Ce matin, toutes les trente minutes passe, sur ma chaîne d’info continue favorite, un reportage sur l’ouverture d’un salon à Paris. Il ne s’agit ni du salon du livre, ni celui de l’agriculture, ni celui de l’habitat, ni celui du mariage, toutes choses un tant soit peu positives. Non, il s’agit de la première édition du salon du divorce.

Le journaliste chargé de commenter ce reportage insiste sur le fait qu’un mariage sur deux se termine en divorce dans les grandes villes[1. Salauds de ruraux qui cassent la moyenne !] et que le PACS n’est pas épargné. On trouve tout ce qu’il faut pour réussir son divorce. Il y a l’avant, le pendant et l’après. L’avant, c’est, par exemple, le stand du détective privé. On imagine que celui-ci permettra au conjoint qui se soupçonne, à juste titre ou non, d’être cocu, d’en recueillir les preuves. Le pendant, c’est le stand de l’avocat, qui vous donnera tous les conseils pour être vainqueur devant le juge. L’après, cela peut être l’agence de rencontres vous permettant de préparer un autre mariage et surtout un autre divorce.

Je dramatise ? Possible. Un divorce n’est pas forcément une guerre sans merci et certains se passent pacifiquement, les deux protagonistes choisissant le même conseil juridique ? Je le crois volontiers. Il n’en reste pas moins que le divorce demeure toujours, dans mon esprit sans doute trop conservateur voire réactionnaire aux yeux de mes contemporains[2. En vrai, les réactionnaires, ce sont plutôt ceux qui plaident pour une plus grande souplesse dans les unions matrimoniales. Le PACS et les projets de divorcer seulement avec un avocat confinent au retour à la possibilité de répudiation], un échec. Combien de familles monoparentales dans une situation précaire ? Combien de familles recomposées avec des enfants partagés entre père, mère et beaux-parents ? Quoi ? Je critique la famille recomposée ? Honte à moi ! Il faut se prosterner aujourd’hui devant ce nouveau totem. C’est cool, la famille recomposée, c’est dans le vent. Voyons notre Président, qui en est à trois mariages et deux divorces, trois enfants de deux lits différents[2. on murmure qu’un quatrième enfant pourrait bien arriver d’ici à la présidentielle prochaine, afin de donner à la France émue de belles images de campagne], il est tendance, lui. Pas comme Jacques et Bernadette Chirac qui persistaient à rester mariés malgré le côté « papillon » de monsieur et bien connu de madame. Pour eux, la famille passait avant le couple. C’était la conception d’avant mai 68. La famille recomposée et le divorce généralisé, c’est le fameux héritage de ce joli mois de mai, héritage qu’on se proposait de liquider[3. LOL]. Au passage, on se demande légitimement si la propension à promouvoir l’enfant-roi n’est pas le résultat d’une culpabilité enfouie, celle de sacrifier les gosses à la tyrannie du Couple.

Catho ultra ? Pas du tout, je suis agnostique. Pétainiste car je défends la famille traditionnelle ? Comme disait De Gaulle, Pétain n’a jamais eu d’enfant[4. Charles ajoutait que Philippe n’était pas très travailleur et qu’il avait livré la Patrie à l’ennemi]. En fait, les gens font bien ce qu’ils veulent. Je ne souhaite pas, qu’on se rassure parmi les lecteurs modeeeernes, qu’on revienne sur le divorce par consentement mutuel, ni sur le droit à la contraception et à l’IVG. J’aurais voté tous ces textes de loi. Je demande simplement qu’on ne martèle pas à longueur de journée que le divorce doit être dédramatisé et que la famille recomposée est un nouveau modèle[5. Au sens « exemplaire » du terme].

Trop demandé ? Sans doute !

6 commentaires

  1. Bien d’accord !
    Sans oublier que la banalisation du divorce renforce la précarité et la paupérisation des classes moyennes et ouvrières. La nécessité d’avoir 2 logements et 2 jobs pour éviter misère et RMI renforce la pénurie du logement (sa cherté et sa part croissante dans le budget des ménages) et la montée du chômage ainsi qu’au besoin de crèches et de garderies en tous genres.

    Sinon ce qui me choque le plus dans ce salon du « Nouveau Départ », c’est le sous-titre de « salon du divorce, de la séparation et du veuvage »; comme si le veuvage était une séparation comme une autre…

  2. Saine réaction.
    Mais le mariage tel que l’on connu nos grands-parents,i.e à l’Eglise et pour la vie,semble en voie d’extinction.Et le fait qu’il y est justement un revival en sa faveur ainsi qu’une mode des familles nombreuses (paraît-il) ne fait que confirmer.Bon week-end.

  3. Exactement, la modernité s’autocélèbre sans arrêt. Ce qui est, est bien par définition, comme s’il n’y avait pas de souffrances, de conséquences tristes à nos actes.

  4. Les modes passent
    les habitudes changent , vont et viennent au gré du temps.
    le mariage revient a al mode parait-il alors attendons qq années !
    au Fait si l’on veut divorcer d’avec le pouvoir en place a qui s’adresse t-on ???
    l’avocat Sarkosy ?, l’avocat de Villepin ?, l’avocat Noel Mamère ?
    Tous pourris
    Moi je prends un bon père de famille toujours en couple
    Nicolas DUPONT AIGNAN

  5. On a même parfois l’impression que les gouvernements légifèrent à qui mieux-mieux pour une facilitation du divorce, supprimant même la notion de « tort » ou de « faute ». Comme disait Zemmour, au nom de la liberté individuelle, on n’ose plus mettre le moindre interdit aux maris volages, ce que l’on n’hésite pas une seconde à faire aux automobilistes ou aux fumeurs. Et c’est vrai qu’aujourd’hui, il semble plus choquant de fumer dans un resto ou de se garer sur une place handicapé que de tromper son conjoint….

  6. Le retour de la famille et des « valeurs » traditionnelles, toujours annoncé, jamais arrivé.
    Quant à la hausse des familles nombreuses, un anglais me demandait si dans 50 ans, les deux prénoms les plus portés ne seraient pas Mohammed et Enguérand. Ce qui en dit sur la sociologie de la famille nombreuse!

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