Le communautarisme a décidément de beaux jours devant lui. Et il risque d’être le thème d’un débat essentiel dans les prochaines semaines. La lamentable intervention de Georges Frêche sur l’équipe de France démontre à quel point notre modèle est attaqué de toutes parts, par l’extrême droite bien sûr, mais aussi par tous ceux qui proposent de plaquer le modèle anglo-saxon dans notre pays sans aucun égard pour deux siècles d’universalisme républicain.

Qu’un membre du Parti socialiste se plaigne de la non-représentativité des institutions, qu’elles soient politiques ou maintenant sportives, cela ne devrait pas étonner. La parité, les propositions en faveur d’un volontarisme en matière de présence de « minorités visibles » à l’Assemblée Nationale ou dans les média furent des chevaux de bataille d’une grande partie de la gauche française, laquelle s’est dé-républicanisée sous les coups de boutoirs de certains intellectuels comme Bernard-Henri Lévy, pour ne citer que le plus célèbre d’entre eux. Que Georges Frêche soit un soutien puissant de Ségolène Royal est donc particulièrement inquiétant. J’attends avec impatience les propositions de la candidate socialiste en la matière.

La droite colonisée par Nicolas Sarkozy, chantre du modèle anglo-saxon, a emboîté à sa façon les bonnes âmes généreuses de la discrimination positive. Le président de l’UMP ne cesse de déclarer que notre modèle est en faillite sur le plan de l’intégration ou de l’assimilation (terme que je préfère car bien davantage républicain), que notre modèle ne permet plus aux fils et filles de l’immigration d’avoir les mêmes chances de réussite que les autres. Qui veut tuer son chien l’accuse de la rage. Si notre pays ne permet plus ce qu’il permettait il y a une génération, c’est justement parce qu’on s’est éloigné du modèle universaliste subrepticement, dans les trente dernières années. Il y a malgré tout des personnalités qui s’inquiètent, et non sans panache, de ce glissement de la droite républicaine en une droite américaine. Michèle Alliot-Marie a appris à ses dépends qu’il ne fait pas bon critiquer le Chef à l’UMP, fille bâtarde du feu RPR. Elle aurait dû le savoir, elle qui a dirigé ce dernier. J’ai pu aussi expérimenter cette attitude quand certains militants me disaient être en accord avec moi, sur l’Europe ou d’autres sujets, mais sifflaient tout de même les personnalités dissidentes que je soutenais pour les mêmes raisons.

La discrimination positive est un aveu d’échec. L’exemple de Sciences-po Paris demeure le plus frappant : au lieu de créer des prépas dans les lycées des quartiers difficiles, on a décidé de réserver quelques places à des élèves de ces lycées les dispensant de concours. C’est une aumône. Comme le serait la proposition de Georges Frêche de faire jouer quelques joueurs à la peau plus claire dans notre équipe nationale de foot; comme le serait le fait d’imposer quelques Antillais dans dans notre équipe nationale de ski alpin. Et puis, après tout, pourquoi la couleur de peau serait plus importante qu’une autre distinction ? A t’on vérifié si toutes les orientations sexuelles étaient bien représentées dans nos institutions, dans nos équipes d’élite ? A t’on vérifié la diversité de couleurs des yeux, et bien entendu des différentes religions ? A t’on vérifié la diversité des thèmes astraux (ça, je crois bien que c’est fait…..) ?

Dans le même esprit, je propose, parce que cela devient urgent, qu’on garantisse la présence d’authentiques républicains dans toutes nos institutions.

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