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Problèmes lexico-sémantiques : choix des mots, sens des mots.

« Le djihadiste Fabien Clain a été tué ». A l’heure où j’écris, on ne sait pas encore dans quelles conditions il est mort. Mais le terme « djihadiste » est dans tous les titres :

fabien clain1Fabien clain2

Or, le désigner comme un « djihadiste » est une manière mal assumée de lui reconnaître le statut de « combattant », une manière donc, de rendre acceptable ce qui, quand on écoute les questions et les commentaires, l’est beaucoup moins: zappant d’une chaîne d’information continue à l’autre, j’entends qu’on nous propose un « retour sur la radicalisation de Fabien Clain », qu’on nous rappelle son « adhésion à un projet terroriste », et son « attrait pour une idéologie de type totalitaire ».

BFMTV a trouvé un titre assez mignon, tout en euphémisme :

Fabien clain3La responsabilité de Clain est réduite au statut de porte parole, et, comme souvent en langage journalistique, le petit « par » introduit non point le complément d’agent mais le complément circonstanciel de moyen. Ce titre dissimule donc la portée problématique, « polémique » dirait un journaliste, de la mort de Fabien Clain.

Il faut être clair: si Fabien Clain est seulement un radicalisé (le participe passé suggérant un statut de victime contaminée par une idéologie), la question qui se pose est de savoir s’il a été visé par cette frappe militaire qui a causé sa mort, ou s’il en est une victime collatérale. Parce que, dans le premier cas, c’est un assassinat. Mais si on lui reconnaît le statut de combattant dans une armée, il faut arrêter de parler de « radicalisé » et de se cacher derrière le mot « djihadiste » : dans ce cas, sa mort est celle d’un « ennemi » dans le cadre d’un « acte de guerre ».

Et dans ce cas aussi, il faut arrêter de dire qu’on ne sait « pas quoi faire des revenants » et de s’offusquer quand quelqu’un ose dire qu’il faut organiser des « assassinats ciblés »:

assassinats ciblés

Selon toute vraisemblance, Fabien Clain a été victime d’un assassinat ciblé. Les questions éthiques que posaient la proposition de Pierre-Henri Dumont sont pourtant absentes des plateaux ce soir. Les médias s’étaient délectés de la « polémique » mais, comme souvent, n’assurent pas le suivi de ce débat lorsqu’ils estiment qu’il convient, avant tout et consensuellement, de se réjouir de la mort d’un « terroriste ». Opposés à la peine de mort, nos journalistes ne se scandalisent pas d’une exécution sans procès. Samia Makhlouf, avocate des familles de victimes, se démène pour essayer de faire comprendre la légitimité de sa déception.

makhlouf

Le décès de Fabien Clain devient l’occasion de s’intéresser aux « revenants », un mot maladroit : les revenants sont normalement des spectres qui reviennent d’entre les morts. Or, justement, les « revenants », c’est-à-dire les soldats de Daesh qui reviennent dans leur pays d’origine, posent des problèmes parce qu’ils ne sont pas morts. Si l’on se réjouit de la mort de Fabien Clain, il faut aller au bout de la logique : l’assassinat ciblé n’entre pas nécessairement en contradiction avec la préservation de l’état de droit. Et après tout, peut-être en est-il le meilleur garant, qui sait ?

20 commentaires

  1. La première hypocrisie (et la principale) est de passer sous silence l’appui implicite des autorités françaises à ces nouveaux ‘brigadistes internationaux’ qu’étaient les volontaires islamistes en Syrie ou en Irak. N’est-ce pas un certain M. Fabius qui déclarait : « Le front al Nosra fait du bon boulot »? Les Brigades Internationales de 1937/38 en Espagne étaient, comme l’a bien écrit un auteur, le bras armé du communisme mais ce n’était pas pour autant que tous les Brigadistes étaient communistes. Il en est de même ici pour certains idéalistes ou égarés qui ont pu croire, vu les déclarations ronflantes de leurs dirigeants et le matraquage de la propagande des media, que Bachar el Assad (comme les généraux factieux espagnols) était le ‘mal absolu’. Il est dès lors absolument ignoble et répugnant que les autorités françaises qui ont largement pris part à la diabolisation de Bachar et ont ainsi incité certains à partir là-bas s’en lavent maintenant les mains. A moins qu’il y ait des craintes que, interrogés à leur retour en France, ces personnes dévoilent les filières (pas toutes islamiques?) qui leur permirent de gagner le Proche Oriënt. Les Brigadistes revenus en France en apprirent de belles sur la duplicité des autorités de l’époque. Exécuter en catimini ces ‘Islamistes’ arrangerait finalement peut-être le pouvoir…

