« Ils ne sont que 630 ! »
Parmi les journalistes, les vrais sont ceux qui pensent bien, les « généreux ». Comprenez : ceux qui sont pour une « politique migratoire généreuse ». Le genre de discours confortable qui n’engage que les autres.
Des traitements médiatiques contradictoires
Étrangement, les mêmes médias généreux qui s’offusquent des conditions atroces dans lesquelles sont accueillis les migrants plaident pour que nous en accueillions encore plus.
Je connais des gens qui doivent enjamber des migrants pour accéder à la porte de leur immeuble. Ce n’est agréable ni pour eux ni, bien sûr, pour les migrants en question. Mais personne n’est allé demander à ces pauvres gars qui dorment sur les trottoirs, parmi les rats et les immondices, s’ils étaient favorables à l’accueil des passagers de l’Aquarius. Allons, soyez sympa M’sieur, poussez un peu vos jambes qu’on puisse coucher quelques personnes de plus dans ce caniveau.
Eh non.
Parce que les gens qui dorment dans les caniveaux, bizarrement, quand l’Aquarius est apparu à l’horizon, on n’en a plus entendu parler. Ils n’existaient pas, ils n’avaient jamais existé.
Une version soft du Camp des Saints ?
Nos journalistes nous ont joué une version douce du Camp des Saints. Le roman de Raspail met en scène une flotte de cargos chargés de pauvres gens venus du delta du Gange pour débarquer sur la Côte d’Azur. Le monde entier suit, par médias généreux interposés, l’équipée de cette armada sans précédent : un million de personnes fuyant la misère.
Un million ? A côté, l’Aquarius fait pâle figure, avec ses 630 passagers.
Combien de fois nous l’a-t-on répété : ils sont seulement 630. Dans les interviews : « Mais ils ne sont que 630 ! Vous ne pensez pas que, quand même, on pourrait peut-être… »
Seulement, contrairement au scénario du Camp des Saints, l’épisode de l’Aquarius n’était pas sans précédent. Il représentait une énième arrivée de migrants dans le cadre d’un flux dense et continu depuis plusieurs années. Le Camp des Saints, mais au compte-gouttes.
La manipulation consistait donc à tenter de faire croire qu’il n’y avait que 630 migrants à accueillir, alors que c’étaient 630 migrants de plus.
Malheureusement pour nos journalistes, l’argument du « 630 seulement » devait être rapidement fragilisé par les événements eux-mêmes. Quelques jours après l’arrivée à Valence de l’Aquarius, un autre bateau humanitaire apparaissait à l’horizon. Le Lifeline : 234 migrants. Et quelques jours plus tard, l’Open Arms : 59 migrants. « C’est dégressif ! » objectera-t-on. Mais c’est cumulatif. De même, plus généralement, quand on entend que la crise migratoire est derrière nous parce qu’il y aurait « de moins en moins de migrants » (argument entendu dans la bouche d’un journaliste généreux interrogeant un triste sire non généreux), c’est un mensonge: il y en a de plus en plus; seulement, leur nombre augmente dans des proportions moins importantes qu’avant.
Le vaisseau fantôme
Oh, bien sûr, nous ne pouvons pas dire que nous ne savions pas.
On nous a proposé nombre de reportages à bord de l’Aquarius : nous savons tout de la prise en charge médicale et de l’aide psychologique que les associations humanitaires apportent à tous ces malheureux. Nous savons que des bateaux de ce type sillonnent la Méditerranée et recueillent les passagers en détresse de toutes les embarcations de fortune. Mais la vérité est que si l’Italie avait laissé accoster l’Aquarius, nous n’aurions pas su que, ce jour-là, 630 migrants de plus étaient amenés sur le territoire européen, un « migrant » étant par définition quelqu’un venu d’on ne sait où pour des raisons qu’on ne connaît pas, ce qui n’est guère rassurant. « Migrants » donne l’impression qu’ils ne sont que de passage, comme des nouveaux nomades qui ne viennent que pour repartir. Il serait tellement plus honnête de les appeler les « arrivants »…
Ce petit manège permanent avait donc fini par passer inaperçu. Le refus de l’Italie a eu pour effet de rendre visible ce qui était devenu invisible.
