L’un se décomplexe pendant que l’autre prend de la hauteur

On ne le répétera jamais assez, l’élection à la présidence de l’UMP se jouera sur une opposition de styles. Les efforts déployés par les uns et les autres pour nous expliquer que Copé est plus à droite que Fillon, que Fillon serait plus gaulliste, voire gaulliste social -rires dans la salle- ne convaincront que des personnes à l’oeil politique très peu averti. Cette conviction est parfaitement illustrée par l’affaire dite du pain au chocolat, profondément révélatrice des stratégies respectives des candidats.

Copé a entamé un tour de France des fédés UMP afin de vendre sa « droite décomplexée », titre de son livre sorti à l’occasion de la campagne interne. Visiblement, Copé a lâché les chevaux dans le bouquin en question et les journalistes, qui sont loin de l’avoir tous lu, découvrent au fur et à mesure des discours, les nouveaux thèmes du candidat. C’était déjà le cas du « racisme anti-blanc », c’est aussi le cas de cette histoire de pain au chocolat, évoquée page 41 du livre, comme l’a noté le journaliste d’iTélé, Florent Peiffer. Seulement voilà, personne ne l’avait remarqué. Du coup, à Draguignan, Copé a demandé à ce que cette phrase soit absolument twittée parmi les extraits de discours sur le réseau social. L’appât a parfaitement fonctionné. Les twittos se sont jetés dessus et en moins de douze heures, le pain au chocolat de Copé faisait la une des flashs radios. Ainsi, avec la complicité involontaire de tous ceux qui se sont indignés de sa phrase sur le réseau twitter, Copé a pu montrer à quel point il était droitodécomplexé non seulement au militant varois mais aussi à celui de Châteauroux, Argenteuil et Valenciennes. Opération médiatique réussie.
Copé sait très bien que les militants UMP sont d’accord avec lui sur les thèmes liés à l’immigration, l’islam, la laïcité, l’intégration. Il suffit d’avoir adressé la parole à quelques uns d’entre eux pour se rendre compte que leurs différences avec les militants FN se situent davantage sur les sujets économiques et européens. La stratégie de Copé consiste donc à leur dire combien ils leur ressemble et qu’il n’a pas peur de l’afficher, lui- suivez son regard. Comme il a le sentiment d’être en retard sur son adversaire, il en fait des tonnes, et déçoit même les journalistes qui le prenaient pour un gentil garçon bien propre sur lui. Mais il sait que ce n’est pas à la rédaction de Marianne ni celle du Nouvel Obs que va se jouer l’élection. Et il sait que son destin politique se joue ces semaines. Alors il joue son va-tout.

François Fillon joue la stratégie radicalement inverse. Il sait qu’il est actuellement l’homme le plus populaire à droite, loin devant tous les autres, y compris Nicolas Sarkozy. Et il n’a pas tort de penser que son style discret, calme, son image d’homme pondéré plaisent aux électeurs de droite. Il sait que c’est justement parce qu’il se situe aux antipodes du style sarkozyste qu’il est apprécié. Les militants, qui rencontrent les électeurs de droite, le savent aussi. Ils ont beau être « droitisés » comme l’analyse Copé à juste titre, ils n’ont pas envie de perdre la prochaine élection présidentielle pour des raisons de comportement. De plus, Fillon a pour lui une plus grande expérience. Il a été premier ministre pendant cinq ans alors que le poste le plus important occupé par son adversaire est celui de ministre du budget.

Ainsi, Fillon ne répond jamais à Copé sur ces questions de racisme anti-blanc ou de pain au chocolat. Et pour cause, il connaît lui aussi très bien son militant de droite, de Draguignan, de Châteauroux ou d’ailleurs. S’il élude le fond, il critique néanmoins le style de Copé : « je ne l’aurais pas dit comme ça ». Continuer d’apparaître comme un homme d’Etat, et faire passer son adversaire pour un agité, un sous-Sarkozy, voilà donc la stratégie de Fillon.
Pour le reste, ils sont d’accord sur tout, absolument tout. Jusqu’au 18 novembre, on aura droit à ce ballet. On nous annonce même un face-à-face sur France 2 à l’occasion de Des paroles et des actes. Ce soir là, François Lenglet, le monsieur économie de l’émission, pourra rester à la maison. En revanche, Nathalie Saint-Cricq qui tient la rubrique « intimiste »et sonde les âmes et les coeurs, pourrait se révéler beaucoup plus utile que d’habitude.

