Le décès de Jean Ferrat et les admirables textes qui lui sont consacrés sur Causeur ont rappelé à mon souvenir un homme que j’ai eu la chance de rencontrer pendant ma jeune -de moins en moins- existence. Cet homme, qui était professeur de français et d’histoire-géographie dans un lycée professionnel de la petite ville de Champagnole, dans le Jura, où j’ai exercé pendant deux ans en tant que maître d’internat, s’appelle Guy Thomas.

Guy Thomas est né en 1934 en Belgique, fils d’un Bourguignon et d’une Wallone. Lorsque j’étais chargé de tourner dans les classes en début d’heure pour y quérir les fameux billets d’absence, j’étais toujours intimidé. J’allais devoir interrompre le cours d’un monsieur dont je savais qu’il avait écrit de nombreuses chansons pour Jean Ferrat, poète extrêmement admiré par ma mère, laquelle avait tenté sans succès quelques années plus tôt de me faire préférer ses chansons à celles des porte-drapeaux de la variété estampillée « génération morale » des années quatre-vingts.

A cette époque[1. En 1992-93.], je croyais qu’il avait seulement écrit les paroles du dernier album de Ferrat, celui sorti en 1985, et intitulé « Je ne suis qu’un cri ». Or, Guy Thomas est un poète qui a fréquenté Léo Ferré, Georges Brassens, François Mauriac ou Jean Rostand. Il a aussi collaboré, grâce à sa rencontre avec Cavanna, à Hara-Kiri et Charlie-Hebdo. Il a écrit de nombreux recueils de poèmes. Et sa collaboration avec le poète-chanteur aujourd’hui disparu ne datait pas de l’écriture de ce seul album. Depuis 1972, il avait été l’un de ses paroliers (La leçon buissonnière, le bruit des bottes).

Dans ce même lycée, il y avait aussi un autre artiste avec lequel Guy Thomas a co-écrit des ouvrages. Sculpteur, peintre, Pierre Duc est surtout connu pour avoir fait connaître le Land art aux Franc-Comtois[2. Et au monde entier lorsque par exemple, il réalisa le « Géant du Tour » lequel fut admiré par des millions de téléspectateurs à travers le monde.]. Sa Joconde géante, son timbre à l’effigie de Louis Pasteur mais également sa Jument Verte en hommage à Marcel Aymé demeurent gravés dans la mémoire de tous ceux qui sont fiers d’être nés dans le Jura.

En ce lendemain électoral, je ne voulais pas m’énerver sur ces tristes acteurs qui hantaient hier soir les plateaux de télé. Je préférais évoquer un artiste qui vit guère loin de chez moi et dont la poésie fut si bien interprétée par le chanteur aujourd’hui disparu.

Photo en Une : Guy Thomas et Jean Ferrat, Wikimédiacommons

10 commentaires

  1. D.D., tout à l’amertume d’hier soir, je ne peux m’empêcher de signaler une fautounette, à la première ligne du second paragraphe, quatrième mot avant la fin. On peut être lotharingien, mais tout de même.
    Et puis tant qu’à regretter, j’eus préféré qu’il co-écrivît avec Pierre Dac. Mais le Duc fera l’affaire.
    Triste and shout.

  2. Bravo pour cette évocation connexe, camarade compagnon. Il est bon, aussi, de se dire que nous sommes encore un pays où il y a des poètes dans les salles de classes et pas seulement des pédagogistes.

  3. j’ai eu la chance de connaitre une des filles de guy thomas, ma meilleure amie d au lycée de champagnole et c’était un régal d’aller chez « les « Thomas » où une cafetiere pleine nous accueillait, à chaque passage!
    l’ai revu lors de son hommage à ferrat à besac, le 1° mai 2010 et ce fut un plaisir de discuter avec lui, même 35 ans plus tard, malgré un temps à ne pas mettre un poete belge dehors! mais nous y étions, dégoulinants sous un ciel sombre, mais heureux( nous! pas le ciel!)

  4. j etais un eleve a guy au lep de champagnole

    je decouvre avec admiration l art de ce poete

    bravo a toi guy

  5. Mais attention, il ne faut pas le confondre avec un autre Guy Thomas, qui est décédé en 1990 et qui a écrit et chanté une très belle chanson, en hommage à Jean Ferrat !
    Le titre de cette chanson est : « Jean est resté au pays » la vidéo est sur YouTube et sur Dailymotion !

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