Montrée du droit par tout le Gouvernement, dont sa ministre de tutelle,  et une grande majorité de la presse sportive[1. Parmi les minoritaires, on trouve Eugène Saccomano qui n’a pas mâché ces mots dans sa chronique matinale.], mais aussi dès le début par les joueurs de l’équipe de France, Rama Yade s’est donc sentie bien seule après ses propos concernant la cherté de l’hébergement de notre sélection nationale à la coupe du Monde.

Certes la jeune secrétaire d’Etat aux sports, démago en diable, avait négligé le fait que cet hébergement était pris en charge, pour une bonne part, par la FIFA, ainsi que le signalait le vice-président de la Fédération Française de Football Noël Le Graët[4. «Sa reflexion (NDLR de Rama Yade) me surprend. Cela fait six mois qu’on est au courant. La FIFA, qui prend en charge une somme importante de l’hébergement, dresse une liste d’hôtels, celui des Bleus est le plus adapté sportivement»], le reste demeurant à la charge d’une fédération française de football excédentaire. Ainsi, le contribuable français ne sera pas concerné par le prix de cette luxueuse hôtellerie.

Pourtant, il n’est pas certain que l’excellente cote de popularité de Rama Yade subisse une chute dans les prochaines semaines. En l’occurrence, l’attitude des joueurs français ce dimanche risque même de lui donner un coup de pouce supplémentaire. Nos sélectionnés, tout auréolés du superbe match joué contre l’Uruguay vendredi, dont la qualité n’était pas sans rappeler Louhans-Rodez de cette saison tant au niveau technique que collectif, n’ont rien trouvé de mieux que ne point attendre la ministre pour aller visiter un bidonville à quelques encablures de leur lieu de résidence. Il était pourtant prévu que tout ce petit monde inaugure ensemble les installations sportives payées par la Fédé pour les habitants de ce « township ». De service à la conférence de presse, le défenseur Eric Abidal n’a pas craint d’affirmer que lui et ses coéquipiers ne ressentaient pas « l’envie de rencontrer cette personne« . Cette personne… Curieuse manière de parler de la ministre de tutelle de la sélection dont ils font partie. Les habitants de ce bidonville ont donc eu droit à deux visites successives : celle des footballeurs français lesquels -on est en droit de l’espérer- ne se sont exceptionnellement pas présentés casques à musique sur les oreilles, puis celle de Rama Yade et son sourire habituel, lequel devait trancher avec la mine d’Anelka quelques heures plus tôt.

Méconnaissant donc la courtoisie que l’on doit à un ministre de la République lorsqu’on porte le coq sur sa poitrine, Abidal, et les vingt-deux autres qui l’avaient mandaté, manquent aussi de reconnaissance du ventre. En effet, lorsqu’il a fallu défendre le droit à l’image collectif (DIC), mis en cause par le gouvernement qui suivait là les recommandations de la Cour des Comptes[3. Philippe Séguin qui était encore en vie et n’était pas connu pour détester le football, avait assumé ce rapport.], qui est venu, seule contre tous, défendre ce dispositif si intéressant pour augmenter substantiellement leurs rémunérations[5. Du moins celles des onze joueurs -sur vingt-trois-  qui n’évoluent pas à l’étranger.] ? Madame Yade ! Lorsqu’il a fallu défendre au Parlement la honteuse nouvelle législation libéralisant les paris sportifs en ligne, que réclamaient les clubs et qui permettra à ces derniers de mieux encore les payer, qui était là encore ? Rama Yade, toujours !

Ce qui prouve à la fois que la secrétaire d’Etat n’était certes pas la mieux placée pour en appeler à nos comptes publics mais aussi que les joueurs français ne sont pas plus intelligents dans leurs comportements médiatiques qu’efficaces devant une cage uruguayenne. En voulant, par cette goujaterie, punir Rama Yade, ils se sont comportés comme ses meilleurs agents de communication, lui rendant le beau rôle. Chapeau bas ! On ose espérer que cette manière de jouer contre-productif ne constitue pas une métaphore des deux prochaines prestations de notre sélection, auquel cas ses chances d’atteindre le second tour s’envoleraient à coup sûr. Certains optimistes, ou de fieffés provocateurs comme l’ami Raymond D., préféreront privilégier le fait qu’un esprit de corps a pu ainsi se forger sur le dos de la ministre. Si cela permettait enfin à Anelka de faire des passes à Gourcuff ou à Ribéry d’accepter de jouer côté droit pour la bonne cause, cette goujaterie aurait servi à quelque chose. Mais, franchement, vous y croyez, vous ?

