Capture d’écran 2017-08-16 à 05.48.41Un mien cousin de province, « continental » s’il en fut, moitié blagueur, moitié dragueur, « au demeurant le meilleur fils du monde », est allé voir Une vie violente, le film que Thierry de Peretti vient de consacrer aux derniers soubresauts de l’indépendantisme armé en Corse, au tournant des années 2000 : nonobstant son pré-générique, le film commence en 1994 — Nirvana vint de sortir In Utero, Kurt Kobain, entr’aperçu fugitivement à l’écran, va se tirer une balle dans la tête, c’est un ancrage ingénieux — collatéral en quelque sorte — dans la violence — et se termine vers 2001, quand le jeune Nicolas Montigny, jeune indépendantiste qui a servi de modèle au héros joué par Jean Michelangeli (la démarche chaloupée de Charlot, les mêmes jambes arquées, quelque chose du pitre tragique), assassiné de 11 balles cette année-là dans un cybercafé de Bastia.
Ledit cousin n’a manifestement pas tout compris, je l’en excuse volontiers, mais il m’a envoyé un mail où il tentait de rendre compte du film avec une réelle verve, pas mal de mauvaise foi et un peu d’embarras sémantique.
Vous trouverez donc ci-dessous le récit de son demi-coup de cœur, et plus loin quelques explications nécessaires aux pinzuti qui iraient voir le film — ou qui attendront sagement de le regarder à la télévision, Canal + et Arte étant co-producteurs, la télédiffusion sera sans doute prochaine. Car le scénario, intelligemment écrit, est parfois si allusif qu’une lecture préalable ne peut faire de mal à ceux qui ignorent les arcanes de la pulitichella corse et des jeux mafieux associés.