    • Tout cela me semble être de la très mauvaise histoire, tant pour la guerre d’Espagne que pour la Syrie.
      Qu’est-ce que vient faire le front al-Nosra dans le raisonnement ? D’une part, il doit inclure deux ou trois Français, d’autre part, le pb, c’est Daesh ! il est évident que les Français partis en Syrie voulaient rejoindre Daesh, à qqs exception près. Ce sont les daeshiens dont on craint le retour.
      On dirait que pour vous, Daesh n’existe pas !! C’est à peine croyable.
      Vous suggérez que vous avez vachement d’infos sous la main avec vos suppositions branquignolesques, mais en réalité vous n’y comprenez rien du tout !

    • Je partage votre analyse. La position anti Bachar des gouvernements français a très bien pu en conforter certains.

      Mais vrai ou faux cela pourrait être un argument tout à fait audible dans la défense des « revenants ».

  2. Pour moi la solution la plus simple aurait été de reconnaître Daesh comme un état et de reconnaître de fait les français partis là bas comme des citoyen de cet été. L’article 23-7 du code civil, après constat qu’ils agissent comme ressortissant d’un autre état, et qui plus est en situation de guerre avec la France, permet de leur retirer facilement la citoyenneté française.
    Donc dans cette situation, la mort de ces combattant de Daesh dans des frappes, même ciblées, n’était plus un assassinat, mais un acte de guerre, dans le cadre d’un conflit.

    • Désolé pour les fautes de frappes. Il faut lire bien sûr :
      « Pour moi la solution la plus simple aurait été de reconnaître Daesh comme un état et de reconnaître de fait les français partis là bas comme des citoyens de cet état »

      • Tout à fat d’accord, à premiere vue.. Or un état reconnu ne meure jamais; au mieux il est vaincu et change de régime, au pire il est vaincu et annexé. C’était un truc à mettre le feu au « machin » (i.e. l’ONU).

  3. C’est le grand écart… Comment dire que les combattants français de Syrie sont des méchants alors que les journaux répétaient à l’envi (et sans la moindre nuance) que tous ceux qui combattaient l’ignoble Bachar et son âme damnée Poutine étaient des gentils démocrates?

  4. Poutine a eu tout le loisir de prendre la mesure du probleme: l’opposition interieure se combat politiquement; l’opposition exterieure se combat par militairement. « On ira les buter jusque dans les . -chiottes ». J’allais le dire. Et vous, le direz-vous ?

      • Certes! Mais vous n’êtes cependant pas tous deux en ex-URSS tandis que votre Président n’est pas un ancien du NKVD ou de la GPU.
        Vous devrez donc vous contenter de la philosophie de ce bon M. Manuel Vals, ex-tenant des vertus républicaines françaises et actuel défenseur des vertus royalistes espagnoles, quand il déclara: « La France doit s’habituer à vivre avec le terrorisme’.
        Un peuple a les dirigeants qu’il mérite…

  5. « il est évident que les Français partis en Syrie voulaient rejoindre Daesh, à qqs exception près ».
    Waw, c’est la Sûreté qui vous a tuyauté ? Merci de me communiquer vos chiffres, ce serait très intéressant. Sinon, ce serait du grand n’importe quoi…
    En Espagne, il y avait les Brigades, la FAI anarchiste et divers mouvements armés défendant la République. Les Français s’engagèrent plutôt dans les BI par facilité et grâce à des filières communistes plus visibles. Ce qui n’en faisait pas pour autant tous des communistes purs et durs. La rencontre à Albacete avec le sympathique camarade André Marty allait en refroidir (dans tous les sens du verbe) plus d’un..
    Au lieu de vous laisser aller, comme un faible, à des écarts de langage en parlant de ‘branquignol’, il serait bon que vous passiez du temps libre à vous documenter sur le passé. Qui conditionne le présent.

