Pendant que le Mécanisme Européen de Stabilité est adopté dans la quasi-indifférence générale, le gouvernement travaille sur d’autres dossiers autrement plus décisifs. Ainsi, François Fillon, patron de l’administration française, vient de décider que Mademoiselle disparaîtrait des formulaires administratifs ainsi que les mentions « nom d’épouse » et « nom de jeune fille ». Si le PS s’est, à l’exception de quelques mohicans, piteusement abstenu sur le MES [1. Alors que son candidat propose de renégocier l’usine à gaz dangereux montée par Angela Merkel et acceptée par Nicolas Sarkozy.], rue de Solférino, on doit applaudir à cette révolution féministo-administrative.

Notons que Caroline de Haas, fondatrice de l’association Osez le féminisme, est aussi l’une des collaboratrices de Benoît Hamon. Mon excellente consoeur Coralie qui avait moqué la campagne « Mademoiselle, la case en trop » en septembre dernier, essuie aujourd’hui une défaite politique puisque le gouvernement vient de donner raison à l’association néo-féministe dont Magali de Haas, la petite soeur, occupe dorénavant le porte-parolat. Sur twitter, Caroline de Haas défend avec ardeur la décision gouvernementale et ne se place plus seulement sur le terrain de la sacro-sainte égalité Femmes-Hommes, justifiant qu’aucun terme de damoiseau ne vienne stigmatiser l’homme célibataire dans les formulaires administratifs. Désormais, elle utilise aussi l’argument du respect de la vie privée. « Bizarre ce besoin que le statut conjugal des femmes soit affiché partout. Ça regarde qui ? À part moi et mon/ma conjoint-e ? », twittait-elle ainsi mardi soir. Ce soudain souci de la vie privée ne laisse pas de nous étonner. N’est ce pas cette dame qui a fait du partage obligatoire des tâches domestiques une cause nationale, à tel point qu’Elisabeth Lévy lui avait demandé si elle comptait créer une brigade des plumeaux ?

Ce qui insupporte Osez le féminisme, c’est donc l’affichage du statut conjugal, et en particulier celui des femmes. Aussi suggéré-je à l’honorable association une autre batterie de mesures urgentissimes. La publication obligatoire des bans devant chaque mairie devant célébrer un mariage doit donc être d’urgence supprimée. Ne s’agit-il pas d’une stigmatisation insupportable désignant le fait qu’une jeune fille – pardon, une dame – passe de la propriété de son père à celle de son futur mari ? Une campagne que l’on nommerait avantageusement « Stop les alliances ! » pourrait aussi être lancée par l’association. Après tout, ne s’agit-il pas là aussi de montrer qu’une femme est prise en main ? Et que faire des femmes qui apprécient qu’on les nomme encore mademoiselle ou s’acharnent à porter une alliance[2. Je ne vous parle même pas de celles qui portent une bague de fiancée. La notion de « promise » rappelle les heures les plus sombres du patriarcat. ]? Dans un premier temps, on privilégierait des campagnes de persuasion telles que l’immémoriale « Osez le clito ».  Puis, on attendra que Caroline de Haas devienne ministre d’Etat, ministre de l’Egalité entre les genres chargée de la lutte contre le Patriarcat, pour que, enfin, l’alliance soit complètement prohibée sous peine de tranchage de l’annulaire, dont on aura évidemment entre temps changé le nom.

Trêve de plaisanterie. Que des associations mènent ce genre de combat, passe encore. Bernard Pivot, toujours sur twitter, les a exécutées de la plus belle  manière en se demandant si « les libellules vont demander qu’on ne les appelle plus des « demoiselles » ? Mais le Premier Ministre ! Le gouvernement de la France ! Ne peuvent-ils pas considérer que, depuis longtemps, les femmes choisissent à leur gré de cocher Mademoiselle ou Madame et que cela correspond au moins autant à leur propre décision qu’à leur statut conjugal ? Combien de femmes ont-elles été condamnées par la justice parce qu’elles cochaient Madame alors qu’elles n’étaient passées ni devant monsieur le maire, ni devant monsieur le curé ? Y avait-il urgence à priver toutes les femmes de cette liberté ?

Monsieur le Premier Ministre, sous l’amicale pression de Roselyne Bachelot, a donc cédé. A cet égard, il n’est pas complètement incongru de rappeler le discours du candidat Sarkozy à Marseille, lequel fustigeait ceux qui allaient dans le sens de la mode, en matière sociétale. Vous avez dit « campagne sur les valeurs ? »

10 commentaires

  1. « Je préfère faire commerce de mes provocations que faire carrière de mes soumissions » a dit ce week-end Zemmour en répondat à une attaque de fillon.Cette décision prouve à quel point Zemmour était,une fois de plus, dans le vrai.
    Fillon n’est rien d’autre qu’un centriste mou opportuniste tendant de plus en plus vers la gauche.Qu’il aille se faire élire à Paris,il y sera à l’aise au milieu des socialos-bobos.

