J’ai été directeur d’une importante maison de jeunes (et de la culture, ajoutait-on) à Grenoble en 1979 et 1980. J’ai habité plusieurs années la Villeneuve, très précisément (les adresses ont leur importance à la Villeneuve) au 10 galerie de l’Arlequin. Formé dans les mouvements de jeunesse et d’éducation populaire, j’avais quitté mon poste de professeur du secondaire pour revenir à ma passion première : les adolescents difficiles. Ma formation s’est faite dans la banlieue parisienne entre Villeneuve la garenne et Bezons dans ce monde des cités. J’ai été imprégné de pédagogie par projet selon les principes de Piaget, dans une atmosphère héritée du mouvement ouvrier, très marqué par le syndicalisme et l’église catholique, les deux étant d’ailleurs très interpénétrés : entre jeunes de la JOC et des JC, les discussions et la camaraderie étaient la règle. Il n’y avait pas délinquance dans ce temps-là : dans la banlieue rouge, la référence c’était l’ouvrier P3 outilleur, l’aristocratie ouvrière. Il était hors de question de voler ou de manquer l’école. L’accès aux responsabilités supposait la perfection dans son métier et dans sa vie sociale. L’ascension sociale par le travail et l’instruction étaient la règle et avaient une finalité : l’émancipation du peuple et de la classe ouvrière.

Avec des études supérieures et une solide expérience de terrain, j’ai été recruté par une grande fédération de maisons de jeunes et de la culture et me suis retrouvé à la tête de la maison du quartier de l’Abbaye, entre la Villeneuve et le centre ville, où parmi les nombreuses expériences sociales entreprises par la municipalité Dubedout, l’objectif était de sédentariser les gitans. Je me suis retrouvé rapidement en complète dissonance avec ce milieu : pour l’institution, les « jeunes » étaient par définition des victimes de la société. Ils n’étaient pas responsables de leur situation. Pour la mairie et pour les associations, le seul indicateur de performance était la quantité de moyens déversés sur le quartier. Le mot « jeune » avait une dimension sacrée, christique, et aller aux jeunes était vivre une sorte de chemin de rédemption. Une de mes collègues, directrice d’une maison voisine, en avait même épousé un, dans un double mouvement de dérision vis-à-vis de l’institution du mariage et de fusion compassionnelle avec un « jeune ».

Je me suis très rapidement retrouvé marginalisé avec ma pratique basée sur la responsabilisation individuelle et le sens du collectif, et mes tentatives d’instaurer le principe de régulation des transgressions des normes. « Norme, mais de quelle norme parles-tu?  Nous ne sommes pas là pour cautionner la société bourgeoise ». Il n’y avait donc aucune norme. Les familles ne payaient pas leur loyer et attendaient le dernier moment pour se contenter de glisser le papier bleu dans la boîte aux lettres de l’assistance sociale. Dans les sorties de ski que j’organisais avec « les jeunes », ceux-ci me donnaient leurs lunettes à porter quand il n’y avait pas de soleil pour les reprendre ensuite « Tu es payé par la mairie pour t’occuper de nous ». L’assistanat généralisé était la seule règle. Rien n’était assez beau : on payait aux « jeunes » les plus beaux équipements. Les « jeunes » arboraient narquois l’argent du chômage en précisant qu’ils refusaient de contribuer à quoi que ce soit. Seulement, l’être humain garde un fond de dignité et n’a que mépris pour ceux qui les transforment en objet compassionnel : la somptueuse maison des jeunes (conçue par des sociologues) fut incendiée. Ma proposition de créer des espaces en fer et en béton vide qui ne vivrait que de ce qu’y créerait les « jeunes » (avec de l’argent attribué uniquement sur la base d’un projet) fut considérée comme « de droite » car justifiant le désengagement budgétaire de l’Etat.

Un jour, des Siciliens vinrent s’installer dans le quartier et échangèrent des tirs avec les gitans. Ceux-ci se replièrent dans leur campement de Briè-et-Angonnes. Je fis la réflexion en réunion qu’il y avait une situation de surencadrement et que nous pourrions proposer aux éducateurs d’aller travailler dans un autre quartier à forte délinquance, le Mistral. « Mais tu t’en prends à l’emploi! » « Ah bon, il vous faut des pauvres pour justifier vos emplois ». Ma descente aux enfers était commencée, elle fut arrêtée par la médecine du travail, lasse des dépressions et suicides sur ce genre de postes, me retrouvait sans emploi, quittait la ville et changeait complètement de profession. J’ai eu de la chance : j’avais commencé à travailler à un plan d’action éducative avec le proviseur du Lycée Jean-Bart, André Argouges. Celui-ci se battait comme un beau diable pour obtenir une clôture pour son lycée, las des incursions de « jeunes » pénétrant dans les classes pour agresser les lycéens (NB : dans cette novlangue, les lycéens ne sont pas des « jeunes »). Les éducateurs l’ont traité de réactionnaire, arguant que les crédits seraient mieux employés à créer de nouveaux postes d’éducateurs qu’à faire une clôture. Deux ans plus tard, André Argouges a été assassiné par une « jeune » entrée indûment dans l’établissement, qui lui planta une paire de ciseau dans le cœur.

