

      En Afrique la semaine du blanc, est, ou plutôt était car les traditions se perdent, la première semaine des vacances d’été. La semaine où les familles, épouses et enfants, rentraient seules en métropole pour deux mois de congés reléguant les maris, qui avaient moins de jours de congés, au rang de célibataires géographiques pendant quelques semaines avec pour conséquence une explosion chiffre d’affaires des boîtes de nuit où ces messieurs s’encanaillaient.
      Cela a donné lieu à quelques fameuses frasques dont on parle encore. C’est peut-être durant cette semaine que le lamantin a chopé sa chtouille carabinée…

    • (On verra d’main… Ce soir, de sortie ; mais passé l’âge d’une « chtouille carabinée », qui, grâce aux ex carabins du Val de, a permis au lamantin, sans trop de dommage, de continuer sur sa lancée.)

      • « sans trop de dommage… » à nuencer:ils ont sauvé sa bite,mais dans quel état ? Et n’oubliez pas l’atteinte cérébrale quand même.

  5. Lormier
    29 juillet 2025 à 8h00
    JG, c’est l’ancien élève qui espère se consoler de l’échec en inversant les rôles, en notant les professeurs.

    Josip Gavrilovic 28 juillet 2025 à 11h54
    Ce texte est magnifique. Très réussi.

    Un autre jour, il annotait: Ce texte ne présente aucun intérêt.

    A rapprocher de ceci :
    WTH
    28 juillet 2025 à 14h53
    Oui JPB excelle dans la nouvelle, mais pour ce qui est du roman, il lui manque (encore) l’étincelle (…).

    Et de ceci :
    WTH
    30 juillet 2025 à 19h18
    Tout simplement génial.

    Lormier pourrait-il expliquer pourquoi WTH peut selon lui se permettre sans dommage de distribuer bons et mauvais points à JPB,
    et pourquoi quand je fais de même je récolte contre-vérités, supputations sans fondement, horions, lazzi et quolibets ?

    Ma question est purement rhétorique. J’en connais la réponse, évidemment.
    Mais au delà du contenu de la réponse que Lormier pourrait éventuellement fournir, le fait même qu’il réponde ou pas serait un indicateur tout à fait intéressant.

      • Oui, bien sûr, et ça n’a échappé à personne et surtout pas à moi.
        Mais il y a d’autres raisons, et pour l’une d’entre elles en particulier je suis vraiment très curieux de savoir si Lormier est capable de la verbaliser.

  6. Le sexe des femmes est une porte de plus sur la nuit.

    Le mec qui aura fait graver cette maximme en lettres d’or sur sa cheminée, faudra pas ki s’étonne.

  7. les femmes de ménage aux mines et aux parlers colorés viennent faire les lessives de blanc…

    Il s’agit manifestement d’immeubles semi-recents ( ils se déglingent deja) et formant  » ensemble » ( ils communiquent) – mais on trouve des femmes de ménage qui viennent y faire la lessive des propriétaires ou locataires, dans les sous-sols .
    Est-ce fréquent?

  8. La buanderie commune au sous-sol ça fait plutôt penser à des immeubles new-yorkais, ou pour le moins américains. Il s’y trouve souvent un assassin pervers qui s’y planque en attendant de fondre sur une jolie lavandière et de la violer puis découper, pas toujours dans cet ordre d’ailleurs.
    En plus là il est à craindre que Chtulhu ne glisse un tentacule visqueux dans une des fentes du béton.

  9. Un Lointain Lecteur
    31 juillet 2025 à 8h57
    La buanderie commune au sous-sol ça fait plutôt penser à des immeubles new-yorkais, ou pour le moins américains. Il s’y trouve souvent un assassin pervers qui s’y planque en attendant de fondre sur une jolie lavandière …

    Dans certains films on voit des immeubles neo- gothiques américains ( des années 1900) qui recèlent des horreurs.
    Sur un mode assez soft, l’immeuble de Rosemary’s baby de Polanski ( film à mon sens plus poussif que le roman qu’il adapte, d’Ira Levin) ;
    sur un mode plus horrifique et gore , l’immeuble du film de Dario Argento, Inferno.

  10. Les noms prédestinés :
    Lovecraft : artisan de l’amour…
    Heureusement qu’il en est resté à l’artisanat et n’est pas passé à la production industrielle.

  11. « C’est simple:Lormier a ses têtes. »

    Lormier se voit en esthète spécialiste ès-têtes.
    Quand il commente un texte, au lieu d’une série disparate et indigente de remarques hétéroclites, (sans queue ni tête bien que souvent à hauteur de queue et rarement à hauteur de tête), on aimerait surtout qu’il soit équipé de têtes de lecture performantes et fiables.

    Oui je sais, j’agace.

  12. Paul et Vanessa : Le retour de Paul.(suite du brouillon)

    Retour à Gérardmer. Paul a dormi comme une masse pendant dix heures .
    A son réveil, Sylvie, aux petits soins, lui murmure à l’oreille :
    « Café au lait, fromage de chèvre, brimbelles ?
    Un léger sourire se dessine sur le visage émacié de Paul.
    Il se jette sur le petit-déjeuner et vide goulument le pot de myrtilles.
    Sylvie est rassérénée .
    « Pour midi, j’ai prévu un pique-nique au bord du lac, dis-moi si cela te convient.
    -D’accord, mais à l’ombre, s’il te plaît .
    -Oui, bien… bien-sûr, bafouille Syvie, décontenancée par la réponse saugrenue de Paul.

  13. Fissures –

    Lugubre royaume de ceux qui règnent et nous imposent leur enfer, cet enfer dont ils veulent nous persuader qu’est là le paradis.

    La construction d’« étagères », érigées en barricades, et débordant de livres, seraient-elles d’une aide suffisante, pour nous en délivrer ?

    … A la condition certes qu’il ne s’agisse pas de vaines écritures, et que nous, lecteurs, soyons disposés à apprécier cet « au-delà » que certains de ces bâtisseurs nous font miroiter.
    Et à celle de fuir « babillages » et tittytainment obsédant – de réseaux de plus en plus divers mais de moins en moins variés.

    Le « Livre » d’énigmes, récité « à voix haute », serait-ce de même suffisant ? « 
    « Je vais, au milieu de la nuit du sous-sol, récitant à voix haute les passages qui m’ont inspiré.
    Le béton absorbe les mots.
    Mais si j’insiste assez longtemps, ils le fissureront. »

    « Suffisant » ? Non.

    Mais la « fracture » pourrait gagner du terrain :
    « J’ai tout laissé derrière moi, y compris les livres, pour que mon successeur comprenne, s’il sait lire. »
    En attendant… « à là la lumière du jour — il fait beau, il y a du soleil, les gens vont et viennent.
    Ils ne savent rien. Ils ne se doutent pas.
    Moi, je fuis… »

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