Monsieur le Président de la République,

Demain au Congrès, votre projet de réforme de la constitution sera soumis aux parlementaires. Il n’est pas nécessaire de s’étendre sur les raisons qui me conduisent à penser beaucoup de mal de ce texte, qui nous emmènerait vers un mélange de IVème République et du système institutionnel américain. D’autres, comme Roland Hureaux dans Marianne2.fr, l’ont fait beaucoup mieux que moi.

Ce qui me motive aujourd’hui, c’est dénoncer la méthode employée pour faire passer ce texte. Vous et votre clan avez insisté sur l’importance vitale de son adoption. Alors pourquoi, ne pas l’avoir soumis au référendum comme toutes les réformes importantes de notre texte fondamental l’ont été avant aujourd’hui ? Parce que c’est un texte trop important pour le soumettre aux électeurs ? Elu vous-même par le suffrage universel, je n’ose imaginer que vous méprisiez le Peuple à ce point. Encore que… Parce qu’il n’est pas possible de promettre des maroquins à des simples électeurs, ni de les menacer de supprimer leur circonscription au prochain découpage électoral ni de les harceler tous au téléphone ? Il est d’ailleurs plutôt curieux aujourd’hui de profiter d’un opportun sondage pour faire pression sur les parlementaires alors que vous n’avez pas été capable de consulter directement les électeurs. Vous préférez les instituts de sondage au verdict des urnes, avouez que c’est curieux de la part de quelqu’un élu pour présider la République et qui se comporte ainsi en boutiquier. Ne vous souvenez vous pas de la sentence de Philippe Séguin, pourtant aujourd’hui proche de vous : « Les sondages sont à la Démocratie, ce que l’amour tarifé est à la romance » ? Remarquez que la manière dont vous traitez aujourd’hui certains parlementaires se rapproche beaucoup de l’amour tarifé….

Par dessus tout, vous êtes traumatisé par votre déroute en Corse lorsque vous organisâtes un réferendum institutionnel sur un texte négocié avec les séparatistes. Les Corses décidèrent ce jour là de rejeter vos compromissions et celles de Monsieur Jospin avec. Vous avez la frousse. Voilà la vraie raison. La première, en tout cas. Comme vous n’avez pas souhaité interroger les Français sur votre Traité européen scélérat, de peur qu’ils ne s’aperçoivent que c’était la même soupe rejetée trois ans plus tôt.

Au Président de la République, parce que je respecte davantage que vous cette fonction, je souhaiterais mes voeux de réussite et je présenterais mes salutations dévouées.

Au Froussard de la République, je ne peux que présenter mon dégoût le plus sincère.

Laisser un commentaire

Please enter your comment!
Please enter your name here