En 1998, j’ai quitté le RPR, reprochant à Philippe Séguin son soutien à Jacques Chirac. Je lui reprochais de ne pas savoir rompre avec une personnalité qui n’avait plus rien de gaulliste.

Je n’avais guère tort, sauf sur un point. En 2003, Jacques Chirac remontait dans mon estime, et avec lui, son ministre des affaires étrangères d’alors, Dominique de Villepin, en opposant aux Etats-Unis, une autre vision du monde. Il affirmait alors sa foi et sa détermination en faveur d’un monde multipolaire, s’affranchissant des blocs hier, du choc des civilisations aujourd’hui.

On dépeint souvent Jacques Chirac comme un tueur politique hors-pair. Le récent documentaire de Patrick Rotman l’a montré : cette réputation n’est pas usurpée. Mais je dois dire qu’il semble avoir perdu la main. Retour sur un évènement incroyable et un manque de réaction abracadabrantesque de la part de l’animal politique Chirac.

Il y a quelques semaines, l’ennemi juré de Chirac, Nicolas Sarkozy, part aux Etats-Unis dans le cadre de la commémoration des attentats du 11 septembre. Je passe sur le ridicule de la photographie avec Georges Bush et du retouchage présumé pour combler les vingt centimètres que le président américain rend à notre ministre d’Etat. Mais le ministre de l’Intérieur prend la parole et dénonce l’arrogance de la France dans ses relations avec les Etats-Unis. On sait que Nicolas Sarkozy avait observé un silence assourdissant au moment de la crise diplomatique qui avait opposé nos deux pays début 2003. Plus tard, il avait expliqué sa position. Il était opposé à l’intervention française en Irak mais il regrettait que la France ait menacé les Etats-Unis d’un veto aux Nations-Unies. Le Président de l’UMP a tout à fait le droit d’avoir une position originale sur un sujet de politique étrangère. Mais jusqu’à ce 11 septembre 2006, il l’avait toujours fait dans notre pays et le débat politique intérieur. Rendons nous compte de la gravité de cet évènement. Un ministre en exercice a publiquement exprimé dans un pays étranger -de surcroît le pays avec lequel son gouvernement était en désaccord- l’arrogance de sa Patrie propre. Si je forçais le trait, je dirais, qu’il y a un siècle, ce n’est pas à une démission qu’il eût fallu penser, mais à un peloton d’exécution. En tout état de cause, nous ne pourrons aujourd’hui hésiter qu’entre l’hilarité et la colère lorsque le candidat à l’élection présidentielle nous jouera une partition patriotique.

Au retour du ministre de son voyage, le Chef de l’Etat aurait dû le convoquer et lui demander sa démission. Cela aurait été logique d’un seul point de vue institutionnel. Mais le « tueur » Chirac a aussi manqué une occasion unique de trucider politiquement son ennemi juré. Le Président de l’UMP et lui auraient rompu sur le thème de notre politique à l’égard des Etats-Unis, et ce thème seul. Les Français auraient donc eu à se prononcer sur cette seule querelle. Et tout le monde sait que les Français en général, et ceux de droite en particulier, ne goûtent guère l’atlantisme. La droite atlantiste n’a jamais pesé plus de 8 à 10 % du corps électoral.

Jacques Chirac a laissé l’occasion de dire aux Français qu’il n’était pas raisonnable de laisser la destinée de la France à Nicolas Sarkozy. Il aurait pu ainsi peut-être se porter à nouveau candidat sinon soutenir soit Dominique de Villepin soit Michelle Alliot-Marie.

Il avait Sarkozy dans la ligne de mire, il n’a pas tiré. Il n’y a pas pensé ou pire, il n’a pas osé. Le candidat favori de l’UMP, qui a dû se faire gronder par Charles Pasqua et François Fillon pour s’être laissé emporter par sa pente atlantiste naturelle, ne se remettra pas de sitôt dans le viseur.

C’est d’autant plus rageant. Car, aujourd’hui, il est peut-être trop tard.

1 commentaire

  1. il y avait bernadette,,,,,,
    pas touche a son sarko,
    et jaques a tant de casserolles,,,,,,,
    un tueur,,,,et un S,,,,,,
    sur l »affaire Michel BARZAC

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