J’ai pu engager un éducateur, Mohamed, venu des bas-fonds et qui connaissait les règles du jeu de ce milieu, qui partageait mes convictions et avec lequel nous pratiquions une pédagogie directive et énergique avec les « jeunes ». Il fut licencié lui-aussi mais ne retrouva pas d’emploi. J’appris quelques années plus tard qu’il s’était suicidé.

Et la Villeneuve ! Le laboratoire social de la municipalité Dubedout. J’habitais au 10, la montée des éducateurs, entre des appartements de réinsertion. Quand je prenais l’ascenseur avec mes voisins, on était au courant de mes critiques de la politique municipale et j’étais accusé de « faire le jeu de la droite ». Tout mon environnement social s’effondrait : soit je faisais taire mon esprit critique, soit je quittais la ville. Au 110, c’était une autre affaire : c’était la montée des bobos, des copropriétés (les appartements de la Villeneuve sont tous magnifiques : ce n’est donc pas la nature de l’immobilier qui est en question!) où se réunissaient les notables du parti socialiste sous la férule de l’élu en charge du socio-cul, René Rizardo. Les bobos envoyaient leurs enfants au collège expérimental de la Villeneuve. On y pratiquait le pédagogisme avant l’heure, les méthodes non-directives, ce qui veut dire que seuls les enfants ayant un soutien à la maison s’en sortaient tandis que ceux originaires d’un milieu populaire sombraient. Entre, il y avait « le peuple », les objets et les sujets de l’expérimentation. On y appliquait les mêmes principes : l’environnement de la Villeneuve était au départ magnifique et a été saccagé : la seule décision fut de transférer l’entretien du parc sur le budget municipal, au nom de « c’est la faute aux conditions socio-économiques »[1. Ce qui est totalement faux : on trouvait du travail à cette époque et le sociologue (sérieux) Sébastian Roché a montré que l’essor de la délinquance n’est en aucune manière corrélé à la progression de la pauvreté qui interviendra…. avec la gauche au pouvoir ?].

J’ai eu de la chance. Je suis parti loin, très loin, ai repris mes études, ai eu et ai toujours une vie passionnante. Mais je retenais de ma formation initiale d’historien et d’éducateur que priver les hommes de tout projet, les déresponsabiliser, ne leur donner aucune perspective qu’ils soient capables de construire eux-mêmes ne pouvait mener qu’à la barbarie. Cette prophétie était à l’époque une intuition d’un jeune homme encore en formation : elle est aujourd’hui une réalité objective, analysée et logique, produite par les savants fous du socio-cul.

Sur ce tissu social pourri fleurit aujourd’hui le trafic de drogue dans ce qui est la ville la plus criminelle de France. Ah, si une chose a changé : le lycée Jean Bart a sa clôture et s’appelle désormais le lycée Argouges.

Jules D.

29 commentaires

  1. « dans ce qui est la ville la plus criminelle de France. » ?

    on parle de Grenoble là ?

    ce brave monsieur Jules D. n’a pas du mettre les pieds à Grenoble depuis le début des années 80 pour sortir une telle ineptie!

    quelle sont ses sources ? quelles sont les bases pour ainsi enfoncer une ville qu’il n’aime visiblement pas ?

    y’en a ras le bol, maintenant les 160 000 grenoblois vont tous être considérés comme des criminels à cause de 50 gugusse ?

    c’est pathétique!

  2. claude, et ?
    cette article est la preuve indiscutable que grenoble est la capitale du crime ?
    comme si il n’y avait aucun règlement de compte, meurtre ou incident dans aucune autre ville de France…

    désolé, je n’y voit qu’un article – de 2007 sur un règlement de compte entre mafieux – qui rassemble des témoignages…

    je m’étonne que quelqu’un intéressé par les « sciences de la complexité et la philosophie politique » se contente d’une réponse aussi basique…

    surtout habitant non loin de Marseille, ville douce ou il n’y a aucun incident… c’est reconnu!

    qui n’a jamais fais le 14 juillet sur le vieux port ne peu pas toucher du doigt l’ambiance d’un Beyrouth en guerre, qui n’a jamais fait la sortie d’un match au vélodrome ne sais pas ce que sont les combats inter ethnies africaine de la fin du XIXeme siècle… qui n’a jamais assisté à un car jacking porte d’Aix ou assisté à une course poursuite entre parrains de la drogue et policiers sur la corniche ne sait pas ce que sont de jouer vraiment aux gendarme et au voleur!

