Je me demande si nous n’avons pas un peu trop incité Nicolas Dupont-Aignan à viriliser son discours. L’autre jour, lorsqu’il a accusé Marie-Anne Montchamp de se livrer à de la prostitution politique, il n’a peut-être pas été très inspiré . Il est candidat à l’élection présidentielle et le destin de cette dame ne devrait provoquer chez lui que de l’indifférence. Cependant, cette assertion n’est dénuée de réalité, bien au contraire.
Il y a deux ans, j’avais écrit un billet au vitriol expliquant le dégoût que m’inspirait ce genre de trahison. Je n’ai pas changé d’avis. Mais prenons du recul. Marie-Anne Montchamp, la mal prénommée, constitue un exemple. Quelle efficacité pédagogique pour expliquer aux enfants ce que la politique est devenue ! Finalement, je me demande s’il ne faudrait pas, au contraire, la remercier.
Qu’on ne me taxe pas ici de naïveté. La trahison a toujours existé et je n’ai même pas été payé pour le savoir[1. Quel con !]. Seulement, lorsque Jacques Chirac soutient Giscard et devient le traître aux yeux des chabanistes et barons du gaullisme, il le fait avec des raisons politiques [2. Qui ne sont certes pas les siennes mais celles du duo Juillet-Garaud.]. Et elles tiennent debout. Et il le fait avec un tempo permettant une lisibilité aux électeurs. Pareil constat pour Nicolas Sarkozy qui passe de Chirac à Balladur en 1993-1994. Même les zig-zags d’Arnaud Montebourg à l’intérieur du Parti Socialiste revêtent une pédagogie pour les militants, une élégance dans le geste[3. Souvenez vous La Rochelle à l’été 2009 et ce pauvre Moscovici laissé à quai en quelques minutes par le jeune lion bourguignon déjà au service de Martine Aubry. De l’art, messieurs-dames.] qui ménagent les apparences. Et les apparences, je suis désolé, cela ne compte pas pour des prunes.
Ce qui frappe dans la manière dont Madame Montchamp a rejoint le gouvernement alors qu’elle était la porte-parole de Dominique de Villepin, c’est le côté décomplexé. Et la rapidité supersonique. Voici une dame qui participe au printemps dernier à la création d’un mouvement, République Solidaire, qui a pour but de faire de l’ancien premier ministre l’alternative à un Président de la République considéré comme un usurpateur. Voilà une député pendue à son téléphone de cet été à début novembre pour harceler quelques députés non inscrits afin de les convaincre de rejoindre un groupe parlementaire putatif à base villepiniste, et usant pour cela de termes choisis pour qualifier le Président et sa politique. Et qui finit par accepter un secrétariat d’Etat[4. Ne me demandez pas de quoi elle est secrétaire d’Etat. Pas du chou farci en tout cas. Je m’en souviendrais. J’adore ce plat.] au premier coup de louche sur la casserole de soupe. En cela, Madame Montchamp rend service aux étudiants en sciences politiques des années 2020-2030. Sujet: le début du siècle, règne de l’ambition dérisoire et décomplexée. Appuyez votre démonstration par des exemples.
Marie-Anne Montchamp nous rend un autre service. Depuis qu’on a voulu instaurer la parité et qu’on nous expliquait parallèlement que la politique avait besoin du désintéressement, du goût des idées forcément privilégiées par les esprits féminins par rapport aux brutes masculines, guidées par leur surcroît de testostérone, comme dirait Madame Lagarde, on attendait l’exemple, la preuve par neuf, qu’il ne s’agissait là que de calembredaines. Grâce à Marie-Anne, on a l’exemple idéal pour illustrer ce que l’on savait déjà, notre goût pour l’universel ne s’étant pas affaibli avec les années et l’expérience : les femmes savent aussi se comporter en crapules.
Grâce à Montchamp, les militants de tous les partis politiques qui font les marchés chaque semaine et qui se font insulter, auxquels on renvoie à la figure d’un geste éloigné de celui, auguste, du semeur, un tract si courtoisement proposé, peuvent mettre un visage sur les raisons de leur souffrance hebdomadaire.
