A ceux qui, venant ici, ne le sauraient pas encore, j’ai longtemps fréquenté un parti politique, classé à droite[1. Même si c’était pour y faire entendre un musique qui ne se limitait pas à la droite.]. Tout ça pour dire que le militant de droite, et l’électeur de droite, ça me connaît. Je l’ai vu réagir devant des évènements divers et variés de l’aventure des rénovateurs à la dissolution gag de 97 et passant par la guerre sans merci entre deux amis de trente ans.

Essayons donc de nous mettre un instant dans la tête de cet électeur de droite. Ou, plus précisément, dans celle d’un électeur habituel de l’UMP s’étant abstenu de participer au premier tour des élections régionales.

Jean-Paul a cinquante-deux ans. Il est artisan. Il habite une ville touchée par la désindustrialisation et son activité se ressent beaucoup de cette dernière. Il avait d’ailleurs voté contre le TCE en 2005 alors qu’il avait dit OUI à la monnaie unique treize ans auparavant par fidélité à Chirac. Ce Sarkozy ne lui disait rien qui ne vaille pendant de longues années mais, finalement déçu par l’immobilisme chiraquien, il a trouvé son volontarisme intéressant et lui a pardonné d’avoir été si pro-européen. Tenté par le vote Le Pen, que ses copains artisans ou commerçants avaient déjà expérimenté sans que lui, issu d’une famille résistante, n’ait jamais fait entendre sa protestation par ce biais, il a finalement été convaincu par le Sarko de la présidentielle. Certes, il est peu de dire que la nuit du Fouquet’s ne l’avait pas emballé. Lui préférait Chirac en CX Prestige dans les rues de Paris. Mais Chirac avait été si décevant par la suite… Attendons donc et voyons, pensait alors Jean-Paul en français dans le texte puisqu’il ne parle pas un traître mot d’anglais.

Il n’a pas vu d’un bon oeil les virages diplomatiques de Sarko. L’OTAN et son commandement machinchose, il ne voyait pas l’intérêt d’y revenir. Mais, il s’en foutait un peu, après tout. Ce qui l’intéressait, c’était l’activité de sa petite entreprise et de sa petite ville. Les histoires d’ouverture, au début, ça l’a plutôt amusé. Non pas que Kouchner et Hirsch soient son ballon de rouge -il ne boit pas de thé- mais c’était une manière de faire la nique à ses socialos qu’il déteste tant. Mais bon, au bout d’un moment, ça a commencé à le gonfler. Surtout quand il a vu que cela se faisait sous la pression de la nouvelle femme de Sarko, cette chanteuse sans voix, lui qui préfère Lara Fabian et Céline Dion.

Et puis les conneries -comme il dit- se sont accumulées. Ces histoires de Polanski défendu par le ministre -d’ouverture- alors qu’un de ses amis a passé trois semaines en détention parce qu’un gamine l’avait accusé d’un viol avant de se rétracter. Ce même ministre qui avait écrit des bouquins sur des histoires de thaïlandais dont on ne savait pas quel âge ils pouvaient bien avoir alors qu’on ne peut plus aller aux putes en France sans risquer de se retrouver au poste et de voir sa légitime informée. Ces gamines qui se font piquer avec des kilos de drogue dans leurs valises et qu’on va rechercher dans les Caraïbes, sur une idée de la chanteuse, encore. Et puis, il y a toutes ces risettes aux écolos. Il ne les aime pas, les écolos, Jean-Paul. Cette histoire de taxe carbone, ça le fait hurler. Il ne regrette donc pas de ne pas avoir voté l’an dernier aux européennes. C’était sa manière de tous les envoyer se faire voir -Jean-Paul dit « foutre », quant à lui- écolos, socialos et surtout ce président qui commence à lui courir sur le haricot. Il n’est pas retourné voter la semaine dernière non plus. Déjà que les régions, il s’en fiche -Jean-Paul dit « branle », quant à lui, alors il ne voit pas davantage de raison de se mobiliser davantage que pour l’Europe. C’est vrai que la région a augmenté les impôts avec les socialos pendant les cinq dernières années mais il a bien regardé sur sa feuille d’impôt. A côté de la taxe carbone qui se prépare, c’est peanuts. En plus, le dernier gros chantier qu’il a eu, c’était une sous-traitance dans la rénovation du lycée de la ville d’à côté. Finalement, les socialos le font plus travailler que ce couillon de beau parleur de Sarkozy.

Dimanche dernier, il a regardé la soirée élections sur la Une. En écoutant les sbires de Sarko répéter les mêmes choses, il s’est demandé si ces gens comprenaient quelque chose à ce qui leur arrivait. Mais ce qui l’a fait éteindre sa télé de rage, c’est d’en entendre un -celui qui a les cheveux longs là ? Oui, c’est ça, Lefebvre- dire que voter FN, c’était voter PS. Quoi ? Le Sarko nomme des mecs de gauche à tout va, il joue à plus écoloquemoitumeurs à qui mieux mieux, et il montre du doigt ses potes anti-socialos qui votent Le Pen ! Trop, c’est trop.

Une semaine plus tard, Jean-Paul a réfléchi. Finalement, c’est bien ce Lefebvre qui lui a donné la solution. Il ne savait pas comment il pouvait voter socialo sans mettre un bulletin socialo dans l’urne. Il va faire comme les copains. Finalement cette Marine, elle est peut-être mieux que son père. Et puis, de toute manière, la région…

Texte publié hier soir sur Marianne2, pendant la soirée électorale du site.

15 commentaires

  1. Merci Mr. Desgouilles, c’est tout à fait ça, avec en plus ce que je précisais sur un autre fil (voir plus haut)le fait que je pense que la gestion des régions ne devraient en aucun cas être du ressort des politiques mais de gestionnaires et donc des professionnels nommés et non élus!

