Deux mois à l’Intérieur, cinq ans à l’extérieur. C’était ce que Nicolas Sarkozy avait promis à François Baroin au printemps 2007, lorsque le maire de Troyes prit ses fonctions -très provisoires- Place Beauvau. C’est peu dire que le président de la République n’aime pas le protégé de Jacques Chirac. Ce dernier était porte-parole de la campagne chiraquienne victorieuse de 1995 ; Nicolas Sarkozy portait celle d’Edouard Balladur, le perdant. On a beau dire : cela laisse des traces.

Aussi, lorsque François Baroin a accepté de devenir ministre du budget de Nicolas Sarkozy, juste après la rouste des régionales appelant ce dernier à resserrer les rangs de la majorité parlementaire[1. Nouvelle phase de l’ouverture : après la Gauche, les chiraquiens.], on aurait pu y voir une revanche. Il est fort possible, à la fin de cette semaine agitée, que Baroin ait mesuré le piège dans lequel il était tombé. Perso, je ne voudrais pas être à sa place. Mais pour tout dire, je ne m’y serais pas mis. D’abord, parce que moi et l’orthodoxie budgétaire sauce Médecins de Molière, cela fait deux. Et puis surtout, il ne faut jamais accepter les propositions d’un vieil ennemi politique, surtout quand le temps joue pour soi, ce qui était le cas de François Baroin en mars dernier.

Vint l’affaire Bettencourt-Woerth. Certes, rien ne laissait présager en mars dernier que cette affaire éclaterait. Baroin ne pouvait pas savoir que des histoires de succession et de majordomes passionnés de Hi-Fi déboucheraient sur la mise en cause de son prédécesseur. Il ne pouvait donc pas savoir qu’il serait alors en première ligne pour défendre un collègue devenu très fragilisé. La pression devait être très forte sur le ministre Baroin[2. Une journaliste spécialiste des débats parlementaires disait ce soir à RTL qu’il était à ce moment là « à bout de nerfs », ce que je crois bien volontiers.] pour qu’il lance le concours de points Godwin le plus impressionnant de l’année. Et ces douze derniers mois figuraient déjà très bien dans le palmarès de la discipline. C’est lui qui a donc accusé les députés socialistes de faire le jeu de l’extrême droite. Vieille ficelle, qui ne fonctionne plus et qui, circonstance aggravante, fait davantage ce même jeu, lorsqu’on l’utilise à mauvais escient. Devant la représentation nationale et repris ensuite par toutes les télés et radios, Baroin a signalé à tous les dégoûtés supplémentaires de la politique dans quelle direction ils pouvaient se tourner, plutôt que de se réfugier dans l’abstention.

Comme un malheur ne vient jamais seul, l’idée a été trouvée très bonne en très haut lieu. Et le message de Baroin aux socialistes, qui -soyons justes- n’avaient pas été particulièrement virulents sur le sujet et en tout cas très en deça de certains hebdomadaires classés à droite, a été repris par la bande des porte-flingues sarkozystes, les Paillé, Lefebvre, Morano et Bertrand. Pauvre Baroin ! Etre repris par ces quatre là, c’est pas top ; à se taper la tête contre les murs, plutôt. Il faut dire que dans sa diatribe à la Chambre, en plus d’évoquer la bête immonde, le ministre du budget avait aussi chevauché le poney de bataille préféré de Frédéric Lefebvre et Nadine Morano, la dénonciation d’Internet, parce que c’était un site qui avait publié le fameux entretien avec Claire T. Et donc, les accusations de fascisme, les allusions à la presse des années trente n’ont pas tardé. Un extra-terrestre, de passage à Paris au milieu de la semaine, et de retour sur sa planète, doit être certain que le trotskysme est un mouvement d’extrême-droite, et possède un médium numérique dirigé par un directeur moustachu[3. Des mauvais esprits me soufflent que cette moustache colle à la thèse en question. Qu’on ne compte pas sur moi pour faire dans le délit de faciès et la morpho-psycho-politologie.]. En tout cas, s’il a écouté Frédéric Lefebvre.

Au passage, il est tout de même assez piquant de voir ce même directeur de Médiapart, spécialiste en détection du fascisme en particulier et de tout ce qui est « nauséabond » en général, se voir aujourd’hui dans la position, chère aux Frères Lumière[4. Dont l’un d’eux n’était pas non plus très blanc-bleu au niveau de ses relations avec la collaboration en général et le Duce en particulier. Enfin, je dis ça au cas où Médiapart ou Xavier Bertrand seraient tentés de m’offrir un joli salaire. Non, en fait, je blague (sur l’acceptation de la proposition, pas sur Louis ou Auguste Lumière).], de l’arroseur arrosé. Plenel, outré de ces accusations de fascisme, en a porté l’affaire devant les tribunaux. On ne traite pas impunément de fasciste un chevalier de l’anti-fascisme comme lui. Non, mais !

