Eric Besson vient de déposer plainte contre le député de Paris, Jean-Christophe Cambadélis, pour ses « propos publics assimilant son action ministérielle et celle des agents de son ministère aux heures sombres du Régime de Vichy ».
Cambadélis avait comparé la trajectoire du ministre de l’identité nationale et de l’immigration avec celle de Pierre Laval, lequel avait effectivement commencé sa carrière politique à la SFIO -PS de l’époque- pour finir chef du gouvernement du Maréchal Pétain.
Je veux bien admettre que Besson ne trouve pas la comparaison flatteuse et qu’il en soit blessé. Je sais aussi que Cambadélis a tort de se laisser aller à de tels anachronismes. Nous ne vivons pas sous un gouvernement à la botte d’un occupant criminel. Sinon, Jean-Christophe Cambadélis n’aurait pas le droit de s’exprimer si librement dans les journaux ni moi sur ce carnet politique.
Mais Eric Besson s’est il ému lorsque son ami Lionel Jospin -dont il dit être demeuré très proche- accusait les députés de droite d’être les héritiers des colonialistes et des anti-dreyfusards ? Lui qui défendait le OUI à la Constitution européenne, était-il à l’aise lorsque les partisans de ce traité, droite et gauche officielles confondues, sommaient les Français de « ne pas créer l’irréparable cinquante ans après la libération des camps de la mort » ? N’était-ce pas une manière scandaleuse et indigne d’assimiler les partisans du NON à des militants du retour à la guerre et autres ignominies ?
Au lieu de répondre par un mot plus fin et plus ravageur, Eric Besson préfère déranger un tribunal. Et Camba, me direz-vous ? Dénonce t-il la judiciarisation du combat politique, comme tout être sensé le ferait ? Et bien, non ! Il s’est « réjoui de pouvoir faire la démonstration publique que le ressort de l’évolution de Besson est le même que celui qui anima Laval ». Il est content ! Voilà deux hommes publics, certainement au fait de l’encombrement des tribunaux, de la lenteur qui en découle, des faibles moyens de la Justice, et qui viennent déranger des juges pour leurs disputes publiques.
Il est loin le temps où Gaston Defferre provoquait le député gaulliste René Ribière en duel après un échange verbal guère aimable. Ils s’affrontèrent à l’épée (Photo en Une). Passerai-je pour un nostalgique ou, pis, un être non civilisé si j’avoue ma préférence pour cette plus chevaleresque manière de régler les conflits personnels ? Sans doute. Et pourtant, je trouve bien plus civilisée, et bien plus économe en deniers publics[1. Et si Philippe Séguin proposait de rétablir les duels dans le cadre des pistes explorées par la Cour des comptes pour limiter la dépense publique ?], la façon dont ces illustres anciens se sont départagés[2. D’autant qu’ils eurent la sagesse de ne pas poursuivre le combat jusqu’à ce que la mort de l’un des deux s’ensuive].
Besson et Cambadélis auraient pu aussi se battre à mains nues dans une cour intérieure de l’Assemblée Nationale ou dans la salle des quatre colonnes que cela aurait été moins coûteux, plus spectaculaire et surtout -je le maintiens- moins idiot que cette plainte qui va mobiliser greffiers et juges alors que ces derniers ont bien d’autres chats à fouetter. Si jamais Monsieur Aphatie me lit, il pourrait peut-être en parler au Grand Journal de Canal, lui qui aime tant dénoncer la dépense publique superflue. Et afin de convaincre que je ne suis pas nostalgique en tout point, je ne serais pas opposé à ce que le combat soit télévisé, sponsorisé et que le produit du spectacle soit versé au budget du ministère de la Justice qui en a fort besoin.
Ça ! Je suis à fond pour le retour en grâce du duel. Ça laissait moins de traces, même quand on arrêtait au premier sang (Defferre avait touché son adversaire au bras en le visant aux couilles — c’était la veille de son mariage), qu’un procès médiatisé.
Parfois, je me prends à rêver — quand je pense au nombre d’imbéciles que j’aurais pu / dû affronter…
Il s’agit aussi d’un ministre en exercice qui s’est cru autorisé à faire un doigt d’honneur devant des caméras de télévision qu’il savait en train de filmer. Une telle attitude, non seulement dégradante pour celui qui la met en œuvre, est aussi une insulte faite à ceux qui sont devant leur écran de télévision, même s’ils connaissent le conflit entre ledit ministre et la presse qui ne le ménage guère…
Armes blanches, à feu, mains nues…
Moi aussi je milite pour le retour du duel (et le jugement divin) (et l’ordalie par le feu).
Non sérieux ça serait drôle de voir les acteurs politiques (ceux là même qui sont anti-militaristes et/ou envoient les gars essuyer les tirs anti ricains chez les Afghans) débander devant l’arme noble d’une époque révolue où l’on savait vivre.