Nous nous sommes accoutumés aux évaluations globales périodiques du nombre de « migrants », extraordinairement variables d’une source à l’autre. Or on ne ressent pas les chiffres de la même manière selon leur présentation : les gros chiffres étourdissent, les petits qui s’ajoutent suscitent plus fortement l’impression de nombre parce qu’ils s’accompagnent d’un « effet addition ».
Ce qui est tout aussi intéressant, c’est le détail de ces chiffres, comme cette quarantaine d’Algériens présents à bord de l’Aquarius. Quand on pense que la crise migratoire nous a été vendue médiatiquement comme une conséquence de la guerre en Syrie…
Soudain nous percevons dans sa réalité, celle d’une cadence soutenue, imperturbable et folle, une routine faussement généreuse bénéficiant d’une couverture médiatique tout aussi hypocrite : il n’est en effet question de venir en aide qu’aux personnes acceptant de risquer leur vie dans des rafiots surchargés. Une logique véritablement généreuse consisterait à envoyer les navires humanitaires directement sur les côtes libyennes. C’est évident. N’est-il pas horrible de discriminer ainsi entre ceux qui peuvent payer les passeurs et ceux qui n’en ont pas les moyens ? Entre ceux qui sont assez téméraires pour s’entasser dans des canots percés et les autres ? Allons chercher tout le monde. Qu’ils viennent tous chez nous, car nous sommes généreux.
Les journaleux et les migrants vivent de subventions ; ils sont donc frères de lait. Il est donc assez logique que les migrants bénéficient du soutien des media, propriétés de gens qui ont souvent des participations dans les mouvements humanitaires. La nouveauté vient du fait que les bateaux de migrants vont bientôt arriver directement dans nos ports.
Qui dit port, dit villa au bord de la mer. J’espère que les migrants auront la bonne idée de s’installer sur la côte d’Azur au cap Nègre par exemple.
L’idée des « que 630 « est vieille comme le suppositoire. Le conseil constitutionnel vient d’apporter son soutien au farfelu Herrou et bien sûr quand les bateaux seront là, on nous dira qu’on ne peut pas les refouler ni les saisir ni a fortiori les couler, même vidés de leurs passagers. Les juges foireux du conseil constitutionnel y veilleront.
Et quand, les migrants seront assez nombreux, nous aurons droit aux femmes et aux enfants. Mais à part cela, le « grand remplacement «n’existe pas ; non, pas encore….
C’est évident c’est le grand remplacement qui est mis en œuvre tout simplement par le simple principe des vases communiquant …. l’afrique étant immense petit à petit jour après jour année après année (ils ont le temps) un jour nous nous retrouverons submergés par les africains qui eux font des enfants en grand nombre….. les hommes ayant plusieurs femmes et les femmes ayant beaucoup d’enfant chacune ….. dans quelques années nous le paierons très cher !
La question n’est pas celle-là, à mon sens et avec tout mon respect.
La question est : Une fois qu’on a dit ça, et qu’éventuellement, on est d’accord sur le diagnostic, on fait quoi ?
Ca me semble autrement plus difficile et plus intéressant à discuter.
Virer les gouvernants incompétents et corrompus à la puissance 10;
Nous réinstaller dans ces contrées qui n’ont jamais été des pays;
Mettre en pratique notre morale et notre éthique humaniste, mûrie de l’échec de la précédente colonisation, pour s’y remettre dans une optique gagnant-gagnant, que seule notre haut niveau de technocratie permettrait d’assurer,
Vaste programme, auquel, sous conditions, on pourrait adhérer.
Mais pensez-vous que le reste du monde nous laisserait faire ?
Vous envisagez donc une guerre mondiale ? C’est effectivement un remède choc duquel je ne suis pas sûr que nous sortirions gagnants.
