Cruellement, la fiche wikipédia de la championne olympique du 400m nage libre (Athènes 2004) annonce déjà : 2012, le fiasco londonien. Sur le plan de ses résultats bruts -respectivement 22e et 30e temps aux séries des 100m et 200m dos- on ne peut guère donner tort au rédacteur de l’encyclopédie en ligne. Mais qu’on nous permette d’aller plus loin dans l’observation. Laure Manaudou, bien que revenue bredouille du royaume de Sa Gracieuse Majesté, mérite davantage d’égards que les quolibets dont certains ont bien voulu la gratifier.

En rapportant d’Athènes une médaille d’or il y a huit ans, la championne ambarroise avait mis fin à cinquante-deux ans de disette en termes de titres olympiques pour la natation française. Depuis Jean Boîteux aux olympiades d’Helsinki en 1952, la plus haute marche des podiums demeurait terre inconnue pour tous les nageurs français. Manaudou a donc permis à la natation française de se décomplexer. On peut même évoquer un dépucelage de la natation française moderne. Grâce à Laure Manaudou et son extraordinaire soif de vaincre, les nageuses et les nageurs français ont compris qu’ils ne concourraient pas forcément pour les médailles en chocolat. Grâce à elle, ils ont pu mettre à profit à Pékin en 2008, et plus encore à Londres cette année, l’extraordinaire travail de la direction technique nationale de la fédération française de natation. Dans chaque médaille remportée dans cette dernière quinzaine, il y avait un peu de Laure Manaudou. Et on peut voir comme un signe du destin que cette moisson se soit conclue par le titre de Florent, son jeune frère, sur le 50 mètres nage libre.

Certes, Laure Manaudou n’a pas été exemplaire les années qui ont suivi son titre à Athènes. Devenue star, elle a connu quelques difficultés à gérer son nouveau statut et elle a pu décevoir. La star était aussi une jeune fille fragile, avec les émotions de son âge. Ceux qui l’ont clouée au pilori manquent non seulement de mémoire mais aussi d’humanité. Elle n’a pas été aidée non plus, dans l’affaire qui l’a opposée aux Thénardier italiens Pellegrini-Marin[1. Luca Marin, ancien petit ami de la championne française, avait pris quelques photos de leur intimité. Devenu l’amant de Pellegrini, les clichés étaient parvenus sur les écrans d’ordinateur du monde entier]. Perso, j’ai toujours eu du mal à avaler que la fédé française n’ait pas été plus vindicative pour défendre Manaudou contre les agissements de tels ignobles rivaux. Voir parader Pellegrini sur un podium pékinois était une insulte au fair-play et à l’esprit des Jeux.

Laure Manaudou ne gagnera peut-être plus de titre international. Mais elle restera la championne qui a remis la natation française sur le chemin des victoires et a fait de son pays l’un des meilleurs du monde dans les bassins. De cela, nous devons être reconnaissants. Elle est à la natation française ce que Pelé est au foot brésilien. Que cela plaise ou non.

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