En sortant de la séance de deux heures, la première réflexion qui m’est venue à l’esprit c’est que le mâle Corse souffre génétiquement de deux maux : un excès de testostérone et une absence d’humour qui confine au pathétique. C’est la race sans doute qui veut ça !
Pour commencer, le sort des femmes est vite réglé: hors-jeu d’entrée ! Telles des choreutes, elles ne sont là que pour déplorer mais accepter la règle de la vendetta qui veut que « le sang réponde au sang » : comme elles le disent dans une scène hallucinante où diverses épouses expliquent à a ère du héros qu’elle peut préparer les funérailles de son fils, « c’est la règle ». On comprend donc rapidement qu’on est dans un film de gonzes ayant moins de cervelle que de pilosité — encore qu’ils dégueulent facilement leur figatelli sous prétexte qu’ils viennent d’abattre un copain. En fait de gonzes, ils ne seraient pas un peu gonzesses ?
Comme, faute de réponse à cette question fondamentale, je me suis rapidement ennuyé, j’ai rentabilisé mon ticket de ciné en faisant un peu de tourisme en Corse où je n’ai jamais mis les pieds, et mon regard s’est ainsi attardé sur Bastia où finalement depuis Colomba on se dit que peu de choses ont dû changer.
Le réalisateur, Thierry de Peretti, fait pourtant de son mieux pour nous amener à partager les sentiments de son héros avec un montage parfois percutant, une musique qui colle bien aux situations (un mélange de rock dur, des Muvrini chantant Cresce la voce, et quelques notes des Doors — the End, œuf corse), et quelques bonnes idées de mise en scène : en particulier une insistance sur le plan subjectif à hauteur d’homme, comme si l’on ne voyait que ce que voient les flingues (pardon : « les calibres », car nous voici sur une île où l’on sort « calibré » — sinon, on est tout nu).
En quelques mots : Stéphane vient d’une tranquille famille bourgeoise, il est sur le point d’achever ses études de Sciences-Po à Aix-en-Provence (lui, la faculté de Corte, jamais, surtout qu’en 1994, Jacques Brighelli n’en est plus président depuis lurette et que lui a succédé un emplâtre humain qui se croit prof de fac…), mais en raison d’un trauma qu’il raconte seulement à la fin du film, il a une furieuse envie de militer avec les nationalistes. Pour moi, nationalisme et crétinisme riment parfaitement, mais j’ai peut-être tort s’agissant de la Corse qui est un cas à part. Hommage soit rendu aux nationalistes sans lesquels, nous serine le film, les paysages de Corse seraient entièrement bétonnés, selon le plan imaginé dans les années 1960 qui prévoyait 25 millions de touristes par an.
Le Stéphane passe donc ses soirées à l’ambiance virile et alcoolisée dans des rades pourris avec ses copains, délaissant forcément sa petite amie. Un jour, un bon pote demande à Stéph de garder pour lui un sac rempli d’armes, et bien sûr ce con accepte avec enthousiasme et se retrouve fissa au gnouf, sans d’ailleurs que l’on sache vraiment comment il y est arrivé, mais peu importe. En taule, il se radicalise grave et une fois sorti il milite à donf.
Problème : je n’ai compris qu’une partie des dialogues. C’est peut-être à cause de l’accent et du phrasé, ou à cause du mec qui bâfrait bruyamment des pop-corns derrière moi. Sortir calibré peut avoir du bon, surtout dans une salle obscure.
Bref, les gonzes avec leurs mines patibulaires (mais presque) qui ne se déplacent qu’en groupe sont résolus à libérer leur île de beauté de l’infamie du colonialisme (les colonialistes c’est vous, les gros benêts qui payez vos impôts en France sur le continent), le tout au nom du Peuple. Là on est dans le côté marxiste de l’affaire. Le Peuple, comme d’hab, n’est pas très bien défini, mais tout ce qu’on fait péter aux explosifs, tous ceux qu’on flingue, c’est pour son bien. Dont acte !
Il y a d’autres groupes qui ont des objectifs moins nobles, disons plus vénaux ou carrément siciliens, mais vous vous en doutez, ça pète chez eux aussi.
Mon second problème avec ce film c’est que je ne comprenais jamais qui était qui, ni ce qu’ils voulaient. Mais les acteurs eux, avaient l’air de s’y retrouver, c’est le principal.
Jamais, en deux heures de film, Stéph n’arrive à rigoler, ni même à avoir le sourire aux lèvres. Tu m’étonnes que sa copine aille voir ailleurs. Alors que tout s’effondre autour de lui et que sa vie est sérieusement menacée, il nous explique enfin qu’il a la rage depuis qu’il a vu jadis dans la rue… Mais je ne vous le dirai pas !
Bon, il est clair qu’après Eschyle, Sophocle et Euripide il est difficile de faire de la bonne tragédie, surtout avec un rôle principal qui, se prenant toujours au sérieux, ne joue que sur une seule note, alors qu’avec la triade grecque antique, au moins on rigole de temps en temps.
Dire qu’avec une bonne séance chez un psychologue pour enfants tout cela aurait pu nous être épargné, et j’aurais gardé pour une bonne bière les 10 brouzoufs que j’ai dû lâcher pour voir ce film survendu par la critique (Télérama ici et , Libé, l’Express qui en a mis une couche puis une seconde, les Echos, etc.), mais qui est loin d’être inévitable.