Quand je vois que le monde occidental s’interroge sur la question de savoir si un homme est un homme et un blanc est un blanc, et que je vois les gamines kurdes manier la kalachnikov comme moi la raquette de ping pong, et foutre une pâtée mémorable aux dingues de Daech, je me dis que l’Occident n’est pas tout à fait prêt à la guerre mondiale.
Donc à mon sens, vos solutions sont irréalistes, et c’est heureux, parce que qu’est-ce qu’on se prendrait dans la tronche !
Et sauf à avancer le présumé « grand remplacement » de plusieurs décennies, je ne vois pas ce qu’on aurait à y gagner.
Bien à vous
Ce sont les conséquences du progressisme : la gauche moralisatrice alliée du libéralisme financier, au service d’un universalisme qui s’illusionne de l’existence d’un citoyen hors sol.
La compassion institutionnalisée comme commerce, élevée au rang d’idéologie, qui n’est que mépris des autres et n’a d’autre but que flatter l’ego d’une caste prétendument charitable qui s’est octroyée le rôle de dieu.
Ils savent ce qui est bon, ce qui est bien, où placer le curseur. Ce sont des totalitaristes pour qui le monde ne peut être que ce qu’ils en font ou espèrent qu’il devienne. Les progressistes se sont affranchis de la réalité, leur monde est fantasmatique, l’humain n’est que variable d’ajustement dans leur Monopoly planétaire.
Lire, relire, Christopher Lasch…
Chère Ingrid, si vous permettez cette familiarité. J’ai complété mon post ci-dessus par 3 liens sur Diego Fusaro le jeune philosophe italien, qui ont été aussitôt supprimés.
Le motif de cette suppression svp ? Merci.
C’est cinq enfants maintenant ! Ça coûte des sous mais de là à écrire un article pareil !
Et pour ce que ça doit être payé ! Enfin bon , pour ce que c’est lu et par qui ….
IMHO, finalement, j’en serais à vous donner raison… Causeur et ses blogs, ne causent plus à grand monde. On va donc les laisser tranquilles.
Waouh !
Quelle élégance ! Quelle hauteur de vue ! Quelle clarté dans l’analyse !
Vous devez souffrir tellement de vivre dans ce monde de crétins …
Au quotidien, vous devez être d’un commerce tellement agréable !
Madame Riocreux a ceci d’énervant qu’à chaque fois qu’elle dit un truc, je m’en veux de ne pas l’avoir pensé avant elle !
Aujourd’hui, c’est le coup des bateaux humanitaires qui devraient aller jusqu’aux côtes libyennes !
Ou encore, je me demande comment elle a réussi à fouiller dans mon cerveau pour dire – mieux que je ne l’aurais fait moi-même – ce qu’il y a dedans.
Chapeau bas, madame.
A vous lire,
[…] Lisez la suite de l’article sur le blog d’Ingrid Riocreux […]
Les solutions, j’en vois quelques unes. Démanteler les réseaux de passeurs, détruire leurs embarcations, supprimer toutes subventions ainsi que celles des ONG, refouler les bâteaux et les ramener à leur point de départ et enfin, tolérance zéro pour les personnes qui aident les sans papiers.
Pas facile !
D’abord, il est nécessaire de garder notre humanité (couler les embarcations avec 500 personnes desus ne me semble pas acceptable).
L’homme se différencie de l’animal par ce sentiment étrange et irrationnel qu’est la compassion.
Cela n’empêche pas que l’on doive protéger notre identité et se battre pour ça, mais votre idée de supprimer purement et simplement les aides à ces gens me semble inhumaine.
De façon plus cynique, aujourd’hui, les « migrants » mendient notre accueil.
Ne nous méprenons pas, si nous ne nous préparons pas, ils nous l’imposeront par les armes et nous perdrons tout.
Nous ne faisons pas le poids.
Je crois que la solution est davantage dans l’exigence absolue d’assimilation (langue, culture, moeurs, etc) des personnes qui entrent en Europe que dans les murs qui, de toute façon, seront de plus en plus poreux.
Mais ce n’est que mon avis.
Quant aux réseaux de passeurs, évidemment je partage votre avis !