J’avais déjà l’intention d’écrire sur la relation délicate de Nicolas Sarkozy avec la procédure référendaire avant que Frédéric Rouvillois ne publie une excellente mise au point dans les colonnes de Causeur. Plus rapide que moi, il a donc expliqué avec des arguments incontestables à quel point le candidat-président ne constitue pas la personnalité politique la plus crédible quant à l’Appel au Peuple dont il se fait depuis samedi le zélateur.

Qu’on me permette d’ajouter trois éléments afin que le lecteur -et surtout l’électeur qui est en lui- soit convaincu, non seulement de cette non-crédibilité, mais, pis encore, de la certitude que Nicolas Sarkozy se paye notre bobine.

A l’été 2007, alors que le Président fraîchement élu rend visite aux parlementaires européens, il participe à une réunion avec les présidents de groupes politiques. Et il leur explique, avec sa franchise habituelle, pourquoi il ne soumettra pas le tout nouveau traité de Lisbonne au peuple français. Il leur assène que si c’était le cas, ses compatriotes diraient évidemment non et donc qu’il faut se passer de leur avis. Quand on fait quelque chose à quelqu’un sans son consentement, et pis, en sachant pertinemment qu’il n’est pas d’accord, comment cela s’appelle t-il ? Un viol. Au passage, tordons le cou à un canard -certes boîteux- qui déambule lorsqu’on interroge les responsables de ce viol démocratique. Ils nous racontent à l’envi que le peuple était prévenu avant de voter pour Nicolas Sarkozy, lequel avait bien spécifié qu’il n’y aurait pas de référendum. Ils oublient en général d’ajouter que ledit texte était présenté comme un « traité simplifié réconciliant la France du oui et celle du non ». Or, comme l’explique très  bien Frédéric Rouvillois, ce texte ne réconcilie rien du tout. Il reprend l’essentiel (95 % aux dires du rédacteur du TCE, l’ancien président Giscard d’Estaing, peu suspect du moindre euroscepticisme) du traité rejeté par le Peuple français en 2005.

La défiance de Nicolas Sarkozy envers l’appel au peuple ne se manifeste pas seulement envers ses indisciplinés compatriotes. Lorsque les Irlandais ont rejeté le Traité de Lisbonne -la France présidait alors l’Union européenne- il leur a expliqué qu’il ne voulait pas les juger mais que, tout de même, ils n’étaient pas très raisonnables. Magnanime, il leur a donc donné une chance de voter oui lors d’une nouvelle -et contrainte- consultation populaire.  Ainsi va l’Europe depuis cinquante ans et à laquelle participe Nicolas Sarkozy : si tu votes oui, bravo : le peuple souverain a parlé. Si tu votes non, on te refait voter jusqu’à ce que tu dises oui. Mais parfois, il y a urgence. Les Grecs n’ont même pas eu la chance de pouvoir voter oui au référendum proposé par Georges Papandréou il y a quelques semaines. Le monsieur a été convoqué et on lui a expliqué qu’il allait renoncer fissa à cette malheureuse initiative. A cette occasion, rappelons-le, les éléments de langage en vogue étaient fort différents de ceux d’aujourd’hui sur le sujet de l’appel au peuple. « Irresponsable ! », avait notamment martelé Christian Estrosi que je m’étais permis de rappeler à l’ordre.

Enfin, on attend toujours la proposition de soumettre le nouveau traité européen au peuple français. Il n’en est absolument pas question. On imagine fort bien que, si telle était son intention, le Président l’aurait annoncé dans son entretien au Fig-Mag ou en annonçant sa candidature sur le plateau de TF1.

Lorsqu’on rassemble les arguments de Frédéric Rouvillois et les miens, on ne voit finalement que deux solutions. Ou le candidat Sarkozy se fout ouvertement de la gueule du monde. Ou il s’apprête bien à inventer un nouveau genre de référendum. Nous nous rendrions tous aux urnes et il n’y aurait qu’un seul bulletin à disposition. Le oui.

 

17 commentaires

  1. il est: vraiment fort;;;le nicolas
    il achète tout;surtout les gens qui se présente contre lui;
    d »abord le JL BORLOO;;;puis la pasionaria catholique;puis le M MORIN
    reste la poupée de CAP21;;
    comment le peuple de FRANCE peut t »il avoir confiance dans les politiciens;
    tout s »achète;tout se vend;surtout la conscience;
    apres tout cela;il ne faut pas s »étonner de la monter du FN
    heureusement;RESTE ND AIGNANS;;droit dans ses bottes;
    apres le playboy fortuné;lui;il est la pour le fusiller;
    donc;se sera HOLLANDE LEPEN ;et le François pourrait tres bien s »allier avec l »autre François
    le dernier référendum;;a t »il été respecter pars le président?
    bien sur que NON;;qui peut le croire;PLUS personne;c »est clair

  2. « Enfin, on attend toujours la proposition de soumettre le nouveau traité européen au peuple français.  »

    On rêve d’un « vrai » journaliste demandant à N.S. (pendant qu’il parle de soumettre à referendum les questions qui bloquent pour « redonner la parole au peuple ») si tel sera le cas pour ce nouveau traité européen.