HC

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Fort bien.
J’y suis allé, et j’en sors quand même beaucoup moins négatif que mon cousin.
C’est supérieurement non-joué (aux quelques réserves émises plus haut sur le personnage principal) par des gens auxquels on n’a eu à expliquer ni la langue ni la gestuelle corses. Mais surtout, c’est un magnifique exposé de l’errance dernière du FLNC, que j’ai racontée entre autres dans Pur porc, réalisé par Antoine Santana sous le titre Main basse sur une île.Capture d’écran 2017-08-16 à 05.55.11Remontons donc à… Charles Pasqua.
Ministre de l’Intérieur de Balladur (1993-1995), Charles a engagé un dialogue qu’il espérait constructif avec les autonomistes, qu’il supposait las de se flinguer entre eux au cours des « années de plomb » (depuis 1991 — entre 40 et 50 morts par an pendant six ou sept ans). Le problème, c’est qu’il a fait le mauvais choix en 1995 en soutenant Balladur, et que Chirac, élu, ne l’a jamais laissé revenir aux affaires.
Pendant ce temps, la Gauche qui espérait prendre le pouvoir avait elle aussi pris langue avec les autonomistes — via le Grand Orient de France, dont un Corse, Philippe Guglielmi, sera grand-maître de 1997 à 1999.
La divine surprise de la dissolution, en 1997, et l’arrivée de Jospin renforcent l’éclatement du FLNC entre le « canal historique » (autour de François, Santoni — « François » dans le film, sauf que sa calvitie précoce a été distribuée à un certain « Marc-Antoine » —, pour l’essentiel des militants du Sud, même si Jean-Michel Rossi était d’Île-Rousse) et le « canal habituel » (autour de Jean-Guy Talamoni, dont j’éviterai de dire tout le bien que je pense, et des Bastiais). Le Canal historique, proche de la Droite (Santoni sortait de la corpo de Droit de Nice, pas tous des poètes, et c’étaient des anciens de l’OAS qui avaient posé les premières bombes dans les années 1970) s’invente alors une petite sœur de gauche, Armata corsa. C’est l’histoire de ce groupuscule pseudo-dissident que raconte le film, parfois de façon très précise. Ainsi au tout début le meurtre dans une voiture incendiée par la suite de deux militants, Dominique Marcelli et Jean-Christophe Marcelli (sans lien de parenté), ou vers la fin l’assassinat de Santoni lors d’une noce — sauf qu’il a été tué au M16 par un tireur vraiment remarquable — il aurait été formé par les Services secrets dans la base d’Aspretto, en face d’Ajaccio, qu’il n’aurait pas mieux tiré, comme me l’a raconté sa veuve, qui était à son bras quand la balle lui a fait éclater le cœur.
Les références au « marxisme » du héros sont donc à la fois réelles, et en même temps factices : les notions de Gauche et de Droite ne sont pas fonctionnelles en Corse, où tout se joue — le film l’explique précisément — en fonction des amitiés, des engagements claniques, des services rendus, etc.. Quant au « peuple » corse, c’est une entité sans doute réelle, mais indéfinissable.
Précisons pour faire bon poids que le Canal habituel « bastiais » s’est appuyé sur le célèbre gang de la Brise de mer (du nom du bar où se réunissaient ces natifs de l’Ampugnani, regroupés autour des frères Guazzeli — entre autres), lesquels ont bénéficié d’une étrange complaisance des services de l’Etat pour régler de façon définitive la question du Canal historique (voir ce que raconte Santoni dans Contre-enquête sur trois assassinats, le livre qu’il a eu le temps d’écrire avant de se faire abattre — après Pour solde de tous comptes, rédigé avec ce journaliste de Libé évoqué dans le film, mon ami Guy Benhamou). Le mélange des sentiments nationalistes et des intérêts mafieux est parfaitement raconté par Thierry de Peretti — en filigrane.
Bref, une fois que vous avez les codes, le film s’éclaire rapidement, et vous le trouvez même d’une grande finesse. Il faudra prévoir un petit temps de débat explicatif préalable le jour où la télévision le diffusera. Mais franchement, quand on est un peu au courant, on ne peut qu’aimer ce mélange de documentaire documenteur et de fiction réelle.

JPB

70 commentaires

  1. Non ? On fait aussi du cinéma en Corse ? Du cinéma causant ou du cinéma muet comme les traditions l’obligent ?

  2. Vivre sans transcendance est difficile partout, mais en Corse plus qu’ailleurs.
    Alors on se cherche des causes, des motifs de vivre, après les grands aînés qui ont eu la deuxième guerre, les colonies, la guerre froide.
    La bêtise insondable des gouvernements de toute nature a précipité le romantisme sincère de défenseurs authentiques de la Corse (il faut se souvenir des propositions du MIT pour la Corse!) en un mélange funeste d’argent, de pouvoir et de gloriole.
    La bande de la brise de mer par exemple est à l’origine un ramassis d’enfants gâtés. Elle l’a d’ailleurs prouvé tout au long de son activité.
    Alors s’il est vrai que ces hommes violents n’ont pas d’humour c’est qu’ils ne sont pas Corses. Ce sont des produits de la modernité vivants là-bas et dont le contexte, aurait dit un grand sicilien voisin, a permis l’éclosion.
    En revanche les Corses ont toujours eu de l’humour (ne serait-ce que pour supporter les touristes) et Grosso Minuto en témoignerait encore si on parlait un véritable corse en Corse, et pas celui des IUFM.
    Enfin, et ce n’est pas une bonne nouvelle, on a coutume de dire que ce pays, c’est la France dans 10 ans.
    Ceci s’est toujours vérifié. Mais les pinzuti ont de l’humour. Parfois.

