Le FN pourrait jouer les arbitres

 

Le président socialiste du Conseil général du Doubs a senti passer le vent du boulet. Candidat dans un canton certainement découpé sur mesure pour lui, comportant pour les deux-tiers une partie de la ville de Besançon, et le dernier tiers des communes péri-urbaines et rurales, Claude Jeannerot devrait être réélu dans la prochaine assemblée départementale, et éviter le sort de son voisin jurassien Christophe Perny, distancé de quinze points par l’UMP à Lons-le-Saunier. Tout cela s’est joué à vingt-et-une voix, qui ont permis au FN de devancer le binôme UMP et d’empêcher ainsi la droite d’être présente au second tour, avec une probabilité non-négligeable de faire tomber « le président ». Face au binôme frontiste, Jeannerot aura la tâche beaucoup plus facile dans son canton.

Est-ce parce qu’il a l’impression d’avoir échappé au pire que Jeannerot croit aujourd’hui pouvoir garder également son fauteuil de Président ? Un peu comme ces équipes de football dominées, sauvées par leurs montants ou un arrêt miraculeux du gardien de but, et qui sont saisies d’euphorie pour aller chercher une victoire inespérée. Le département du Doubs compte dix-neuf cantons. On peut penser que huit sont d’ores et déjà acquis à la droite, et cinq à la gauche. Le Front national devrait en remporter deux. Dans le canton de Bavans, il est en tête d’une triangulaire, et sera confronté aux deux mêmes adversaires qu’au premier tour. Dans celui de Bethoncourt, il sera en duel avec la gauche. Avec des reports de droite similaires à ceux de la fameuse élection législative partielle de février, le binôme FN devrait réussir là où Sophie Montel avait échoué, surtout dans un contexte où toute la France n’aura pas les yeux braqués sur cette élection-là.

Restent quatre cantons, dont trois à Besançon, opposant droite et gauche, et un dernier à Audincourt, mettant là encore aux prises gauche et FN. Ces quatre cantons feront la décision. La droite doit emporter deux cantons bisontins pour obtenir la majorité absolue. La gauche, en emportant ces quatre cantons, pourrait décrocher une majorité relative. On peut aussi parvenir à une égalité parfaite entre droite et gauche, avec huit cantons chacun, faisant du FN l’arbitre des élégances du troisième tour avec trois cantons. Le Conseil départemental du Doubs serait alors ingouvernable, sans qu’on sache aujourd’hui vraiment qui compterait dans ses rangs le doyen d’âge décisif. Tout dépendra en fait de la capacité de la droite de Besançon à convaincre davantage d’électeurs frontistes que Nicolas Sarkozy entre les deux tours de l’élection présidentielle. Avec des reports similaires, la gauche gagnera ces trois cantons bisontins. Si la droite convainc 70% des électeurs FN, elle aura sa majorité absolue et Claude Jeannerot ne sera qu’un conseiller d’opposition.

À cette aune, on comprend mieux pourquoi Nicolas Sarkozy ne souhaite pas énerver les électeurs du FN en cédant à la théorie du « barrage » et autre « front républicain ». Car si le FN sera présent dans une proportion inédite de cantons dimanche, ce sont les duels gauche-droite qui feront la différence pour faire basculer la majorité politique des départements.

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