  3. Votre article souligne la seule vraie questiion que j’attendais qu’on pose à sarkozy,malheureusement personne n’a relevé ce fait y compris ses adversaires na relevé ce fait dans les médias.Notamment flanby qui ne cesse de parler d’un referendum sur la TVA sociale ,il est vrai qu’il était d’accord avec sarkozy à propos du TCE (ah la fameuse couverture de Paris-Match..)

  4. Eh oui ! On revient à l’essentiel ! Le stade d’après c’est un gouvernement à la grecque ou à l’italienne : il nomme Trichet comme premier ministre et les PDG des banques comme membres du gouvernement, avec comme ministre des finances Wolfgang Schäuble, le premier ministre germano-français. Vive la Collaboration pour une Europe Nouvelle, comme aurait dit le Président Laval.

  5. je n’ai jamais voté a gauche je ne me suis jamais abstenu jamais voté blanc ou nul en deux mots j’ai toujours pris mes responsabilité mais cette fois trop c’est trop je ne pourrais jamais voter sarko une deuxième fois ……que ferais -je ? on verra qui restera le 06 mai lais le blanc me plains bien s’il ne reste que Hollande et le nain !!!

  6. J’attendais cet article, il n’a pas traîné.
    Quant aux socialistes, comment pourraient-ils interpeller Sarkozy sur le sujet alors que la majorité des 3/5ème des suffrages exprimés au congrès (pour modifier la constitution) ne pouvait être obtenue sans eux ? Ils ont fait un simulacre de résistance pour donner le change aux imbéciles mais ont permis la validation grace aux quelques « oui » et aux abstentions. Il reste, du coup, nettement moins de monde dan le corps politique pur lui mettre le nez là où je pense.

  7. Un seul mot : BRAVO !

    Sarkozy ne manque pas de toupet !
    Hélas, c’est aussi ce qui fait sa force. Mais en face…
    Je crois que, hélas encore une fois, il va dfalloir se promener le long du Doubs le 6 mai prochain !
    Stéphane

  8. Pas la peine de vous torturer les méninges DD,

    il se fout carrément de notre gueule pour occulter le référendum sur le Traité M.E.S. qui passe à la trappe référendaire.

    Détournement de référendum (s) en se servant des chômeurs contre les « encore actifs ». Mais l’inverse ça fonctionne aussi, ça appirte de l’eau au moulin à son projet sur la formation puisqu’il va mettre en place sa purge salariale flexibilité inspifée du modèle allemand.
    Il faut s’entrechoquer les chômeurs et les encore actifs pour se dédouaner de l’emploi par la croissance qu’il n’a pas à proposer. Il nivelle l’emploi par le bas en multipliant les temps partiels et en désignant des boucs émissaires, le coup du shaker, de la shakerrisation.

    Il détourne notre attention de l’essentiel, c’est à dire un référendum sur le Traité M.E.S. qui continuera la politique de la troïka fédéraliste.

    Dézingage et dissoudrage de la France sont les deux mamelles de Nicolas Sarkozy.

    Il réchauffe les plats et insulte notre intelligence en faisant selblant de s’inscrire
    dans la continuité de la consultation référendaire du Général de Gaulle.

    Quel gaulliste ce nico !

    Je me demande pour le 2ème tour, dans l’hypothèse ou mon candidat de la sortie de l’euro et du protectionnisme, NDA, n’était pas en lice,
    je pousserais pas le vice, pour lui faire barrage et le faire caguer, pour le flamby.

    Franchement, en ce moment, ça me titille.

    C’est pas une trahison gaulliste.
    Sarko c’est pas un gaulliste seulement un opportuniste teinté d’n léger narcissusme.

    Merde pour merde, quelle est celle qui les emmerdra le plus avec in fine stratégie ?

    Plus rien à perdre.
    Si ce M.E.S. est voté en catimini, sans référendum populaire, Nicolas Sarkozy pirtera la responsabilité d’une nouvelle révolution française.

    Qu’on se le dise.

  9. Voilà où on en est en France.
    Ils se foutent de notre gueule.
    Moi, sarko, je lui réserve un chien de ma chienne.
    Jamais un président nous a traité de la sorte, nous a méprisé avec un cynisle cinfunant à la pathologie. (J’ai voté pour lui en 2007, j’en boufferais mon jupon de tulle).
    Les supranationales grosses bouboules.

  10. Le dernier gaulliste c’était de Gaulle,sarko n’est pas gaulliste mais chirac ne l’était pas d’avantage.
    A vrai dire parler de Gaullisme devient aussi absurde que de parler de Bonapartisme.

