Les 100 jours ayant été atteints, l’état de grâce prenant fin, il est temps de faire un petit bilan des premiers pas de notre Président de la République. Examinons tour à tour le thème de le l’Europe, celui de la mondialisation, de la politique étrangère avant de finir sur l’éducation et les institutions.
1) Nicolas Sarkozy avait annoncé deux choses plutôt intéressantes sur l’Europe : que la constitution européenne était morte et que l’Euro était trop cher, moyennant quoi Trichet allait voir de quel bois il se chauffait.
Trois mois après, la constitution sortie à coups de pieds dans le derrière par la grande porte par les Français il y a deux ans revient par la fenêtre sarkozienne sous le doux nom de mini-traité simplifié. Tout le contraire du canada dry, cela n’a pas le nom de la constitution, cela n’en a pas le goût ni l’odeur, mais c’est précisément toute la substance de la constitution. Quant à l’Euro, notre courageux président s’est plié comme une carpette devant les rodomontades d’Angela Merkel.
2) Selon notre Président, face aux délocalisations, on allait voir ce qu’on allait voir. Il déclarait à juste titre que si l’industrie partait, tout le reste partirait aussi. Dans son projet, pour lutter contre le dumping social et environnemental (en sus du dumping monétaire, voir paragraphe précédent), il fallait user de son droit de veto sur les négociations commerciales de l’OMC et instituer la TVA sociale.
Avec la constitution européenne rebaptisée, plus de droit de veto. C’est comme le Port-Salut, c’est écrit dessus. Quant à la TVA sociale, elle vient d’être enterrée en grandes pompes. Comment gâcher une des meilleures idées économiques des quinze dernières années ? Demandez à Sarko !
3) Sur la politique étrangère, l’attitude du candidat Sarkozy fut discrète. Il avait semble t’il passé un accord tacite avec son adversaire principale dont ce n’était pas le point fort, alors qu’il savait que ses idées à lui n’étaient pas en phase avec ceux dont il guignait les suffrages. Mais il avait tout de même juré, craché, que la France resterait indépendante, notamment de la folle politique américaine.
Trois mois après, nous avons augmenté nos effectifs dans le bourbier afghan pour complaire à Bush. Et nous venons de faire le dernier pas décisif vers l’OTAN. Nous voilà désormais, comme dans les années cinquante, alignés sur les desiderata du Pentagone. Lyndon Johnson est vengé. Bush n’en avait même pas rêvé, Sarkozy l’a fait.
4) Le premier chantier, cela devait être l’Université. On nous annoncait des campus de dimension internationale, le retour de l’Excellence. Cela passait par la Sélection. Dans ses beaux discours, il disait que ce mot ne lui faisait pas peur. Il nous disait aussi que l’Ecole redeviendrait celle du mérite. Que le Savoir redeviendrait le centre. Que le nivellement par le bas serait révolu.
Résultat des courses : le projet sur l’université qui prévoyait une sélection, pas pour l’entrée en première ni deuxième ni même troisième année, mais en quatrième (Bigre ! Quelle ambition ! ) a été vidé de sa substance au premier éternuement d’un chef étudiant. La lettre aux éducateurs, que je n’ai d’ailleurs pas reçue puisque je ne suis qu’un personnel administratif de l’Education ex-nationale, tente de faire la synthèse entre les idées justes d’un Lafforgue ou d’un Brighelli et le brouet rousseauisto-soixantehuitard prêché par les Meirieu et compagnie. Il finit même par dire que les enfants travaillent trop, décidément.
5) Les institutions, enfin. On ne toucherait pas à la Ve République. Elle avait fait ses preuves. Il n’y aurait pas de VIe.
Escroquerie ! Le Premier Ministre a été liquidé. Le pauvre Fillon qui théorisait pourtant cela dans un livre n’imaginait pas que ce serait à ce point. Les députés de la majorité sont convoqués à l’Elysée puisque la Ve ne permet pas que le Président se présente devant la Chambre. En réalité, c’est pire. Le Président est partout. Il régente tout. On ne peut même plus lire son journal spécialisé en football sans connaître l’opinion du Président sur l’âge idéal pour un entraîneur ou le changement d’horaire des matches de première division.
Bientôt, tout cela sera connu de tous. Et très dure sera la chute.