  2. Joie des professeurs qui désormais appelleront « Madame Durand » au tableau même quand celle-ci n’aura que 15 ou 12 ans…

    Et puis, comme dirait ma fille, Madame Durand* c’est toi (ou mamie), moi c’est Mademoiselle Durand…

    (*) non, je ne m’appelle pas Durand :o)

  3. @DD,

    Nous sommes arrivés à une étrange station située entre « l’eurofascisme » (TD « Todd ») et la démocratie indirecte, laquelle n’a jamais vraiment eu de rapport avec la notion de peuple souverain.

    Il paraît que c’est grande sagesse que de lever le voile sur les chaînes qui nous tiennent éloignées des sphères de la conscience. A ce titre, je découvre encore tous les jours et dans des proportions consternantes qui ne me rassurent pas sur ce qu’il me reste de chemin à parcourir.

    Mais, le plus inquiétant, c’est que je n’ai jamais autant appris – malgré une biblio qui complexerait le directeur de la BNF lui-même – sur le pouvoir concret et ses réseaux divers que depuis une longue et récente période de vacances – rien de judiciaire… – me laissant le temps d’aller flâner sur le net.

    L’organisation du débat public par la sphère médiatique est un modèle de manipulation. Le tout est de savoir s’il s’agit d’une manipulation induisant un groupe d’intérêt à la manoeuvre et justifiant ainsi le treme de manipulation ou s’il ne s’agit jamais que du délire induit par la machine médiatique elle-même, cette chose monstrueuses et auto-référencée fonctionnant comme un trou noir de la pensée, de l’intelligence, devant à terme engloutir la démocratie.

    La technique s’introduit partout et réifie partout. L’image a pris possession du sens. Désormais, le dérisoire prend place avec autorité face à ce que l’ancien monde qualifiait d’essentiel ou d’important. Une mention administrative vaut la première page du monde, et le MES est à la rubrique faits divers.

    Toute la question est là David : y a t-il une main invisible dont le travail est d’abrutir le peuple et d’anéantir ses facultés de jugement – un grand Assommoir moderne -, où s’agit-il plus simplement du délire d’une machine médiatique que l’on ne peut stopper ?

    P’tête les deux…

    Le monde part en barigoule comme on dit dans l’sud.

    Ubu Ubu Ubu… Ubu partout et palotins par milliers maniant des milliers de pompes à phynance. Moi, quand j’était p’tit et gentil, la maîtresse me donnait des images. Rien a changé finalement. J’vous laisse David, j’ai un cours de Palystation tout d’suite entre deux émissions hypra classieuse sur des radios jeunes.

    Les médias sont une malédiction pour la démocratie et l’intelligences des peuple ; la télévision est une arme de destruction massive des intelligences.

  4. Il peut sembler à certains (surtout des hommes je remarque) que l’interdiction de demoiselle sur les formulaires n’était pas urgent je dis que si
    C’est un combat qui remonte à plusieurs années.

    Mademoiselle est un terme qui m’est insupportable depuis au moins mes 20 ans… Je ne me suis jamais mariée mais j’ai toujours coché madame. Je ne vois pas en quoi ma situation matrimoniale est intéressante. Dans ce cas, créons une case Mondemoiseau.
    Il ne faut pas oublier que Demoiselle est, à l’origine, un synonyme de pucelle…

    Vous écrivez : « les femmes choisissent à leur gré de cocher Mademoiselle ou Madame et que cela correspond au moins autant à leur propre décision qu’à leur statut conjugal ?  » Certes, mais dès que vous cochez Madame on exige de vous le nom de l’époux… et les logiciels sont ainsi fait que sans nom d’époux vous redevenez Mademoiselle… Et je ne parle pas des femmes mariées qui perdent leur nom dans les administrations à cause de ce fichu « nom d’époux ». Il était temps que les femmes existent par elle-même administrativement.

    « Y avait-il urgence à priver toutes les femmes de cette liberté ? » Quelle liberté ? mais personne n’interdit l’emploi de Mademoiselle ! il ne figurera plus sur les formulaires, tout simplement… le mot ne disparaît pas de la langue française.

    Mademoiselle est un terme qui me hérisse, Mademoiselle est un terme sexiste… quand un homme s’approche de moi et me dit onctueusement Mademoiselle, c’est simple, c’est qu’il me trouve bonne à glisser dans son lit et pense me faire un compliment ; il se prend alors une remarque cinglante dans les dents parce qu’à mon âge je ne suis plus demoiselle depuis bien longtemps.

    Alors oui, il y a des urgences mais il y a aussi les combats de seconds plans à mener et à gagner… car dans ce cas, face à la crise, l’égalité salariale homme/femme c’est aussi un combat de second plan. Et on peut se battre pour (ou contre) plusieurs choses à la fois.