  6. Quand des terroristes organisent un « Bataclan », se posent-ils des questions de droit ?
    Pour moi, un drone coûte moins cher que la prison ou qu’un bracelet électronique.
    Ils voulaient découvrir le paradis d’allah : il y avait le choix entre Al Bouraq et un drone. Désolé, mais on n’a pas trouvé al bouraq.

  7. Caius a tout à fait raison. C’est de la Realpolitik.
    Mais il n’empêche que politicards à courte vue et media français aux ordres portent une responsabilité dans cette affaire. D’où la gêne bien visible des journalistes qui après avoir adulé sans la moindre réserve l’opposition à Bachar doivent maintenant la noircir.
    Vae victis!
    En 1938, lorsque la victoire des Nationalistes était proche, tous les gouvernements qui avaient vilipendé les insurgés couraient se prosterner à Burgos devant le Caudillo.
    Et les combattants républicains ayant fui en France furent enfermés à Argelès et autres camps dont Artur Köstler (qui avait connu les deux) dira qu’ils étaient pires que Dachau.

  8.  » Or, le désigner comme un « djihadiste » est une manière mal assumée de lui reconnaître le statut de « combattant »  »
    Je suis en désaccord sur ce point. Le terme djihadiste renvoie de façon très assumée à  » combattant terroriste islamiste [qui n’a rien à voir avec l’islam] ».
    En accord avec le reste, la polémique sur les assassinats ciblés (on pourrait parler en langage médiatique de « frappes chirurgicales ») étant d’un niveau d’hypocrisie très élevé.

  9. @baygonjaune
    Les Brigadistes étaient tous considérés comme des ‘Rouges’ alors que, dans leurs rangs, il y avait pourtant des gars paumés, abusés et même idéalistes qui n’étaient pas du parti. Ce qui ne les a pas empêchés de prendre part à des atrocités, à des exactions et à des massacres. Il suffit de penser à l’éradication sanglante du POUM en Catalogne (déjà!) dont les membres étaient taxés ‘d’hitléro-trotskisme’.
    Rappelons que le retour des Brigadistes dans leurs pays d’origine fit l’objet de polémiques, la droite (dont l’AF) reclamant un jugement et, si possible, le peloton d’exécution pour ces ‘tueurs bolchéviques’.

  10. Bonjour , Il ne s’agit pas « d’assassinat ciblé « , pas plus que les tentatives du SAS durant la seconde guerre mondiale d’éliminer Rommel par des commandos ne l’étaient. En Syrie et en Irak règne un état de guerre reconnu internationalement contre une puissance ennemie avec laquelle nous sommes en état d’hostilité déclarée qui plus est.

    S’étonner de cela serait comme s’étonner ou se scandaliser d’une opération menée pour neutraliser les SS français de la division Charlemagne défendant le führer bunker en avril 1945.

  11. @mars
    « En Syrie et en Irak règne un état de guerre reconnu internationalement contre une puissance ennemie avec laquelle nous sommes en état d’hostilité déclarée qui plus est ».
    Finalement, cher Mars, la France en Syrie est en guerre contre qui? Le tyran sanguinaire Bashar qui a encaissé quelques jolis missiles? Les gentils démocrates luttant contre le Hitler de Damas et à qui la France a fourni armes et logistique? Ou l’ours soviétique (pardon,russe!) dissimulé perfidement dans l’ombre du méprisable satrape?
    Que Daesh, qui a bénéficié directement ou indirectement de l’aide française se soit retourné contre la main qui l’a aidé, c’est regrettable. Mais ce n’est pas en liquidant ou en éloignant de France les témoins gênants que le gouvernement français et les média ayant appuyé servilement une politique erratique retrouveront leur virginité dans ce triste carnaval de faux c….
    Quant à penser que des SAS british auraient pu ‘neutraliser’ (hypocrite euphémisme pour ‘assassiner’) des SS français à Berlin, pourquoi pas? Ce serait conforme à l’actualité puisque Londres appuya la montée en puissance du IIIe Reich de 1933 à 1938 (cf. entre autres l’accord naval) rien que pour emm… les Français et contrecarrer l’influence de leur pays en Europe. Lloyd George n’a-il pas dit que Adolf Hitler était le plus grand des Allemands ?

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