Encore des postures, toujours des postures

 

Annoncer sa candidature le 8 mars, pour la journée internationale des droits des femmes. Faire croire qu’on est la seule femme candidate à cette primaire, alors que Nadine Morano a déjà annoncé la sienne depuis quelques mois. Faire un petit clip, parce que c’est cool et moderne, comme un moment de grâce dans le métro. Nathalie Kosciusko-Morizet veut se frotter aux « mecs », ceux à qui l’on devrait « greffer des couilles », dans le langage fleuri qu’elle affectionne.

Pourtant, on serait bien en peine d’identifier une idée de NKM depuis qu’elle est entrée en politique. Qu’a-t-elle apporté au débat d’idées ? A part dire qu’il vaut mieux voter pour un tel contre une telle lors de second tour d’une législative partielle ? A part faire savoir qu’elle a été la plus offensive pour demander le départ de Jean-François Copé ? A part dire qu’elle est une « tueuse » ? A part faire la bise à José Bové devant les caméras ? A part traiter Jean-Louis Borloo de lâche ? A part dire que Patrick Buisson, c’est Charles Maurras ? Des postures, toujours des postures, rien que des postures. NKM, c’est le vide des idées, le choc des poses à la télé.

Examinons bien les forces actuelles en présence : Juppé et Fillon, les premiers partis. Le maire de Bordeaux, en papy de la Nation qui veut incarner la sagesse rassembleuse et qui ne souhaite faire qu’un mandat ; l’ancien Premier ministre du quinquennat précédent qui veut appliquer un choc thatchérien à la France. Bruno Le Maire, lancé il y a deux semaines à Vesoul et dont nous avons déjà parlé. Hervé Mariton, le libéral-conservateur, emblématique de la Manif pour tous. Jean-Frédéric Poisson qui veut faire comme Hervé Mariton. Nadine Morano, la candidate créée de toutes pièces par la meute des twittos qui voulaient lui faire payer ses écarts de langage chez Ruquier, et qui lui ont finalement offert le vingt-heures de TF1 et des milliers de sympathisants en plus. Et, pour l’instant, Nicolas Sarkozy se comporte comme un futur candidat ; les mauvais sondages ne l’ont toujours pas découragé.

Une libérale intégrale

Comment se positionnera NKM dans ce casting, en admettant dès à présent que tous ne pourront s’aligner au départ de la campagne officielle, faute des parrainages d’élus nécessaires ? NKM se dit libérale économique et libérale sociétale. Une libérale intégrale. Emmanuel Macron, mais de droite. Emmanuel Macron, donc. Ou Alain Juppé. En beaucoup plus sexy, il faut bien l’admettre.

Justement, n’est-elle pas candidate pour gêner Alain Juppé ? Travailler les mêmes électeurs modérés qui ne veulent pas de Nicolas Sarkozy. Lui piquer quatre ou cinq points, avant de se reporter au second tour sur… Nicolas Sarkozy ? La rupture d’il y a quelques mois était trop belle pour être vraie. « Je te vire de la direction pour me droitiser et te gauchiser ; tu tailles des croupières à Papy et tu reviens ensuite à la maison ; tout sera pardonné ». Hypothèse hautement plausible. On examinera à la loupe d’où viendront les fameux parrainages de parlementaires si NKM parvient à les obtenir. Leurs identités constitueront autant d’indices.

En attendant, avec cette candidature de plus, qui ne se différencie guère de ses concurrents sur l’économie, alors que notre pays compte plus de trois millions de chômeurs, l’intérêt de cette primaire ne ravira que ceux, dans les services politiques des rédactions, que ma consœur Natacha Polony compare très justement à des commentateurs sportifs. Une seule candidature pourrait tout chambouler et faire de cette primaire un véritable débat politique : celle d’Henri Guaino. Si la candidature de NKM est présentée comme le droit inaliénable d’une femme à la candidature, celle de l’ancien conseiller spécial ressemble, de plus en plus, à un devoir.

7 commentaires

  1. Merci pour cet article qui remet NKM à sa place. Celle-ci prétend incarner la modernité alors qu’elle est ringarde. En revanche, vous avez oublié Copé dans la liste!

    • Merci
      Pour Copé, je m’en suis aperçu après coup. Finalement, ce n’est pas si grave.

  2.  » Une seule candidature pourrait tout chambouler et faire de cette primaire un véritable débat politique : celle d’Henri Guaino. »

    Je partage complètement cette assertion.

    Guaino est une tête bien faite, avec un grand sens de la responsabilité politique; un de ceux, rarissimes, qui ont pris la mesure de l’ampleur, de la complexité, de la gravité des enjeux.

    Puissions nous le convaincre de jouer son va-tout !

  3. Bien vue l’hypothèse qu’elle est là pour embêter Juppé.

    En revanche, je ne suis pas d’accord avec la phrase : « en beaucoup plus sexy (que Juppé) »…
    Semble assez coincée la mère, non?
    Par ailleurs, si l’on écoute certaines (voire beaucoup) femmes, la calvitie confère du charme.

    Pour en revenir à plus sérieux, pourquoi ne va-t-elle pas au PS avec d’autres du même acabit?, vu que la droite de la gauche ressemble de plus en plus à la gauche de la droite.

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