    • Expliquez-leur Grosso Minuto — je peux le faire, après tout j’ai tout écrit sur la Corse, mais puisque vous l’évoquez…

      • Je ne sais pas si le délai mis à répondre rend l’explication bien utile ! Mais pour ceux qui passeront ici un jour Grosso Minuto est le héros récurrent à la langue bien pendue, des histoires corses en langue corse, pour les Corses ! Le nom du personnage est un oxymore ( grand-petit) et les aventures qu’il vit ont une portée édifiante d’autant plus acceptable par l’auditeur que le ton est celui de la dérision. Le Corse ne peut pas se prendre au sérieux en raison de sa vision tragique de l’histoire. On se moque beaucoup de soi-même et un peu des autres. L’ironie fait des ravages et tue les réputations comme elle dégonfle les baudruches.
        C’est pourquoi l’implantation des IUFM et autres ESPE en Corse est amusante. Elle a donné I Muvrini, groupe qui chante dans une langue que les vrais Corses ne comprenaient pas. J’avais offert à mon grand-père et à mon père une place (chacun) pour qu’ils m’accompagnent écouter ce groupe à un concert à Ajaccio. Les deux sont nés en Corse et n’ont appris le Français qu’en deuxième langue. Et bien les deux sont sortis stupéfaits, n’ayant compris que quelques mots. Ce qui m’avait rassuré !
        En fait le Corse qui se parle aujourd’hui n’a rien à voir avec la langue de Grosso Minuto. C’est une création d’instituteurs intégristes dont certains ont malgré tout, certainement à leur grand dam, fait tout de même fortune sur la crédulité et l’ignorance des jeunes générations et l’admiration des pinzuti pour l’exotisme des voix Corses (leurs femmes aiment aussi la rugosité virile des barbes de 8 jours, mais ça c’était déjà vrai au temps de Rossi Tino).
        Ah, les blagues de Grosso Minuto ne sont pas bien délicates. Elles ne sont pas destinées à des oreilles sensibles comme celles des marie-louise gauchistes des ESPE. Elles s’adressent à des muletiers, des paysans, des ouvriers, et ils auraient aimé Rabelais s’ils l’avaient connu. Enfin tous ceux qui mangeaient u casgiu merzu (c’est le fromage qui explose dans Astérix en Corse) et parlaient le corse. Comme Sciascia, pourtant instituteur également, parlait le sicilien. Le même contexte.

    • « propositions du MIT pour la Corse »

      Akwassa ?

      En tapant MIT Corse sur Glouglou, on est dirigé vers des cours en ligne, ce qui, en l’occurrence, paraît assez peu pertinent. Sauf à imaginer que la célèbre université ait choisi d’ouvrir une antenne commune avec la CIA à Corte ?

      • Je crois qu’il s’agissait du Houston Institute, pas du MIT. Giscard leur avait donné à réfléchir sur la Corse — et ce qu’il en était résulté était un plan global de bétonnage de l’île.

  3. Si je disais que les nationalistes Corses sont des suprématistes qui s’ignorent je manquerais d’humour mais je collerais drôlement bien à l’actualité !

  4. C’est trop compliqué les corses, qu’ils redeviennent indépendants et comme ça tout le monde sera content….!
    P.S. : une francilienne de base qui n’est jamais allée en Corse, en partie à cause des corses…je sais, je sais, je n’ai rien compris…

  5. Quand même je voudrais un peu flatter l’amour-propre corse !

    Ce qui est bien en Corse c’est que la violence y est intestine – on y tue toujours pour de bonnes raisons, pouvoir, argent, vengeance etc des gens qui s’attendent à être des cibles.
    On n’écrase pas des touristes pris au hasard et si l’on plastique des villas de vacanciers on prévient à l’avance !

    Un bon point pour le fair-play dans le crime !

  6. Je suppose d’ailleurs que face à la menace islamiste les Corses se retrouveraient unis !
    Alors que les continentaux s’égaillent dans tous les sens des fleurs à la main et des nounours en peluche sur le cœur !

  7. Dans le texte :
    Les références au « marxisme » du héros sont donc à la fois réelles, et en même temps factices.

    En même temps, on se dit que JPB est contaminé par l’illogisme de Toufriquet.

    • A partir de dorénavant, l’usage de la locution « en même temps », même à un degré supérieur ou égal à 2, sera punie de 100 (cent) coups de fouet.