    est-ce pour cela que je me permettrait de dire que Marseille est la capitale du crime ? je ne suis pas journaliste à « La P. » (les marseillais comprendrons de quel feuille de choux je parle) et mon rôle n’est pas de récolter les faits divers glauques pour faire peur à mes concitoyens…

    mais je suis un grenoblois qui n’a jamais eu peur dans sa ville mais qui en a sérieusement ras le bol d’entendre 24h/24 un hélico sur son immeuble et de voir des cohortes de CRS… bref, vivement que N.S vienne à Grenoble, fasse son discours et que l’on ne parle plus de Grenoble…

  3. Tout sent le vécu dans cet article n’en déplaise à certains! Pour l’avoir vécu de la m^me manière du côté ONG, dans une banlieue normande je pense qu’on peut transposer cette histoire à la quasi totalité des banlieues, hélas!

  4. Excellent papier.

    Certes capitale du crime en France est excessif,mais l’auteur pense sans doute au rôle
    majeur et traditionnellement discret de la grande délinquance grenobloise,dont
    une partie constituait un des contact des mafias italiennes en France,
    « santa corona » ,vue l’origine principale de l’immigration italienne.
    Le dire ne stigmatise pas les grenoblois(ses) d’origine italienne,étrangers dans leur
    immense majorité à ces réseaux.

    Cette délinquance,est devenue,par changement de génération beaucoup plus visible et
    violente ces dernières années.
    C’est ce à quoi faisait allusion l’article du « post ».

    PS:Je n’habite plus ni la Villeneuve ,ni Grenoble,mais connait toujours bien les 2.

  5. Ici, dans mon commentaire, je reste sur Grenoble, puisque l’auteur parle de Grenoble, et pas d’autre lieux en France…

    Cet article est – il me semble – l’expérience sur deux années d’un directeur de « centre social » à Arlequin il y a… 30 ans!

    les jeunes dont on parle aujourd’hui ont 15/20 ans, par 30/35 (mon age)!
    Et les choses – à Grenoble comme ailleurs – ne sont pas forcément les même que ce qui a été présenté dans l’article…

    A Grenoble déjà, dans un premier temps il y a eu la période Carignon, … puis « la gauche » et revenue aux affaires! et pas la même gauche de celle de Dubedout… de l’eau a bien coulé dessous les ponts. Je ne critique aucune époque, simplement, les choses ont changées! et faire d’un exemple de 30 ans une généralité actuelle me parait vraiment cavalier!

    Qu’il y ait des problème, personne – de droite ou de gauche – n’en doute!

    Simplement, cet article me fait un peu penser à un papier type « regardez, la droite n’est qu’au pouvoir depuis 15 ans, elle a juste pas eu le temps de remettre de l’ordre dans le désordre qu’à mis la gauche dans les années 80″… ben voyons!

    15 ans, c’est largement suffisant pour se doter d’un vrai plan anti criminalité, à la hauteur des espoirs suscités par les discours… et remettre la faute sur l’autre (l’étranger, la crise, l’adversaire politique, l’Europe, …) c’est faire preuve d’un aveux de faiblesse cinglant!

  6. POLITIQUE
    Scènes de la vie quotidienne

    La mort d’un braqueur récidiviste, abattu par la police, a provoqué dans un quartier de Grenoble des émeutes ponctuées durant plusieurs nuits de tirs à balles réelles.