  5. @ Khabbale

    Il y a dans « Mademoiselle » de l’éternellement féminin qu’on ne retrouvera pas dans le très « administratif » Madame. Il ne viendrait à l’idée de personne d’appeler sa belle-mère de 45 ans « Mademoiselle ». Ne vous inquiétez pas Khabbale, cette disparition n’indique jamais que celle de toute forme de poésie dans les rapports humains au profit d’une contractualisation croissante de toutes forme de sentiments ou relations. Le monde du commerce met tout en coupe réglée et, désormais, il s’attaque à la langue. Tuez donc la poésie en toute tranquillité ; celle-ci ferme toujours sa gueule quand on lui écrase la tronche avec une botte d’acier ; c’est là sa politesse du désespoir. Désormais, nous serons tous des agents administratifs numérotés et uniformisés. Un bien beau monde qui s’annonce, bien moderne, que j’vous laisse Mademoiselle !

  6. Mais de quoi se mêlent donc tous ces représentants du sexe masculin qui critiquent cette loi que j’applaudis des deux mains ? Vous concerne-t-elle directement ? Vous enlève-elle des privilèges ? Non, alors, où est le problème de votre côté ? En quoi cela vous dérange-t-il que l’on se contente désormais d’indiquer sur un formulaire si l’on est un homme ou une femme, point barre ?
    N’y a-t-il pas plus urgent, dites-vous ? Oui, mais alors quand, pour cette loi, à la Saint-Glinglin, comme pour tant d’autres ? Il y aura toujours des râleurs pour se cramponner aux archaïsmes qu’il est temps de faire disparaître. Merci, monsieur Fillon, pour une fois que je vous dis merci, c’est rare…
    Et je ne me considère pas du tout comme féministe, c’est une simple question d’équité sociale homme / femme.

  7. Sur cette pantalonnade dont parle DD dans cet article (« Mademoiselle »), l’excellente chronique d’Élisabeth Lévy sur RTL, ce matin.
    (Cette semaine, en alternance avec Éric Naulleau, elle remplaçait Éric Zemmour).

    http://www.rtl.fr/emission/z-comme-zemmour/ecouter/rtl-opinion-haro-sur-la-republique-des-lobbies-7744193801

    Je conseille aussi celle de lundi où elle « habille pour l’hiver » (même si la saison est bien avancée) le procureur Bernard Beffy qui a poursuivi le « grand criminel » qu’est le maire « giffleur » de Coulsore dans le Nord.

    Remarquez, sur son blog, Philippe Bilger s’était aussi demandé si celui qui fut son collègue (Bilger est un avocat général en retraite) était désoeuvré.
    Non, M. Bilger, au contraire : à la fin 2011, ce procureur (Beffy) refusait de recevoir la famille d’une jeune fille décédée dans des conditions surprenantes car il était « débordé ».

  8. @ Kerstin.

    On supprime la mention « Mademoiselle » ?
    Pourquoi pas ? Ça ne me gêne pas du tout, disons que « ça ne me fait ni chaud ni froid ». D’ailleurs, moi je dis toujours à une dame : « Bonjour Madame ».

    La seule question qu’on peut se poser c’est : nos gouvernants sont-ils à ce point désoeuvrés qu’ils se précipitent pour prendre une décision aussi « capitale » ?
    Il est vrai, « les pauvres », que leur pouvoir est limité (finance, mondialisation, Europe, cours des droits de l’homme, lobbies, etc…, etc…, etc…), il faut donc qu’ils montrent qu’ils sont encore là.

    Dites donc, il n’y a pas que des hommes qui critiquent cette façon de gérer.
    Parmi les critiques, citons Élisabeth Lévy et Natacha Polony qui ne semblent pas être des « femmes soumises », c’est le moins que l’on puisse dire.

    Alors, pourquoi les hommes n’auraient-ils pas le droit d’ironiser aussi ?
    C’est ça votre conception de l’égalité hommes/femmes ?

  9. Le « politiquement correct » a aussi frappé sur un autre sujet (cf la chronique d’É. Lévy).
    Je n’ai pas de sympathie pour Vanneste.
    Sous le couvert d’un combat légitime contre le « lobby gay », il s’en prend en réalité aux homosexuels comme personnes.

    Mais, ce qu’il a dit concernant la non déportation d’homosexuels français en raison de leur orientation sexuelle est une vérité historique, sauf en Alsace-Moselle. Confirmée par ce « négationnistes » qu’est probablement Serge Klarsfeld, ce que confirmait dans ses écrits Pierre Vidal-Naquet (autre « négationniste »).

    Les Nazis n’ont agi ainsi qu’avec les homosexuels allemands et ils avaient rattaché au Reich les 3 départements d’Alsace-Moselle.
    Et voilà que « le gros » de notre classe politique, de Pierre Laurent à Nadine Morano s’est précipité : « négationnisme ».

    Qu’ont réussi à démontrer ces gens-là ?
    – La confirmation de leur inculture crasse.
    – Ils sont finalement les meilleurs agents de promotion de Vanneste.

  10. Chère Khabbale, avez-vous remarqué que les femmes n’ont pas de nom ? Car leur nom de jeune fille est celui de leur père, comme d’ailleurs leurs mères qui portent le nom de leur propre père…

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