  11. Sur la contradiction entre la pratique de Sarkozy et sa soudaine passion pour les référendums, tout a été dit dans l’article ci-dessus et celui de « Causeur » :

    – Attitude sur le traité de Lisbonne.
    – Comportement envers les Irlandais (que le ministre Kouchner avait même injuriés).
    – Suppression du référendum obligatoire en cas d’élargissement de l’UE (après avoir tâté le terrain avec une campagne menée par son ministre, le socialiste Jouyet).
    – Vaste réforme constitutionnelle de l’été 2008 non soumise à réferendum (contrairement à l’adoption de la constitution de 1958).
    – Comportement envers Papandreou et la Grèce.
    – Ratification à la va-vite de l’actuel traité européen au cours duquel, de l’avis de nombreux politiques (MF Garaud, Villepin, Montebourg, …) et d’observateurs allemands (1), Sarkozy a capitulé « en rase campagne » face à Merkel. Mais, surtout pas par référendum.

    (1) Pour certains Allemands, Sarkozy est « le majordome » de Merkel.
    Cette vidéo est aussi sur le site du « Figaro », mais sans traduction :
    http://www.youtube.com/watch?v=39D_5zkHfhk

  12. Un référendum porterait sur le transfert de l’argent de la formation professionnelle sur celle des chômeurs.

    Le problème de fond, c’est la réindustrialisation du pays.
    Ce qui nécessite de combattre le libre-échange sans limite avec un minimum de protectionnisme, de pouvoir emprunter à la BCE ou à la Banque de France, de retrouver une certaine autonomie monétaire (monnaie commune et non unique), ….

    Ceci étant, la formation est aussi importante : des chômeurs ET des salariés. Pourquoi les opposer ? Pour organiser un clivage politicien ?

    Certes, si Sarkozy est un mauvais gestionnaire, il soulève des questions réelles.
    Or, il est vrai que la formation permanente est souvent un « foutoir », ce qui limite son efficacité et il serait sain d’y mettre de l’ordre.

    Bon, mais qu’il s’attelle à la tâche (non entamée depuis 2007).
    On se demande en quoi le transfert uniquement aux chômeurs corrigerait cette situation.
    Et en quoi un référendum apporterait des solutions qui sont techniques.

    Certes, on nous dit que c’est pour contourner un éventuel blocage de syndicats et autres lobbies qui trouveraient avantage à la situation actuelle.

    Franchement, si Sarkozy gère cette affaire de formation comme il a géré les problèmes de l’École, on ne verra rien venir.

    En 2007, Sarkozy se prononçait pour une École des savoirs, de l’effort où les enseignants enseignent et les élèves apprennent.
    Son ministre Darcos avait mal commencé en libérant de samedi matin dans le primaire.
    Mais, il avait des velleités d’aller dans le sens des promesses de la campagne.
    Avec Chatel, on tourne carrément de dos à ces promesses et on va dans le sens des lobbies pédagogistes.

    Alors, cette question référendaire n’est pas sérieuse.

  13. Une autre question porterait sur le transfert de la gestion des questions d’immigration (dont les expulsions) des tribunaux judiciaires à la Justice administrative.

    Sarkozy pense que ce serait plus rapide et plus sévère.

    D’abord, avant d’expulser des immigrés, il faudrait les empêcher d’entrer.
    Sarkozy se vante d’expulser plus d’immigrés irréguliers (30000 par an) que Jospin (10000 environ).
    Oui, mais, il y a eu deux fois plus d’immigration légale sous Sarkozy (200000 par an) que sous Jospin, particulièrement à cause de la politique « d’immigration choisie » (défendue maintenant par le dirigeant du PCF Pierre Laurent).
    Ajoutons que, pour plaire à ses amis du show-biz, le ministre de l’intérieur Sarkozy avait supprimé la « double peine », autrement dit l’expulsion de délinquants étrangers.

    Certes, je me souviens avoir été agacé par une décision de justice faisant revenir en France deux étrangers qui profitaient de manifestations contre le CIP (1994) pour piller des commerces. Pasqua les avait expulsés et la Justice les rappelait.

    Mais, est-on sûr que la Justice administrative ferait mieux ?
    Au sommet, il y a le Conseil d’État.
    Un rappel historique.
    La polygamie est interdite en France depuis des siècles. Logiquement donc, l’ordonnance de 1945 interdisait de donner des titres de séjour à des familles polygames.
    Or, en juillet 1980, par l’arrêt Montcho, le Conseil d’État décidait que ces familles pouvaient bénéficier de titres de séjour en France.

    Alors, si Sarkozy veut transférer d’une justice à l’autre qu’il le fasse.
    C’est un problème technique, une sorte de « cuisine ».
    Mais, on ne voit pas ce qu’un référendum viendrait faire « dans cette galère ».

    Finalement, Sarkozy refuse les référendums pour des modificatioons constitutionnelles ou pour ratifier des abandons de souveraineté. Sujets pour lesquels cette procédure est utile.
    Mais, il souhaite en faire sur des questions techniques pour lesquelles les référendums ne servent à rien.
    Sauf à diviser entre elles les catégories sociales.

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