Jacques et Bernard viennent tous les deux de fêter leurs soixante-deux ans. Ils ne se connaissent pas. Entre eux, quelques points communs et quelques différences.

Jacques et Bernard sont mariés tous les deux depuis une grosse trentaine d’années. Leurs épouses, sexagénaires elles-aussi, ne pratiquent plus beaucoup la bagatelle. La première, parce que c’est Jacques qui ne la touche plus depuis une douzaine d’années, la seconde, parce qu’elle se refuse à Bernard depuis cinq ou six ans estimant, à tort, avoir dépassé la date de péremption.

Jacques vit à Paris pour son travail la semaine et rentre chaque fin de semaine dans sa bourgade provinciale. Bernard, en revanche, retraité après avoir passé la case pré-retraite, vit dans un pavillon de banlieue dans le Val d’Oise.

Jacques a un secret. Depuis quinze ans, il mène une double-vie. Successivement, Tatiana, Corinne et Ursula, étudiantes en… sciences humaines, ont partagé avec lui les quatre soirées et nuits qu’il passe chaque semaine dans la capitale. Avec Ursula, vingt-et-un ans, cela dure depuis trois ans. Il lui paye un appartement. Il lui donne aussi de l’argent de poche, beaucoup d’argent de poche. Accessoirement, son titre de séjour est renouvelé sans aucun problème grâce aux excellentes relations de Jacques. Ursula n’est pas une ingrate. Si elle a des petits amis pendant les absences de son bienfaiteur en fin de semaine, elle fait preuve d’une grande énergie, d’une énorme générosité et d’une certaine imagination dans des longues séances que le coeur de Jacques arrive encore à supporter.

Bernard, chaque jeudi après-midi, part en RER vers la capitale. Depuis de longues années, il voit Géraldine. Géraldine a trente-huit ans et elle est divorcée. Elle a un boulot à mi-temps de caissière dans une superette du Val-de-Marne, insuffisant pour faire vivre ses quatre enfants. Alors, avec son vieux monospace d’occasion, dont elle rabat les sièges deux fois par semaine, elle voit quelques habitués au bois de Boulogne. Bernard en fait partie. Elle leur prend entre cinquante et deux cents euros selon les cas. Elle fixe le prix en fonction du dégoût que lui inspire le monsieur et, bien entendu, des prestations gratifiées.

Jacques, en fait, est député. Et je me pose une question. Fait-il partie de la commission qui préconise de transformer Bernard en délinquant parce qu’il va voir Géraldine chaque jeudi ? Votera t-il cette loi de pénalisation des clients de prostituées sans s’interroger sur la nature de sa relation avec Ursula ?

Evidemment, Jacques et Bernard constituent des personnages totalement fictifs. Mais ils permettent tout de même de se poser de bonnes questions. De très bonnes questions.

14 commentaires

  1. Je pense que l’on a pas fini d’entendre parler de ce qui constitue une nouvelle
    gaffe (bourde?) de Mme Bachelot , avec l’aide de Mme Bousquet (au nom prédestiné?)
    La France se casse la geule , les déficits sont abyssaux, la classe moyenne se morfond,le nombre de sdf explose,les problèmes liés à lenvironnement, l’insécurité ou l’immigration deviennent de plus en plus pressants, etc. Mais il n’y a rien de plus pressant que de traquer le « micheton ». Sidérant.

  2. Bien vu !

    Bon, sinon, proposer à Géraldine de se déclarer en auto-entrepreneur en relations publiques. Les clients pourront toujours montrer les factures pour éviter l’amende…

  3. @Clyde

    Bien entendu ! Les prénoms ont été choisis sur la base de la cote des prénoms d’il y a soixante-deux ans.

  4. Ne sommes-nous pas dans un changement de la relation du citoyen avec la loi? Soit la prostitution est légale et on lutte seulement contre les proxénètes, soit elle est interdite et les prostituées connaissent aussi les foudres de la loi.
    Ici, on est dans une relation hypocrite, absurde ou aberrante, c’est légal mais la pratique est sanctionnée. La vente de tabac est autorisée mais si vous êtes pris à fumer, vous êtes condamné. On reste dans le registre de mettre toujours plus de pression sur le citoyen avec des lois non républicaines qui ne règlent pas le problème.

