J’ai visionné les dernières interventions médiatiques de Benoît Hamon et je dois dire qu’on ne peut qu’être convaincu par son analyse économique et sociale. Et pour cause, il dit la même chose que Nicolas Dupont-Aignan sur les ravages du libre-échange et sur la complicité de l’Union européenne dans ces dégâts. On raconte même qu’il est parvenu à faire siffler Pascal Lamy, ancien dircab de Jacques Delors à Bruxelles, qui dirige aujourd’hui l’OMC sous les yeux admirateurs de Bertrand Delanoé, Martine Aubry et Ségolène Royal. Ce n’est pas un mince exploit dans un parti où la majorité des adhérents sont des élus locaux. Notons que ces adhérents (je n’ose dire militants) peuvent aussi être fonctionnaires territoriaux ou enseignants. Ce qui n’exclut pas, bien au contraire, qu’ils puissent cumuler cette condition avec celle d’élu local….Quand on retire tous ces gens là, il faut le dire, il ne reste plus beaucoup de monde pour voter au Congrès de Reims. C’est pourquoi, je le pense et le regrette, Benoît Hamon ne dirigera pas le Parti Socialiste. Parce que les élus locaux et les fonctionnaires territoriaux sont finalement très heureux de la SFIOisation de leur parti, ou, tout du moins, qu’ils n’ont pas intérêt que cela change. La majorité des enseignants qui peuplent les sections socialistes demeurent malheureusement imbibés de politiquement correct et ânonnent devant les propos lucides que l’on peut tenir sur les ravages de la Commission de Bruxelles et du libre-échange : » Oui-mais-l’Europe-c’est-la-paix » (on devrait retirer son titre de prof à quiconque confond la cause et la conséquence) ou encore : « le protectionnisme-c’est-pô-biennn, c’est du repli sur soi, c’est de droite sûrement ! » (et ensuite ils vont aduler Obama qui prône le protectionnisme….ah la cohérence !).
Dès lors, Benoît Hamon est-il encore à sa place au Parti Socialiste ? Laissons le tout de même aller jusqu’au Congrès. Après tout si son talent est tel qu’il me fasse mentir et prenne le contrôle du PS, je m’en satisferai. Si aujourd’hui Debout la République est le seul parti à défendre un protectionnisme à l’échelle continentale et que son intérêt électoral commande qu’il le demeure, les militants de ce mouvement restent aussi des patriotes qui comprennent que l’intérêt du pays passe avant toute chose. Mais après le Congrès, si comme je le pense Hamon est dans la minorité (car je ne puis imaginer que pour être dans la majorité, un homme aussi honnête et lucide se laisse aller à des compromissions coupables), ne devrait- il pas créer, à l’image d’Oskar Lafontaine en Allemagne, un nouveau parti ? C’est ce que je pense. Car le PS social-libéral de Delanoé-Royal-Aubry n’a aucun avenir -et surtout aucun intérêt- pris en tenailles entre Sarkozy, Bayrou et Besancenot.
Hamon, lui, ouvre une autre voie. Mais s’il veut l’emprunter, il lui faudra un autre outil que le vermoulus PS.