9 commentaires

  1. Révisez vos fondamentaux, le droit à l’image collectif ne concerne pas les joueurs de l’équipe de France puisque la majorité d’entre eux évoluent à l’etranger

  2. Je suis prêt à prendre le pari que les joueurs français remporteront la Coupe du Monde sans marquer le moindre but et en se contentant d’un 0-0 doublement nul à chaque fois(avec victoire aux tirs aux buts après prolongation stérile,à partir des matches à élimination directe).

    Et qu’est-ce que c’est que cette idée indécente et démago de la part de la FIFA, d’obliger tous ces nantis du foot à aller visiter,en délégations serrées,les habitants des Town ships,pour leur distribuer des sucettes comme on va au zoo?

  3. @Darmon

    Si vous aviez lu correctement mon texte et notamment la note de renvoi n°4, vous sauriez que j’avais pris en compte cet élément. Le DIC concerne 11 joueurs sur les 23, ceux qui évoluent en France.

  4. S’ils avaient envie de faire de la politique, ils auraient pu jouer avec un brassard noir contre la chine le jour de l’anniversaire de la tuerie chinoise

  5. Elle l’a un peu cherché. Il me paraissait aller de soi qu’à quelques jours d’une grande épreuve comme la Coupe du Monde, le rôle d’un ministre des sports n’était pas de saper le moral de l’équipe nationale par ce genre de considérations mesquines.
    RH

  6. une ministre m’aurait parlé de cette manière juste pour faire de l’audimat et serait venue me dire après que c’était pas pour de vrai, je me dirais que la première fois elle m’a pris pour un con et la deuxième fois pour un crétin. Et je l’enverrais péter sans états d’âme…
    j’ai bien essayé de trouver une réponse dans la presse, mais je n’ai pas trouvé, car les journalistes chouchoutent la politiquement correcte et si jolie Rama: combien a couté son escapade an Afsud ? D’autant qu’elle n’y est pas allé seule: membre du cabinet, flics pour la protection. Les footeux, c’est la FIFA qui paye, ça ne regarde pas la ministre, comme Bachelot l’a souligné. Les escapades de rama Yade, ce sont les contribuables qui l’ont financée. Et la ça nous regarde tous !

  7. Qu’est-ce-que ces 23 joueurs, cette coupe du monde de Blatter et Platini, a-t-elle encore à voir avec le football ?

    Rama YADE a fait un beau coup politique. Derrière l’épouvantail Domenech, on voit des mercenaires apatrides qui ne jouent que pour leurs gueules et qui croient se donner une image de bon samaritain en allant passer une demi-heure dans un township.

    Cette équipe de France est bien au niveau des politiques de France.

  8. Bonjour,
    J’ai fait un rève…
    La fédération n’avait pas dépensée l’intégralité de la somme donnée par la FIFA. Et généreusement elle avait réparti les bénéfices vers sa cheville ouvrière, les petits clubs de village( en diminuant le coût des licenses par exemple). Ces petits clubs sans subvention, qui avec une poignée de bénévoles essayent désespérément de faire vivre le foot dans leur village. Et qui, tous les ans ramassent l’argent des licences dont ils ne voient pas revenir un centime vers eux. Qui payent parce que dans un village de 200 habitants il n’y a pas toujours une vocation pour faire arbitre (c’est obligatoire d’en trouver un sinon tu crache au bassiné). Qui paye parce qu’en cas de réclamation, tu paye d’abord et ensuite on juge ton cas, s’il s’avère que tu avais raison, …on te rend rien… y’a pas de petit profit…
    Je n’irais pas plus loin car je ne voudrait pas casser votre beau rêve …Mais tout les dimanche des gens croient faire un sport alors qu’il participent à un commerce…
    Heureusement pour la fédé, à la base y’a plus de « taaaper baaallon » que d’intello…
    Je souhaite de tout coeur que Mme Rama Yade progresse encore vers les hautes sphères, et qu’elle ai bonne mémoire…Car ce qui s’est passé n’a pas pu se dérouler sans la complicité de l’entourage des joueurs, partant, de la Fédé elle-même…

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