  5. va t »on traquer les tres jeunes femmes entretenue pars de riche et vieux Monsieur
    c »est une forme de prostitutions;;
    l »état a un besoin urgeant d »argent
    ouvrons officiellement les maisons closes sous contrôle de l »état
    de ce fait;ces gens hommes-femmes aurait pignons pignons sur rue;payant des impôts;la séçu.ET la retraite et peut étre une TVA a 19;5
    Bertrand se lance dans la fraude en tout genre;plus de 20 milliards
    mais tout le monde sait tres bien que la fraude est devenue une institutions commue du monde entier
    d »ailleurs la prostitutions aussi;
    gauche-droite se réveille;sur la fraude;
    remarquer,les spécialistes sont au sommet et a l »UMP PS
    les donneurs de leçons ne sont pas vierge;vu les casseroles qu’ils traînes depuis longtemps
    je trouve indécent que cette dame Bachelot soit encore la?
    lorsque l »on gratte un peu sur les membres de notre gouvernement;
    c »est pas piquer des hannetons
    l »exemple doit venir d »en haut ;;et c »est plus le cas hélas

  6. Des « Jacques » il y en a plein partout et pas seulement a l’assemblée.
    des Marie madeleine aussi alors que fait-on ?
    le sexe mème le monde depuis Adam et Eve … acceptons le et mettons les conditions d’hygiène prioritaire en principe de précaution et basta !

    Quand aux « Bernard » ne les comptons pas c’est tous les autres non jacques !!!!

  7. Le rapport à la loi a bien changé, puisque, à la différence d’autrefois quand tout ce qui n’était pas expressément interdit par la loi était permis, aujourd’hui, tout ce que la loi ne prescrit pas est interdit. Cette évolution s’explique par le fait que depuis 1969, progressivement, nos dirigeants se sont défaussés de leurs responsabilités régaliennes sur les institutions internationales, puis supranationales. Il ne leur reste plus qu’à obéir aux diktats des lobbies à qui ils ont confié indirectement le pouvoir. Aussi, pour faire croire au bon peuple qu’il est toujours souverain, puisqu’il est à l’origine de leur position, ils ne font que l’emmerder en corrigeant son comportement et en veillant surtout à ne pas traiter les problèmes, puisqu’ils en ont délégué les solutions à d’autres ! C’est donc plus facile de pourchasser les fumeurs de tabac que les trafiquants de shit !

  8. Pour répondre à la question posée en titre : la réponse est oui : la prostitution viole le principe constitutionnel de dignité humaine affirmée par le Conseil constitutionnel dans une décision de 1994 à propos de la loi sur la bioéthique.

  9. Redistribution des rôles.
    Faut souligner le sacré courage de Roselyne, représentante de l’Etat, qui endosse le costume de mère maquerelle. Racketter le client c’est s’exposer à de sérieuses représailles mafieuses, pour la prostituée bien sûr : casser le marché, mettre ces dames au chômage, dans la précarité et les exposer à prendre des gnons, le proxo voyant sa source de revenus diminuer comme neige au soleil.

    Déplacement du problème, des tournantes seront légalisées dans l’Espace Schengen. L’Etat, dans tous ses états, de sieur Sarkozy pêchera là ou il a chopé par la mondialisation (prostitution de Sierra Léone, de l’Est, du Kosovo, etc ..) par abandon du contrôle des frontières.

    Le plus grave c’est que ces femmes vont être exposées à une insécurité décuplée, tant physique que sanitaire, comme la tuberculose, la syphillis (recrudescence en Ile de France) et autres joyeusetés vénériennes.

    Et elle prévoit quoi notre Roselyne en bouton comme statut pour ces dames, inscription aux ASS, formation, reclassement, obtention de la nationalité française, papiers en cours de validation ?

    Seule note positive dans ce méli-mélo, Jacques et Bernard seront obligés de reconquérir leurs légitimes ! Pour le meilleur et pour le pire !
    Mais Madame a peut être une vie cachée en l’absence de « son homme », COUGOUAR de 5 à 7 !

  10. « N’oubliez jamais que ce qu’il y a d’encombrant dans la morale, c’est que c’est toujours la morale des autres. »
    Léo Ferré

  11. Très bon papier, mon cher David !!!

    Quand à la prostitution, il n’y a qu’à rouvrir les maisons closes, donner un statut aux prostituées, car après tout, c’est un métier comme un autre, qu’elles cotisent comme tout le monde à la Sécurité Sociale, qu’elles cotisent pour leurs retraites, etc, qu’il y ait des contrôles hygiéniques.

    Après tout, il vaut mieux qu’elles soient encadrées et protégées, que de faire leur métier sur la voie publique avec tous les risques que celà comporte.

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