    C’est la mort de Karim Boudoba, braqueur multirécidiviste âgé de 27 ans (condamné à trois reprises aux assises), dans la nuit du jeudi 15 au vendredi 16 juillet, qui a enflammé plusieurs jours durant le quartier de La Villeneuve à Grenoble. Le jeune homme avait tenté de braquer un casino avec un complice avant d’être pris en chasse par la police. Equipé d’armes de guerre (un pistolet-mitrailleur Uzi et une kalachnikov), le délinquant aurait fait feu, selon le procureur de la République, à plusieurs reprises sur les policiers qui l’ont abattu d’une balle dans la tête. Vingt-quatre heures après, des jeunes du quartier se déchaînaient : plus de 50 voitures brûlées, engins de chantier et commerces incendiés, mobilier urbain saccagé… Parmi les cibles : l’antenne du Secours populaire et une salle de sport montée par un habitant du quartier. Lors de ces nuits d’émeute, les forces de l’ordre visées par des tirs de fusils de chasse et d’armes de poing ont riposté à balles réelles. La troisième nuit, de dimanche à lundi, a été qualifiée cependant de «calme» par un représentant de la police : «Aucun véhicule n’a été brûlé. La nuit a été calme mis à part des tirs sur un véhicule de la BAC». Un «calme» donc très relatif, à moins de considérer que tirer sur des véhicules de police relève en France de la norme…
    Extension du domaine de la lutte
    Le samedi 17 juillet, le ministre de l’Intérieur, Brice Hortefeux, faisait une visite éclair à Grenoble en déclarant vouloir «rétablir l’ordre public et l’autorité de l’Etat» tout en ordonnant la mobilisation d’un hélicoptère, de trois unités de forces mobiles avec des moyens spécialisés, du RAID et du GIPN. «Il y a une réalité simple et claire dans ce pays : les voyous et les délinquants n’ont pas d’avenir car la puissance publique finit toujours par l’emporter.» On aimerait partager l’optimisme du ministre, mais on peut constater qu’à défaut d’avenir, les délinquants occupent le présent et que le «nettoyage au Kärcher» des quartiers, laissés en jachère aux bandes et aux trafiquants, promis naguère par un autre ministre de l’Intérieur, se fait toujours attendre… Brice Hortefeux a également estimé qu’il fallait «s’orienter vers un renforcement ciblé de la présence policière à Grenoble.» Il serait temps, le député-maire PS de la ville, Michel Destot déplore une baisse du nombre de policiers passés de 700 à 620 ces dernières années. De son côté, le syndicat Unité SGP Police demande «des renforts de policiers nationaux et le classement de cette circonscription en zone sensible au vu de la grande criminalité qui y sévit.» En effet, l’agglomération grenobloise a connu ces derniers mois une série impressionnante de faits-divers particulièrement violents : lynchage d’un jeune homme en centre-ville par une bande, séquestration et viol d’un couple, septuagénaire poignardé, assassinat d’un homme par deux motards…

    Dimanche 18 juillet, c’est la gendarmerie de Saint-Aignan dans le Loir-et-Cher qui était attaquée à coups de haches et de barres de fer par une cinquantaine de «gens du voyage» tandis que les violences touchaient également le village. Voitures incendiées, arbres abattus, feux de signalisation détruits, boulangerie saccagée : les assaillants n’ont pas fait dans le détail provoquant le déploiement de 300 militaires venus sécuriser la zone. Le motif de cette attaque ? La veille, l’un des leurs était tué par des gendarmes après une course-poursuite. Forçant un premier contrôle, la voiture du jeune homme emporta sur son capot un gendarme pendant près de 500 mètres avant de foncer sur les deux gendarmes qui occupaient un deuxième barrage. L’un des deux a tiré deux balles en direction du véhicule dont le chauffeur a été retrouvé sans vie à une dizaine kilomètres de là. Par ailleurs, de nouvelles violences (incendies de voitures et de bâtiments) ont frappé des villages voisins dans la nuit de dimanche à lundi.

    Ces tragiques faits divers offrent le visage d’une France où certaines zones sont livrées à des bandes armées semant la destruction et la terreur. Si ces débordements peuvent, non pas s’excuser, mais se comprendre lorsqu’ils surgissent après une «bavure» ou un usage disproportionné de la force par la puissance publique, cela ne semble être aucunement le cas dans ces affaires. Dans la première, un braqueur multirécidiviste tire avec des armes de guerre sur des policiers. Dans la seconde, le conducteur (roulant par ailleurs sans permis) force deux barrages de gendarmerie au risque de tuer. Malgré la gravité des faits dont sont responsables les délinquants, leurs proches déclenchent des représailles… Ahurissant. Car tirer sur des policiers après un braquage ou foncer sur des gendarmes implique la possibilité de subir à son tour la violence légitime dont est dépositaire l’Etat de droit. Ce que ne conçoit pas la mère de Karim Boudouda, le braqueur abattu, qui déclarait le dimanche 18 juillet «Les flics ont déconné» avant d’enfoncer le clou le lendemain en parlant d’«assassinat» et en confiant avoir «la haine» : «La police a tué mon fils délibérément. Ça fait longtemps qu’ils voulaient l’avoir, et ils l’ont eu. Ils l’ont eu, il est mort.»
    Impuissance publique
    Certaines populations s’estiment aujourd’hui au-dessus des lois. Elles sont encouragées en cela par une sociologie compassionnelle qui voit jusque dans la délinquance une révolte légitime contre un ordre social injuste. On a pu constater encore récemment une illustration de ce dévoiement intellectuel (en quoi brûler une voiture ou une antenne du Secours populaire est-il un acte débouchant sur plus de justice sociale ?) avec des intellectuels dénonçant les peines de prison prononcées contre des jeunes coupables d’avoir tiré sur la police lors des émeutes de Villiers-le-Bel.
    De son côté, Karl Marx ne trempait pas dans cette démagogie gauchisante et ne témoignait d’aucune indulgence envers les voyous et les délinquants de son temps qu’il baptisait lumpenprolétariat : «cette lie d’individus déchus de toutes les classes, qui a son quartier général dans les grandes villes, est, de tous les alliés possibles, le pire. Cette racaille est parfaitement vénale et importune».