  2. d »abord,chirac a toujours été un menteur,un fourbe,un mielleux qui a toujours eu le cul entre deux chaises,,
    comme disait annie,rue de lille,rentre le dernier,,t »est sur d »avoir raison,,,
    la fidélité a chirac,,,franchement je suis mort de rire,,,lui qui a trahie tout le monde,,
    sarko,,,pour les anciens,
    pour nous,c »était bas du culs,et oui
    un petit roquet,hargneux,fort en gueule,arriviste qui marchais sur tout le monde pour y arriver,
    en politique,dans le premier cercle,c »est d »abord les faux-culs qui s »y trouve,hélas
    ensuite,les autres ,,,
    nous,nous somme du priver,on vivait de notre entreprise,la politique c »est un plus,un idéal,,
    nous étions indépendant financièrement,se n »est pas le cas des autres, qui en vive,
    donc,obliger de faire le lèche botte,,,et d »approuver,méme les conneries,
    ce que je peux dire,c »est que de nombreux compagnons ont rejoins le FN,
    ceux avec qui je siégeait était des types raisonnables,,et oui
    leurs patrons,jm lepen n »était pas mieux que le notre qui couvrait les voyous de pasqua et consors
    j »en ai peu connu en qui tu pouvais avoir confiance,,,jp charrier,hélas décéder,
    j »ai regretter le départ de dupont-aignans,Georges tronc,et quelques autres
    nous,dans le priver,nous avons une autre visions de la politique,de la gestion,de l »amitié,
    la politique c »est un merdier,ou les faux-culs sont légions,ou on peut te jeter du jours au lendemain a la poubelle,,
    dans l »avenir,la fille lepen peut nous poser problème,,c »est sur et certains
    de toute façons, le pays est dans une merde noir,pour le redresser,c »est l »ensemble des forces politiques qui devront s »unir sur un programme de redressement national,
    pour moi,sarko c »est finie,je sais qu »il ne peut rien faire,en plus il est butter
    sa réforme des retraites sera comme celle de fillon,une connerie de plus,
    il y a pourtant une seule solutions,,et oui
    mais pour cela? il faut une vrais rupture,,
    ,

  3. A deux sirènes (au sens sonore) québécoises près (l’idôle des plus tout jeunes eût été de meilleur aloi), voilà qui est finement observé !

  4. Dire que j’ai pris ma carte à l’UMP deux ans avant les présidentielles pour ne plus revoir des Kouchner, des Mitterand des Attali et des Tapis. J’avais été estomaquer de voir le Nanard soutenir le candidat UMP pendant la campagne, le dénouement des affaires judiciares de Tapis nous a donné l’explication.
    Et puis il y a eu le socialo soixantuitard Kouchner qui a eu la peau de la jeune droite Rama Yade. Un ministre aussi claire dans ses affaires africaines qu’un Jean-Christophe Mitterand d’ailleurs…
    Depuis l’an passé je suis de ceux qui ne vote plus qu’a la nouvelle star.
    Usurpation et un félonie, une chose aura au moins réussi, c’est l’ouverture à gauche.

    Pour la petite histoire, né dans une famille de socialo, à partir de 1981 je n’ai plus eu le droit d’aller voir mon grand-père du pays des Sequanes parce qu’il votait Giscard. C’était peut-être normal qu’un type dont les frangins sont morts dans la résistance ne vote pas pour un type du régime de Vichy. Tiens, c’est marrant mon grand-pére s’appelait Louis Desg******s…

  5. Encore un excellent billet, une excellente analyse, une bonne réaction à chaud ( 21 heures ? ) mais qui est encore meilleure à froid ( comme la « tête de veau » ).
    David: t’as des nouvelles de Claire ?
    😉

  6. Rien à ajouter ! Sauf que moi, je me suis fendu d’un vote à droite, UMP, parce qu’ils étaient les seuls à proposer de terminer l’A 51 entre Gap et Grenoble commencée depuis 30 ans, ce qui me permet d’aller plus vite voir la famille. Ah ! Politique ! Quand tu nous tiens ! Ces régionales, quelle passion !

  7. Passons sous silence ce qui a pu se passer dans la tête de l’électeur qui a été voter à droite quand même. Ca ne fait pas matière à un article mais à une thèse de psychanaliste chevronné. Et, à peine se réveillait-il (l’électeur, car un psy ne dort jamais) qu’il replongea, à l’annonce du « remaniement ».
    Les chauves peuvent porter perruque, les petits talonettes, les grosses une gaine comprimante, les blondes des écouteurs, les estropiés une prothèse… mais l’homme de droite n’a rien à sa disposition pour compenser son handicap.

  8. Excellent post !
    Mais pourrait-on rajouter que ce qui le gêne le plus, à cet électeur de droite, c’est de voir qu’une politique générale qui se tient, et qu’il défend, risque passer aux oubliettes en 2012 en mettant ceux qui ont une politique complètement opposée au pouvoir à cause d’un président de la République qui collectionne les ratés de communication (le Fouquet’s, la chanteuse, le yacht, le fils qui…)… Et ça, il aime pas, l’électeur de droite, que celui pour qui il a voté soit bien parti pour faire perdre les élections à ses idées dans deux ans… Donc, il espère qu’il ne se représentera pas et que, dans l’attente des élections, soit il écoute ses conseillers com parce qu’ils sont bons, soit il les change parce qu’ils sont mauvais…

  9. de toute façons,que cela soit de gauche,de droite,l »électeur est toujours le cocu
    alors,2012,,,c »est loin?
    et avant,il peut se passer beaucoup de chose et oui

  10. Non seulement Jean-Paul se fait enculer mais en plus il fournit la vaseline.

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