      Qu’on se le dise, à voix basse et craintive.

  8. JPB est en même temps Corse et Français : validé
    Brigitte T. est en même temps une privilégiée et une vieille couguar fatiguée : validé
    Une proposition est en même temps vraie et fausse : invalide

  9. Je me demande pourquoi les films « exotiques » j’entends par là japonais, coréens, hongkongais, et même certains d’Asie Centrale, que j’ai vus récemment m’avaient plus intéressé plus que ce « made in Corsica », la Corse conservant encore pour moi toute sa part de mystère et d’exotisme ceci tenant peut-être au fait que je ne l’ai toujours pas déflorée. C’est que tous les films « orientaux » que j’ai vus avaient un scénario zéro-défaut — ce qui n’est pas le cas de celui d’ « Une vie violente » assez mal ficelé– et des acteurs éblouissants, (je pense notamment au magnifique portrait de femme de ce film géorgien « Une famille heureuse » où les moeurs et les traditions de ce pays souffrent largement la comparaison avec celles de Corse, les femmes corses en plus d’être à la fois soumises et révérées ont le mérite d’être souvent veuves…jeunes ce qui fait pour moi de cette île un beau terrain de chasse !).
    Par ailleurs, en plus du manque d’humour, Peretti s’évertue à filmer de loin toutes les scènes de meurtres avec un détachement pudique, comme si l’exécution en elle-même relevait de l’épiphénomène. On est loin du flot d’émotion généré par la complaisance d’un Tarantino ou d’un Scorsese pour montrer de près le sang qui gicle sur les murs.

    • C’est pour ça que j’ai cru bon d’insister sur l’aspect « téléfilm » — encore que celui dont j’avais écrit le scénario était autrement sanglant.
      Sinon, allez donc voir Atomic Blonde, c’est réjouissant ça pète et ça cogne et ça saigne, et en prime Charlize Theron s’y promène toute nue.

      • D’accord à 100% pour aller voir Atomic Blonde et la sculpturale Charlize Theron reconvertie avec bonheur dans le film d’action depuis le très féministe « Mad Max Fury » où elle mettait déjà tout son corps à l’ouvrage.
        Je vous conseille aussi en ce moment « Que dios nos pardone », un thriller qui aurait pu s’appeler « Madrid Confidential » si L.A. et Le Caire n’avaient pas préempté le titre.
        Madrid tourmentée par une agitation sociale, malmenée entre flics nerveux et militants de Podemos, sur fond de visite papale (B16, un Pape que j’aimais tendrement. Pas tout à fait le style Borgia détendu-bandant que j’adore, mais personne n’est parfait…). Contrairement à ce que j’avais lu, la crise économique ne joue en fait qu’un rôle secondaire dans l’histoire et les militants de Podemos ne font que de la figuration. C’est surtout l’histoire d’un tueur en série qui s’acharne, viole et tue des femmes (très) âgées. Mais l’intérêt du film réside dans le formidable duo/couple d’inspecteurs tenus d’opérer en toute discrétion pour ne pas nuire à l’image de la ville, actualité pontificale oblige. Depuis « True Detective, j’avais rarement vu une telle complexité/complicité entre deux flics anta/prota-gonistes qui sont la plus belle réussite du film: humanité, détails qui donnent chair aux personnages, tout le talent de Rodrigo Sorogoyen (« La isla minima ») s’y déploie dans cette formidable direction d’acteurs…jusqu’à ce que le réal (ou le scénariste) change le rythme et nous force à suivre le tueur pour délaisser les deux enquêteurs auxquels on s’était attachés. Dommage, mais plus de la moitié du film est du bon cinoche ce qui n’est déjà pas si mal.

        • Ah, zut ! « La isla minima » c’est d’Alberto Rodriguez, pas de Rodrigo Sorogoyen, faut dire qu’ils se ressemblent ces deux-là !

          • D’autant plus impardonnable que
            http://blog.causeur.fr/bonnetdane/la-isla-minima-00845.html

            Theron est dans Atomic Blonde comme dans Mad Max Fury road : on peut l’abîmer, lui couper un bras, la couvrir de bleus, d’entailles, de meurtrissures, elle n’en est que plus belle. Et pas forcément parce que c’est une blonde superlative : cette fille sait jouer — voir Monster.

