Blonde, brune, sieste et touites

La campagne pour les élections régionales part sur des bases qui ne semblent pas, pour le moins, flirter avec la haute politique. Il se peut même que l’on soit davantage proche de la cour de récréation. De lycée, de collège ou d’école primaire ? Pour ma part, j’hésite entre les deux dernières propositions depuis que j’ai appris le dernier épisode de la campagne francilienne que je me propose de conter.

Valérie, la blonde versaillaise, est candidate aux élections régionales. Elle veut devenir la présidente à la place du Sieur Huchon. Anne, la brune parisienne, est conseillère régionale mais elle souhaite plutôt succéder à Bertrand Delanoë à l’Hôtel de Ville de Paris. Elle sait que le basculement à droite de la Région pourrait bouleverser ses plans.

La scène se passe en pleine séance budgétaire au Conseil Régional. Madame Hidalgo croit apercevoir Madame Pécresse assoupie. Elle dégaine son téléphone mobile et prend la ministre en photo. Celle-ci dort-elle réellement ? Impossible de trancher. Anne Hidalgo a pris une photo complètement floue. On est plus proche du cliché pris par un enfant de six ans que des pages intérieures de Match. Le commentaire qui accompagne la photo loupée n’est guère plus réussi :« V Pecresse tres tres fatiguee pdt le vote du budget a la region… Je lui souhaite de bonnes vacances a l’Ile Maurice ». On remarque ainsi que les accents doivent être en option sur son téléphone. C’est sur son compte « Touiteur » que la brune moque ainsi la blonde, vendredi en fin d’après-midi.

Mise au parfum, Valérie Pécresse réagit et touite à son tour :« Madame Hidalgo ne recule devant rien, même pas devant les images truquées ! » On remarquera que la blonde a trouvé, quant à elle, la façon dont on écrit en français sur ces petites merveilles technologiques. Bon point pour elle. Là où elle moins bonne, c’est quand elle fait savoir qu’elle ne dormait pas mais écrivait un SMS. Mais Valérie ![1. Comme l’ambiance est à la cour d’école, je m’adapte…] C’est pire ! S’assoupir pendant qu’on discute des crédits de viabilisation des lycées franciliens, c’est largement pardonnable. Mais en profiter pour écrire des textos comme un malpoli pendant un discours papal ou un élève du Lycée Jean-Lurçat pendant un cours d’anglais, cela constitue une véritable faute de goût.

Au lieu de se défendre si maladroitement en l’accusant de truquer des photos, elle aurait dû offrir « La Photographie pour les nuls » à Anne Hidalgo devant les caméras de télé.  On savait qu’elle se révélait piètre oratrice. On découvre aujourd’hui que sa réactivité face aux attaques -pourtant si ridicules- de ses adversaires ne se hisse pas à la hauteur de l’enjeu. Quant au cas de Madame Hidalgo, je ne saurais trop conseiller à Jean-Paul Huchon de l’étudier de très près. Il pourrait lui confisquer son portable pendant les séances, par exemple. Cela lui éviterait des initiatives de collégienne attardée.

On savait que les Politiques se faisaient piéger en acceptant de porter des micros sur eux. On se souvenait aussi que d’autres l’étaient en oubliant qu’ils était filmés lors de pauses pendant des universités d’été. On découvre aujourd’hui qu’ils tentent de se piéger les uns les autres avec portables et touiteurs. Personnellement, ces deux chipies là, je m’en moque ; je vote en Franche-Comté. Mais si j’apprends que j’ai un enfant qui s’amuse à photographier ses camarades assoupis pendant la classe, c’est « privé de console de jeux pendant un mois ».