Les analystes politiques regardent beaucoup du côté des Alpes ces derniers temps. Et certains d’entre eux, dans un raccourci simpliste, ont trouvé quelques ressemblances entre Il Cavaliere et Nicolas Sarkozy. Selon beaucoup de journalistes, notre Président ne serait que la version française de Silvio Berlusconi. Il ne se différencierait que par le tempérament et, donc, pour respecter l’adage selon lequel « le Français se résumerait à l’état d’Italien de mauvaise humeur« .

Rien n’est plus faux. Sarkozy et Berlusconi, c’est compètement différent et à tout point de vue. Certes, le Président français a copié quelques méthodes managériales de Sue Emittenza comme le fait de recruter ses ministres en fonction de leurs seules compétences télégéniques. Mais convenons que nos deux pays ne sont pas les seuls à suivre ce modèle dans un monde où la télé reste un moyen de propagande majeur.

On nous raconte que Sarkozy s’inspire de la mainmise du Président du Conseil italien sur les médias. Mais cela n’a rien à voir. Berlusconi, la télé, c’est son métier. Il possède plusieurs chaînes. Il les a créées. Face au Transalpin, Nicolas Sarkozy semble juste un « enfant de la télé » plutôt doué qui, notamment grâce à ses fonctions de maire de Show-biz sur seine[1. Ville des Hauts de Seine, plus connue sous le nom de Neuilly], connaît excellemment les rouages du petit écran et tutoie la plupart de ses protagonistes depuis trente ans. En l’occurrence, il est davantage un intrigant qu’un concepteur dans le milieu.

On nous parle de son image dans le pays. Encore là, des lunettes seraient nécessaires aux commentateurs qui scrutent l’Italie. Berlusconi, malgré toutes ses casseroles, bénéficie d’une popularité dans la Botte dont bien des chefs d’Etat ou de gouvernement rêvent, Sarko en tête. Ce dernier, au niveau de Chirac de 1997 ou Mitterrand de 1983, ne peut effectivement pas en dire autant. Un exemple, afin de sortir de la vugarité du thermomètre sondagier ? L’autre jour, alors que Silvio Berlusconi assistait à un match de son équipe[2. Encore une différence de taille. Berlusconi a construit un club de football qui est, grâce à lui, connu dans le monde entier. A l’inverse, Nicolas Sarkozy, s’il connaît mieux le foot que ses prédécesseurs, n’est qu’un « amateur » du ballon rond], le stade en entier a repris en chœur « Papounet, Papounet ». Nul doute que, si pour certains, ce slogan était moqueur, pour beaucoup d’autres, il était empreint d’une certaine tendresse. Pendant ce temps, notre Président, lui, ne vient même pas saluer les joueurs lors de la finale de la coupe de France, rompant ainsi avec la tradition, de peur de provoquer une bronca prévisible.

Pourquoi Papounet, au fait ? Il Cavaliere tient ce récent sobriquet des frasques supposées avec une jeune fille dont il a l’âge d’être le grand-père, cette dernière l’ayant surnommé ainsi affectueusement. Cette affaire aurait définitivement convaincu Madame Berlusconi, sa légitime épouse, de mettre fin à leur mariage. Encore une différence de taille avec notre Président : quand sa femme se tire, ce n’est pas pour protester contre son infidélité, mais pour un autre. Son éminence n’est pas cornuto. Il fait cornuta. Et dans le paysage machiste de la très latine Italie, c’est beaucoup mieux vu par ses concitoyens et même -excusez du peu- par ses concitoyennes. Nicolas Sarkozy, lors du premier départ de Cécilia, avait déjà tenu à passer pour la victime. Son plan média avait été conçu ainsi. Il a préféré céder au nouveau politiquement correct français, davantage importé du monde anglo-saxon. Cécilia Sarkozy, elle, avait fait savoir que sa fidélité à lui n’était pas non plus très exemplaire. S’il avait, au contraire, assumé la tradition latine française, il n’aurait pas cherché ce statut victimaire et il aurait plutôt, à l’instar de Silvio, assumé ses frasques.

La Tradition[4. A laquelle je sacrifie, vous l’aurez compris, en moquant les faits et gestes des nouvelles Cours européennes], justement : voila une encore une différence, sans doute la plus importante à mon sens, entre Silvio et Nicolas. Berlusconi est terriblement italien. Il chante pour plaire aux dames[3. Il a même, à son actif, enregistré plusieurs albums de chansons d’amour qui se sont arrachés dans les bacs de l’autre côté des Alpes]. Il cuisine, il recrute Van Basten ou Kaka. Notre président, lui, a fait profession de rupture. Il ne boit que de l’eau[5. « Tous les tyrans sont des buveurs d’eau » faisait justement remarquer Jérôme Leroy, hier, dans un commentaire sur Causeur.fr] et, comble de l’horreur, fait du jogging, comme n’importe quel président américain, vêtu d’un maillot de la police de New-York. C’est sans doute aussi pour cette raison que le parti de Berlusconi dépassera les 40 % dimanche prochain alors que l’UMP devrait plutôt se situer aux alentours des vingt-cinq.

Non, on ne comprend vraiment pas les comparaisons auxquelles se livrent certaines personnalités -politiques ou médiatiques- de gauche, ce qui les conduit par ailleurs à copier les bêtises de la gauche italienne, aujourd’hui disparue et remplacée par le Centre. A bon entendeur…

6 commentaires

  1. Différence d’âge également, et ce pourrait être l’essentiel. Berlu savoure la vie à l’ancienne, Sarku, vénère l’argent, fait du jogging, boit de l’eau, il est un pur moderne, un nihiliste.
    L’Italie vieillit énormément et Berlusconi serait avant tout l’élu des vieux qui aiment l’image qu’il leur renvoie. Sarku, s’il a beaucoup de gens âgés dans son électorat, serait d’abord celui des cadres du privé. Le Bassin parisien et la Bretagne, zones de force de l’UMP, sont les régions françaises qui vieillissent le moins.
    Pour la gauche, sa médiocrité est insondable, je suis de auche, mais j’ai l’impression que c’est typique de la politique, comme si on avait un phénomène de troupeau, d’abrutissement. Par exemple, les républicains qui, dix-sept ans après Maastricht, n’ont toujours rien construit.

  2. @ jardidi

    la bretagne se gauchise à vue d’oeil en france. Le grand ouest est en passe de devenir un bastion de gauche. Probablement un effet collatéral de l’effondrement du catholicisme dans cette région

  3. A Steed,

    Certainement un effet de l’effondrement du catholicisme et Ségolène Royal y a fait un très bon score en 2007. Le deuxième effet de la fin du catholicisme n’est-il pas que la droite bretonne est de moins en moins de type démocrate-chrétienne et de plus en plus libérale? Plutôt que bastion de gauche, le Breton étant un anti-républicain convaincu (en gros et en tendance), ne vaudrait-il pas mieux parler de bastion du PS qui est une des deux droites des régions contre-révolutionnaires?
    Je préfère tout de même nettement cela à un indépendantisme de type basque.

  4. franchement,il n »y a pas photo?
    l »italien est souriant,jovial,heureux,sans complexes,
    le français lui?
    est complexer,froid,se prend au sérieux,ne fait confiance a personne,et triste
    pourtant deux point les rassemble et oui
    les femmes et les mensonges

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