    Mais ce développement exponentiel de la délinquance et des zones de non-droit n’aurait pas été possible sans une démission de l’Etat. L’insécurité et l’apparition d’une forme de banditisme «à l’américaine» (ghettos communautarisés aux mains de gangs) n’ont pas été traitées à leur juste mesure ces vingt dernières années ni dans la continuité. Par exemple, Nicolas Sarkozy a supprimé la police de proximité en 2002 remplacée en 2008 par de nouvelles Unités territoriales de quartier (Uteq) dont le développement a été gelé, faute de moyens. Restent les déclarations d’intentions, les coups de menton et les opérations d’urgence comme celles de ces derniers jours. En outre, il est à craindre que la situation n’empire. La rigueur et le dégraissage des services publics sont à l’ordre du jour. Moins de fonctionnaires : le slogan est souvent séduisant, mais concrètement cela signifie moins de professeurs, d’éducateurs, de travailleurs sociaux, d’infirmières et de policiers. Or, tous ces «moins» se sanctionnent au final par «plus» de délinquance, «plus» de destructions, «plus» de dépenses et «plus» de forces de l’ordre lors d’opérations spectaculaires (Raid, hélicoptères…) qui ne règlent rien sur le long terme…

    Alors, l’Etat pour masquer sa démission face à la délinquance montre sa force et ce qu’il lui reste de puissance sur des délits mineurs comme les infractions au code de la route. A défaut d’arrêter les voyous, on fait pression sur le citoyen lambda. L’explosion du nombre de gardes à vues passées de 336 718 en 2001 à 577 816 en 2008 est révélatrice de cette tendance.
    Dans l’année 2008, le premier motif des 477 223 gardes de vue d’un maximum de 24 heures était les infractions à la police des étrangers (72 466). En troisième position venait l’usage de stupéfiants (49 008) tandis que les recels (22 502), les vols à l’étalage (19 355) et les destructions de biens privés (9680) arrivaient loin derrière. Cela signifie qu’un fumeur de joint a deux ou trois fois plus de chance d’être en garde à vue qu’un voleur ou un incendiaire de voiture… Il est évidemment plus facile de sanctionner le consommateur de drogue que le trafiquant ou le voleur. Une récente affaire illustre ce décalage. Le 16 juillet à Nice, 200 pompiers manifestaient pacifiquement, sans leurs tenues ni leurs casques, pour protester contre la réforme des retraites et ont été chargés violemment par les CRS. Deux ont été blessés, un hospitalisé, cinq interpellés.
    Décidément, nous vivons dans un drôle de pays.

    Christian Authier
    Article paru dans l’édition du Vendredi 23 Juillet 2010
    http://www.lopinion.com/public/lopinion/html/fr/semaine/politique.php#_

  7. Salut !

    Du grand n’importe quoi, désolé !

    Je suis né à Grenoble et j’y ai grandit de 1974 à 2002.

    Et les quartiers de Grenoble come l’Alma, Villneuve, Eaux Claire, Abbaye, Mistral & autres je connais bien !

    Ce monsieur, resté deux ans à son poste pour faire une définition de Grenoble me parait avoir oublié les premières raison de son boulot !

    Surement un incompris qui à oublier qu’il ne faut pas généraliser !

    Bref, cet article n’est que du vent et du ressentiment, rien d’autres !

    ps: Je confirme qu’à Grenoble comme ailleurs il y a des cons, de cités ou d’ailleurs ! Mais une chose est sure, personne n’agissait comme décrit dans ce pseudo brulot !

  8. marrant,si,si
    sur grenoble,,sitôt que tu a le malheur d »écrire la vérité,il y en a toujours qui la nie et oui
    il n »a pas oser parler de certains quartiers,,tenu pars une seule communautés,,,,,
    certes,il parle de grenoble,il aurait pue dire,paris,lyons,marseille,
    la drogue est partout,la prostitutions,les trafics,
    c »est article est une vérité gênante pour certains qui n »on pas le courage de regarder la vérité en face,,,et depuis cela a empirer,,,la pègre règne en maître,,,un peu partout en france,
    ,il y a des beaux quartiers,,et comme partout,il y a des voyous qui mette le foutoir,,,au détriment de la majorité
    de toute façons,c »est la chienlit partout,,,

  9. @Cyril,

    Sans doute savez vous que le 26 juin 2010,donc AVANT les évènements de juillet ,
    3 membres de la police municipale (la police nationale ne patrouillant guère à la Villeneuve),
    ,discutant selon le modèle P.Correct avec un groupe de jeunes,et SANS armes,(car la
    police municipale à Grenoble n’en porte pas) ,se sont fait braquer,menacer de mort et
    intimer l’ordre de « foutre le camp ».

    Le syndicat des policiers municipaux a porté plainte,et l’affaire suit son cours.

