A écouter les commentaires qui ont suivi l’affaire Hortefeux, il semble y avoir deux coupables. Le ministre, bien entendu, et Internet.
Passons sur Hortefeux. Philippe Cohen a très bien résumé ce que je pense aussi et je renvoie mes lecteurs à son excellent papier de vendredi matin sur Marianne2.fr. Arrêtons nous en revanche sur Internet. L’orwellisation de la société serait en route, ce qui n’est pas douteux, et Internet en serait la cause principale, ce qui, on le verra, l’est davantage.
D’abord, examinons ces vidéos qui ont eu du succès sur Internet ces derniers mois, parfois volées, ce qui confine effectivement à Big Brother, mais pas toujours : Sarkozy au salon de l’agriculture ? Le Parisien ! Valls et son besoin de whites et de blancos ? Une caméra et un micro acceptés au préalable par le député-maire d’Evry ! Hortefeux ? Public Sénat[1. Ce qui, d’ailleurs, n’a pas manqué de provoquer un évènement sur ce blog. Au passage, je ne voudrais pas minimiser ma boulette mais cette chaîne dispose vraiment d’un matériel de mauvaise qualité….], relayée ensuite par Le Monde.
Certes Le Parisien et Le Monde se sont servis de leurs sites internet mais convenons que faire passer un document audiovisuel sur du papier, ce n’est pas facile. Il s’agit de journaux qui ont pignon sur rue. On n’imagine pas que Le Monde.fr ait diffusé ces images sans l’accord du directeur du « grand journal du soir ». Ou alors, il y aurait un sacré problème de gouvernance, comme on dit aujourd’hui.
Une seule vidéo à succès semble être le fait d’un « amateur ». Il s’agit de celle qui, rappelons nous, mettait en scène Ségolène Royal, laquelle fustigeait certains professeurs qui allaient émarger à Acadomia. C’était pendant la campagne interne au Parti socialiste pour l’investiture. Et il s’agit d’un coup bas comme il en arrive dans tous les partis en général, et au PS de ces dernières années en particulier. Qui nous dit d’ailleurs que le militant -je crois me rappeler qu’il s’agissait d’un supporteur de DSK- n’aurait pas réussi à « vendre » son document en l’absence de Dailymotion ou de Youtube ? Quitte à accuser la technique, on peut même ajouter que la miniaturisation des moyens d’enregistrement d’images semble davantage en cause ici que le fait de disposer d’un réseau mondial d’informatique.
Donc, les journalistes « institutionnels » qui crachent sur la Toile, et qui la rendent coupable de telles dérives pour l’intimité, se moquent du monde. Le coupable n’est pas Internet, mais l’utilisation que certains en font[2. Je vous renvoie à l’article que j’avais déjà consacré à Internet l’hiver dernier], comme ils le faisaient auparavant et comme ils le feraient si ces moyens là n’existaient pas. Que je sache, le culte de la transparence, le gommage progressif de la frontière entre vie privée et vie publique ne datent pas d’aujourd’hui.
Et puis, sur le cas Hortefeux, soyons sérieux ! On nous a rebattu les oreilles sur les quelques cinq-cent mille visionnages de la fameuse vidéo jeudi après-midi. Mais que pèsent ces 500 000 par rapport aux quelques millions de téléspectateurs qui l’ont vue sur Canal + à 19h15 ? Et sur les chaînes Info ? C’est absolument ridicule ! S’il n’y avait pas eu le Net, on aurait sauté la case et on serait passé directement du vidéaste à I-Télé, BFM ou même chez Denisot. Seulement, tous ceux là n’auraient pas eu l’excuse d’annoncer juste avant la diffusion sur leurs chaînes : « voilà ce qui fait du buzz sur Internet ! ».
Bande de Tartuffes….
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