Cela dit, même si ce moment a pu donner un petit plaisir -une sorte de carré de chocolat- à ceux qui sont exaspérés par les leçons de démocratie d’Edwy, ces allusions au fascisme de Médiapart, de la gauche et de tout Internet en prime, n’en étaient pas moins connes. Certes, on en attend, en général, pas moins des mousquetaires Morano-Paillé-Bertrand-Lefebvre. Mais elles auront, en fin de compte, abouti au renforcement de Marine Le Pen, laquelle n’a qu’à se baisser pour ramasser les électeurs à chaque fois que des personnalités politiques  font allusion au Front National. On a peine à croire que des esprits aussi rusés, sis à l’Elysée, encouragent l’utilisation de tels éléments de langage. Qu’ils continuent et il leur faudra finir par étudier ce qu’il conviendrait de faire dans le cas d’un duel Martine-Marine.

Mais revenons à Baroin. Il me préoccupe. Le voilà chargé de mener une politique budgétaire dont les classes moyennes seront les principales victimes ; qui est contraint de faire bloc avec ses collègues et le Président dans cette histoire Bettencourt-Woerth ; qui finit par perdre son sang froid devant la France entière. Il n’aurait pas été mieux à Troyes ? A rester à l’extérieur comme l’y invitait ce cher Nicolas ? La revanche est un sentiment décidément très mauvais conseiller. En politique, comme ailleurs.

19 commentaires

  1. ,,,,,spécialité de troyes,,l »andouillettes,,,,,
    Baroin serait t »il pris pour une andouille???
    ou,,mieux,le fait t »il,,,l »andouille,,,,,
    l »appel du pouvoir est souvent le plus fort,,,,pour faire quoi?
    pas grand chose,hélas
    la France est malade de ses politiciens incompétent,qui ont ruiner le pays
    dans le priver,c »est scancionner pars la justice,,,et oui
    lundi,sarko 1 va parler a la France profonde,si,si
    que peut t »il dire,,,,,pas grand chose
    que peut t »il faire,,,,pas grand chose
    je vais écrire une bêtise,,,pardonner moi,,,
    la belle Marine le pen est t »elle dans son rétroviseur pour 2012,,,?,,,

  2. Pourquoi se préoccuper de François Barouin ? Si les idées qu’il prétend défendre étaient si importantes pour lui il n’y serait pas allé !
    Mais voilà la soupe est trop bonne et les idées sont secondaires : elles sont justes bonnes pour les gogos d’électeurs.
    Je ne pense pas que Nicolas Sarkozy lui ait mis un revolver sur la tempe pour accepter le maroquin…
    Personnellement je ne plains pas monsieur Barouin, pas plus que je ne plains monsieur Woerth.
    Finalement on ne récolte toujours que ce l’on sème. Et j’espère que l’UMP va boire le calice jusqu’à la lie car je suis de plus en plus convaincu qu’il n’y a personne à sauver dans ce parti

  3. Bon… Paraît que notre Président parle ce lundi… Ben moi, au lieu de parler, je lui conseillerais de mettre la clé sous la porte de l’Elysée pendant deux ans et de revenir pour la donner à son successeur; cela aurait au moins le mérite de faire des économies tant d’argent (on en cherche) que de gaffes présidentielles monumentales (on en cherche plus, on a tout trouvé). Laissons donc faire notre premier ministre, qui s’en tire pas mal du tou en cette période et qui de plus:
    – ne va pas fêter son élection au Fouquet’s
    – ne pas se reposer de la campagne à bord du Yacht de son ami B……..
    – ne positionne pas son fils dans un établissement public
    – n’est pas montre et lunettes bling-bling
    – ne dis pas « Casse-toi, pauvre con »
    – ne fait pas machine arrière (voire demi-tour) sans arrêt
    et j’en passe…