    Pour ce qui est de la mentalité de l’univers socio-culturel ,référez vous par exemple
    à l’ouvrage:

    « Villeneuve de Grenoble »
    « La trentaine »
    « Paroles d’habitants avec Hervé Bienfait » éditions Cnossos 2005.

    PS:Et sachez qu’une partie de ma famille vit toujours à Grenoble,
    et que j’ai toujours des connaissances proches à la Villeneuve.

  10. N’en déplaise aux angéliques, le papier reflète exactement la situation et l’évolution de Grenoble où j’ai vécu de 1969 à 1976. J’ai vu construire la Villeneuve et son cortège de projets nunuches-bobos.. A l’époque je trouvais ça con et dangereux ! J’ai été pion à Jean Bart… et déjà ça craignait en 1971 ! par contre on pouvait se balader partout à trois heures du matin sans risque. Il n’y avait pas d’agressions du style « Orange mécanique  » (que j’ai vu à Grenoble quand le film est sorti en me disant que c’était bien l’avenir qui nous attend !). Ce qui arrive est bien le résultat des politiques du chien crevé au fil de l’eau menée d’abord par les socialistes… puis par tous les autres !

  11. David, j’ai grandi à Grenoble (18 ans en 81) et je peux témoigner que tout ce que rapporte Jules D reflète la réalité. L’Abbaye ? Il fallait pas trop y mettre les pieds quand tu étais français de souche » (j’inclus dans FDS, ritals, espagnols et portugais intégrés depuis longtemps) mais c’est vrai que la fracture était plus sociale que raciale, je crois. On ne parlait jamais de racisme. Il y avait de vieux gitans qui te refaisaient ta mob’ pour pas cher ! (de la recele bien sûr mais quand on avait pas trop de sous on était pas regardant)

    La cité Paul Mistral (j’avais des copains communistes qui vivaient là-bas). déjà autre chose, (des appartements à cafards !), majorité arabe plus cool jusqu’au milieu des années 80. Après de la violence qui montait, montait comme un cafard.

    La Villeneuve (bobo, familles décomposées, arabes déstructurés en nombre plus tard, africains enfin – mon copain Kamel s’en est sorti, il est agent immobilier dans la banlieue bourge de Meylan.

    Ah oui, les élèves qui venaient de la Villeneuve et qui débarquaient au lycée Mounier. Ils étaient habitués à tutoyer les profs. Le choc pour moi (qui refusait !), pour les profs qui l’acceptaient (les plus jeunes, les plus à gauche) et ceux qui refusaient …

    Au milieu du triangle Abbaye, Villeneuve, Mistral, pas loin du Village Olympique (j’ai vu, de loin, De Gaulle l’inaugurer !), il y a la première Maison de la culture de France. Inaugurée par Malraux, le maire Dubedout était socialiste, battu par Carignon, mort d’une crise cardiaque en montagne ….

    Ca a commencé a bien merder sous la gauche. Changer la vie qu’ils disaient… comme Sarko. Ca a merdé quelque part….

    Des souvenirs en vrac ……. décousus comme le réel.

  12. J’ajoute qu’on peux très bien vivre à Grenoble aussi ……..

    PS : le braqueur abattu par les flics a été enterré à Poisat, dans le carré musulman. Poisat était un village à l’époque de mon enfance (maternelle, cp, ce1, ce2). La cours d’école avaient des beaux marronniers. Le 11 novembre, les élèves étaient à la cérémonie ! La mairie était dans l’ancien château, au début de la grande colline. le fils du cantonnier était mon copain (je me souviens même de son nom de famille). Il y a un carré musulman à Poisat ? Ca fait bizarre.

  13. David, il y a un problème avec cette phrase : « Ma descente aux enfers était commencée, elle fut arrêtée par la médecine du travail, lasse des dépressions et suicides sur ce genre de postes, me retrouvait sans emploi, quittait la ville et changeait complètement de profession. ». Je suppose que les trois derniers verbes ont le narrateur comme sujet et devraient donc être : « me retrouvai, quittai et changeai ». Mais même avec cette double correction (personne et temps : le passé simple est plus adéquat), la mention intercalée de la médecine du travail n’est pas très claire : est-ce que la médecine du travail peut elle-même faire supprimer des emplois ? Est-ce une décision qui a été imposée à Jules malgré lui, ou bien lui-même a-t-il dû se faire soigner ?
    Amicalement, Sylvain