Qu’on ne se méprenne pas ! Marie-Anne Montchamp n’est pas la cause des quarante à cinquante points d’abstention qui caractérisent la plupart de nos scrutins. Mais elle en constitue, à coup sûr, la figure la plus emblématique en cet hiver 2010. Cela durera le temps que cela voudra bien durer. Il semble bien que ce genre de personnage ne soit pas isolé dans ce qu’on appelle pudiquement les grands partis à vocation majoritaire. Il ne faudra peut-être pas attendre beaucoup afin que Montchamp retourne dans l’anonymat que son peu de talent mérite pour laisser place à un ou une autre ambitieux(se) décomplexé(e).
Bonjour,
A force de retourner sa veste, elle finira par en prendre une….
et le camarade Leroy,et Besson,
la trahison est partout,dans tout,
la fidélité;n »existe plus,a part des C;;;;comme nous et OUI
mais on peut le faire car c »est notre entreprise qui nous faisait vivre,
pour les politiciens ,,trahir les siens : une habitude,on peut tout acheter quand tu détiens le pouvoir,,,pour un poste,les honneurs,on fait table rase sur tout,,
NDA,a fait un spectacle magnifique,si,si
il a frapper les esprits,l »EURO,,,putain,cette monnaie de M;;;,,
mais ma question est peut étre Bête,,l »Allemagne a qu »elle monnaie;;?
Franchement,que peut faire Villepin,Mélenchon,NDA,Montebourg,seul,peu de chose,
notre pays , un spectacle lamentable,de la part des politiciens de tout bords ,qui pense plus au honneur,a un poste,la France et les Français,après nous,mon bon Monsieur,
je me pose cette questions,,,,combien de temps se Bordel va durer,,,
Joli billet, tristement pédagogique et réaliste. La politique, c’est pas toujours génial…
Bien vu mais je rejoins Michel dans son commentaire en ajoutant que Sarkozy est le président spécialiste du recrutement de traitres. C’est toute une époque d’avilissement contrôlé de la politique pilotée et incarnée par Sarkozy. Voyons toujours plus haut plus loin.
Cet avilissement justifiera un beau nettoyage par un gouvernement intégré mondial, propre, lui.
@Jul et Michel
Certes. Mais en matière de prostitution, je ne suis pas un adepte du modèle scandinave. Je suis rigoureusement opposé à la pénalisation du client.
La prostitution est un Mal necessaire aux males que nous sommes
la trahison c’est un bien pour l’égalité des hommes et des femmes .
J’ai quelque chose de commun avec Maurice Leroy.
Comme lui, j’ai été communiste dans ma jeunesse et je ne le suis plus. Je suis plutôt proche de NDA.
Mais, la rapidité de son « évolution » est surprenante.
À 33 ans, il avait encore un poste important auprès d’une élue communiste. Moi, à 33 ans, j’avais « pris du recul ».
À 39 ans, il était député UDF. Moi, à cet âge, je votais encore pour le PCF (plus pour contribuer à un rapport de forces que par conviction profonde).
Puis, plus récemment, il est passé rapidement (comme la plupart des députés UDF) de Bayrou à Sarkozy.
Le plus surprenant est qu’il dit avoir toujours les mêmes idées.
On peut admettre qu’il n’a pas changé à 100%, mais tout de même !
Personnellement, je ne conteste pas tout ce que proposait le PCF, mais sur de nombreux points, je ne suis plus sur la même ligne qu’autrefois.
Bien sûr, « l’évolution » de Marie-Anne Montchamp est stupéfiante, puisqu’en juillet (selon les sites de plusieurs journaux), elle disait que les villepinistes allaient passer « sur l’autre rive ».
Mais, venant après les cas Lemaire et Tron, n’est-ce pas une nouvelle illustration de l’ambiguïté politique du villepinisme ?
Il y a certes, un contentieux personnel entre Villepin et Sarkozy :
– Je ne connais pas la responsabilité des uns et des autres dans l’affaire Clearstream. Mais, un président de la république qui se porte partie civile alors qu’il n’est pas un citoyen comme les autres sur le plan judiciaire, c’est choquant.
Sarkozy aurait été mieux inspiré d’appliquer le précepte du roi Louis XII (ex duc d’Orléans) : « le Roi de France ne venge pas les injures du duc d’Orléans ».