  10. Arnaud Leroy, à peine désigné triumvir au politburo toufriquestiste, prévient : « Nous voulons éviter la création de baronnies locales »

    Des comtés, alors ? Pour se répartir les fromages, c’est idéal.

  11. Quand l’on rie un peu de la misère de mes contemporains plus empotés les uns que les autres !

    On me commande un coffret Robinson Crusoé de Daniel Defoe enregistré il y a un douzaine d’années par le regretté Claude Rich dans le rôle principal ; vous connaissez l’histoire je suppose ? Un anglais de la classe bourgeoise se trouve à la suite d’un naufrage seul survivant sur une île déserte de l’Atlantique vers 1660 (ah ! au fait son navire était un bateau négrier).

    Mon client se plaint amèrement : une trace de marker (un feutre indélébile) défigure le dos du boîtier – effectivement le précédent propriétaire y avait inscrit son nom.
    Ceci dit un peu d’alcool ménager ou à brûler sur un chiffon et la trace va s’effacer – ou encore il suffit de remplacer le dos du boîtier opération qui prend deux minutes.

    Je me dis que celui-là ne risque pas de s’y retrouver comme Robinson Crusoé rebâtissant un monde à lui et presque une société avec son fidèle Vendredi à partir de trois fois rien !

    Qu’il en reste aux ours en peluches comme je vis hier dans le métro un homme de soixante ans portant fièrement à la ceinture le plantigrade miniature !

    • Quand l’on rit !

      Du coup naufragé solitaire dans un monde plein de bisounours j’en perds la rude grammaire française et son subjonctif besogneux !

  12. Christiane Melgrani, « professeuse de mathématique »…Une professeuse de mathématique? Je ne savais pas que ça existait, je ne connaissais que les pro-fesseuses de matez ma trique.

    • Si Hervé viole et tue une professeuse de mathématiques a-t-il le droit aux circonstances atténuantes à cause du caractère transgressif de cette orthographe nébuleuse ?

  13. Errata & addendum :

    Une malheureuse erreur de transcription de notre correspondant à Madrid nous fait écrire que notre ami Hervé violentait et trucidait les professeuses âgées alors qu’il fallait comprendre qu’une bombe atomique – Charlize Théron pour ne pas la nommer – avait lâchement profité de sa supériorité physique pour mettre dans un état second notre vaillant petit géomètre qui ne compte pas ses heures sur ce blog.

  14. « Un juge américain refuse de clore les poursuites contre Polanski pour agression sexuelle » (Le Monde)
    Polanski n’a rien fait de plus que ce que l’on ne reproche guère à notre Première Mémère lubrique de l’EN : aimer les enfants !

  15. Personnellement, je suis de tout cœur du côté de cette crapule pédophile de Polanski qui a vécu comme tout ce petit monde vivait à cette époque bénie.
    Seuls les gens qui ont la tête un peu trop près du bonnet se prennent les pieds dans le tapis du passé expliqué par le présent.
    Ceci dit, sodomiser une gamine de quatorze ans peut être le fait de tout un chacun, une erreur de trajectoire sans plus…la NASA confirmera !

  16. J’ai peine à croire que les parents de ces charmantes personnes ignoraient que le milieu du cinéma n’était pas précisément un ouvroir pour jeunes filles bien élevées. Ils ne pouvaient pas surveiller leurs mômes?
    Et dans quelques années on le poursuivra en justice par guéridon tournant? En fait de tourner (dans le cinéma c’est normal), tout cela tourne surtout au ridicule.
    A vrai dire, l’ayant vu à un cocktail, à l’époque où il y avait un festival du film musical à Gstaad, je dirais qu’il est plutôt sympathique. Je ne risquais d’ailleurs rien : à l’époque, j’avais déjà largement dépassé la date de péremption.

    • Je maintiens ce que j’ai eu l’occasion de dire ici-même (et qui m’a valu des tombereaux d’injures) : alors même que la principale protagoniste souhaite depuis des années que l’histoire soit close, un juge américain ne désespère pas de se faire un peu de pub sur le dos de Polanski. Et cela pour une affaire qui en droit européen serait close depuis lurette.
      Au lieu de s’en prendre à un homme âgé les viragos actuelles devraient faire le ménage ici :
      http://madame.lefigaro.fr/societe/la-prostitution-des-mineurs-100415-96018
      Parce qu’une petite pipe ou une petite sodomie à la récré ici et maintenant, cela me paraît autrement grave que les débordements d’une jeune cinéaste il y a cinquante ans. Et 6 à 8000 ados qui se prostituent pour 20 balles ou un petit cadeau, ça commence à chiffrer.