  14. Merci pour cet article, je trouves que tout y est bien decrit. d’ailleurs c’est etrange comme j’ai l’impression d’avoir vecu un peu la meme chose mais avec un « role » different. moi j’etais l’eleve brillant mais tres introvertis, envoyé dans un college experimental situé au milieu d’une banlieue. mes parents, des gens tres cultivés, franceinterisé/telerama jusqu’au bout des ongles mais peu bavard et n’ayant aucune autorité ni reconfort emotionnel. donc je suis passé d’une ecole primaire privée a un college/lycée experimental et surtout totalement deresponsabilisant.
    trouvant que tout clochait chez mes parents qui plus je m’enfoncais plus ils me disaient que c’etait pas grave que je ferais mieux la prochaine fois. je me suis mis a chercher un modele pour me construire. et donc j’ai cherché a ressembler aux lascars mais au final j’etais personne. car etranger, toujours observant ma famille au comportement etrange, et de l’autre une pale copie de lascar, juste de l’apparence quoi. tout ca dans un lycée ou plus les années passaient et plus des evenements violent se produisaient, avec bien sur des tonnes de deresponsabilisation. par exemple, un eleve a frappé le directeur en pleine queue pour aller a la cantine, et au final n’as pas été renvoyé. des jeunes de l’exterieur sont entrés encagoulés et ont defoncé des vitres. dans ce college/experimental, il y a aussi des regles plutot etonnante comme le droit de tutoyer les professeurs..
    bref, je comprend et ressent un peu les choses decrites dans l’article, cette sale mentalité, cette démagogie (ce mot est a la mode il me semble, comme un reglement de compte avec le passé non ?). j’espere ne pas avoir été trop confus car on me le reproche souvent.

  15. ,du jamais vu en FRANCE
    la police obliger de protéger ,QUI ,,la polie et oui,,
    ou,a GRENOBLE,,,,
    c »est vraiment la chienlit,,,

  16. Non, Michel.

    Ségolène ROYAL avait également proposé que les policiers raccompagnent les femmes fonctionnaires de la police.

    A défaut de faire disparaitre l’insécurité, on peut espérer du président SARKOZY qu’ils fassent disparaitre tous les fonctionnaires de police au profit de sociétés privées où les anciens responsables de l’insécurité auront tout loisir de se recycler.

  17. Sarkozy a déjà été élu en faisant la critique de certaines conséquences de mai 68. On pourrait aujourd’hui dépasser le constat pour la proposition et l’action.

  18. A Lejuen

    Tellement réaliste votre 2ème paragraphe.
    Les petits malins. .. se créeront leurs « petits jobs » issus du tas de fumier etviendront se racheter une conscience en jouant les redresseurs de torts et en nous faisant des leçons de morale ou des campagnes de civilité et de civisme style RATP qui coûte la peau des fesses, pour nous ré-éduquer avec l’appui du gouvernement en sarkozie et ps.
    Ce sera là une belle occasionde nous apporter sur un plateau d’argent des milices privées professionnelles. Créer et laisser les tordus prospérer pour ensuite se poser en sauveur, chantre de la sécurité.
    Pendant ce temps là, les honnêtes citoyens iront pointer au Põle Emploi. C’est désespérant de voir une telle inversion des valeurs entretenue par un gouvernement élu.
    Ces gens sont vraiment pourris jusqu’au trognon et y’a urgence à ce qu’ils éjectent pour ne pas continuer à gangréner notre société mais le mal est déjà fait et je redoute le pire en 2012, l’élection du ps, je crains le pire.

    Le dépôt des encombrants, même si cette question peut araître à priori hors de propos ou badine, participera à renforcer la montée des verts-vers-tomates.

  19. On aura beau parler des heures, pérorer et argumenter sous toutes formes…

    en France, on est arrivés à un point de non retour.
    Des fractions de la populations ne se parleront plus, ne se comprendront plus, n’auront d’autre issues que la guerre de camps,
    Voyez déjà, tous les débats ne se font qu’à sens unique, jamais les concernés ne sont questionnés : sur la burqua, sur les cités, etc. toujours des intellos, des journalistes, des « parisiens », des grands penseurs à la cervelle imbibée.

    Souvenez-vous de Chirac qui parlait de fracture sociale, il y a maintenant un gouffre incommensurable. Toutes les générations politiques en sont responsables, et ce depuis un demi-siècle.

    Il est trop tard, Comme un cancer généralisé, il n’y a plus de solution, sauf quelques affreuses mutilations sociales pourront limiter quelque peu les drames.