  4. Comment Baroin n’a t’il pas vu qu’il nuisait à son avenir politique en rejoignant un Sarkozy très affaibli?

  5. Mais enfin ! Baroin n’est qu’un chiraquien, pas un gaulliste ! Tous ces gens, comme de Villepin, sont des européistes fanatiques qui ont approuvé le désastreux traité de Lisbonne qui a enlevé à tous les exécutifs nationaux leurs leviers d’action.
    Le seul dont ils disposaient, était la politique fiscale (et encore partiellement !), voilà qu’au nom de la réduction des « déficits publics », comme ils disent (comme si les déficits privés comptaient pour du beurre, n’est-ce pas messieurs les Anglais; les Espagnols et les Américains !), ils se le retirent eux-mêmes ! Les élus nationaux ne servent plus à rien ! Lisez ou relisez Gustave Glotz, La Cité grecque, collection « Evolution de l’Humanité », édition 1927, troisième partie : la fin de la cité grecque sous les coups d’Alexandre le Grand. Il explique comment les institutions fonctionnaient encore… dans le vide et comment le représentant du macédonien à Athènes tenait la réalité du pouvoir. Toute ressemblance avec la bureaucratie de la Commission européenne n’est pas fortuite. En plus, Glotz emploie le terme de « mondialisation » (en 1927 !). C’est assez bien vu !
    Alors, Baroin, Sarkozy, Villepin, Aubry , Marine ou Tartempion, on s’en cague, comme on dit chez nous ! Ouvrez les yeux et demandez à Plenel d’enquêter sur les détenteurs du capital des sociétés de paris en ligne qui ont manipulé la Commission pour que les nations soient obligées d’autoriser cette nouvelle vérole ! La mère Bettencourt, Woerth et sa greluche, on s’en fout aussi : on sait ce que tout cela vaut ! Ils ne sont que des symptômes.

  6. L’ex-banquière des Bettencourt Eva A. est en réalité la baronne Eva Ameil. Elle est « chargée du Secteur Luxe à BNP Paribas ».

    La baronne Eva Ameil fait partie d’un club très huppé, qui regroupe certains membres de l’UMP et aussi du MEDEF (entre autres). Ce club s’appelle « le Cercle MBC ».

    Voici la présentation des activités du « Cercle MBC » sur son site :

    Le MBC organise trois types de rendez-vous où les membres rencontrent ceux qui font l’actualité :
    – Les déjeuners débats qui accueillent des personnalités de premier plan ; hommes d’affaires, politiques, journalistes…
    – Les petits déjeuners Economiques où des économistes de renom dialoguent avec les membres sur les perspectives économiques, boursières, financières …
    Les « Causeries du MBC » vers 19 heures autour d’un cocktail avec des personnalités du monde littéraire, économique, culturel ou associatif.

    Quelques unes des personnalités reçues par le Cercle MBC au fil des ans : Valery Giscard d’Estaing, NICOLAS SARKOZY, Bernadette Chirac, Edouard Balladur, Christian de Boissieu, Helène Carrère d’Encausse, Henri de Castries, Serge Dassault, Jean-Charles Decaux , FRANCOIS FILLON, Alain Juppé, BERNARD KOUCHNER, CHRISTINE LAGARDE, Christophe de Margerie, Alain Minc, Laurence Parisot, Michel Pébereau , Matthieu Ricard, Jean-Marie Rouart, Geoffroy Roux de Bezieux, Jean-Claude Trichet, Hubert Védrine…

    http://www.mbc-club.org/site/activites/

    Conclusion numéro 1 : la baronne Eva Ameil est membre du Conseil d’administration, et vice-présidente du Comité Exécutif du « Cercle MBC ». Le « Cercle MBC » est un club très huppé qui regroupe certains hommes politiques de l’UMP et certains membres du MEDEF (entre autres).

    Basé au Fouquet’s, le « Cercle MBC » a reçu Nicolas Sarkozy, François Fillon, Bernard Kouchner, Christine Lagarde, etc. pour des « causeries » autour d’un cocktail.

    Conclusion numéro 2 : la baronne Eva Ameil est l’ex-banquière de Liliane Bettencourt. Elle est l’amie de la soeur de Patrice de Maistre, comme elle l’a elle-même reconnu vendredi 9 juillet. Surtout, la baronne Eva Ameil s’est placée dans le camp de Patrice de Maistre, c’est-à-dire dans le camp de ceux qui nient que les Bettencourt ont corrompu plusieurs personnalités politiques.

    Dans le camp d’en face, trois ex-employés des Bettencourt affirment que les Bettencourt ont corrompu plusieurs personnalités politiques. Ces trois ex-employés des Bettencourt sont :
    – Claire Thibout, l’ex-comptable des Bettencourt de mai 1995 à novembre 2008 ;
    – Chantal Trovel, l’ex-secrétaire de la fin des années 90 à novembre 2007 ; elle disposait d’un bureau au domicile du couple Bettencourt ;
    – Pascal Bonnefoy, le maître d’hôtel, auteur des fameux enregistrements pirates qui ont déclenché une cascade de révélations.