      • Ces profonds changements sociétaux devraient attirer l’attention des professionnels de la protection des slips de l’enfance (Onc’Vania et al.) et les inciter à allonger leurs produits vers l’arrière.

        Comme d’hab, je prends 10% sur l’augmentation du chiffre d’affaire engendrée par le conseil (compte Lycra à Jersey)

  17. Pas aussi compliqués et mortels (?) que les liens entre individus, groupes et groupuscules politico-mafieux corses, les affaires du monde de l’ovalie française valent quand même leur pesant de cacahuètes florentines :

    http://www.lejdd.fr/sport/rugby/rugby-les-affaires-troublantes-de-mohed-altrad-et-bernard-laporte-3410396

    Un jeu où l’on progresse en avant en passant vers l’arrière * se devait d’échafauder des systèmes de partenariats « modernes ». C’est fait.

    * une clarification physique de la règle de l’en-avant a eu lieu dans l’indifférence générale : « il y a
    passe en avant lorsqu’un joueur lance ou passe le ballon en avant, c.-à-d. si le mouvement des bras du joueur qui passe le ballon se dirige vers la ligne de ballon mort adverse. Définition qui ne fait référence qu’au référentiel du passeur et qui autorise donc un joueur suffisamment véloce de passer en avant dans le référentiel du terrain. Capice ?

  18. Ici nous recevons « Le Petit Dugong illustré » qui nous suffit largement ; Basta le Chaliand …

    Allez ! Une petite manille et on oublie ces attentats.

  19. Le chartrier élyséen.

    Le Palais de l’Elysée vient de publier la liste civile de Mme Consort Président ; elle contient notamment la liste des positions permises dans le cadre présidentiel que ce soit en déplacement ou at home.

    Pour les détails les plus croustillants demander à l’huissier de service de nuit.
    On me dit que le futur musée présidentiel exposera la nuisette de Madame Brigitte et le déshabillé du matin qui va avec ; ce sont un peu les documents diplomatiques du règne « En Marche ». Les chartes de noblesse du régime en quelque sorte !

    • Louis XV le bien-aimé offrit l’hôtel d’Evreux en 1753 à la petite poissonnière du faubourg autrement marquise de Pompadour – il y a donc une longue tradition de galanterie dans cette demeure !

  20. Le chartrier de la dame consort – car enfin il faut bien un titre quelconque à « Madame de … » !

  21. Sous la monarchie absolue on faisait des chansons et des libelles pour se moquer des us et coutumes de la Cour ; les Mazarinades portèrent de rudes coups au cardinal tout-puissant. Le comte d’Evreux pour qui fut construit l’Elysée avait hérité d’une partie de l’énorme fortune de Mazarin grâce à sa mère Marie-Anne Mancini nièce du cardinal.

    Les Macronades devraient donc nous réjouir pareillement si l’esprit frondeur & parisien existait encore !

  22. Le Parlement reconnaissant forme un vœu : qu’on lui donne le titre de « Belle Abbesse de l’Elysée ».

  23. Selon le procureur de Marseille un fou a commis un attentat contre les abris-bus J.C. Decaux ; mais est-ce que ce sont les fous qui imitent les terroristes ou les terroristes qui imitent les fous ?

  24. Gérard Collomb invente le prismatisme mimétique * :

    http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2017/08/22/97001-20170822FILWWW00095-13-des-radicalises-presentent-des-troubles-psychologiques.php

    « Il sortait de clinique psychiatrique. Il avait des antécédents de prison et il assassine une personne. Il faut réfléchir sur ce genre de prisme. Ce n’est pas du terrorisme (…) mais on a de l’imitation, a-t-il insisté. Un certain nombre d’esprits faibles peuvent se laisser entraîner à des actes de mimétisme »

    Le désir mimétique ne serait donc pas universel et serait réservé aux crétins des Alpes ?

    Avec Girard Collomb, on découvre l’Amérique.

    * certains esprits faibles confondront avec le mimétisme prismatique qui n’a, évidemment, rien à voir.

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