8 commentaires

  1. pour moi:c »est simple;
    se sera cope
    pourquoi: 5 ans a diriger la FRANCE en faillite;
    et avec le SARKO,il y a AJOUTER 600 millions d »euros?
    un incompétent notoire
    de plus:perdre la Sarthe,mettre le bordel a PARIS;et vouloir diriger la droite molle;un comble pour un type qui a ECHOUER;
    dans le priver,on aurait jeter ce triste politiciens
    reste COPE ;;un vicieux,malins;qui est prêt a tout pour réussir
    comme;il est tres courageux;SOURIRE
    il ne répond jamais a cette questions;
    2014 2017 il va devoir passer un accord avec la droite national,,
    sans langue de bois::MOI

  2. Tout à fait d’accord avec votre analyse. Néanmoins, les positions « modérées » de F. Fillon, comme son fameux « ni-ni » des législatives restent en travers de la gorge de nombreux sympathisants de droite et semblent même extrêmes en termes de rapprochement avec les idées de la gauche (ou avec l’idéologie dominante, ce qui revient au même) et écorne sérieusement ceux à qui son « style discret et calme » avait plu en premier lieu.
    Mais comme l’UMP entraîne bon nombre de ses sympathisants dans sa dérive vers la gauche, il n’est pas dit que cela lui porte préjudice.

    • Certes. Mais JF Copé est sur la même ligne « ni-ni » en matière d’alliance avec le FN. Ce n’est donc pas là dessus que cela se jouera. Sauf si JFC brisait ce tabou-là avant le 18 novembre mais c’est absolument impossible : n’oublions pas qu’il est aussi le candidat de JP Raffarin.

  3. @David,

    Salut à toi et à tous,

    Comment se fait-il qu’un ancien disciple de Philippe Seguin (Fillon a dit que Philippe Seguin était son mentor) est pu se fourvoyé dans le libéralisme, l’européisme et la remise en cause de l’Etat-Nation ?

    Petit rappel : Fillon a voté non lors du référendum sur le Traité de Maastricht en 1992 ! Il est séguiniste patenté !

    Quinze ans plus tard nous le retrouvons libéral-européiste et sarkozy avalant couleuvres et boas sarkozystes et européistes !

    Son évolution ne date pas de son entichement pour Sarkozy mais bien avant, en 2003, Fillon fait dans la cassure sociale et le renoncement du rôle stratégique de l’Etat républicain.

    Il est certes l’homme le plus populaire de la droite (Rocard était aussi l’homme le plus populaire de la gauche voire pour l’ensemble des Français) a-t-il la possibilité de devenir un jour Président de la République (parce que derrière la primaire pour la première place pour diriger l’UMP c’est bien la pôle position à droite en 2017 pour la future présidentielle qui se joue aujourd’hui !

    Je pense que Fillon a souffert, terriblement souffert, durant ces cinq dernières années d’être le faire valoir (pardon le collaborateur du magistère Sarkozy) et donc, il est vrai que la défaite présidentielle de Sarkozy a été une délivrance ou tout du moins un lâche soulagement.

    Fillon, s’il veut avoir une chance de briller, devra devenir un Chaban de gauche ou un Chevènement de droite et devra renouer avec le gaullisme social et souverain et un volontarisme républicain et politique en matière économique.
    Je ne sais pas si l’en est capable vu ses soutiens et son récent passé de 1er Ministre du libéral interventionniste Sarkozy !

    Fillon veut prendre de la hauteur. Espérons qu’il prendra les vents porteurs de la République et du plein retour de l’état-nation souverain et stratége sinon il risque de retomber bien bas et rejoindre le décomplexé Copé qui lui fait dans le rateau large et la parole primaire qui parle bien à certains français mais qui tambouille dans les eaux saumâtres du pur libéralisme, du pur libre échangisme économique, du pur européisme !

    L’un parle fort et brut de décoffrage mais propose un programme politique des plus libéraux et des plus européistes !

    L’autre s’élève mais propose quoi, un programme qui ne tranche pas et surtout qui respire partout les accointances et les acceptations de l’ère Sarkozy.

    • ALLONS,ne soyez pas naïf?
      pour se faire élire,on passe la brosse dans le sens du poil:::après on fera autre chose?
      se sera copé–jacob
      tout les gens savent que sans un accord avec M LEPEN en 2014 ET 2017 ,l »UMP seule est INCAPÄBLE de revenir au pouvoir
      attendons l »élections et le nombre de votant;a jours de cotisations?
      on sait très biens;que certains cotisations sont payer en liquide? pars QUI a votre AVIS?
      et vu se qui va se passer en 2013,,des surprises sont a attendre dans les futurs élections?

  4. Copé : favorable au traité européen
    Fillon : favorable au traité européen

    Aujourd’hui le marqueur significatif des clivages politiques est là, et nous savons à quoi nous en tenir sur le prétendu clivage Copé / Fillon. Le reste…ce n’est même pas de la littérature (que Copé apprenne à écrire « à tout prix » et non « à tous prix » et ensuite on pourra – peut-être – commencer à parler de littérature)

  5. Excuses pour la mauvaise manoeuvre précédente.

    Cet article a eu droit, ce matin, aux honneurs de la revue de presse de Natacha Polony sur Europe 1.

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