    Quel camp dit la vérité ?
    Quel camp dit des mensonges ?

  7. Déstabilisé par ses relations people ?
    est ce Marie Drucker ou Michèle Laroque qui l’auraient conseillé?
    la politique Bling bling decidemment les réunis avec le petit Sarko aux abois !

  8. Cher Monsieur Desgouilles

    Les extrêmes se rejoignent, la Russie soviétique, et la Chine de Mao si chers à Edwy Plenel, étaient des pays fascistes

  9. Il est intéressant de voir dans le fondateur de l’armée rouge (pas fasciste du tout), commissaire du peuple, marxiste de la première heure, président du Soviet de St Petersbourg et fondateur de la Pravda, un démocrate !! Staline, Trotsky, blanc bonnet et bonnet blanc, même si on veut nous faire croire qu’il y a des nuances dans le blanc.

  10. Mais je n’ai pas dit qu’il était démocrate. J’ai dit que staliniens et trotskistes étaient des adversaires. Et le fascisme, c’est différent aussi. Le fascisme, c’est Mussolini. Vous faites justement comme Plenel : vous mélangez tout.

  11. Certes, staliniens et trotskistes sont des adversaires sur les détails, comme Sarko et Villepin ou Buffet et Besancenot, mais pas sur le fond. Quant au fascime, il est exact qu’il vient de Mussolini au sens étroit du terme, mais convenez que Hitler, national-« socialiste » était fasciste, au sens du pouvoir fort, nationaliste, anti démocratique, anti liberté, anti libéral, populiste et, il est vrai, anti marxiste. Donc sur le fond, vous avez raison, mais sur les méthodes, je persiste, les Soviétiques, aussi bien staliniens que trotskistes, et aussi les maoistes ont cautionné les méthodes soviétiques ou chinoises, et en cela ce sont des fascistes du mot « fascio » (« faisceau ») désignant le rassemblement des fusils (au sens propre comme au figuré)., c’est à dire le renversement des pouvoirs établis, une redistribution des cartes par des méthodes musclées (militaires). En cela les extrêmes se rejoignent, le fascisme est avant tout une méthode.

  12. Tout cela est déjà plus convainquant. Encore que votre conclusion me laisse quelque peu sur ma faim. Car la redistribution des cartes aboutissant à Hiltler et Mussolini se fait par les urnes. Et la République de 1792 arrive par la Révolution et donc un certain rassemblement de fusils.

  13. Très vrai. Pensez cependant aux multiples dictateurs que la terre a portés ou porte, qu’ils se réclament du marxisme ou autre, tous s’appuient sur l’armée, et quand ils se sont fait élire (généralement en période de crise extraordinaire), ils ne quittent plus le pouvoir, car on ne peut pas berner les urnes à l’éternité. Je pense en particulier à Castro, idées généreuses au départ, mais à l’arrivée…Je rappelle que lorsque Woerth s’est retrouvé visé par les feu croisés de certains journalistes (dont Plenel) dans le but de le descendre et de l’écrabouiller, l’expression utilisée a été « méthode fasciste » : l’image était adaptée.

  14. C’est un peu le sujet de mon article que de dire que, justement, ce n’était pas adapté. Tout cela n’est pas nouveau et précède l’idée même de fascisme. Les libelles, les pamphlets qui faisaient de Marie-Antoinette leur cible, c’était un peu les Mediapart de l’époque. Certes Plenel n’est pas le mieux placé pour crier au loup quand on le traite de fasciste ; c’est sa spécialité. Mais Woerth s’est mis -et/ou a été mis- dans une situation qui ne pouvait aboutir que comme cela.

  15. et alors quoi?
    la France une démocratie?????
    je souris,,,,c »est une parodie ou l »état régie tout et impose tout,comme en Russie,en Chine,a Cuba,,
    des millions d »électeurs n »on aucun représentant,,,tripatouillage électorale,pas de proportionnelle,et Copé ne voulait plus de triangulaires,,
    démocratie tout comme liberté,égalité,fraternité c »est pour les gogos,,,
    Pleinel n »a pas refuser les 250 000 euros,aide a la presse,,,
    A les C,,,,,,,,le bâton pour te frapper,
    dans cette affaire un seul responsable,,,sarko,point barre,,,,
    PS:::les niches fiscales,,,,les oeuvres d »arts,,,niche Copé,,,toujours RIEN,,??????

  16. Je vais vous mettre d’accord : le fascisme est une idéologie de gauche : relisez la biographie de Mussolini !

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