– Lors de la crise du CPE, le comportement du ministre de l’intérieur (Sarkozy) ressemblait à un « coup de poignard dans le dos » du premier ministre (Villepin).
– Le ministre-candidat était allé aux États-Unis chercher et obtenir l’adoubement de George Bush. Il avait critiqué sur le sol américain « l’arrogance française » concernant l’invasion de l’Irak (1). C’était Villepin et son discours à l’ONU qui était visé.
Mais, sur le fond, quelles sont les divergences entre les deux hommes ?
– Sur la politique étrangère, elles existent. Villepin est contre le retour dans l’OTAN et contre les renforts supplémentaires en Afghanistan. Ce n’est pas rien.
– Ajoutons un style très différent. Villepin a nettement plus « de classe » de Sarkozy.
– Mais, sur l’Europe, ils sont sur la même ligne : celle du traité de Lisbonne. Et en politique intérieure, ils ont peu de divergences.
Zemmour le rappelait récemment à Villepin : par exemple, c’est lui qui a initié le bouclier fiscal accentué mais pas inventé par Sarkozy.
Rappelons aussi que Villepin est toujours membre de l’UMP, ce qui a beaucoup surpris, compte tenu de ses critiques très fortes contre le pouvoir actuel.
Et lorsqu’il se démarque de Sarkozy, c’est pour essayer de « draguer » les bobos, de se placer au centre au lieu de se placer sur une position gaullienne.
Ainsi, il reproche à Sarkozy sa politique soi-disant « sécuritaire » alors qu’elle l’est en paroles, mais peu en actes (2).
(1) L’aggravation de la situation des chrétiens d’Irak depuis l’invasion démontre, s’il fallait une preuve de plus, l’ineptie de cette aventure militaire.
(2) Parmi les proches de Villepin (et à d’autres moments de Bayrou), citons Azouz Begag.
Je l’ai un peu connu car il circulait dans les écoles dans les années 90. Il était très démagogue avec les enfants de familles immigrées.
Récemment, il s’est distingué en disant qu’il fallait élire des députés pour voter des lois favorables à l’Algérie.
Moi, je suis d’origine espagnole, mais je pense qu’un député français ayant la même origine que moi est là pour servir la France, pas l’Espagne. Cette position de Begag, c’est du communautarisme, pas une attitude républicaine.
Montchamp est cohérente, parfaitement loyale à l’essentiel, c’est-à-dire à elle-même, sa carrière et ses ambitions. Elle est conforme à l’air du temps. De plus en plus, le groupe minoritaire d’un mouvement politique doit rassembler, non pas ceux qui ont une analyse différente, mais les aigris contre les satisfaits. Une proposition d’un bon poste les ramène dans le camp majoritaire. Il faudra que les lideurs minoritaires choisissent très bien leurs seconds.
Une société de narcisses est-elle possible, peut-elle prendre des décisions difficiles?
Une fois de plus, voilà quelqu’un qui va à la gamelle et qui démontre que le villepinisme n’existe pas. Il ne s’agit que d’une querelle personnelle entre deux européistes fanatiques et entubeurs du populo.
Ces gens ne sont pas là pour gouverner, mais pour « gérer » sous les ordres des marchés via M. Barroso et sa clique de nains.
Vive NDA et DLR !
@ pepe
ce n’est ni villepin ni sarkozy qui a instauré le bouclier fiscal mais Rocard en 88 lors de la mise en place du RMI. Il l’a fixé à l’époque à 70%. Puis villepin l’a ramené à 60% et sarkozy à 50%
divide et impera
corrompre pour dominer (principe machiavélique)
Effectivement, Steed, vous avez raison.
Le gouvernement Rocard avait rétabli l’impôt sur la fortune supprimé par le gouvernement Chirac en 1986.
Mais, il le limita avec ce bouclier fiscal de 70%, puis 85%, bouclier fiscal supprimé par le gouvernement …. Juppé et rétabli par Villepin.
Je ne me souvenais pas de ce fait qui montre le double langage des socialistes (double langage dénoncé dès les années 70 par Marchais) et leur propension à créer des « usines à gaz » (« pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué » ?).
Constatons que si le PS est un champion des « usines à gaz », quand la droite revient au pouvoir, elle les maintient ou les complique encore.