    Pourquoi n’a-t-on pas eu le courage d’encadrer et prendre en main les trafics de drogue, qui coûtent à la collectivité, et dont les profits vont aux mafias ?
    Pourquoi n’a-t-on jamais regardé en face les racismes et les intolérances, se contentant de faire des lois anti, certes bonnes, mais la loi ne précède pas le droit, c’est le contraire ?
    Pourquoi l’éducation a-t-elle été laissée aux mains des soixante-huitards, qui ont tout gagné, leurs slogans ont créé une génération dont l’essentiel de leur aspirations est de vouloir avoir du bien en le gagnant aisément. Tous ces vieux révolutionnaires ont maintenant l’oeil sur le cours de la Bourse.
    Pourquoi tous ces politiciens de tous bords nous ont-ils fait croire que tout allait bien, sachant ce qui se passe ailleurs dans le monde, où nous ne sommes plus depuis longtemps un modèle ? (et si on l’a été, c’est juste vu par les nombrils français et quelques élites exotiques vivant de nos subventions)

    Trop tard pour tout refaire ; il va falloir affronter une nouvelle forme, encore inconnue, de guerre civile, que l’histoire baptisera pourra peut-être hypocritement « les émeutes sociétales »…

    Trop tard… car parler est maintenant inutile, face à la haine et à l’enfermement. Et parce-que je ne sais que faire d’autre.

  20. @ Mishe

    Au départ, pour certains, il n’y a pas de haine mais une exaspération qui grandit face à des comportements inacceptables. La fracture sociale est devenue en effet un gouffre commensurable, le lien qui nous unissait s’est distendu parce que les divisions se sont démultipliées, trop d’incompréhension, trop de clientèlisme (discrimination positive, une aberration créatrice d’injustice et d’inégalités qui developpe une société à deux vitesses et est le comble du racisme dressant les communautés les unes contre les autres).

    La mutation est difficile parce qu’elle se fait à marche forcée, elle est trop rapide, elle est subie parce que les mentalités ne peuvent cristalliser un changement qui aurait du s’opérer sur davantage de temps (immigration en europe).

    L’immigration n’est pas une immigration choisie mais qui devient une menace pour notre culture et nos emplois. Les immigrés et nous mêmes sommes pris en otage par une économie ultra-libérale, nous dresse les uns contre les autres.

    C’est le fond du problème : chacun rêve d’un travail correctement rémunéré et dune promotion pour espérer dans l’avenir, un toit pour abriter sa famille.

    Or, nous sommes, pour la plupart dans la précarité, le court terme sans projection sur l’avenir.

    L’homme préhisto s’est sédentarisé.

    Nous tellement prompts à donner des leçons sur la « modernité » avons réinventé, dans notre course à la mondialisation, le nomadisme.

    Nous coupons sans arrët nos racines.

    L’homme du XXIème siècle est un équilibriste.

    Faut pas s’étonner que la jeunesse soit devenue aquabonniste.

  21. Bonjour
    Cet article est complètement erroné. Monsieur Argouges, proviseur du Lycée Jean Bart à Grenoble n’a pas été poignardé par une élève entrée illégalement dans l’enceinte du Lycée mais par un jeune homme, élève d’un BEP au sein de l’établissement. Vous racontez n’importe quoi et n’étiez pas présent au moment des faits. Moi, secrétaire de direction du proviseur André Argouges était bien présente au moment de l’agression avec un couteau et non pas des ciseaux, comme vous le précisez. Si vous ne connaissez pas la vérité, alors évitez d’écrire ……..

  22. J’étais directeur de la MJC de l’Abbaye à cette époque. J’ai travaillé avec André Argouges à la mise en place d’un plan d’action pédagogique dans le quartier de l’Abbaye, un quartier pourri par la politique délirante de la municipalité Dubedout qui s’était mise en tête de sédentariser des gitans.
    M. Argouges se plaignaient des incursions continuelles de « jeunes » dans les salles de classe « pour demander si Serena ou Lydia était la ». Je cites ses mots de mémoire. Il demandait que l’on construise une clôture autour du lycée. Il s’est fait traiter de tous les noms par les socio-culs de Grenoble, notamment par les éducateurs et mon collègue qui dirigeait la MJC du village olympique (un pro de la langue de bois) qui demandait que les crédits pour la clôture soient affectés au recrutement d’éducateurs.
    La ligne de la mairie (ça n’a pas changé aujourd’hui) était « c’est la faute à a société » et de faire pleuvoir des crédits, qui étaient, par nature, toujours insuffisants.
    M’étant opposé à cette culture de l’assistanat, j’ai perdu mon emploi, été tricard dans tout le Gresivaudan, j’ai changé complètement de métier et suis anti à l’étranger.
    Cette histoire de clôture est devenu une ligne de démarcation politique entre les idéologues de la gauche bien-pensante qui dirigeait Grenoble et ceux qui avaient une approche professionnelle et normative de l’éducation .
    Il n’est donc pas étonnant que le point de savoir si l’assassin d’André Argouges venait de l’extérieur ou du lycée soit un point de crispation.

    J’ai appris l’assassinat par la presse quand j’étais en Amérique latine. J’ai écrit à la famille pour relater ces faits. Je n’ai pas été contredit. André Argouges a de toute évidence été une des nombreuses victimes de la politique libertaire sociocul de Dubedout et de ses adjoints Rizardo et Chapron, qui étaient es idéologues radicaux qui excommuniait tut critique.

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