Les mutations du préfet et du directeur de la sécurité publique du département de la Manche m’inquiètent. Non pas que je m’insurge sur le droit du pouvoir politique de déplacer ses fonctionnaires. Non pas que je sois inquiet pour ces deux fonctionnaires, pourtant nantis d’excellents résultats concernant la sécurité des citoyens selon les statistiques officielles : ils conserveront sans nul doute un sort enviable. Préfet hors-cadre, personnellement, je m’en contenterais volontiers.

Non, ce qui est le plus inquiétant dans l’attitude de Nicolas Sarkozy, ce n’est pas ça. Ce n’est même pas, non plus, la façon dont il a de traiter les gens, ses manières et son langage de garçon de bain. Tout cela, nous commençons même à nous y habituer, conscients que, finalement, il est le produit de son époque et le reflet d’une France où plus grand monde ne respecte plus grand chose. Après tout, on peut tout à fait concevoir qu’on a le Président qu’on mérite.

Ce qui m’inquiète, vraiment, c’est que Nicolas Sarkozy a muté ces deux fonctionnaires alors qu’il savait, pertinemment, le déferlement médiatique que cela pouvait déclencher. Il l’a fait alors que de bonnes âmes, dans son entourage, ont certainement tenté de l’en décourager. Alors qu’il savait qu’on lui avait déjà reproché la mutation dans des conditions similaires d’un haut-fonctionnaire en Corse. Il l’a fait, ensuite, alors qu’il sait quelle image il a dans l’opinion, qu’il connaît les traits de son comportement qui lui sont reprochés. Il l’a fait, enfin, malgré un climat social pesant. Malgré tout ça, il est passé outre. En substance, il nous dit à tous : « Rien à foutre de ce que vous pouvez penser, je les mute parce que je peux le faire, que j’en ai envie et, qu’en plus, cela vous fait chier[1. Je tente d’utiliser, un an après et alors que le salon de l’agriculture s’ouvre, le langage présidentiel nouveau genre.] ! »

Et c’est là qu’il faut se poser la question inquiétante, anxiogène même : un personnage capable de raisonner ainsi possède-t-il la santé mentale qu’on est en droit d’attendre de quelqu’un qui conduit la destinée de 65 millions d’âmes, formant la cinquième puissance mondiale ? Jean François Kahn avait écrit en avril 2007 : « Quelque part, il est fou. » On prête même à Jacques Chirac la phrase suivante : « Lui confier le pouvoir, c’est organiser un barbecue en plein juillet dans l’Esterel. » Il m’est arrivé de penser qu’ils forçaient le trait.

Plus maintenant.

6 commentaires

  1. Il y a longtemps que pour ma part je n’ai plus de doute à ce sujet.
    La démesure alliée à l’égocentrisme ne présage rien de bon.
    Ca va mal finir.

  2. Sans panache, sans une certaine idée de la grandeur, sans passion pour l’intelligence

    Napoléon n’eut été qu’un nabot arrogant.

    Je vous laisse conclure…

  3. Je ne connaissais pas cette citation qui serait de Jacques Chirac, elle est vraiment pas mal.
    Enfin, une précision, il paraît que l’on est plus nombreux : plus proche des 65 millions d’habitants..
    Bon week-end !

    Merci pour la précision ! Je corrige immédiatement. DD

  4. J’allais pondre une autre tirade sur « machin ».
    Mais, je me suis dit : STOOOOPPPPP!!!!!!
    C’est faire trop d’honneur à quelqu’un qui est juste bon à mal présider un Conseil Général.

  5. Que s’est-il passé il y a un an ?

    Il y a un an, le 4 février 2008, à Versailles, un coup d’Etat a eu lieu.

    Il y a un an, Nicolas Sarkozy a bafoué le vote du peuple français.

    Il y a un an, Nicolas Sarkozy a osé faire passer le traité de Lisbonne par voie parlementaire.

    Il y a un an, Nicolas Sarkozy a violé le vote NON qui avait eu lieu le 29 mai 2005 par référendum.

    Il y a un an, 560 parlementaires français se sont rendus complices de ce coup d’Etat perpétré par Nicolas Sarkozy.

    Il y a un an, 560 parlementaires français ont osé voter OUI au coup d’Etat perpétré par Nicolas Sarkozy..

    Un an après ce coup d’Etat, nous n’avons rien oublié.

    En juin 2009, en mai 2012, en juin 2012, nous battrons et nous ferons battre les 560 traîtres qui ont voté OUI au coup d’Etat.

    Pour savoir qui a voté quoi, c’est à cette adresse :

    http://www.assemblee-nationale.fr/13/cri/2007-2008/99020416.asp#P238_62488

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