Au secours, Sarkozy revient en librairie!

 

Cette fois-ci, c’est le livre-confession. Notre petite bêtise de lundi était à peine publiée que Nicolas Sarkozy annonçait sur sa page Facebook écrire un livre depuis l’été. Le fameux devoir d’inventaire qui lui est réclamé depuis plus de trois ans va donc arriver, l’ex-Président étant censé disserter sur ses « erreurs » et ses « réussites ». On aurait pu faire un second épisode à la fiction de ce début de semaine en faisant le parallèle avec les livres de Chirac en 1994/95 aux éditions Nil, imaginant la tête ensanglantée de Rocky Balboa à la place du célèbre pommier. Nous n’en ferons rien.

Réfléchissons plutôt à cette curieuse tendance des hommes politiques à vouloir absolument se retrouver en librairie, alors que leurs livres connaissent depuis quelques années un insuccès patent. Comme l’expliquait Philippe de Villiers récemment, les excellentes ventes de son dernier ouvrage, ainsi que celles d’Eric Zemmour, sont d’abord dues au caractère « métapolitique » de leurs essais. Autrement dit, leurs livres rencontrent un succès fou parce que leurs auteurs ne guignent aucun mandat. Villiers en veut pour preuve le fait qu’il vendait très peu lorsqu’il était un homme politique en activité et que les ventes de son dernier opus ont explosé à mesure qu’il répétait : « Maintenant je n’en suis plus, je vais vous dire la vérité ». On pourrait même insister : son livre a arrêté de faire parler à partir du moment où, certainement emporté par l’euphorie du succès, il a déclaré qu’il n’exclurait désormais plus rien pour la présidentielle. Cette phrase rompait en quelque sorte le contrat avec ses lecteurs.

La défiance des Français, pourtant gros lecteurs, envers les livres des politiques en exercice peut prendre d’énormes proportions. On s’est notamment beaucoup moqué des ventes maigrelettes de Rama Yade, Jean-Christophe Cambadélis, Jean-Vincent Placé, Claude Bartolone, Pierre Moscovici ou Michel Sapin. Bien qu’invités dans des émissions à fort taux d’écoute, leurs livres ne dépassaient pas les mille exemplaires vendus, voire les cinq cents. Bien sûr, il y a des exceptions. Jean-Luc Mélenchon est un bon vendeur. François Fillon a, paraît-il, connu un succès d’estime avec Faire et Alain Juppé n’a pas l’air de mal se défendre non plus. Mais on est pourtant loin des succès de Villiers ou Zemmour. Le principal grief adressé à toutes ces personnalités, c’est que le véritable auteur ne figure pas bien souvent sur la couverture.

D’ailleurs, Nicolas Sarkozy n’échappera pas à la règle. L’écrivain Coûteaux narrait dans un de ses livres une anecdote à propos de celui qui était alors le député-maire de Neuilly. Alors qu’il le croisait dans une antichambre ministérielle, Coûteaux félicita le futur Président pour sa biographie de Georges Mandel. Et Sarkozy de répondre à peu près cela : « Vous avez un avantage sur moi : vous l’avez lue jusqu’au bout !» Qu’il le veuille ou non, Nicolas Sarkozy ne passera jamais pour un écrivain, comme pouvaient l’être Charles de Gaulle et François Mitterrand, des hommes d’une autre génération. Il n’est d’ailleurs pas le seul candidat à la primaire qui se pliera à l’exercice. La semaine dernière, on nous annonçait avec tambours, trompettes et Une d’un grand hebdomadaire conservateur, le prochain livre de Jean-François Copé. On nous annonce aussi celui de Bruno Le Maire. Ce dernier, qui est un véritable écrivain, connaîtra-t-il le même succès que pour ses romans ? Rien n’est moins sûr. Ses ouvrages littéraires ont pourtant fait l’objet de beaucoup moins de promotions que son prochain essai. Ils avaient en revanche bénéficié d’un excellent bouche-à-oreille. On peine à croire que son livre-programme-pour-la-primaire connaisse le même sort.

Car le véritable but de la plupart de ces livres-programmes ou livres-confessions n’est pas d’être lus et appréciés. Au mieux, ce sont des prétextes pour faire la « une » des magazines ou passer à la radio-télé ; au pire, ils servent à démontrer qu’on a une plus grande… capacité de vente que ses voisins. Ces naïfs de politiques croient que notre vieux peuple littéraire leur saura gré de voir leurs bobines en librairie. Mais les Français ne sont plus dupes depuis longtemps. Les Editions Plon, nous dit-on en montrant les muscles, devraient tirer à plus de 100 000 exemplaires le livre de Nicolas Sarkozy. Pour la santé de ce fleuron de l’édition française, espérons que cette publication soit à compte d’auteur.  En tout cas, pauvres arbres !

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